- Crôa ! Crôa ! Réveille-toi espèce de macaque ! Tu as une mission ! 

J'ouvre les yeux, encore toute endormie.

- Une mission ?

- Crôa ! Oui, tête de paresseuse ! Il est 15h, DEBOUT !!!

Je me lève et m'aperçois que je suis dans ma chambre et que mon corbeau me regarde d'un air mauvais depuis le rebord de ma fenêtre ouverte.

- Avec Tomioka Giyu ! Crôa ! Il t'attend !

- Bon d'accord, je me prépare vite. Mais dégage de ma chambre !

Mon corbeau s'en va en me traitant de tous les noms de singes possibles et imaginables et je file prendre une douche rapide et enfiler mon uniforme de pourfendeuse. Je m'en souviens, quand je suis devenue pourfendeuse, on m'avait fait un uniforme de fille standard, c'est à dire une jupe indécemment courte et un haut orné d'un énorme trou au milieu de la poitrine. Je l'avais brûlé et réclamé qu'on m'en fasse un semblable à celui des garçons.

Je souris. C'était le bon temps ! En vrai, j'oublie souvent ma vie d'avant. Elle est parfaite en ce moment, avec toutes ces personnes géniales qui m'entourent ! Mais je suis bien placée pour savoir que quand la vie nous accorde du bonheur, ce n'est jamais gratuitement ni durable : mes parents, Kanae, Rukio, Mejelinea et Eritu, mes premières disciples, tuées par Doma.

À ces pensées, une fureur sans nom que je n'avais pas éprouvée depuis longtemps remue en moi. Je me mord la lèvre pour la réprimer et pense de toute mes forces au bruit apaisant des papillons qui s'envole. Mais ça ne suffit pas à réprimer ma colère, qui menace de s'emparer de moi. C'est alors qu'une paire d'yeux d'un bleu profond apparaît dans mon esprit.

Les yeux couleur d'eau éteignent subitement ma rage enflammée et contenue et je me détends. C'est bon.

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Giyu était impatient. Il allait pouvoir passer du temps avec Shinobu et discuter avec elle. La mission était dans une forêt à l'ouest, à environ trois heures de marche rapide, ils auraient le temps de discuter. 

Le pilier de l'eau vit soudain trois petites filles d'environ sept ans qui arrivaient vers lui.

- Excusez nous, dit celle aux couettes, on est Sumi, Kiyo et Naho. Ajoute t-elle en se désignant avec ses sœurs. On est les sœurs de Shinobu.

- Je sais. Je suis Giyu Tomioka, Shinobu a dû vous parler de moi...

- Oh, oui, beaucoup ! Répond Kiyo.

- Mais on se pose une question... Poursuit Naho. Comment une personne aussi triste et impassible que vous peut sortir avec une personne aussi souriante et joyeuse que Shinobu ?

Mais... Comment peuvent-elles penser ça ?

Soudain, elles éclatent de rire.

- Qu'est ce qu'il y a ?!

- C'est vous, vous faites une tête pas possible ! Pouffe Sumi. Et inutile de nous contredire, Shinobu dit que vous ne savez pas vous amuser et on voit que c'est vrai !

Giyu sourit malicieusement.

- Alors comme ça, je ne sais pas m'amuser, hein ?

Et il commença à poursuivre les petites filles à travers le domaine en riant comme des fous. Puis ils s'engouffrèrent dans la maison et déboulèrent dans la cuisine. Aoi et Kanao étaient en train de cuisiner plein de bonnes choses. Sumi renversa le bol de sauce par terre, Kiyo écrasa les œufs sur les tenues d'Aoi et Kanao, Naho fit tomber un bol de pâte qui éclaboussa murs et plafond et Giyu rattrapa Kanao qui avait glissé sur la sauce. Les trois petites s'enfuirent en hurlant de rire et Aoi s'écria :

- Vengeance !!! Avant de s'élancer derrière elles.

