Chapitre 21 - Pandore


Ma motivation revenait, j'allais mieux, petit à petit, un pas à la fois. Ce que m'avait dit Orion tournait en boucle dans ma tête. Ses paroles m'avaient consolée et je n'avais même pas eu le temps de lui montrer ma gratitude. Je voulais aller de l'avant, reprendre soin de moi, me remettre à travailler, redevenir moi-même tout simplement. J'en avais envie et je savais que je pouvais le faire. Il était temps pour moi de réellement me rendre compte que ce n'était pas une déception ridicule qui me ferait perdre mon temps. Je valais bien plus que cela.

Le bal masqué de l'hiver était l'événement idéal pour faire un retour glorieux. C'est pourquoi je pris du temps à essayer plusieurs robes en compagnie de Liv, qui désespérait du bazar dans mon côté de la chambre. Cependant elle tentait de le cacher en ne montrant que sa bonne humeur et chantant, riant avec moi. Au final, j'optai pour une robe noire, longue, qui dénudait mes épaules avec des manches courtes en toile qui retombaient élégamment sur mes bras. Je mis également des gants en dentelle noire pour accessoiriser le tout. Je choisis une paire de talons aiguilles de la même couleur et ondulais légèrement ma chevelure afin de lui donner du volume. Je maquillais très légèrement mes yeux, mais décidai de rester plutôt naturelle et finis par mettre quelques gouttes de mon parfum favori et me tournai vers mon amie en souriant.

Liv me noya de compliments et je les lui retournai : elle était magnifique également, dans une robe courte dorée et blanche, accordée à son masque. C'est alors les têtes hautes, les dos droits, et un masque sur le nez que nous nous rendîmes là où la fête battait son plein. Il y avait la queue pour rentrer, car comme pour la première soirée, ils avaient une liste et devaient vérifier les identités... Et les sacs. C'était le minimum à faire pour s'assurer de la sécurité, et j'espérais donc que tout soit en ordre et bien surveillé. Même s'ils nous avaient assuré que cette histoire était terminée, valait mieux rester sur nos gardes.

Après quelques minutes, Liv et moi nous retrouvâmes à l'intérieur. De nombreuses guirlandes de lumières blanches illuminaient le plafond comme des milliers d'étoiles, des sapins égayaient les coins, et des bougies étaient posées sur des petites tables. C'était splendide, je ne pus réprimer le grand sourire qui déformait mes lèvres. Il y avait également un buffet qui avait l'air délicieux. Tout le décor était blanc et bleu, magnifique, j'étais absolument émerveillée, ouvrant grand les yeux pour n'en perdre aucune miette.

Une musique forte et entraînante commença à se jouer, et des lumières multicolores se mirent à illuminer la piste de danse, qui se remplissait d'étudiants petit à petit. J'aperçus Orion et Xan, les bras croisés dans un coin, et prévins Liv que j'allais les voir. Elle acquiesça et me garda à l'œil quand je m'empressai de les rejoindre.

— Salut ! Comment vous allez ?

— Ça va, on hésite à rester longtemps, acquiesça Orion en riant à moitié.

— Mais oui, restez, ça va être super, j'en suis sûre ! La musique et le buffet ont l'air cool.

— Le buffet, ça oui, plaisanta Xan avec un air fier et gourmant.

Je ris, et leur proposai un verre, nous nous dirigeâmes donc vers le bar, pour commander des boissons. Ma robe glissait sur mes jambes d'une manière qui me rassurait, comme si le tissu voulait me rappeler sa présence et la confiance qu'il était supposé m'apporter. Une fois devant la nourriture, Xan fut le.a premier.e à se servir, comme s'iel avait attendu ce moment toute la journée, iel laissa échapper un bruit prévenant du plaisir qu'iel prenait à déguster son toast. L'ambiance générale nous mettait de bonne humeur, et cela me réchauffait le cœur, j'en avais tant besoin.

— Orion, je voulais te remercier pour ce que tu m'as dit mardi dernier, balbutiai-je.

Je me sentais légèrement ridicule de savoir les états dans lesquels il avait pu me voir pour finalement pas grand-chose. Je ne voulais pas qu'il sache que je pouvais être faible, je ne voulais pas renvoyer cette image-ci... Mais c'était tout aussi important pour moi qu'il soit tenu de ma reconnaissance.

