𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏
★ 𝐌𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝é𝐞 : Lose Yourself de Eminem ★
❝ Réflexes de fer ❞
𝐀 𝐍 𝐀 𝐒 𝐓 𝐀 𝐒 𝐈 𝐀 𝐓 𝐒 𝐕 𝐄 𝐓 𝐊 𝐎 𝐕 𝐀
𝐁𝐚𝐥𝐭𝐢𝐦𝐨𝐫𝐞, 𝐌𝐚𝐫𝐲𝐥𝐚𝐧𝐝.
La cloche du ring retentit, un écho métallique qui traverse la grande salle enfumée. Je reste immobile, accoudée au fond, observant l'agitation avec une attention froide et calculée. À mes côtés, Alexei est une statue de marbre, ses yeux verts perçants fixant la scène comme si elle lui appartenait. Ses poings se serrent et se desserrent par automatisme, une tension presque imperceptible pour qui ne le connaît pas comme moi. Un échange de regard suffirait pour que je comprenne tout ce qu'il pense. Mais pour l'instant, nos yeux sont rivés sur l'homme dans le ring.
Radhan.
La légende du ring. Un colosse aux cheveux noirs qui tombent en mèches rebelles sur son front, masquant ses yeux, et un torse si sculpté qu'il semble taillé dans le roc. Des petits tatouages parcourent l'ensemble de son corps, mais ce sont les ailes du Phoenix qui ressortent le plus dans son dos. Ses muscles roulent sous la peau à chaque esquive et à chaque coup de poing envoyé. Il danse littéralement autour de son adversaire, un homme tout aussi grand, mais bien plus lent. Je vois la sueur couler en filets sur leurs corps tendus, la lumière crue des projecteurs rendant chaque goutte semblable à un éclat de diamant.
Le public est en transe, les cris montent, s'effondrent en vagues furieuses. Les chocs des poings contre la chair résonnent, sourds, rythmés, comme une symphonie violente. Radhan, les lèvres retroussées en un sourire carnassier, esquive un crochet du droit d'une fluidité déconcertante. Son adversaire, pris par son élan, vacille. Radhan saisit cet instant, se faufile sous la garde et explose en un uppercut dévastateur qui soulève le colosse de plusieurs centimètres.
Le géant s'effondre lourdement sur le sol, et le silence qui suit semble absorber toute l'énergie de la salle. La tension se brise en acclamations stridentes lorsque l'arbitre se précipite pour compter. Je ne détourne pas les yeux, analysant chaque détail. Je sais que ce n'est pas la puissance brute qui définit Radhan, mais sa manière de se jouer de ses adversaires, de les briser mentalement avant même de les détruire physiquement. L'arbitre lève le bras de Radhan, qui affiche un sourire diabolique, accompagné d'un filet de sang coulant à la commissure de ses lèvres.
Je retire mes lunettes de soleil, mes yeux vairons captant la lumière un instant. Mon cœur bat plus vite. Pas d'excitation, non, de satisfaction pure.
— Il nous le faut, je murmure à Alexei, mes lèvres se tordant en un sourire calculateur.
Il me répond d'un simple hochement de tête, ses yeux sombres et implacables confirmant qu'il partage mon sentiment. Alexei ne parle jamais, puisqu'il est muet de naissance, mais ses silences ont pour moi plus de poids que n'importe quel discours.
Je pourrais détailler notre relation, mais rien ne la résumerait mieux que la symbiose qui nous lie. Des jumeaux fusionnels, prêts à écraser quiconque se dressant sur notre chemin. Alexei est mon bouclier, mon bras armé, le monstre silencieux qui agit dès qu'un regard de ma part l'ordonne. Moi, je suis la voix et l'esprit de notre empire.
Sous le ring, les journalistes s'agitent déjà comme des corbeaux autour d'une carcasse, fusillant Radhan de questions et de flashs qui illuminent sa silhouette. Deux figures se fraient un chemin vers lui : l'un, métis à la coupe rasée, et l'autre, un blondinet au teint hâlé. Zion et Aspen. Je les identifie immédiatement d'après les informations recueillies. Ils l'entourent et l'escortent vers les vestiaires. Radhan jette négligemment une serviette autour de son cou musclé, ses cheveux noirs collant à sa peau luisante de sueur.
