IV
Les rues de Kievag étaient sales et il n’était pas rare que quelques trainées de sang viennent maculer les murs délabrés des pénates s’entassant pour former la ville. Les nuits dans le pays ne sont pas sûres et les journées guère plus. De la crainte, partout, sauf pour les rats qui mâchent les câbles d’électricité trainant dans la boue jusqu’aux manoirs.
On m’avait fait demander à celui des maires en fin de journée pour un emploi, je n’avais pas plus de détail. La ville était dirigée par deux frères qui se partageaient le pouvoir, contre toute tradition, par soucis de modernité. Bien qu’ici, du pouvoir, ils en aient bien peu. Il était presque de notoriété publique, et ce bien que les noble s’efforçaient de démentir les rumeurs, que les comptes vampires avait la mainmise sur eux et qu’ils ne leurs servaient que de pantins. Mon passé à fricoter avec le haut peuple me permettait de donner parole de foi aux potins.
Je suis arrivé aux portes de l’édifice qui n’avait rien de royal et un des deux dirigeants de la ville m’a fait entrer dans la salle principale.
- C’est vous. Ainsi on dit que vous avez laissé vos titres derrière vous pour vous consacrer au mercenariat, bien étrange choix.
Merde. J’aurais dû changer de nom depuis longtemps. Trop tard maintenant, semblait-il. Je suis resté à attendre la suite.
- Cependant, cela doit prouver l’ardeur pour ce métier que les rumeurs vous prêtent.
Il a attendu la réaction que mon silence a contredite.
Il m’a alors expliqué que le problème ne le concernait pas directement, mais qu’il s’agissait d’une chapelle qui appartenait à son frère où il m’invitait à aller constater l’incident.
Après une demi-heure de marche, nous sommes arrivés devant la petite église de Cadlew, d’où sortait une odeur à faire vomir un cafard. Le frère du propriétaire de ces lieux a trouvé utile de m’expliquer l’origine du nom, sans doute pour se donner une contenance alors que nous approchions de la porte et que la puanteur se faisait de plus en plus insupportable. Il s’est encore attardé devant celle-ci pour débiter quelques futiles paroles quant à la teneur du spectacle, j’ai donc moi-même poussé la porte qui cachait la source fétide dont nous humions le fumet.
Le spectacle devait en effet être saisissant ; un des gardes qui nous accompagnait est parti vider ses tripes deux pas plus loin.
Sur les murs était pendus et cloués les corps des prêtres que les larves des mouches dévoraient déjà. Le sang avait coagulé sur les vitraux brisés et une collection de jambes rongées par la pourriture avait été déposée sur l’autel. Il y avait là les cadavres des prêtres mais pas exclusivement, certains moignons avaient une couleur de décomposition passablement datée.
Le noble a juré en secouant le pied qu’il venait de mettre dans une flaque de sang. Il semblait plus embarrassé que choqué.
- Ça a eu lieu la nuit passée, ou tout au plus celle d’avant-hier.
- Des nécromanciens ?
- Oui. Ils ont éveillé les corps reposant dans la crypte, a-t-il expliqué en pointant au bas de l’escalier qui y descendait un cercueil dont ont avait forcé le couvercle. Tout porte à croire que c’est l’œuvre des prêtres qui s’est retourné contre eux.
- Pas de trace d’intrusion ?
- Non, aucune. Et les portes sont verrouillées à la tombé de la nuit.
- Bon. Que dois-je faire ?
- Nous avons compté les corps et les cercueils exhumés. Vingt-huit manquent. Attendez quelques jours qu’ils se fassent remarquer, à moins que vous n’arriviez à les repérer autrement, et faite en sorte de taire la menace. Je ne veux pas d’une vague de non-mort sur ma ville.
- Bien.
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