Chapitre 3 : Sauvée !

Le démon se rapproche de plus en plus. Je me débat mollement, la douleur est si forte que je n'arrive plus à penser, et je n'ai plus d'énergie. Le monstre arrive, une unique lame à la main. L'arme de ma mort...

J'essaie une dernière fois de m'arracher à l'arbre auquel je suis collée, mais c'est peine perdue. Le démon lève la dague bien haut et je me raidis dans l'attente de la mort. 

Mais le coup fatal ne vient pas. À la place, une silhouette floue pare la lame et l'envoie se ficher dans le sol. Le démon rugit et commence à jeter des lames à la tête du pourfendeur. J'ai les paupières lourdes, la bouche en sang et je sens que même si le coup fatal n'a pas été donné, mes blessures ne vont pas tarder à me tuer.

Un voile flou se dépose sur mes yeux. J'entends des cris, une voix familière, et le heurtement métalliques de deux lames qui se croisent. Soudain, un cri plus puissant que les autres retentit, ce qui me fait sortir de ma torpeur. Je vois alors la tête du monstre tomber alors qu'il se désintègre peu à peu.

Le pourfendeur se précipite vers moi. Il m'est familier... Giyu ?! C'est bien lui, qui court vers moi, un air paniqué sur le visage.

- Non, non, non ! murmure t-il entre ses dents en arrachant les lames qui me clouent à l'arbre.

Je voudrais dire quelque chose, mais je n'y arrive pas. Enfin, il arrache la dernière lame et je m'effondre par terre, dans une flaque de sang. De mon sang. Giyu sort d'une besace qu'il garde toujours avec lui quelques bandes de tissu, puis il tire sur la lame plantée dans ma main. Je pousse un gémissement alors qu'elle s'enlève, laissant échapper un véritable flot de sang.

Giyu bande la plaie pour stopper l'hémorragie et il fait la même chose avec ma cheville. Cette fois, je serre juste les dents, mais je m'aperçois qu'il pleure. La douleur me paralyse complètement, mais je parviens à murmurer :

- Giyu...

Il s'approche de mon visage et dit :

- Ne te fatigue pas, Shinobu ! Tu perds beaucoup de sang !

- Giyu... je reprends tout de même. Merci... Merci d'être venu, je...

Un élancement de douleur traverse mon corps, me coupant le souffle. Giyu me soulève précautionneusement et me serre contre lui. Puis il se met à sauter, à faire de grands bonds à travers le ciel vers une destination inconnue.

Bercée par ce mouvement régulier et son cœur que je sens battre comme s'il était mien, je finis par m'endormir.

Je dérive à travers d'épais ténèbres, qui m'enveloppent toute entière. Je revois mon ami qui me demande :

- Qui es-tu ? Qui es-tu ?

Et Kanae, mourante, me fait jurer :

- Porte toujours ce sourire que j'aime tant.

Je me sens perdue, complètement perdue. Je tombe...

Je me réveille en sursaut. Je suis allongée sur un matelas posé à même le sol, dans une pièce pourvue d'une cheminée dans laquelle flambe un grand feu. Je ne connais pas cet endroit et Giyu est à côté de moi le regard rivé sur moi. Dès qu'il voit que je me suis réveillée, il soupire de soulagement et sourit :

- Tu es réveillée, enfin ! Ça fait une semaine que tu dors, j'ai cru que...

Sa voix se brise. Il n'est pas difficile d'imaginer ce qu'il a pu ressentir en ne me voyant pas me réveiller.

- Hé, c'est bon. Je vais bien.

Je souris, d'un vrai sourire pour le réconforter. Il prend un air désabusé.

- Ah, oui ! Tu vas super bien ! Sérieux, tu viens de te faire transpercer la main, poignarder la cheville et casser l'essentiel de tes côtes, alors, oui, je te crois quand tu dis que tu vas bien !

Il crache ce dernier mot comme du poison et j'ai un mouvement de recul. De ma main qui n'est pas blessée j'attrape la sienne. Il baisse les yeux vers moi et je remet mon masque de douceur et mon sourire.

- Calme-toi.

Je plonge mes yeux violets dans les siens et il se calme instantanément.

- Désolé, c'est juste que j'ai eu tellement peur... Me refais jamais ce coup là !

- C'est promis, mais calme toi, je t'en prie.

- D'accord, désolé... C'est juste que, enfin, tu vois...

Sa voix s'étrangle.

- Est-ce que ça va ?

- Mieux que toi, en tous cas !

J'ouvre la bouche pour le contredire, mais il a raison.

- Au fait, où sommes nous ?

- Chez moi.

Je dois faire une tête vraiment bizarre car il éclate de rire et demande :

- Tous les piliers ont une maison, plus ou moins grande mais bon. Alors pourquoi pas moi ? Je suis un pilier, non ! 

- Si, bien sûr que tu en es un, c'est juste que je ne t'imaginais pas vivant ici...

- Oh, je partage mon temps entre les missions et les réunions au quartier général, donc je n'y viens pas souvent.

- Ah...

- Et c'était l'endroit sûr le plus proche.

- Mmh...

- D'ailleurs, il faut que je change tes bandages.

- C'est mignon, d'autant plus que ça a tendance à être moi qui soigne les autres...

Il m'ébouriffe les cheveux affectueusement avant de prendre ma main gauche et de commencer à enlever les bandages. Je m'aperçois alors qu'elle était bien plus grave que ce que j'imaginais.

Une entaille rouge et sanglante barre ma paume et quand je retourne ma main, je vois une autre entaille, à peine visible, qui témoigne que la lame du démon m'a transpercé la main. Je souffle :

- Ah, oui, quand même !

Giyu acquiesce, tout en commençant à nettoyer avec un baume.

- Oui, tu as failli y passer. Heureusement que je faisais une mission dans le coin !

- Au fait, tu as dit que j'ai dormi pendant combien de temps ? 

- Une semaine entière.

- Et... Tu as prévenu le maître ?

- Non, une tempête fait rage, ce qui empêche d'envoyer un corbeau.

Il remet de nouveaux bandages sur ma main et s'attaque à ma cheville.

- D'ici quelques jours, ça se calmera et on pourra y aller. 

- D'accord, mais il y a une réunion prévue demain, non ?

- Oui, mais de toutes façons dans ton état actuel...

- Tu as raison...

- Comme d'habitude !

Je lève les yeux au ciel.

- Dans tes rêves !


NDA :

Et voilà, un petit rapprochement entre les deux meilleurs de demon slayer !

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