Il ne regarde personne, les mâchoires serrées, les yeux rivés devant lui, mais je peux voir l'étincelle dans son regard glacé, même à travers la foule et la distance. Ce n'est pas seulement un champion, c'est un homme qui brûle d'un feu intérieur, un feu que je suis déterminée à canaliser, à contrôler.
Le jeu vient de commencer.
𝐑 𝐀 𝐃 𝐇 𝐀 𝐍 𝐊 𝐇 𝐀 𝐓 𝐑 𝐈
Je m'assois sur le banc froid des vestiaires, le corps encore vibrant de l'adrénaline du combat. Mes poings sont engourdis, les articulations brûlantes, mais je savoure cette sensation. La douleur, c'est ce qui me rappelle que je suis vivant, ce qui me pousse à aller plus loin, toujours plus loin.
Echo, ma soigneuse aux cheveux châtain clair et aux yeux noisette, se tient entre mes jambes, un désinfectant à la main. Elle essuie délicatement une coupure près de ma pommette. L'odeur âcre de l'antiseptique se mêle à la sueur et au sang, un parfum familier.
— Tu devrais faire plus attention, murmure-t-elle, ses lèvres fines esquissant un sourire inquiet.
Je ris, un éclat franc qui résonne dans la pièce carrelée.
— Tu sais bien que ce n'est pas mon style, Echo.
Elle soupire, ses doigts effleurant ma peau avant de s'éloigner légèrement. Il y a eu des nuits où elle était plus proche, des moments où son souffle devenait plus court, où son regard cherchait quelque chose de plus que cette routine professionnelle. Je sais qu'elle espère autre chose, mais le vide qui règne en moi ne lui offrirait que des promesses creuses.
Aspen et Zion sont en folie dans la pièce, leurs voix pétaradant comme des feux d'artifice. Aspen, le blondinet au teint hâlé, a cette insouciance sur le visage qui me rappelle l'époque de l'orphelinat. Zion, plus posé, mais les yeux pétillants de la même admiration, sourit de toutes ses dents.
— Notre meilleur pote passe en finale ! s'exclame Aspen en me donnant une tape sur l'épaule.
— Bien joué mec, ajoute Zion, la voix grave et posée.
Dane, mon coach, un homme d'une quarantaine d'années, imposant au crâne rasé et aux cicatrices témoignant d'une vie passée sur les rings, s'avance lentement. Ses yeux perçants me scrutent un instant avant qu'un sourire de fierté n'étire ses lèvres.
— Continue comme ça, Radhan. Tu tiens le bon bout.
Je réponds par un sourire narquois, me redressant et étirant mes épaules endolories. Il me suit depuis mes débuts, il est l'une des rares personnes dont j'admire le parcours.
— Toujours, coach.
Aspen, l'enthousiaste de la bande, claque des mains. Son geste me ramène à lui.
— On doit fêter ça ce soir ! Un bar sympa, des bières et la gloire de la victoire !
Je hoche la tête. L'idée d'un moment de répit me plaît, même si ce sera bref dans tout ce chemin qui m'attend encore.
— Allez-y, je vous rejoins. Je dois juste passer chez moi, prendre une douche et me changer.
Nous sortons ensemble dans la nuit fraîche, après une vingtaine de minutes à débattre des gestes de mon adversaire. La salle s'est vidée, les gradins sont désormais silencieux, abandonnés comme des vestiges d'une tempête passée. Lorsque l'on passe par la porte arrière, l'absence des journalistes, ces vautours à l'affût, est un soulagement. Je respire profondément, laissant l'air glacé apaiser la chaleur qui persiste sur ma peau. Aspen et Zion s'éloignent en riant, une promesse tacite de se retrouver dans un moment.
Je m'avance vers ma moto, noire et luisante sous le halo blafard des lampadaires, mes cheveux retombant devant mes yeux, à moitié trempés de sueur. Seulement, je ressens quelque chose. Une ombre ? Quelque chose qui est derrière moi en tout cas. Soudain, une silhouette me coupe la route avant que je n'atteigne mon objectif. Instinctivement, mon corps réagit avant même que mon esprit n'ait le temps de comprendre. J'attrape l'inconnue, la retourne et glisse mon bras musclé autour de son cou. Son dos est plaqué contre mon torse maintenant vêtu d'un sweat à capuche, sa respiration haletante sous ma prise.
