Chapitre 34 : Deuil
"Shinobu est morte."
La phrase ne cessait de tourner dans la tête de Giyu Tomioka, actuel pilier de l'eau. Allongé sur son lit, il fixait le plafond depuis déjà plusieurs heures. Il n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait. Shinobu... Elle ne pouvait pas être morte, c'était impossible !
Pourtant Kanao avait été retrouvée inconsciente dans une clairière pleine de traces de sang par des furtifs. Il ne restait que le haori et le sabre de Shinobu. À son réveil, Kanao leur avait expliqué, à tous ceux présents : Giyu, Aoi, Tamayo, Yushiro, Tanjiro et Nezuko. Muzan l'avait prise en otage pour attirer Shinobu. Les lunes supérieures l'avaient affaiblie, et Muzan lui avait percé le cœur avant de l'absorber toute entière. Kanao avait conclu par ces trois petits mots qui avaient eu raison de Giyu :
- Shinobu est morte.
Le pilier était allé s'enfermer dans la chambre qu'il partageait avec Shinobu sans un mot. C'est seulement quand il s'effondra sur le lit de sa compagne qu'il s'autorisa enfin à pleurer. Plusieurs personnes avaient toqué par la suite, mais il n'avait pas répondu. Il sentait comme un trou dans sa poitrine, ça lui faisait mal, très mal. Il n'arrivait pas à respirer, il se sentait opprimé, compressé, trop abasourdi pour réfléchir.
Elle ne pouvait pas être morte. Sa Shinobu ne pouvait pas être morte. Pas comme ça... Il aurait dû l'accompagner, il aurait peut-être réussi à la sauver... Dans le cas contraire, il serait mort avec elle, ce qui lui aurait convenu.
À un moment, Aoi passa le voir. Elle lui apporta une tisane et déclara :
- Si tu as besoin de quelque chose, je suis dans le salon. N'hésite pas.
Il était évident qu'elle avait besoin de rester occupée et de s'occuper des autres. Giyu serait bien allé la voir mais chacun de ses membres était engourdi, il se sentait vide. Il n'arrivait plus à réfléchir, sa tête était envahie par le brouillard.
Il finit par sombrer dans un demi-sommeil agité où il voyait sans cesse Shinobu mourir, encore et encore. Au bout d'un certain temps, il se leva et alla dans le salon. Aoi était assise sur le canapé, enveloppée dans une couverture, une tisane à la main. Elle tremblait comme une feuille et ses dents claquaient.
Giyu s'assit à côté d'elle sans un mot et la pris dans ses bras. Elle se laissa faire sans broncher et se laissa aller contre l'épaule du pilier.
- Tu ne vas pas mettre fin à tes jours, hein ?
En vérité, Giyu n'y avait même pas pensé.
- Non. Maintenant que Shinobu n'est plus là, je vais m'occuper de vous et je vais tuer Doma moi-même. Ensuite, je verrai. Mais elle m'a appris à persévérer, alors il est hors de question que je me dérobe.
Aoi sourit faiblement.
- Merci... On risque d'avoir besoin de tout le soutien possible. Il faut se serrer les coudes et avancer coûte que coûte.
- Je suis d'accord. On reste ici ?
- Oui, je ne veux pas me retrouver seule dans ma chambre.
- Dans ce cas, je vais chercher des oreillers et des couvertures, et je vais voir si les autres n'ont pas envie de se joindre à nous.
- D'accord. Je vais refaire de la tisane et préparer une assiette de biscuits.
Giyu s'abstint de lui faire remarquer que tous avaient l'estomac trop noué pour manger et il alla chercher des coussins et des couvertures. Ça lui faisait du bien de s'activer et de ne pas être tout seul. Il n'était pas très proche des autres résidents du domaine, mais il avait fini par les considérer comme sa famille : Aoi, Kanao, Kiho, Sumi, Naho, Tanjiro, Nezuko, Tamayo et Yushiro, même si on ne les voyait pratiquement jamais, et Muichiro qui passait beaucoup de temps au domaine jusqu'à ce qu'il se mette en couple avec Senjuro.
Giyu soupira et passa discrètement dans les chambres. Tamayo était absorbée par un livre tandis que Yushiro triait des remèdes, les trois petites dormaient blotties les unes contre les autres, Tanjiro et Kanao pleuraient en se faisant un câlin, et Nezuko fixait le plafond, les yeux pleins de larmes. Les trois pourfendeurs acceptèrent avec joie de se joindre à la "soirée larmes", comme Giyu l'appelait, et ils descendirent tous au salon.
Aoi avait préparé une assiette de biscuits que tous grignotèrent sans appétit pour lui faire plaisir. Pendant un long moment, personne ne parla. Nezuko avait posé sa tête sur les genoux de Giyu qui lui caressait les cheveux, Kanao était blottie dans les bras de Tanjiro et Aoi appuyait sa tête sur l'épaule de Giyu.
Les seuls moments où ils faisaient quoique ce soit, c'était pour porter leur tasse fumante à leurs lèvres ou pour reprendre un biscuit. La nuit passa ainsi, à la fois rapide et interminable, jusqu'à l'aube où les autres pourfendeurs prévenus rappliquèrent au domaine. Heureusement, leurs larmes s'étaient taries pendant la nuit et ils étaient prêts à voir défiler tout le monde.
C'est Mitsuri qui arriva en premier, accompagnée d'Obanai. Elle se jeta à leurs cous en sanglotant et en reniflant. Obanai, plus réservé, se contenta d'adresser un "je suis désolé" à Giyu. Ce dernier acquiesça sombrement. Il n'y avait rien à répondre.
Puis Sanemi déboula en hurlant qu'il allait trucider le démon qui avait fait ça. Malgré sa colère, Giyu vit que ses yeux étaient pleins de larmes.
Muichiro fut le suivant à arriver, en compagnie de Senjuro. Ses yeux étaient rouges, mais il resta stoïque lorsqu'il demanda à Giyu s'il pouvait l'aider.
Zenitsu et Inosuke rappliquèrent juste après. Ils semblaient assez affectés par la mort de Shinobu, mais étaient de toute évidence là pour soutenir leurs copines. Giyu ne leur en voulait pas, tant qu'ils ne foutaient pas le bordel...
Puis le Maître envoya un corbeau pour informer que l'enterrement de Shinobu aurait lieu dans une semaine. Comme il n'y avait pas de corps, il s'agirait plutôt d'une cérémonie et il chargea Giyu et Aoi de choisir les invités. Préférant faire une petite cérémonie, ils choisirent les piliers, les résidents du domaine, Kagaya, Senjuro, Zenitsu et Inosuke.
Giyu finit par aller s'effondrer sur le lit de Shinobu, épuisé par toutes ces visites.
NDA :
Et oui, me revoilà ! Vous ne pensiez tout de même pas que c'était fini ?
Je me suis inspirée de sentiments réels pour écrire ce chapitre. Au fait, j'attends toujours des questions pour la FAQ !
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