I
J’entendais le souffle battant de la bête qui pulsait au rythme irrégulier des gouttes glacées se tortillant, tel des princes, le long de leurs aïeuls fossilisés avant de se laisser choir sur un cimetière tentant, dans sa mégalomanie, d’atteindre les cieux.
Derrière moi, les quelques badauds qu’on m’avait assigné ont gueulé à mon attention. La bête a respiré plus fort. Elle était terrifiée, et donc très agressive ; comme la plupart de ce qu’on appelle "démon" et qui n’ont rien demandé à personne. Une bonne chose.
Encore des beuglements. J’ai pu l’entendre se déplacer.
Plus de temps à perdre. Une seule façon de tuer les reptiles, car il en était aux grincements de ses écailles sur la pierre. Je me suis précipité devant.
J’ai attendu que sa tête ne soit plus qu’à peine à quelques centimètres de la mienne. Au fond des ses pupilles fendues, je lisais la panique, la peur.
J’ai attendu encore. Attendu ma propre peur. Mais celle-ci refusait de venir. Pourquoi serait-elle venue quand la mort m’indiffère au moins autant que la vie ?
Les pupilles fendues me fixaient toujours, le monstre n’osant faire un traitre mouvement sous la tension qui nous maintenait face à face. Cette tension qu’il ne faisait qu’imaginer.
J’ai levé ma lame et l’ai enfoncé sous sa mâchoire. On aurait presque pu dire qu’il eut l’air surpris.
Je suis reparti, laissant le soin aux soldats que je traînais d’achever la cible.
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