Ses longs cheveux bruns, soyeux, effleurent ma joue. Elle est de taille moyenne, et je sens la tension dans son corps tendu contre moi.
— C'est comme ça que tu accueilles les personnes qui veulent te féliciter ? susurre-t-elle, sa voix marquée d'un accent russe, une intonation qui me glacerait presque sur place.
Je la relâche lentement, me reculant d'un pas. Mes yeux cherchent les siens, mais elle ne se retourne pas tout de suite. Comme si elle voulait laisser du suspens à cette scène.
— Désolé, vieux réflexe, dis-je en ajustant ma posture.
Quand elle se tourne enfin, je suis frappé par son regard vairon. Un œil marron, l'autre bleu. Les cheveux bruns encadrent un visage fin, des lèvres pleines aux coins légèrement relevés. La lumière joue sur sa peau pâle, lui donnant un éclat presque irréel. Mon cœur rate un battement.
— Impressionnant, dit-elle, sa voix tranchante mais veloutée. Depuis combien de temps fais-tu cela ?
— Depuis que je suis gosse, dis-je sans réfléchir, bien que ses yeux me sondent.
Un sourire mystérieux étire ses lèvres.
— Cela se voit.
Avant que je ne puisse répondre, des bras puissants m'attrapent par-derrière. Cette fois, je n'avais rien vu venir, bien occupé à tenter de comprendre qui est cette femme. La poigne qui s'enroule autour de mon cou est implacable, aussi imperturbable qu'un étau. L'odeur âcre du cuir se mêle au parfum métallique de la sueur qui imprègne ma peau, et chaque seconde qui passe ajoute une brûlure sourde à ma respiration. Mes doigts cherchent instinctivement à écarter cette étreinte écrasante, mais c'est comme lutter contre un mur de pierre. Je grogne, sentant mes ongles glisser contre le cuir sans effet.
Mon cœur bat la chamade, une pulsation sauvage qui m'assourdit et fait vibrer mes tempes. Je contracte mes muscles, tente de pivoter pour me dégager, mais l'emprise ne faiblit pas. Un regard en biais m'offre un aperçu du bras musclé et tatoué qui me maintient. Il est large, barbu, les veines saillantes, et je comprends instantanément : Alexei Tsvetkova. La légende de la barbarie.
L'éclair de compréhension qui traverse mes pensées est suffocant, presque aussi brutal que la prise elle-même. Les jumeaux Tsvetkova. Ils règnent sur cette ville, silhouettes de l'ombre que tout le monde redoute. Et ici, sur ce pavé désert, je suis piégé, comme une proie imprudente.
Je lève les yeux et croise de nouveau ceux de celle que je devine être Anastasia Tsvetkova. Ses lèvres pulpeuses esquissent un sourire fin, calculateur, tandis qu'elle observe ma lutte sans ciller. L'éclat mêlé de malice et de froideur dans ses yeux vairons m'achève. Il n'y a pas de compassion dans son regard, juste la satisfaction de la prédatrice qui voit sa proie domptée. Sa main se pose sur mon épaule, presque amicale, ses cheveux bruns ondulant comme un rideau de soie. Puis, elle murmure, sa voix empreinte de cette ironie et de cet accent qui commencent déjà à me hanter :
— Désolée, c'est aussi un de ses vieux réflexes.
Mon souffle se fait plus court, chaque respiration un combat. Je cherche un moyen de me libérer, mes muscles protestent sous l'effort, mais la prise d'Alexei est inébranlable. Une partie de moi admire cette force brute, cette détermination silencieuse. L'autre partie se sent sombrer dans un abîme.
Avant que je ne puisse répondre, Anastasia penche la tête sur le côté, ses yeux me détaillant comme on évalue une pièce rare avant de l'acquérir.
L'emprise se resserre, et les étoiles dansent devant mes yeux. Mon champ de vision se rétrécit, la dernière chose que je vois étant son visage, parfait et impitoyable. Le monde se dissout dans un nuage d'ombre, et tout ce qui reste est cette vision : Anastasia Tsvetkova, contemplant sa victoire.
Omgggg !
Voici le premier chapitre de « Sous le poing des Tsvetkova » 🥺
Avez-vous un avis sur celui-ci ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top