Chapitre 3 - Xan

C'était de la folie, de la pure folie. C'était impossible. Amélia ne pouvait pas être morte, ce n'était pas elle. Dans la soirée, Xan fouillait dans ses cahiers à toute vitesse, paniqué.e. Un carnet entier lui était dédié, iel devait faire quelque chose pour s'en débarrasser innocemment et discrètement.

« Je veux qu'elle meure, Amélia ne mérite pas de vivre, je la déteste, qu'elle meurt... » des menaces de mort s'éparpillaient par milliers sur les pages du cahier, Xan en avait les larmes aux yeux. Iel avait bien écrit ça, iel avait bien été en colère contre Amélia, mais pas au point de la tuer. Xan ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui arriverait si quelqu'un tombait sur ces mots. Il fallait éviter ce risque à tout prix.

- Elle est réellement morte, comment est-ce possible ? se murmura Xan en faisant les cent pas. Et j'avais vraiment souhaité ça...

Iel devait trouver qui avait fait ça avant qu'on commence à l'accuser, iel devait faire quelque chose, mais quoi ? Mauvaise habitude encore, quand iel était sous pression, Xan ressentait le besoin de retrouver quelconque contrôle, et allait toujours dans la salle de bain pour se couper au hasard des mèches de cheveux, cela lui donnait un sentiment de libération, et changer d'apparence régulièrement l'obsédait. Iel se rendit donc face à ce miroir, observait ses yeux bridés sous sa frange noire, sa peau blanche était rougie au niveau des joues, et iel attrapa des mèches au hasard afin d'en couper un maximum. Pendant ce temps, ses pensées divaguèrent.

Qui aurait pu faire ça ? Qui d'autre que moi ? Il devait bien y avoir une explication logique, un meurtre, un carnet avec écrit « ça ne s'arrête pas là », un poignard dans le même type que ceux de Xan... Quelqu'un cherchait à le.a faire accuser. Iel ne se laisserait pas marcher dessus de cette manière, s'il fallait se battre, ce n'était pas un obstacle. Et si ça n'avait rien à faire avec ellui ? C'était peut-être une vengeance, ou une défense, si Amélia avait pu menacer Xan, elle aurait bien pu le faire avec n'importe qui d'autre... Le problème était qu'elle était connue pour être extrêmement gentille, trouver ses ennemis serait compliqué.

Cette situation était absurde, Xan devait se faire discrèt.e pour éviter qu'on le.a soupçonne, mais iel devait quand même en apprendre plus... La situation lui donnait des cauchemars, mais en réalité, iel n'avait rien à se reprocher, n'est-ce pas ? Xan lâcha les ciseaux pour s'appuyer sur le lavabo et se regarder dans le miroir :

- Tu n'es pas une mauvaise personne, tu n'as rien fait, ce n'est pas toi, personne ne va t'accuser.

Pourquoi avait-iel si peur s'iel n'était pas la cause de la mort d'Amélia ? Il fallait absolument passer à autre chose, faire comme si de rien n'était et chercher des indices en cachette. La porte de la chambre claqua, et Xan se dépêcha de nettoyer les mèches de cheveux dans le lavabo avant de sortir la tête de la salle de bain. Iel salua sa colocataire, iel avait déjà oublié son prénom, elle était nouvelle, et iel n'a jamais réellement souhaité faire connaissance, d'autant plus qu'elle rentrait tout le temps tard.

Xan décida donc de quitter la chambre pour aller prendre l'air. Les couloirs étaient frais, et un silence pesait, cependant Xan ignorait la peur pour rejoindre les extérieurs et marcher dans la cour. Celle-ci était entourée par les bâtiments, ceux où se faisaient les cours, l'internat, et la cantine. Par chance, la décoration était très jolie, des buissons et des parterres de fleurs embellissaient l'architecture romane des bâtiments. L'étudiant.e trouvait cet endroit très inspirant de nuit, mais depuis le meurtre, il était difficile de ne pas avoir pencher vers l'effroi. Après un an dans l'université, Xan s'est habitué à toutes les cachettes et passages, ce qui était plutôt pratique lorsqu'on aime explorer en solitude.

