66-Lui

Un bip sec perforant le calme de la nuit me tire de mon sommeil, mon esprit encore embrumé.

D'abord exaspéré, j'attrape mon téléphone sur ma table de chevet avec une rapidité mécanique, mon cœur battant déjà plus vite au son de l'alerte.

L'écran affiche le message que je redoute :

Alarme silencieuse activée – Entrée principale.

Une sensation de malaise m'envahit instantanément. En quelques secondes, mon corps émerge, l’adrénaline chassant la fatigue. D'un bond, je repousse la couette et me lève, le regard méfiant, prêt à réagir.

Le silence de la villa semble soudainement lourd, presque menaçant.

Lorsque j'ouvre doucement la porte entrouverte de ma chambre, je jette un œil à celle qui se trouve en face, où Riva doit dormir à point fermer.

Un bruit, furtif, mais distinct, percute mes oreilles. Un craquement, à peine audible, presque imperceptible… Mais suffisant pour que mes yeux s'écarquillent dans l'obscurité vers le salon.

Ce n'est donc pas une fausse alerte, il y a bien quelqu’un qui s'est introduit chez moi.

Mes sens sont en ébullition. Je suis seul à pouvoir gérer ça, dans ma villa isolée, loin des regards curieux. Comment est-ce possible ? Qui peut bien avoir franchi les murs de ma propriété ?

À pas feutré, j'avance dans ce petit couloir menant au salon. À l'entrée de celui-ci, je me baisse lentement, mes doigts tâtonnant dans le noir total à la recherche de l'arme, ma batte de baseball, prêt à affronter ce qui se cache dans l'ombre.

J’ai l’habitude de la solitude, de ne jamais être dérangé, mais ce soir-là, elle me paraît soudainement plus menaçante, plus pesante depuis que je vis ici.

J'avance petit à petit dans cet immense espace, le salon à ma gauche donnant sur ma cuisine ouverte sur ma gauche, quand je remarque la porte d'entrée à moitié ouverte.

À présent en plein milieu de la pièce, je jette des coups d'œil furtifs autour de moi, en vain. Je n'y vois rien, et le peu que la Lune éclair ne m'aide pas. Je décide donc de me diriger vers cette porte afin de la refermer.

Les verrous enclenchés, je tape le code de l'alarme qui passe du voyant rouge au voyant vert.

Tout est remis en ordre, mais il reste néanmoins une pensée qui me tracasse.

S'il y a un intrus, est-il encore là où s'est-il déjà enfui ?

Je scrute la pièce comme une personne ayant perdu la vue. Mon téléphone dans la poche, j'hésite à prévenir Wade.

C'est là que je les ai aperçues.

Des empreintes de pas mouillés, visibles sous la lumière pâle de la Lune, sont comme les petites pierres semées par le Petit Poucet dans la forêt noire. Chaque trace laissée sur le sol devient un itinéraire à suivre dans l'obscurité de la nuit. Ces traces de pas vont sans doute me mener quelque part, mais où et vers qui ?

Pas-à-pas, elles me dirigent vers la cuisine, où elle converge derrière l'îlot central.

Je ne devrais peut-être pas continuer à jouer avec le feu, je devrais vivement avertir Wade, mais aussi Riva. Je dois absolument...

Un ricanement sournois me glace le sang, des frissons me parcourent le dos. Je ne me suis jamais sentie aussi tétanisé qu'aujourd'hui.

En me retournant, j'aperçois un sourire qui naît lentement, presque imperceptiblement sur les lèvres.

D'abord subtil, puis s'étirant avec une lenteur dérangeante, comme s'il savourait chaque seconde de mon agonie silencieuse.

Puis mon regard se pose sur ses yeux qui brillent d'une lueur presque démente, un éclat de folie qui capte l'attention avec une intensité palpable. Le coin de ses lèvres se relève, pas tout à fait d'une manière joyeuse, mais plutôt comme un avertissement, la promesse d'un jeu dangereux qui a déjà commencé.

Ce sourire chargé d'une menace sourde, comme un prédateur qui sait qu'il tient sa proie entre ses mains, mais qui aime d'abord la faire languir, savourant l'angoisse avant de frapper.

La douleur me frappe avec une intensité fulgurante, une brûlure aiguë qui s’empare de mon crâne et de mes tempes, brouillant mes pensées.

Je ne sais pas ce qu'elle a réussi à trouver et qui soit aussi lourd. Le cendrier en verre que Wade m'a offert il y a quelques années peut-être, habituellement posé sur la table basse. Il n’avait jamais été destiné à servir, il trônait là, comme un objet témoin du passé, toujours là où je l'avais laissé, immobile et discret.

Quoi qu'il en soit, le choc est brutal, foudroyant. Je n'ai rien vu venir avant que cette douleur sourde ne m’envahisse.

Ma tête est projetée violemment sur le côté, un mouvement si brutal qu’il me fait perdre l’équilibre. Tout s’embrouille autour de moi. Le sol disparaît sous mes pieds, et mon corps vacille dans un vertige incontrôlable.

Je tente de me raccrocher à l'îlot, mais il m’échappe alors qu'un deuxième choc frontal contre celui-ci finit de m'assommer. L’impact me broie et me jette violemment au sol.

Étalé entre la cuisine et les marches qui la sépare du salon, mes pensées se dissolvent dans une brume épaisse.

J'ignore le pourquoi du comment, tout ce que je ressens, c’est cette sensation de dérive dans un espace inconnu.

Mes membres sont figés sous la force du choc. Mon souffle est difficile, et je reste là, perdu dans la douleur et la confusion, incapable de comprendre ce qui vient de se dérouler.

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