La journée commençait bien, ce qui en soi, est déjà un signal. Je n'avais pas de mission, alors j'ai fait la grasse matinée. J'ai pris mon petit déjeuner avec Kanao, on a un peu discuté, c'était sympa. Je suis tellement occupée que j'en oublie que j'ai des sœurs, parfois !

On a décidé d'aller s'entraîner un peu, elle est vraiment très douée ! Je m'en veux un peu de ne pas l'avoir remarqué. D'ailleurs, première nouvelle, elle, Tanjiro et Nezuko sont montés en grade !

Elle est Kinoe, c'est à dire proche d'être pilier, Tanjiro est Kinoto, juste en dessous, et Nezuko est déjà Tsuchinoto, bien qu'elle n'ait accompli que quelques missions. Ça se présente bien. Inosuke et Zenitsu passent nous voir souvent en ce moment. D'après Kyojuro, leur entraînement se passe bien. Maintenant que Zenitsu a officialisé sa relation avec Nezuko, il arrête enfin de tourner autour de toutes les filles, ce qui est un soulagement. Quant à Inosuke... C'est Inosuke, quoi !

Tout va bien depuis quelques temps, il n'y a pas beaucoup de missions, Muzan et les lunes démoniaques se tiennent tranquilles. Je passe beaucoup de temps avec Giyu, c'est tellement agréable ! Je sors aussi en ville avec Mitsuri de temps à autres, elle est si heureuse de son mariage avec Obanai. 

Muichiro et Senjuro sont passés me voir il y a quelques jours, pour me remercier d'avoir sauvé Muichiro et pour discuter un peu. Je me suis un peu entraînée avec Sanemi. Il ferait un très bon entraîneur s'il ne manquait pas autant de patience. J'ai pû aussi discuter avec Tanjiro. Sortir avec Kanao lui fait le plus grand bien, il rayonne !

Après m'être entraînée avec Kanao, je suis allée aider Aoi à étendre le linge. Ça ne s'est pas totalement passé comme prévu... On a fini empêtrées dans les draps à force de nous chamailler et de nous faire des guilis. Au moins, on s'est bien amusées !

C'est en début de soirée que les choses ont tourné au vinaigre. Les nuages se sont faits noirs et grondants, on sentait qu'un orage était sur le point d'éclater. Je ne pouvais m'empêcher de songer à Kanao qui venait de partir en mission. La pauvre, si elle se retrouvait coincée sous l'orage...

J'étais dans ma chambre en train de dessiner à mon bureau, Giyu lisait sur son lit, quand mon corbeau toqua à ma fenêtre. Je suis allée l'ouvrir.

- Oui, que se passe-t-il ?

- Crôa ! Crôa ! Kanao Tsuyuri a des ennuis ! 

- Comment ça ?!

- Elle s'est faite attaquer par un démon ! Crôa ! Ordre est donné à Shinobu Kocho d'aller l'aider ! Crôa !

- Ok ! 

Je file enfiler mon uniforme et prendre mon katana.

- Tu veux que je t'accompagne ? me demande Giyu.

- Non, t'inquiètes pas, ça ira ! je lui réponds.

On s'embrasse rapidement et je ne peux m'empêcher de trouver un petit goût de dernier à ce baiser. Je dis au revoir à Aoi qui me recommande de ne pas me blesser et je me mets en route. Bien sûr, l'orage éclate juste au moment où je sors du domaine. Je prends mon courage à deux mains et fonce secourir ma sœur.

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Même en me dépêchant au maximum, il me faut deux heures pour retrouver la forêt où Kanao se trouve. Je dégaine mon katana. Je ne suis vraiment pas rassurée, avec le tonnerre, les éclairs et la pluie, mais je dois aider Kanao. Je m'enfonce donc résolument dans les bois sombres et hostiles.

Au bout d'un moment, je trouve des traces de pas de Kanao. Je les suis jusqu'à une clairière avec un rocher en son centre. Et sur ce rocher...

- Kanao...

Elle est allongée, on dirait qu'elle ne peut pas bouger... Elle relève tout de même la tête et me crie dès qu'elle me voit :

- Va t-en Shinobu ! C'est un piège !

Je me retourne et me retrouve face à un homme d'une trentaine d'années, un homme aux yeux rouges. Muzan...

Je me mets en garde immédiatement, prête à lui foncer dessus. Je doute de pouvoir le battre, mais je pourrais au moins gagner du temps. Peut-être que si je tiens assez longtemps, des renforts vont venir...

Un craquement me fait me retourner. La clairière est cernée par six personnes : Muzan, Kokushibo, Doma, Hantengu, Daki et Gyutaro. Bon sang, je suis mal... Aucune échappatoire et Kanao ne peut pas se battre.

Muzan sourit et tape dans ses mains. Dès que ce son sec parvient à mes oreilles, je sais que je suis foutue. C'est mort. Je vais livrer mon dernier combat.

Au début, j'arrive à esquiver les attaques, mais je me fatigue et commence à prendre des coups. Plus j'esquive, plus je suis fatiguée, plus je prends de coups, plus je suis fatiguée. Ça n'en finit pas !

Après ce qui me semble être une éternité, je me retrouve à terre dos au rocher. Mon sabre est loin de moi dans la clairière. Mon haori est accroché à une branche. Je suis couverte de sang, entourée par quatre lunes supérieures et Muzan en personne. Je serre fort l'anneau de Kanae passé à mon annulaire et je soutiens le regard de Muzan en attendant qu'il me donne la mort.

Il va tranquillement chercher mon sabre, reviens vers moi et me le plante dans le cœur. Tout devient flou. C'est drôle, je ne ressens aucune douleur. Je n'entends pas les cris de désespoir de Kanao. Je vois Kanae et mes parents devant moi, je cours vers eux, ça y est, c'est fini, je peux enfin être en paix.

Alors tout doucement, je ferme les yeux en imaginant qu'ils sont bleus comme ceux de Giyu.

C'est la fin.