XVII
Les odeurs étaient celles du bonheur. Celles qui enivreraient nos âmes encore après qu’on les ait déchirées. C’était celles de ce qu’on ne retrouverait pas, même en le cherchant toute la vie.
C’avait fini. Comme ça, sans que rien ne soit vu. C’était devenu différent on ne sait pas vraiment quand ni pourquoi.
La plus belle époque d’une vie était partie avec le vent et nous avait laissé là. Parfois alors, le vent souffle et c’est comme si, l’espace d’une seconde, on y était à nouveau.
Je n’en voulais pas au vent, il doit s’écouler. Mais des fois son souffle m’irrite les yeux.
Ça me foutait la boule au ventre d’être de nouveau là. Je m’étais juré de ne pas revenir.
Tout était comme avant. Le vide en plus.
Je l’ai revu se promener dans la maison, toute affairée.
J’étais bien ici, apaisé. Pourtant ma nuque me brûlait.
Je vivais dans cette image figée dans le passé. C’était là, intact mais mort.
Il n’y avait plus rien ici qu’un souvenir qu’une nostalgie sadique enroulait et serrait autour de ma gorge et de mon ventre.
J’ai revu quelque-chose ; une carte, un nell. Elle trainait par terre, témoin certainement d’une soirée avec de vieux amis.
J’ai repensé à eux.
Mes meilleurs amis du monde. Eux que je ne reverrai pas. Qu’étaient-ils devenus ? Avaient-ils jamais existé ? Oh! ils ont existé et existeront toujours.
On dirait que le temps a eu raison de tout, même de nous.
Ils ont la plus belle vie du monde, j’en suis certain. Ils le doivent.
Je m’en rends compte à présent ; ils sont ce qui a compté. L’important. Le reste ne doit servir qu’à avoir des histoires à se raconter.
Nos rires, et qu’importe.
J’me suis allumé un pétard, comme au bon vieux temps.
Sur les marches, j’ai regardé l’herbe et la forêt. C’était le printemps. Je ne savais plus où j’en étais. Je voulais rester dans cette douce douleur, ce réconfort puissant. Et je voulais aller de l’avant, m’arracher au passé.
Mais il y avait une évidence, c’est que l’avenir m’effrayait plus que l’imparfait.
J’ai été marché un peu. Quand je suis revenu, tout était clair. Chaque chose en cette campagne appartenait à ma vraie vie. Et si cette vie, je me l’étais enlevée, au moins ici je pourrai perdurer dans son spectre.
C’était décidé, je resterai.
Ce grand raid à régler, et je tenterai de recommencer à vivre.
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