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            J’avais besoin de marcher. Je suis sorti me réfugier dans les ténèbres, mais les étoiles éclairaient l’obscurité. J’ai respiré la nuit et shooté dans un caillou. Le vent dans mes yeux a tiré des larmes. Il sait. Il sait que je ne peux plus. Le vent a toujours su. Le vent et cette chauve-souris qui tourne dans la glace du ciel et du soir. Les rêves glissent dans les arbres en haut de la montagne, devant.

Je ne trouverai pas de réponse ici. Pas de question non plus. Ça fait depuis sa mort que je ne suis plus rien. J’en peux plus. Je n’essaie même-plus de me convaincre que je cherche quelque-chose. À quoi bon ?

Je marche droit vers les montagnes. La nuit bourdonne de silence. La nuit est morte.

Que disent les pierres à mon passage ? Rien. Les pierres ne disent pas. Pas plus que la terre que je tasse. Que les oiseaux. Que les gens.

Le froid m’agresse et je me tasse, comme la terre. Je repense à Kievag, mais pas longtemps, parce-que je m’en fous. Que les nobles jouent et que les non-morts nous envahissent, pour ce que ça changera.

Je ne vois plus mes pieds. Je crois que ça commence à m’emmerder tout ça. Pourquoi avancer, si ce n’est pour éviter de voir derrière ?

J’ai eu le pied glacé, d’un coup. Un ruisseau. Je n’ai plus bougé. Ça m’a foutu une décharge dans toute la jambe. J’ai entendu des brindilles craquer. J’ai entendu le vent siffler. J’ai entendu le bec d’un oiseau contre un vieux tronc. Ça a duré une seconde, mais j’ai entendu. J’ai pris une grande inspiration. Je n’ai plus eu froid.

Je suis resté là, longtemps. À nouveau les ténèbres, et rien de plus.

Je n’ai plus osé bouger une bonne partie de la nuit, puis finalement j’ai continué de marcher.

Ici je pars, droit devant. C’est injuste, je veux revivre cette seconde. J’y ai le droit. L’oiseau me hait à ne plus frapper.

Non je n’en ai pas besoin. Pas besoin de lui, ou du vent.

Pas besoin d’être triste et en colère. Le monde craque autours, je le sais. Le monde siffle.

Pas besoin d’aimer ou de haïr, de croire ou de voir. Le monde tape son bec contre un vieux tronc. Le monde est beau.

Pas besoin de rire ou de pleurer. Le monde est beau.

Pas besoin de courir.

Je crois que la lune ne me croit pas.

*

*     *

Les premiers rayons de soleil ont brûlés l’échine des monts. Je marchais d’un pas rapide. Un flocon est venu fondre sur mon visage. D’autre se prenaient pour je ne sais quel esprit de la forêt, s’habillant d’or dans la lumière et gigotant jusqu’à tomber sur l’orgie qui allait bientôt se rependre sur le sol.

J’avais une boule au ventre et la nuque chaude. Ça sentait le froid, ça puait le début de l’hiver, le parfum des flocons les premiers matins de neige, quand je marchais avec Elle.

Je transpirais.

Encore des flocons, partout. Je ne pouvais pas ne plus les respirer.

J’ai couru.

Je la revoyais, là à côté de moi, à rire. Aucun de ses rires n’avaient-ils jamais été sincères ?

J’ai couru plus vite encore.

Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Son fantôme ? Non, je crois que je perdais l’esprit. Mais que pouvais-je faire ?

Courir. Plus loin.

*

*     *

Je ne me débarrassais pas de son image. En faite, ce n’était plus gênant, je m’y habituais. Ça me rappelait de belles choses. Même si la boule dans mon ventre ne s’en allait pas.

Je me suis arrêté la regarder. Ça semblait si loin.

*

*     *

Son regard, il avait changé, il était devenu plus dur. Non, plus absent. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Comment ai-je pu ne pas le voir ? Avait-il toujours été comme ça ?

Son regard me chassait.

*

*     *

Il est parti. Son regard. Elle est partie. Je devais courir. Pour la rattraper. Ou pour la fuir ?

Un flocon est tombé dans mon œil. Je ne vois plus rien, tout est flou.

Mes genoux s’enfoncent dans la neige. Je ne connais pas ces montagnes. Il n’y a que du brouillard autours.

Où suis-je ? Combien de temps ai-je couru ?

*

*     *

Je me suis couché dans la neige. J’ai attendu.

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