La nuit sonnait la fin de l'été, la nouvelle année, et avait un goût de regret, Xan ne pouvait cesser de ressasser les conversations qu'iel avait eu avec Amélia. Iel essaya de chasser ces pensées, lorsqu'iel entendit un bruit de pas non loin, le.a forçant à retenir sa respiration et observer tout autour de lui.

- Je sors, désolé de t'avoir fait peur, murmura une voix.

Xan se mit en position prêt à se battre, mais le mystérieux Orion sortit de derrière un arbre, et Xan demanda, sur la défensive :

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- J'aimerais te parler d'un truc...

L'ancien petit ami d'Amélia s'avança prudemment, les mains devant lui comme pour se montrer innocent, et Xan fut pris.e d'une empathie pour le garçon :

- Comment tu te sens ?

- Comme tout le monde, tu sais. Il faut que je te parle d'un truc, par rapport à... Ce qu'il s'est passé.

- Avec Amélia ?

Orion acquiesça, Xan détaillait son visage, par-dessus lequel retombaient ses cheveux sombres, il portait ses lunettes, et lui vouait un regard confiant. C'était surprenant qu'il vienne lui parler, Orion était assez solitaire habituellement, comme Xan, surtout depuis sa séparation avec Amélia. Iel ne l'avait pas vu parler à quelqu'un depuis la rentrée.

- Dis-moi tout, l'encouragea Xan.

- J'ai reçu quelques lettres, quelques mots, au sujet d'Amélia, peu avant sa mort...

- Vraiment ?

- Oui, et ce soir j'en ai reçu qui parlent de toi.

Xan fronça les sourcils, la bouche ouverte, et commença à s'éloigner puis à tourner en rond en marchant vite, paniqué.e.

- Il faut le dire à la police, il faut qu'ils fassent quelque chose.

- Xan, on ne peut pas leur faire confiance.

- Pourquoi ?

- Je ne peux pas te le dire maintenant...

- T'es trop bizarre, qu'est-ce qui me dit que tu dis la vérité ?

Sans prévenir, Orion s'avança vers Xan et plaça ses mains sur ses épaules en le regardant dans les yeux :

- Je n'ai pas su protéger Amélia, et regarde ce qui est arrivé. Tu dois me faire confiance, on trouvera comment te protéger et qui est à l'origine de tout ça. Je t'en supplie, je ne veux pas que ça arrive une seconde fois.

- Et en quoi je suis important.e pour toi ? Tu ne me connais même pas.

- Est-ce une raison pour nous permettre de perdre une vie de plus ? Si je peux faire quelque chose pour t'aider, alors je veux faire mon maximum.

- Je peux me débrouiller seul.e, merci, mais je sais me battre, et me guérir.

- Je n'en doute pas une seconde, le meurtrier n'a pas choisi la cible la plus facile.

- Que disaient les mots que tu recevais ?

- Pour Amélia ils disaient clairement qu'elle allait mourir, une sorte de compte à rebours... Et pour toi ils disent seulement que tu devrais te méfier.

- Peut-être qu'ils voulaient dire que toi tu devais te méfier de moi...

Pourquoi est-ce que j'ai dit ça ? pensa Xan tout juste après avoir prononcé ces mots, en se frappant mentalement. Orion fronça les sourcils, mais ne répondit rien, donc Xan reprit :

- Merci de m'avoir prévenu.e... Mais pourquoi tu penses qu'on ne devrait pas prévenir des adultes ?

- Ils n'écoutent jamais, je sais de quoi je parle.

Xan plissa les yeux, mais Orion ne semblait pas sur le point de vouloir en dire plus, il s'agissait de sa propre sécurité, iel pouvait faire ce qu'iel voulait. Après quelques secondes de réflexion, le brun reprit :

- Faisons donc équipe, on s'entraide entre nous pour l'instant, on se protège, et on essaie de trouver le coupable. Tu connais mon pouvoir ?

- Tu lis dans les pensées.

- Oui, si je peux regarder la personne dans les yeux. De cette manière je peux savoir si les personnes qui t'approchent te veulent du bien.

- Ok, et qu'est-ce que tu veux de moi ?

- Que tu m'expliques ce qu'il s'est passé avec Amélia.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top