Kanao et Giyu la suivirent, de grands sourires plaqués sur le visage.

La pièce suivante à subir les dégâts du groupe fut le salon. Dès que l'équipe "Vengeance" entra, l'équipe "Chipies" se mit à bombarder de coussins les trois pourfendeurs, qui n'eurent d'autre choix que de battre en retraite. Ils s'emparèrent de balais et de plumeaux avant de revenir à la charge au cri de " Vengeance !"

Ce fut au tour de l'équipe Chipies de battre en retraite dans la salle à manger. Les chaises et la table furent renversées et utilisées comme rempart contre les coussins rapportés du salon. Finalement, l'équipe Vengeance s'enfuit dans la réserve, poursuivie par les Chipies qui leur sautèrent dessus. Elles firent tomber un énorme sac de farine qui se répandit dans le couloir, couvrant tout le monde de blanc. Éternuant et toussant, les Vengeance sortirent de la petite pièce et se retrouvèrent face aux Chipies, devant le grand escalier qui menait à l'étage.

Les deux équipes échangèrent un long regard lourd de sens et les Vengeance se lancèrent à la poursuite des Chipies en criant leur cri de guerre. Sur leur passage, les six béligérants renversèrent une armoire, qui fit un vacarme assourdissant, salirent de farine toutes les pièces, et provoquèrent divers autres dégâts un peu partout.

Pour finir, ils se retrouvèrent tous essoufflés, face à face, devant le grand escalier qui menait à l'étage. Ils se jaugèrent un instant avant de se sauter dessus et d'entamer une grosse bagarre.

- QU'EST CE QU'IL SE PASSE ICI ?! tonna soudain quelqu'un.

Tous se figèrent et se tournèrent vers le grand escalier en haut duquel Shinobu se tenait furieuse.

- J'exige de savoir pourquoi ma maison, autrefois propre et rangée, est à présent si bordélique qu'un cochon refuserait d'y vivre ! Giyu, repose Sumi par terre immédiatement !!!

Giyu fit descendre la petite de sa tête, mortifié. Puis il remarqua une petite étincelle dans les yeux de sa compagne et fut soulagé. Elle n'était pas vraiment en colère.

- Donc, il suffit que je m'absente pour prendre une douche et la maison se retrouve transformée en décharge ?

Shinobu était en train de prendre sa douche ? Giyu rougit à cette pensée.

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Non mais je rêve ou Giyu rougit ?! C'est surprenant qu'il en soit capable. Attendez... Il ne rougit pas parce que je viens de dire que je prenais ma douche, quand même ? Bon sang... Il va sérieusement falloir qu'on discute !

Soudain, Sumi, Kiyo et Naho me sautent dessus et commencent à me faire plein de guilis. Je rigole et supplie :

- Hihihi ! Arrêtez ! Stop !

Aoi et Kanao s'y mettent à leur tour et j'appelle désespérément :

- Giyu ! Au secours !

Il s'approche de moi et s'y met aussi. Le traître ! Je suis vite submergée et je ne revois pas la lumière du jour avant dix bonnes minutes. On me laisse finalement tranquille et je reprends tant bien que mal mon souffle, rouge comme une tomate !

- D'accord, d'accord, vous avez gagné !

Je remets une mèche qui me tombait devant les yeux et reprends, plus sérieuse :

- Je pars en mission avec Giyu, nous en aurons pour deux ou trois jours. Je veux que quand on revienne, tout soit nickel, compris ?

Mes cinq sœurs marmonnent et grincent des dents, mais elles acquiescent et me font un gros câlin. Giyu leur tire la langue et je lui donne une petite tape sur la tête.

- Pour la peine, tu n'auras pas le droit de te changer !

- Mais je suis couvert de farine !

- Il fallait y penser avant ! Vient, on y va.

NDA :

J'adore. Ce. Chapitre. Rien d'autre à dire, à plus 😘