— Oh, tu sais, ce n'est rien, m'accorda-t-il en mâchant un mini sandwich et attrapant un verre de jus de fruits.

Je levai les yeux au ciel, et me servis également de quoi grignoter, avant de récupérer deux verres. Avec un sourire, je poursuivis:

— Ça m'a fait beaucoup de bien, et ça m'a aidé. C'est grâce à toi que je suis venue ce soir.

— Eh bien tant mieux, ça me fait plaisir, dit-il avec une mine reconnaissante.

— Tu m'as beaucoup aidée pour beaucoup de choses, même alors qu'on se connaissait à peine, merci pour tout.

Je remarquai sur son visage que mon insistance le gênait, même s'il se donnait un air poli, alors je leur souhaitai une bonne soirée en leur demandant de ne pas hésiter s'ils avaient envie de venir danser avec nous. Je rejoins alors Liv dans la foule, qui discutait avec un groupe de filles. Je lui donnai un des deux verres que j'ai pris, et nous nous mîmes à danser. Je me laissai à oublier tout le monde et tout ce qui me peinait, enivrée par les lumières, l'ambiance, la musique. Et j'avais l'impression que tout s'effaçait, à part l'instant présent, le plaisir de me laisser aller.

Au bout d'un moment, je fis une pause pour aller au buffet et manger un peu. Une fille qui était là me lança plusieurs regards curieux. Je m'efforçai de ne pas froncer les sourcils et lui demander quel était son problème. Je me demandais en premier temps pourquoi elle agissait ainsi, et songeais d'abord qu'elle devait avoir entendu parler des rumeurs récentes sur moi et Hëna, mais celle-ci finit par me demander :

— C'est toi qui joues le rôle principal de la pièce de l'année ?

— Oui, c'est bien moi, souris-je, plus détendue.

— Bravo ! Tu es magnifique, me dit-elle en plongeant sur moi ses yeux bleu clair.

— Merci beaucoup, toi aussi tu es très jolie. Tu es en première année ?

Je lui demandai car je ne l'avais encore jamais vue, et même si je ne connaissais pas les noms de tous les étudiants de ma promo, je les connaissais au moins de visage. Elle avait des cheveux blonds platine, presque blancs, qui encadraient son visage d'ange à moitié camouflé par son masque.

— Oui, je m'appelle Diana. J'espère avoir le premier rôle l'année prochaine, aussi.

— Eh bien je te le souhaite, bon courage.

Elle me remercia d'un geste du visage et me laissa avec mes petits fours. Je me demandai à quel point je pouvais influencer les autres, et si je leur donnais envie de donner le meilleur d'eux-mêmes, alors j'en étais ravie. Je ne pus retenir un sourire à cette idée.

En marchant vers les autres pour retrouver Liv, je fus soudainement arrêtée, par quelqu'un dans mon dos m'attrapant à la taille d'une main, l'autre sur mon cou, j'étouffai un cri surpris et tentais de me retourner. Les battements de mon cœur s'emballèrent tant la peur et l'étonnement étaient intenses, mais je m'efforçai de me rassurer en me disant qu'au beau milieu d'une telle foule, il ne pourrait rien m'arriver. Je ne pouvais pas voir qui c'était, et j'étais incapable de bouger, la personne approcha ses lèvres de mon oreille et murmura d'une voix délicate :

— Pandore, il fallait vraiment qu'on parle, ça tourne en boucle dans ma tête depuis tellement de temps...

Hëna. Dans un premier temps, ce fut la colère qui me revint, à toute vitesse, comme une flamme qui flambait, et puis je m'apaisais... Sa proximité, ses mains sur mes vêtements et ma peau, son souffle qui effleurait mon oreille. Sa voix était si séduisante que j'étais déjà prête à me rendre, à me donner entièrement à elle, ses mains glissèrent au niveau de mes hanches dans un contact à la fois doux et puissant. J'eus soudainement très chaud, et l'impression d'étouffer. Quand elle parlait, ses lèvres effleuraient ma peau, et mon cœur s'emballait.

