XV
Je mordillais cette chose qui semblait vaguement caoutchouteuse. Une oreille je crois. Celle d’un mendiant décrochée par le froid des chemins à pavés.
Ça bougeait pas plus qu’à l’habitude tout autour, ce qui ne m’empêchait pas de jeter mes yeux à gauche puis à droite. Gauche, droite, gauche. Je mordillais.
On shootait quand-même.
Ça et ces saloperies d’oiseaux. Faudrait leur brûler le cou et griffer leurs ailes.
Quel endroit ! Trop de lumière. M’étonne pas qu’on n’aille pas déjà essayé de me la prendre, la viande. Mais je me dépêchais, la vie ne donnait pas beaucoup de ces moments. Elle reprenait tout si vite.
J’étais déjà vieux pour cette ville, bientôt c’est moi qu’elle arracherait.
Je ne me suis jamais demandé ce qu’il y avait après, et je ne me le demanderai jamais. Moi je mordillais, voilà tout.
La mort, je la reniflais de tout mon ignoble être. J’étais si bien assorti à ces lieux.
On me prenait pour parti comptant du folklore de Kievag et je n’en étais pas peu fier. Que la hideur s’indigne, me voilà.
Mais moi au fond, je m’en fous. Je m’en fous de tout. De vous. Et vous me le rendez bien avec vos semelles indifférentes et vos sourires menteurs.
Je ris du monde qui me fabrique pour pouvoir me haïr. Non, je ne ris pas, je ne le regarde même pas.
Moi je mordille.
Moi je suis ce rat. C’est bien plus reposant.
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