Chapitre 6 : Retour à la réalité
- Il va falloir qu'on y aille, les autres doivent s'inquiéter et tu as besoin de meilleurs soins que les miens...
Cette phrase m'arrache soudain à mes pensées, aussi soudainement qu'une immersion dans l'eau froide. Partir... Mais pourquoi ? Je suis bien ici ! Je peux laisser mon faux sourire s'effacer et arborer le mien. Et je suis si bien avec Giyu, seuls et hors du temps... Je ne veux pas partir, je ne veux pas le rejeter, mais tôt ou tard je devrais le faire...
J'attendrais que l'occasion se présente...
- Hé, ça va ? demande Giyu.
- Si je te dis oui, tu vas me crier dessus, et si je te dis non, tu vas t'inquiéter comme pas possible ! me forçais-je à répondre.
Je suis toujours dos à lui, il ne peut pas voir la larme solitaire qui roule silencieusement le long de ma joue.
Il soupire :
- Shinobu...
- Ça va, ne t'inquiètes pas...
C'est archi-faux, mais je passe ma vie à mentir alors un peu plus, un peu moins...
- Tu es sûre ?
Mais arrête d'insister, bon sang !
- Oui, pourquoi ?
- Tu es drôlement silencieuse...
- Je réfléchis.
À mon grand soulagement, il ne relance pas la conversation et se contente de rester silencieux. Au bout de quelques minutes, cependant, il reprend :
- Du coup, on ne devrait pas trop tarder, j'aimerais qu'on soit au quartier général avant la nuit, pour éviter les démons.
- Ok... je réponds distraitement.
Je continue de regarder le paysage tandis qu'il rassemble nos affaires. Le soleil est haut maintenant et je n'ai toujours pas envie de partir. Mais je le dois. Pour les autres. Pour Kanae...
- C'est bon... Si tu veux bien, je vais te porter, tu ne peux pas marcher et tu n'es pas trop lourde.
Je tique à cette allusion directe à mes faiblesses, mais ne relève pas. Il me prend dans ses bras et nous sortons de la petite maison. Il prend son élan et se met à sauter à travers le ciel. Je ne pensais pas pouvoir apprécier plus cette sensation de voler, mais c'est encore mieux avec lui !
Nous voyageons ainsi durant une bonne partie de la journée, et c'est en fin d'après midi que nous arrivons finalement devant le quartier général. Là, Giyu me pose et je m'appuie sur lui pour avancer, ne posant pas mon pied par terre. Il passe son bras dans mon dos pour me soutenir, et nous avançons, pressés de rassurer tout le monde.
C'est bizarre, il y a une ambiance plutôt triste. Nous arrivons bientôt devant la maison du maître, où tous les piliers sont déjà là, la plupart en larmes. Ils sont tellement absorbés dans leur tristesse qu'ils ne nous remarquent pas arriver. Rengoku est en train de parler, aussi nous nous dispensons de signaler notre arrivée.
-... Et nous avons trouvé un morceau du haori de Shinobu couvert de sang. Nous n'avons trouvé ni elle, ni le démon. Mais on voyait bien qu'il y avait eu un combat car il y avait du sang humain partout et des traces de poignards sur un arbre. Nous pensons que le démon a dû la tuer...
Mon cerveau se bloque en entendant ces paroles et je mets un certain temps avant de me rendre compte qu'ils parlent de moi.
- Mais, je suis là ! m'exclamais-je.
Aussitôt, toutes les têtes se tournent vers moi et en un instant, tout le monde est autour de moi, m'assaillant de questions. Déstabilisée, je manque de tomber, mais Giyu me rattrape et m'éloigne des autres piliers. Le maître prend alors la parole :
- Shinobu, veux-tu bien me raconter les raisons de ton absence parmi nous ? Et toi aussi, Giyu.
Ce dernier m'aide à m'asseoir sur l'estrade de bois, face à nos camarades, et je commence à parler.
- Et bien, j'étais partie en mission pour tuer la dixième lune démoniaque, du côté des ruines de l'ancien quartier général, mais il m'a eu par surprise. Au début, il ne se battait qu'avec ses bras, sans utiliser son pouvoir, et même là, il était très fort. Il a réussi à me briser quelques côtes...
- L'intégralité. me coupe Giyu sans même me regarder.
Je lui lance un regard noir et continue :
- Mais j'ai continué à l'attaquer. C'est alors qu'il a commencé à utiliser son pouvoir, qui est d'envoyer des lames. J'ai réussi à les dévier ou à les esquiver et je me suis rapprochée de lui pour le vaincre, mais il a fait surgir une lame du sol. J'ai sauté pour l'éviter et il m'a envoyé une volée de lames. Cette fois, je n'ai pas pu les éviter et elles m'ont clouée à un arbre...
- Alors c'était ça, les marques de poignards ! s'exclame Rengoku.
- Oui, mais elle ne précise pas qu'elle s'est fait transpercé la main gauche et poignardé la cheville droite ! répond Tomioka. D'ailleurs, Kocho, je vais finir si tu permets.
Je sens un malaise me prendre au moment où il m'appelle Kocho. Je pensais qu'on avait dépassé ce stade ... Mais je ne laisse rien paraître, continuant de sourire.
- J'étais dans les parages et j'ai entendu les bruits du combat. raconte Tomioka. Alors, je suis allé voir, et je suis arrivé juste à temps pour empêcher le démon de tuer Kocho. Je l'ai décapité et ai emmené Kocho dans une maison près du village, où je lui ai donné les premiers soins. Elle est restée inconsciente pendant une semaine, et nous sommes revenus. Comme il y avait une tempête, je n'ai pas pu envoyer de corbeau.
Tiens, il n'a pas raconté que c'était chez lui ! Pour le baiser, je comprends et j'approuve, les autres n'ont pas besoin de savoir. Mais bon, de toutes façons, ce n'est pas grave.
Le maître prend la parole :
- Kocho, si tu es blessée, tu dois rentrer au domaine aux papillons.
- Je l'y emmène. intervint Tomioka.
- Bien, alors partez vite, la nuit tombe.
Giyu me serre contre lui et commence à sauter vers le domaine. Comme il n'est pas très loin, le trajet est rapide, mais je m'endors contre lui.
NDA :
Bon sang, ils sont trop choux ! 😍😍😍😍😍
Bon, je vais me calmer sur cet émoji, ça commence à devenir bizarre.
Sur ce, à plus !
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