Chapitre 7 : Xan
Il y avait peu de monde dans le gymnase, si tôt le matin. Plusieurs salles étaient ouvertes aux élèves en dehors des horaires de cours à condition de les réserver : la salle de musculation, la salle de gym, celle d'entraînement à la magie, et d'entraînement au combat. Xan passait du temps dans cette dernière, iel sentait toujours le besoin d'apprendre à se défendre et à se battre correctement. C'était une chose qu'iel faisait habituellement seul.e, à entraîner les mouvements de ses poignets, son contrôle selon les différents types d'armes, etc. Mais aujourd'hui, Orion l'avait accompagné.e, décidé à garder l'œil ouvert si quelqu'un suivait Xan en espérant frapper.
— Pourquoi tu t'acharnes à essayer de me protéger ? Tu ne me lâches pas depuis quelques jours, mais je sais me défendre.
— Je t'ai déjà dit que si le meurtrier rode, même discrètement, autour de toi, j'aurai plus de chance de le trouver.
— Sers-moi à quelque chose, alors, et aide moi à m'entraîner plutôt que me suivre pour rien.
Après une seconde d'hésitation, Orion acquiesça, désintéressé, en songeant probablement que si cela pouvait aussi lui être utile à lui aussi, autant tenter sa chance. S'il s'améliorait également au combat, il pourrait avoir une longueur d'avance en plus.
Xan choisit donc alors une dague et en donna une à son camarade, iel repensa en une seconde à leur discussion sur Amélia, la révélation qu'iel lui avait fait, et barricada ses pensées. Se battre avec quelqu'un qui est capable de prévoir chacun de ses mouvements ne lui serait pas facile, mais Xan était certain.e d'avoir une longueur d'avance sur Orion, au moins niveau vitesse et technique. Bloquer à Orion l'accès à ses pensées était plus simple que ce à quoi iel s'attendait, il lui suffisait de vider son esprit et ne penser qu'à ce qu'il se passait à l'instant même.
Xan se mit alors en position en face de son nouvel ami, et sortit l'arme de son fourreau dans un bruit métallique qu'il adorait. Leurs dagues pointues scintillaient grâce à la lumière allumée de la grande salle. Orion était le premier à tenter un coup, mais Xan l'esquiva aisément et profita pour toucher son adversaire au flanc, en lui murmurant :
— Ne t'inquiète pas trop, si t'as mal, je m'en occuperai.
Orion murmura un « merci » reconnaissant et esquiva quelques attaques de son ami.e. avant de tenter une contrattaque qui déstabilisa Xan. Ce.tte dernier.e ne se laissa pas faire et répliqua rapidement avant de prendre un coup à la cuisse. Orion n'eut pas le temps de reculer que Xan riposta en visant son bras. Orion voulut se venger en tentant un coup vers le flanc de Xan, mais cellui-ci bloqua l'attaqua à l'aide de sa dague.
Le combat continua quelques minutes entre attaques et esquives, et à bout de souffle, Orion demanda de faire une pause. Celui-ci s'assit sur un banc non loin, rapidement rejoint de sa.on camarade. Xan observa les blessures de son ami et y posa une main délicate tout en fermant les paupières. Lentement, la douleur s'apaisa, et les plaies se refermèrent, la peau redevint comme avant, comme si rien ne l'avait effleurée. Orion, époustouflé, resta bouche bée avant de soupirer :
— C'est fou... Je ne pensais pas que ça serait aussi impressionnant...
— On s'y habitue au bout de plusieurs blessures, mais c'est sûr que ça peut être surprenant la première fois.
— Quand as-tu découvert ton pouvoir ?
— Depuis très jeune mes blessures n'étaient pas très douloureuses, je semblais avoir moins mal que les autres enfants, et j'ai découvert qu'en passant la main sur mes genoux écorchés ou mes coupures, le sang disparaissait, et que je n'avais plus une once de douleur.
— C'est incroyable... Et tu as besoin de beaucoup te concentrer pour guérir une blessure ?
— Moins quand c'est sur moi, et le reste dépend de la taille et profondeur de la blessure... et de mon niveau de fatigue, je suis moins efficace quand je dors peu.
