Chapitre 22 - Hëna


Le soir même, le proviseur avait fait appeler tous les élèves non présents ce week-end-ci pour leur annoncer que l'école fermait quelques jours par mesure de sécurité et qu'ils n'avaient donc pas à revenir pour une autre semaine. Le bruit des roulettes des valises sur les sols de l'université n'envahissait donc pas ce dimanche soir si spécial, et l'ambiance était très solennelle. M. Briggs fit donc une annonce dans la soirée pour prévenir que les étudiants devaient rentrer chez eux dès que possible, et que l'internat fermerait dans quarante-huit heures. Avion, train, ou appeler sa famille pour qu'ils viennent les chercher, n'importe quoi tant que l'université se retrouve vide au bout de deux jours.

— Tu es sûre que ça va ? insista Mélodie, qui était restée avec Hëna pendant tout le discours.

— Oui, se reprit Hëna en tachant d'avoir une posture droite et de recoiffer ses cheveux. Je m'inquiète un peu, mais tout sera sûrement mieux quand nous reviendrons.

— Je leur fais confiance.

Hëna lui répondit par un sourire, elle n'avait rien raconté à sa meilleure amie de ce qu'il s'était passé plus tôt dans les couloirs, par peur d'en parler, certainement, mais elle-même n'arrivait pas à cerner ce qui est réellement arrivé, et cela la terrifiait.

— Tu vas faire quoi ? Retourner chez tes parents ?

— Oui, sûrement, je vais prendre le bus et y aller, j'en profiterai pour réviser, affirma-t-elle avec un sourire forcé. Et toi ?

— Je vais aller chez la famille de Jess, ça va nous faire des vacances !

La jeune fille acquiesça, puis elle sursauta en sentant un contact, mais soupira de soulagement en voyant Orion, qui lui faisait signe de le suivre. Pandore n'était pas loin également, et Hëna lui décocha un regard noir avant de se retourner en souriant vers Orion, qui annonça :

— S'il vous plaît, vous devez m'aider à retrouver Xan et Lucille. Je n'ai toujours pas de nouvelle de Xan, et j'ai un mauvais pressentiment, je suis sûr qu'il lui est arrivé quelque chose de mauvais.

— C'est donc pour cela que tu avais besoin de nous, lança Pandore, les bras croisés et un air taquin sur le visage.

Hëna sentit son cœur se renverser, mais ignora cette sensation, pour répondre en première :

— Tu as mon accord, je vais t'aider.

— Merci, et toi ? demanda-t-il en se tournant vers Pandore.

— Oui. De toute façon, comme tu dis, j'ai besoin de ne pas être seule.

— Mais tu as des amis, pourquoi est-ce que tu voudrais rester avec nous ? demanda innocemment Hëna.

— Je ne peux pas laisser Orion et Xan entre tes mains, que seriez-vous sans moi ?

Ils levèrent les yeux au ciel, et Hëna songea à Pandore, à son désir de toujours prouver, et elle se dit que cette fois-ci, c'est elle qui serait l'héroïne, elle ne laisserait pas la vedette à Pandore. Tu es ridicule, Hëna, c'est un sujet sérieux, c'est horrible de vouloir faire ça, pensa une partie d'elle-même, avant de secouer la tête pour éviter à ses pensées de l'envahir et la noyer d'anxiété. Elle se rappela qu'elle faisait cela aussi dans le but d'aider ces innocents qui sont blessés et torturés sans raison.

— Bon, on sait que tout se passe dans l'enceinte de l'université ou ses alentours, réfléchit Orion. J'imagine qu'il cache ses victimes non loin. Lorsqu'il m'a moi-même kidnappé, j'étais dans une forêt. Mais ce n'était pas si loin de l'université, j'ai dû mettre une trentaine de minutes à rentrer, un peu plus, mais j'étais perdu aussi...

Orion montra du doigt les arbres qui dépassaient des bâtiments de l'université, et les deux filles acquiescèrent. Orion continua alors :

— Il faudra donc qu'on explore là-bas, mais comme nous sommes forcés de quitter l'école, je propose qu'on reste malgré tout ensemble... Chez moi. Enfin, chez mes parents. On habite à une vingtaine de minutes en voiture.

Hëna fronça les sourcils, et Pandore sembla soulagée, Orion esquissa un sourire hésitant et se justifia :

— Enfin c'est comme vous voulez, si vous voulez qu'on se donne des rendez-vous et que vous veniez en train ou je ne sais quoi, on peut... J'ai juste pensé que ça serait plus simple. Et que...

— Eh, y'a aucun problème, je comprends, le rassura Pandore en posant doucement sa main sur son bras.

Elle battait des cils et le regardait d'une manière tellement apaisante, qu'Hëna en était jalouse, et qu'elle regretta d'avoir souhaité la blesser, et de le souhaiter encore. Mais elle l'avait dénoncée, et ça, Hëna ne pouvait pas le pardonner si vite. Orion semblait avoir quitté son armure, et il prononça :

— Je n'ai pas souvent invité des gens... Mais vous serez accueillies comme des reines chez moi, mes parents sont très gentils.

— Moi ça me tente bien, c'est très gentil de proposer, remercia Pandore.

— Oui, oui, pourquoi pas, répondit Hëna. Tu as raison, c'est une meilleure idée.

Hëna se voyait difficilement passer plusieurs jours en compagnie d'un camarade presque inconnu et de la fille qu'elle détestait depuis plus d'un an, mais si cela était nécessaire, elle le ferait. Et elle se rappela qu'elle pourrait toujours prendre un train et rentrer chez elle si jamais ça ne se passait pas bien.

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