Chapitre 22 : Rêve

Je suis dans une pièce qui m'est très familière. On dirait ma chambre... Mais pas celle que j'occupe actuellement, celle que j'utilisais quand j'étais toute petite. Appuyée sur mon bureau, je suis en train de peindre un bouquet de fleurs aux teintes éclatantes. Je tire la langue tandis que je m'applique sur une rose. Mes cheveux violets me tombent devant les yeux et je replace une mèche derrière mon oreille. Je me fige. Ce geste... Il m'est si familier... Je suis saisie d'un sentiment étrange, comme si j'aurais dû me souvenir de quelque chose mais que j'avais oublié.

Je pose mon pinceau et attrape un miroir. Je manque de le lâcher tant mon choc est grand. Mon visage est celui d'une enfant et mes cheveux sont longs et retombent gracieusement sur mes épaules. Je porte un kimono bleu orné de fleurs jaunes. C'est moi... Quand j'avais sept ans.

Je dois rêver... Ou alors je suis morte... Je me lève et sors de ma chambre. J'avais oublié qu'elle se trouvait dans ce coin de la maison... Quand nos parents sont morts, je me suis installée dans la même chambre que Kanae et je ne suis jamais retournée dans mon ancienne chambre depuis.

Je descends les escaliers, un peu inquiète de ce que je vais trouver en bas, et je me rends dans le jardin. J'y trouve mon père en train de lire, ma mère en train de dessiner et Kanae en train d'écrire dans son journal à la couverture mauve. Dès que je les vois, j'oublie tout. Toute ma vie de pourfendeuse, toutes mes souffrances, le Souffle de la Destinée, les démons, Doma, mon poste de pilier, tout ! Je redeviens une petite fille de sept ans qui vit avec ses parents et sa sœur.

Je cours vers Kanae.

- Kanae ! Kanae !

Elle a juste le temps de poser sa plume que je lui saute dessus pour lui faire un énorme câlin. On roule dans l'herbe en riant comme des petites folles et Kanae me fait des guilis. Je rigole et elle demande :

- Alors, tu as fini de peindre tes fleurs ?

- Oui ! Tu veux que je te montre ?

- Bien sûr. Tu vas le chercher ?

J'acquiesce et file chercher la toile que j'étais en train de peindre. Les fleurs sont magnifiques et je montre ma toile à mes parents et à Kanae, fière de moi. Ma mère s'exclame :

- Ça alors, on a eu la même idée !

Elle me montre le dessin qu'elle était en train de faire : un croquis de fleurs pratiquement semblables aux miennes.

- Tu es bien ma fille !

Mon père approuve :

- On voit de qui tu tiens ton talent pour le dessin !

C'est ainsi. Je ressemble à ma mère, mêmes yeux et mèches violets, même talent pour le dessin, même sourire plein de vie...

Kanae, elle, ressemble beaucoup à mon père : yeux roses, cheveux sombres, doux sourire, grande compassion, amour de l'écriture.

- Et si on allait manger en ville, ce soir ? propose soudain mon père.

Kanae et moi lui répondons par des exclamations de joie et ma mère sourit.

Nous nous rendons dans notre restaurant de sushis préféré. Kanae et moi commandons exactement la même chose, pour changer ! Dès que nos plats arrivent, nous échangeons un coup d'œil complice. Nos parents soupirent. Ils savent ce que ça veut dire.

- Concours de sushis !!! Je m'exclame de concert avec ma sœur.

C'est à ma mère de donner le top départ, cette fois.

- À vos marques, prêtes ? Trois, deux, un, go !

Aussitôt, Kanae et moi nous jetons sur nos plateaux de sushis comme si nous n'avions rien mangé depuis des jours. J'engouffre les sushis si vite que je ne les compte pas et manque de m'étouffer plusieurs fois. Mais je continue coûte que coûte, la dernière fois, c'est Kanae qui avait gagné, cette partie là est pour moi !!!

- Fini ! Je m'exclame aussitôt mon dernier sushi avalé.

- Oh, non ! Il ne m'en restait qu'un seul à manger ! se lamente Kanae.

Je ne résiste pas à la tentation de lui tirer la langue et on éclate de rire. Nos parents me félicitent pour ma victoire et on rentre à la maison. Je me mets au lit avec Pluplume, ma chouette en peluche qui m'aide à trouver le sommeil.

