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Sirius Black regardait par la fenêtre du grand salon, ses yeux perdus dans le paysage sombre du manoir familial. Les jardins, autrefois éclatants de couleurs, semblaient ternes sous le ciel gris, reflet parfait de son humeur maussade. Les nuages s'accumulaient lentement, comme pour intensifier le poids qui pesait sur ses épaules, un poids qu'il commençait à trouver insupportable. Dans cet instant de contemplation, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond malaise, une sensation persistante qu'il n'était pas fait pour cet endroit, pour cette vie.

Il avait toujours su qu'il était différent des autres membres de sa famille. Les Black étaient une lignée d'aristocrates fiers, attachés à leur nom et à leur réputation, souvent synonymes de traditions rigides et d'attentes étouffantes. Chaque membre de sa famille semblait exceller dans les arts du savoir-vivre, de la manipulation et des jeux de pouvoir, tandis que lui ne s'y reconnaissait pas. Il se sentait comme un étranger dans sa propre maison.

Le manoir, avec ses murs sombres et ses portraits de famille austères, était une prison dorée. Sirius s'y sentait piégé, assis parmi les ombres de ses ancêtres qui le dévisageaient, leurs yeux froids semblant juger ses moindres mouvements. Orion, son père, était un homme de principes, imposant et strict. Il régnait sur la maison d'une main de fer, n'acceptant aucune faiblesse. Les dîners étaient remplis de discussions politiques et de stratégies familiales, de conquêtes sociales que Sirius ne pouvait pas comprendre ni apprécier. Les conversations l'ennuyaient, et il se sentait déphasé, perdu entre les ambitions démesurées de ses parents et ses propres rêves, qui paraissaient si futiles en comparaison.

Sa mère, Walburga, ne faisait qu'aggraver ce sentiment d'inadéquation. Elle était la quintessence de la matriarche rigide, préoccupée par l'image impeccable de leur famille. La maison résonnait de ses réprimandes, de ses attentes irréalistes. Pour elle, un Black devait être parfait, et Sirius ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était tout sauf cela. Les soirées étaient un véritable ballet de faux-semblants, de sourires figés et de politesses trompeuses. Sirius observait sa mère, toujours impeccablement coiffée, ses robes luxueuses accentuant son statut. Elle se tenait là, rayonnante et autoritaire, mais à ses yeux, elle était aussi froide qu'un marbre.

Les mots de Walburga lui revenaient en mémoire, toujours empreints de dédain et de mépris. "Un Black ne doit jamais faiblir," répétait-elle inlassablement. "Nous avons un nom à défendre, une réputation à maintenir." Chaque fois qu'il entendait cette phrase, il ressentait un profond élan de rébellion, mais le souvenir des coups de fouet le faisait reculer . Comment pouvait-il être le fils dont elle rêvait, alors qu'il se sentait comme un imposteur dans sa propre peau ?

Sirius avait souvent rêvé de liberté, d'un monde où il pourrait être lui-même, sans avoir à se conformer à ces normes oppressives. Il se voyait explorer des contrées lointaines, loin de ces murs étouffants, se perdre dans des aventures qui n'auraient rien à voir avec la gloire familiale. Mais chaque fois qu'il y pensait, un sentiment de culpabilité l'étreignait. Après tout, il avait des responsabilités, une réputation à maintenir. Il était le premier né, l'héritier des Black, et tout cela pesait lourd sur ses épaules.

Il se remémora les derniers dîners de famille. Les conversations à table, pleines de rumeurs et de jugements, lui donnaient envie de fuir. Tous attendaient de lui qu'il soit à la hauteur, qu'il se conforme aux attentes, mais il avait l'impression d'étouffer. Il ne pouvait pas partager ses passions, ses rêves. À chaque fois qu'il tentait d'ouvrir la bouche pour exprimer son point de vue, il se heurtait à des regards dédaigneux, à des silences pesants qui semblaient lui crier qu'il était en dehors de la norme.

À ses côtés, son frère Regulus, âgé de seize ans, se distinguait par son sérieux et sa discipline. Alors que Sirius se rebellait contre les conventions, Regulus se conformait parfaitement aux attentes familiales. Il était le fils "parfait", le modèle d'un héritier noble. Sirius ne pouvait s'empêcher de ressentir un mélange de fierté et de jalousie envers son frère. Regulus semblait naviguer avec aisance dans ce monde qu'il haïssait tant. Les mots d'encouragement de leurs parents résonnaient toujours dans l'air lorsque Regulus se distinguait à l'école ou lors de soirées. Sirius, quant à lui, se sentait invisible, un spectre errant dans les ombres du succès de son frère.

Mais malgré cette apparente perfection, Sirius percevait une fragilité chez Regulus. Peut-être était-ce la pression qui pesait sur lui, ou un désir caché de suivre un chemin différent, un chemin que la famille ne pourrait jamais accepter. Il se demandait souvent si Regulus avait lui aussi des rêves enfouis sous le poids des attentes, mais il n'avait jamais eu le courage de lui en parler. Les Black étaient trop fiers pour montrer leurs faiblesses, et Sirius craignait que toute conversation sincère ne soit que vaine.

Sirius poussa un soupir, le regard toujours fixé sur l'horizon. Peut-être qu'un jour il pourrait trouver sa place, mais pour l'instant, il se sentait perdu dans un labyrinthe de traditions et de devoirs. Chaque jour était un combat entre ce qu'il était censé être et ce qu'il aspirait réellement à devenir. Il se demandait si la liberté était réellement possible pour lui ou s'il était condamné à vivre cette vie de faux-semblants, à porter ce masque que la société attendait de lui.

Pour l'instant, il était coincé ici, dans ce manoir, en attendant que quelque chose change. Mais pour l'instant, il n'était qu'un Black, un fils, un héritier. Et il ne savait pas combien de temps il pourrait supporter cette vie.

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