— Tu tournes en boucle dans ma tête, Pandore, tout le temps, je regrette tellement tout ce que je t'ai dit l'autre jour, tu sais.

D'une main elle décala mes cheveux, faisant frissonner mon corps tout entier, et laissa reposer ses doigts sur mon cou, elle continua :

— Tu m'obsèdes, sache-le. Et ce depuis tellement longtemps. Je t'ai menti quand je t'ai dit que ça nous menait nulle part, j'ai envie que ça nous emmène loin, partout, longtemps. Je t'ai menti tant de fois, je n'aurais...

— Hëna...

— Je t'en supplie, laisse-moi une chance, c'est tout ce que je veux ; te prouver que je peux devenir meilleure, et que je ferais n'importe quoi pour toi.

Ses bras ayant desserré leur emprise sur mon corps, je me retournai pour lui faire face, ses yeux brillants étaient entourés d'un masque bordeaux, ses cheveux ondulés, et elle portait une longue robe blanche qui épousait ses formes parfaitement. Elle était resplendissante, et j'étais toute à elle. J'avais déjà tout oublié, le mal qu'elle m'avait fait, la colère que j'avais ressentie, la seule chose qui restait était le plaisir que j'avais connu en embrassant ses lèvres et sentant son corps contre le mien. Peu importe. Peu importe tant qu'elle était là. Elle posa sur moi son regard intense qui me ferait tituber si j'avais à bouger. Un sourire glissa sur son visage, et je me rapprochai, hésitante. Puis ses lèvres rencontrèrent les miennes passionnément, pour rattraper tout le temps que nous avions perdu. Elle m'embrassa au milieu de la foule comme s'il n'y avait personne, comme si nous étions dans une intimité brûlante qui poussait nos corps à se coller et nos mains à nous visiter. Je soupirais entre deux baisers, laissant nos souffles se rencontrer, j'étais éprouvée par la passion ardente que je ressentais pour elle. Je faisais abstraction de la cadence de mon cœur qui accélérait pour me concentrer sur le contact de nos corps.

Sa main trouva la mienne et la serra fort, comme si elle ne voulait plus me laisser partir. Je n'en savais rien, mais j'espérais que ce fut la bonne signification, j'espérais qu'elle soit enfin sincère une bonne fois pour toutes. Je passai mon autre main dans ses cheveux, et je savourai la sensation de douceur qu'ils me procuraient. Sa poigne me colla à elle, et je me retrouvai prisonnière de ses lèvres dans le plus doux des plaisirs. Je ne voulais plus la lâcher, je ne voulais plus arrêter, même pour reprendre mon souffle, tout ce que je désirais était me consumer avec elle.

— Si tu savais combien de temps j'ai attendu ça, murmura-t-elle contre ma peau quand elle s'avança pour atteindre le creux de mon cou. Je suis désolée pour tout.

Je fermais les yeux, sentant son souffle sur moi, ignorant tout sauf son contact. Je plaçai ma main sur sa joue pour retrouver ses lèvres et les effleurer avant de souffler :

— C'est du passé, maintenant, tout ce qui compte c'est cet instant.

Elle acquiesça d'un sourire qui me donna le vertige, avant de reprendre possession de mes lèvres par ses doux baisers, me prendre en otage, faire de moi complétement sienne. J'étais prête à tout abandonner à l'instant pour elle, à tout lui donner. Et peu importe si je devais ressentir de la colère plus tard, tout ce qui comptait à l'instant était le plaisir de notre passion.

Hëna me lâcha finalement d'un air taquin, en susurrant :

— Bouge-pas, je reviens avec des verres. Profitons de la soirée.

Frustrée, je finis par acquiescer. C'était bien son genre de m'abandonner ainsi pour intensifier ma frustration, ça l'amusait, je le comprenais bien dans son regard quand elle se retourna pour vérifier que je ne bougeais pas. Si elle voulait jouer, elle ne serait pas la seule à le faire, et elle n'aura pas le contrôle. Je décidai de quitter le hall pour rejoindre les couloirs et trouver la meilleure cachette pour qu'elle ne puisse pas me trouver, ou que si elle me trouve, nous soyons seules.

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