Ma mère vient me border. Elle me chantonne une petite chanson jusqu'à ce que je m'endorme, le sourire aux lèvres, heureuse d'avoir retrouvé ma famille et de n'avoir à me soucier de rien. Je glisse doucement dans un sommeil sans rêves.

Quand j'ouvre les yeux, je suis dans ma chambre. La chambre que j'occupe depuis la mort de mes parents. Je me redresse, encore à demi plongée dans mon rêve et Kanao se précipite vers moi.

- Ça va, Shinobu ?

Je hoche la tête et réalise soudain où je suis, et surtout, quand je suis. Je me suis réveillée, tout ça n'était qu'un rêve. Ma tête commence à tourner et à me faire mal. Je me la prend à deux mains pour soulager la vague de douleur que je sens arriver, en vain. Kanao se précipite pour aller chercher Aoi, et je réalise que ce rêve m'aura aidée à me souvenir de quelque chose d'important.

Je me lève tant bien que mal de mon lit, mais m'effondre par terre. Ma jambe droite ne répond pas. C'est bien ma veine... Je me mets donc à ramper le plus rapidement possible, en ignorant tant bien que mal la douleur qui menace de me submerger à chaque mouvement.

Je parviens finalement devant la porte de mon ancienne chambre, dire que je m'y trouvais il y a quelques heures, enfin, en rêve. La porte coince un peu, mais j'arrive à l'ouvrir et me glisse à l'intérieur. Je referme la porte et regarde où je viens d'atterrir. J'ai l'impression d'être de retour dans mon rêve, sauf que certains meubles sont abîmés, en fait, c'est le gros bazard à certains endroits, et sous l'épaisse couche de poussière, je distingue... Du sang ?

Effectivement, c'est du sang, il laisse une longue traînée du lit jusqu'à la porte et soudain, je sens mon bras me brûler. Alors, tout me revient.

C'était la nuit et je venais de m'endormir, quand un craquement me réveilla. J'ouvris les yeux et me trouva nez à nez avec un démon hideux et repoussant. Je poussai un cri strident et mes parents et Kanae débarquèrent en trombe dans ma chambre juste à temps pour voir le démon m'infliger une blessure au bras.

J'entends vaguement mes parents ordonner à Kanae de s'enfuir avec moi, elle m'attrape et me porte jusqu'à la porte, mais ma sœur n'arrive pas à l'ouvrir. Les cris de nos parents nous font nous retourner et nous assistons, impuissantes à leur massacre. Ils hurlent, le sang gicle partout, et au bout d'un moment, le démon se tourne vers nous et s'approche.

Quelqu'un défonce alors la porte et se place devant nous. Gyomei Himejima. Il tue le démon en un clin d'œil et je m'évanouis dans les bras de Kanae.

Je reprends conscience de la réalité. Je suis étendue à plat ventre sur le sol poussiéreux de mon ancienne chambre. Quelqu'un me caresse doucement les cheveux. Je redresse la tête. C'est Muichiro.

- Salut. Comment tu te sens ?

J'hésite avant d'opter pour la franchise.

- Mal, très mal.

- Des souvenirs te sont revenus ?

- Comment as-tu deviné ?

- J'ai eu ça aussi. Tu n'es pas obligée de parler, ça peut être assez difficile à encaisser.

Je repense aux paroles de la démone à qui j'avais tranché la tête : "Je suis une des nombreux disciples de Doma, il nous a ordonné de te traquer et de t'amener à lui. Il est persuadé que tu es l'élue de la lune depuis le début et envoie régulièrement des démons tuer tes proches pour te briser et qu'il puisse te battre facilement. C'est lui qui a tué tes parents et Rukio devait te livrer à lui ! Pour ma part, je devais tuer ton copain juste avant tes 19 ans, date à laquelle tu serais capable d'utiliser le Souffle, mais visiblement j'arrive trop tard..."

- C'est ma faute, je murmure. Tout est ma faute...

NDA :

Bon, et bien voilà... Comme d'habitude, j'écris le plus vite possible, dites-moi ce que vous en pensez en commentaires ! Sinon, une ou deux petites images bonus :

Là, c'est la mère de Shinobu et Kanae (j'ai pas trouvé pour le père, par contre)

Là, c'est Shinobu style moderne (j'ai pas pu m'empêcher de mettre cette image, même si elle n'a aucun rapport)

Et pour finir, voici Shinobu avec les cheveux longs et détachés.

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