Son ami acquiesça, et Xan se leva en époussetant ses vêtements d'entraînement et soupirant. Soudain, un son les figea, quelqu'un venait de faire tomber des objets dans l'entrepôt des armes. Un regard s'échangea, et Orion murmura « ce n'est pas normal ». Xan n'entendait plus que les battements de son cœur qui menaçait de s'échapper de sa poitrine. La salle, et donc l'entrepôt devaient toujours être réservés à l'avance, et il n'y a qu'un seul trousseau de clé donné aux élèves pour un horaire si matinal, Xan chuchota à son camarade pour se rassurer :
— Je n'ai pas fermé à clé, c'est soit un surveillant qui vient voir que tout va bien, un nouvel élève perdu, ou alors, mais je ne pense pas, quelqu'un qui nous espionne et est visiblement très maladroit...
— Ok, récupère ta dague on va aller voir.
Orion et Xan avancèrent donc vers la petite salle de rangement, et dans un autre son fracassant, une silhouette passa la porte. Les deux étudiants poussèrent un soupir de soulagement en voyant Hëna, ses cheveux rouges retombant sur son visage, qui arborait une moue contrariée. Elle passa le doigt sous un œil pour vérifier si son eyeliner n'avait pas coulé sous le regard surpris des deux autres, et s'exclama :
— Quoi ? Qu'est-ce que je fais ici, c'est ça ? Hëna s'avança vers Orion en le pointant du doigt. Toi, tu lis mes pensées et tu sais très bien ce pourquoi je suis là. Et toi, continua-t-elle en se tournant vers Xan, je sais que tu es bizarre et que tu nous caches des choses alors tu as plutôt intérêt à cracher le morceau avant que je découvre qu'ensemble vous avez tué Amélia.
Xan eut un mouvement de recul, et Orion ne bougeait pas d'un pouce, plissa les yeux avant de répondre calmement :
— Tes hypothèses sont très fausses, Hëna, tu devrais éviter de tirer des conclusions aussi hâtives.
— Mais c'est pourtant évident !
Un silence s'imposa entre eux, et Xan fixait les deux étudiants qui semblaient faire une bataille de regards. La frustration de ne pas comprendre cette discussion principalement mentale tendit Xan, et iel leur demanda alors de s'expliquer. La jeune fille croisa les bras sur sa poitrine et raconta :
— Tu veux savoir ce que je sais ? Ecoute bien, ma meilleure amie Mélodie se promenait dans les couloirs ce matin pour rentrer à notre chambre. Tout allait bien jusqu'à ce qu'elle entende quelqu'un s'exclamer des mots incompréhensibles dans une chambre qui se révèle être la tienne. Elle entre dans la chambre en ayant peur que quelqu'un se soit blessé ou quoi que ce soit, elle trouve une fille, horrifiée, face à des carnets.
Il fallait s'y attendre, Xan regretta de ne pas s'être encore débarrassé de ces torchons. Iel déglutit en réalisant qu'iel risquerait bien trop si cela venait à se savoir.
— Mélodie a donc demandé à la fille ce qu'il se passait et elle a montré les écritures pleines de haine qui étaient vouées à... Amélia, comme par hasard. Tu as de la chance, Mélodie est une bonne personne et a rangé tes cahiers avant d'effacer la mémoire de ta colocataire, mais elle n'a pas hésité une seconde avant de m'en parler. Maintenant, nous gardons le secret pour l'instant, mais tu nous dois de très bonnes explications sinon c'est la fin pour toi. Je veux la vérité. Et tu nous seras redevable pour garder ce secret.
En s'arrêtant, la fille regarda les deux autres tour à tour, mais le silence s'imposait. Orion finit par dire qu'il connaissait déjà l'histoire et qu'il ferait mieux de les laisser, et Xan acquiesça brusquement avant de proposer à Hëna de prendre un café et de s'installer dans un endroit calme. Elle leva les yeux au ciel avant d'accepter en décidant qu'elle ne paierait pas.
