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Le lendemain matin, Sirius se leva tôt, un poids écrasant sur les épaules. Il savait qu'il devait se rendre au manoir des Wolf, là où il passerait les jours précédant son mariage. Le simple fait d'y penser le remplissait d'un mélange de frustration et d'appréhension. Pourquoi le destin lui avait-il imposé cette vie ? Il avait toujours lutté contre les attentes de sa famille, mais à présent, il se sentait piégé dans un jeu dont il ne pouvait pas voir les règles.

Regulus l'accompagna jusqu'à l'entrée du manoir. Les parents de Sirius, Walburga et Orion, attendaient déjà dans la voiture. La tension était palpable. Regulus, habituellement plein d'entrain, semblait inquiet, ses yeux scrutant le visage de son frère avec une anxiété grandissante.

« Tu sais que tu peux toujours changer d'avis, » murmura Regulus en glissant discrètement une main sur l'épaule de Sirius.

« Non, Reg. Tu sais aussi bien que moi que je ne peux pas. Je suis le fils aîné, c'est à moi de porter ce fardeau, » répondit Sirius, sa voix chargée de désespoir.

Le manoir des Wolf s'élevait devant eux, majestueux et intimidant, ses murs de pierre sombre projetant une ombre sur le chemin. À peine le portail franchi, Sirius sentit un frisson parcourir son échine. La maison respirait la noblesse, mais aussi un certain malaise. Il pouvait presque entendre les murmures des ancêtres dans les murs, tous ces fantômes d'une époque révolue qui le jugeaient.

Alors qu'ils entraient dans le hall d'accueil, une femme d'un certain âge, au regard perçant, s'avança. « Bienvenue, Sirius, » dit-elle d'une voix douce mais ferme. C'était Lydia Wolf, la matriarche, une figure redoutée et respectée dans le monde de la noblesse. « Nous sommes ravis de vous accueillir. »

Sirius se contenta d'un hochement de tête, son cœur battant à tout rompre. Les murs du manoir semblaient se rapprocher de lui, l'enfermant dans un espace où chaque mouvement était surveillé, chaque mot pesé.

« Je ferai en sorte que votre séjour ici soit des plus agréables, » poursuivit Lydia, son sourire légèrement trop large pour être sincère. « Marlène vous attend dans la bibliothèque. Je suis sûre que vous aurez beaucoup à discuter. »

Sirius jeta un coup d'œil furtif à Regulus, qui lui rendit un regard inquiet. « Rappelle-toi pourquoi tu es ici, » murmura Regulus, la voix chargée d'angoisse.

Avec un dernier regard échangé, Sirius s'éloigna. Chaque pas le rapprochait d'un destin qu'il n'avait pas choisi. La bibliothèque des Wolf était vaste et imposante, remplie de livres reliés en cuir et de souvenirs des générations passées. Les fenêtres étaient ornées de rideaux lourds, assombrissant la pièce.

Marlène se tenait là, feuilletant un livre, son visage concentré. À son entrée, elle leva les yeux, son expression passant de la surprise à une forme d'ennui feint. « Ah, le célèbre Sirius Black, » dit-elle, sa voix teintée de sarcasme. « Que c'est charmant de vous voir. »

« Enchanté, Marlène » répondit-il, essayant de masquer son irritation. Il s'approcha lentement.

« J'espère que vous êtes prêt pour votre nouvelle vie, » poursuivit-elle, son regard perçant scrutant le sien. « Après tout, le mariage est une institution fascinante. »

« Fascinante ? Peut-être pour ceux qui aiment être enchaînés, » riposta-t-il, sa voix teintée de défi.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune femme. « Vous êtes plein de surprises, Sirius. Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre que vous vous habituerez rapidement à ce nouveau chapitre de votre vie. »

Il ne pouvait s'empêcher de détester l'idée d'être son futur époux. « Et vous, Marlène? Quelles sont vos véritables intentions dans tout cela ? »

Elle haussa les épaules, un air indifférent flottant sur son visage. « Mes intentions ? Oh, je ne suis qu'une simple pion sur l'échiquier de ma famille. Nous avons tous des rôles à jouer, après tout. » Son ton se fit soudain sérieux. « Et vous, Sirius, vous avez le vôtre à respecter. »

Sirius la scruta, intrigué par la profondeur de ses paroles. « Vous semblez presque résignée à tout cela. Pourquoi ne pas simplement vous rebeller ? »

« Parce que la rébellion n'est pas une option, » répondit-elle, la voix empreinte de mélancolie. « Dans ce monde, il faut savoir jouer le jeu. »

Ils échangèrent un silence lourd, chacun conscient des attentes qui pesaient sur eux.

Le reste de la journée se déroula dans une sorte de flou. Sirius se sentait constamment observé, surveillé par les yeux attentifs des Wolf, qui semblaient ne rien laisser passer. Au dîner, il fit face à des échanges formels et à des sourires polis, tous chargés d'une tension sous-jacente. Les conversations tournaient autour de sujets légers, mais chaque mot résonnait comme un rappel de son engagement imminent.

Après le repas, Sirius se retira dans sa chambre, un espace vaste mais froid. Il s'assit sur le lit, se remémorant les promesses de bonheur qu'il avait faites à Regulus. Comment avait-il pu en arriver là ?

À peine la nuit tombée, une douce mélodie résonna dans le couloir. Curieux, il se leva et suivit le son, se dirigeant vers une salle où il trouva Marlène, assise au piano, jouant une mélodie mélancolique. Les notes flottaient dans l'air, enivrant l'atmosphère, mais il pouvait percevoir l'angoisse sous-jacente dans sa musique.

Elle le remarqua et s'arrêta. « Je ne savais pas que vous étiez là, » dit-elle, une lueur d'embarras dans ses yeux. « La musique est ma seule échappatoire. »

« Vous jouez très bien, » complimenta Sirius, s'approchant du piano., il était fasciné par la vulnérabilité qu'elle affichait.

« Merci. C'est une manière de me rappeler que la beauté peut exister même dans ce monde de froideur et de calcul, » répondit-elle, un soupçon de tristesse dans sa voix.

Un silence s'installa entre eux, et Sirius réalisa qu'il avait sous-estimé Marlène. Derrière le masque de noblesse, elle portait un poids similaire au sien.

« Vous n'êtes pas seulement un pion, » lui dit-il doucement, se penchant légèrement en avant. « Vous êtes bien plus que cela. »

Marlène le regarda, surprise par ses mots. « Vous êtes peut-être le seul à avoir compris cela, Sirius. Mais n'oubliez pas que les pions peuvent être sacrifiés. »

Il la regarda droit dans les yeux, déterminé. « Je refuse d'être un pion. Je ferai tout pour protéger ceux que j'aime. »

Elle lui sourit, mais son regard trahissait une profondeur de pensées qu'il ne pouvait saisir. « Alors peut-être que nous devrions apprendre à jouer ensemble, » proposa-t-elle, le défi illuminant son visage.

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