56-Lui
Les au revoir avec mes parents sont toujours aussi compliqué, me savoir aussi loin d'eux les rend anxieux, ce que je peux comprendre. Néanmoins, ce n'est pas au Danemark que ma carrière a réellement démarré, mais en Amérique.
Contrairement à ce que je redoutais, Riva a été très bien reçue par ces derniers, mon père n'a pas fait d'esclandre et j'en suis heureux, c'est une bonne étape de passer.
Ma partenaire et moi arrivons vite à l'aéroport d'Aalborg, afin de repartir en direction de Copenhague.
- On devrait prendre des provisions une fois là-bas, j'ai déjà une faim de loup, soupire cette dernière une main sur son ventre, tandis que nous sommes déjà installés dans l'avion.
- C'est pour ça que nous n'aurions pas dû nous lever aussi tard. Cela dit, il y a un endroit pas mal où manger à l'aéroport de Copenhague, on y fera une halte si tu y tiens.
Une fois arrivé au dit endroit, je trouve la fameuse pâtisserie et invite Riva à s'asseoir à table.
- Dohän, laisse-moi commander, je veux juste...
- Hors de question, c'est moi qui t'invite. Quel homme serais-je si je te laissais payer ?
- Mais tu ne vas pas me...
- Fais-moi confiance, je mange tout le temps ici. Retourne t'asseoir, je reviens.
Une moue aux lèvres, elle soupire et se laisse choir sur sa chaise. Amusé, je me dirige vers le comptoir et y commande différentes viennoiseries et pâtisseries à lui faire saliver les papilles.
- Madame est servie ! Lancé-je en revenant vers elle.
Ébahie, les yeux écarquillés, Riva fixe le plateau avant de rencontrer mon regard, un sourire radieux sur son visage fin.
- Il ne fallait pas ! Je n'avais pas si faim que ça, tu sais.
- À d'autres ! Ton ventre grogne depuis Aalborg.
- Oh ! Je ne sais même pas par lequel commencer.
- Peu importe, ils sont tous pour toi, donc quoiqu'il en soit, tu les mangeras tous.
- Quoi ? Mais toi alors ?
- L'avion me donne toujours la nausée, je ne préfère pas manger pour le moment.
- Dans che cas, dit-elle la bouche pleine, hmm, ch'te ferais un fechtin une fois rentré à la maijon.
À chaque bouchée ses yeux se révulsent, comme émerveillés par ce qu'elle déguste. Mais ce qui m'interpelle le plus et de surcroît me plaît, c'est ce qu'elle vient de dire.
« À la maison » ? Ma maison est à ses yeux devenus la sienne à présent ?
Pendant une petite heure, nous échangeons alors que Riva fini de manger. Une fois qu'elle est rassasiée, nous déambulons dans les diverses boutiques.
- Dohän ! Viens voir, s'écrit cette dernière le visage grave.
Interloqué, je la rejoins dans le bureau de presse quand celle-ci me tend un magazine people, le regard toujours fixé sur moi.
- Pourquoi tu as l'air si... ?
Ma question reste en suspens lorsque je me rends compte du problème. Là, sous mes yeux, un célèbre magasine people avec en première page un cliché de moi et de Riva sur la plage.
D'abord estomaqué, je me reprends et jette un coup d'œil à ma partenaire qui attend ma réaction, se rongeant la lèvre inférieure.
- Ne t'inquiète pas, je vais arranger ça. Ces maudits paparazzi ! Quel bande d'ignare, ils vont m'entendre ! M'emporté-je, hors de moi.
- Dohän...
- Riva ! Ne me dis pas que tu apprécies d'être épiée comme ça ? C'est privé, bordel ! crié-je en levant ce bout de papier glacé face à son visage fatiguée, attirant l'attention de certaines personnes autour de nous.
- Ce n'est pas ce que je comptais te dire.
- Ils ne me lâchent déjà pas d'une semelle à New-York, mais alors là, c'est bien la première fois que je vois ça ici, chez moi ! Ils ont dépassé les bornes.
- Qu'est-ce que tu prévois de faire ?
- Je vais gérer ça comme je le fais habituellement.
Ayant déjà composé le numéro de mon avocat, je demande à Riva de vérifier les autres magazines et d'aller acheter tous ceux où elle nous verra dessus.
- N'oublie pas ça ! L'interpellé-je en lui tendant ma carte bancaire. Et le ticket de caisse aussi !
Les minutes passent et ma colère ne fait qu'accroître lorsque j'échange avec Edgar, mon avocat. Comme dans la plupart des cas, je le laisse gérer ce cas, en n'omettant pas de lui mettre la pression pour la violation au droit de ma vie privée ainsi que de celle de ma danseuse.
- C'est pour ça que je te paie, Edgar ! Fais ton boulot qu'on n'en parle plus. Occupe-toi de ça, mais aussi de Riva, fait en sorte qu'ils ne recommencent plus ce genre de chose. Je ne veux aucune négociation ! J'ai déjà assez fait de compromis.
En attendant son prénom, Riva me scrute, dans le flou, les yeux froncés. En retour, je lui souris, même si mes nerfs sont au summum de l'explosion. Sa main vient alors se poser sur mon bras et fait des va-et-vient afin de me calmer. Ce geste, même aussi banal soit-il, m'apaise petit à petit.
- Tiens-moi au courant. Et... merci.
Décontenancé par ce dernier mot, mon avocat bégaye tandis que je raccroche.
- Alors ?
- Il se charge de tout, soufflé-je, je n'espère pas avoir de mauvaises surprises une fois que nous serons arrivés sur New-York.
- Détends-toi, si ton avocat s'en occupe, tu n'as pas de mouron à te faire.
- Si tu le dis.
Les deux heures restantes de notre escale s'écoulent lentement, mais nous continuons notre escapade dans les magasins même si pour ma part, cette affaire de clichés a gâché la fin de notre séjour.
- Surprise ! S'écrit Riva en sautillant devant moi et arrivée de nulle part. C'est pour toi. C'est censé remonter le moral.
Cette fille a le don de me faire sourire même dans les moments les plus délicats comme celui-ci. Découvrant trois tablettes de chocolat noir dans son sac en papier, je secoue la tête, hilare.
- Toi alors, tu n'en perds pas une !
- Non pas que je n'aime pas le Dohän bougon, mais je tiens à ce que notre voyage continue de se dérouler sans encombre jusqu'au bout. Pas toi ?
Les yeux dans les yeux, nous nous fixons un petit moment. Je l'ai ressenti au premier coup d'œil, mais je persiste à dire que cette fille est spéciale, elle réveille une part de moi bien enfouie, un homme qui se veut meilleur et qui ferait tout pour celle qu'il aime.
Épris d'une envie irrésistible d'être encore plus près d'elle, j'entoure mes bras autour de sa taille et la ramène vers moi, enlacé l'un à l'autre.
Sa tête contre mon épaule, la mienne enfouie dans son cou, la pression accumulée ces dernières minutes disparaissent comme par magie.
Riva est bien plus qu'une nouvelle partenaire, bien plus qu'une danseuse, elle est mon calmant, mon anti-douleur, ma bouffée d'air pur.
Cet autre moitié qui me manquait.
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