La salle commune à toutes les promos était assez grande et chaleureuse, c'est ici que se retrouvait la plupart des étudiants entre deux cours, et qu'ils pouvaient s'acheter boissons et de la nourriture. Après avoir récupéré leur boisson, du café pour Xan et du thé pour Hëna, les deux sortirent du bâtiment pour s'installer sur une table de pique-nique isolée. Un soleil timide se pointait à travers les nuages, il faisait bon. Xan jouait avec les manches de son t-shirt, anxieux.se, iel sentait son cœur battre à l'idée de faire revivre encore une fois ces souvenirs. Après avoir pris une gorgée, Hëna l'incita à parler avec un regard insistant et toujours en colère, et Xan commença :
— J'ai connu Amélia comme tout le monde ici, à la rentrée de notre première année. Elle ressemblait à toutes les filles populaires qui méprisent les autres, je n'avais donc pas une très bonne image d'elle, mais je ne l'ai jamais approchée parce que ce n'est pas mon genre de faire ça. Et que de toute façon autant la laisser faire sa vie.
— Effectivement. Que s'est-il donc passé pour que tu la déteste à ce point ?
— Elle me connaissait finalement de nom car nos familles se haïssent depuis plusieurs générations, elle s'est mise à me menacer du jour au lendemain, m'insultait en secret, cherchait toujours à me blesser de la manière la plus discrète possible. J'ai essayé, pourtant, d'être tolérant.e, de ne pas me baser sur les préjugés contés par mes parents, de lui laisser sa chance... La colère provoquée par tout ce qu'elle me faisait était bien au-dessus de tout ça. J'avais besoin de l'exprimer à l'écrit pour m'en débarrasser. Je me défoulais à l'écrit pour justement ne pas lui faire de mal. Jamais de la vie je n'aurais pu causer sa mort.
— Mmhh... Je veux bien te croire. Le véritable coupable n'a pas fait ça seul de toute manière, et puis ton pouvoir aurait été complétement inutile pour tuer quelqu'un. Même associé.e, tu aurais servi à rien. Cependant, ce carnet risque d'être une preuve contre toi, et tu ferais mieux de t'en débarrasser.
— Je sais bien, mais je ne peux pas simplement le jeter à la poubelle, ce serait ridicule et très suspect. N'importe qui pourrait tomber dessus.
— Je devrais t'aider... En le brûlant il disparaîtrait totalement. Mais tu m'es redevable.
Xan acquiesça, d'abord incertain.e, mais Hëna insista, souriante, et finit par l'emmener chercher le fameux carnet, l'enfourner dans son sac, avant de retourner à l'extérieur. Xan sentait son cœur battre en se déplaçant avec cet objet pouvant l'accuser à n'importe quel moment. Il se demanda pourquoi iel faisait confiance ainsi à Hëna, mais iel se persuada qu'elle n'avait rien à gagner à le.a trahir.
— J'ai besoin d'un endroit isolé seulement, le feu n'est pas un problème, je sais aussi bien le faire apparaître que disparaître, assura-t-elle avec confiance. Suis-moi.
Cette dernière l'emmena donc en dehors et l'université et les fit marcher à travers des petits chemins, puis s'aventura parmi les arbres, avant de poser le cahier sur un tronc d'arbre humide. Les deux étudiants s'éloignèrent légèrement, et Xan observa Hëna lever le doigt et provoquer des flammes sur la couverture. Celles-ci grandirent, et prirent possession de l'objet en le réduisant petit à petit en cendres. Xan fut fasciné.e par la facilité avec laquelle Hëna contrôlait son pouvoir, les flammes disparurent en un instant, et la jeune fille s'avança pour éparpiller les cendres, et sourit à Xan :
— Et voilà le travail, tu n'as plus à te soucier de ce problème désormais.
— Que veux-tu en retour ?
— Je ne sais pas encore, mais laisse-moi un peu de temps pour y réfléchir.
Bien sûr. Hëna était le genre de personne à dire cela et sortir cet argument chaque fois qu'elle avait besoin de quelque chose, mais Xan laissa tomber, reconnaissant.e de s'être débarrassé.e de ce poids sur ses épaules. Des preuves réduites en poussières en une seconde, iel songea à la puissance du pouvoir d'Hëna. Et iel savait qu'il serait compliqué de lui faire confiance. Elle pouvait tout contrôler avec une facilité déconcertante. Hëna finit par partir, s'éloignant de la forêt, suivie de près par Xan, qui décida qu'iel pourrait enfin respirer sans avoir si peur de se faire accuser.
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