55-Elle

À ma plus grande surprise, j'ai passé une agréable nuit au côté de Dohän. Je n'ai pas l'habitude de dormir avec quelqu'un, et le peu que j'avais enduré ce moment, c'était un enfer.

Alors que je me réveille par le chant des oiseaux à l'extérieur, j'en profite pour admirer sans gêne celui avec qui je partage le lit.

Le regard fixé sur son visage paisible, je l'admire dormir profondément d'une respiration lente et régulière. Je ne peux m'empêcher de sourire en le contemplant. Ses traits sont détendus, presque enfantins, et je me surprends à scruter chaque détail : la courbe de ses cils, la pâleur de sa peau, le léger mouvement de sa poitrine qui se soulève à chaque inspiration.

Je me sens remplie de tendresse en cet instant, comme si le temps s'était arrêté. Il est là, vulnérable, totalement abandonné au sommeil, alors que je ressens une affection grandissante pour lui à chaque instant.

Me penchant légèrement, j'hésite à caresser ses cheveux ou à effleurer sa joue, craignant de troubler ce moment de tranquillité. Au fond, je suis heureuse de pouvoir être là, de le voir ainsi, de partager ce silence rempli de douceur et d'amour avoué.

La veille, j'ai été touché dans ma fierté lorsqu'il a refusé de m'embrasser. Contrairement à ce qu'il a pu penser, je l'ai compris, car s'il m'avait fait la même demande, je l'aurais moi aussi rejetée.

Ce voyage touche à sa fin, nous allons prendre l'avion aujourd'hui. Je ne cesse déjà de repenser à ce petit séjour de quelques jours qui m'ont permis d'y voir plus claire.

Après tout, entre lui et moi, c'était bien réel, je me voilais complètement la face, ou bien, j'avais peut-être peur qu'il ne partage pas les mêmes sentiments que moi.

Dohän est réputé pour être un homme à femme, mais en même temps, jamais personne n'en a concrètement vu pendu à son bras.

Alors, entre les dires des magazines people et les propos de Dohän, j'étais dans le flou le plus total. Or, la donne a changé. Je me trompe peut-être, mais j'ai envie de croire à ce Dohän sincère.

Ces derniers jours passés avec lui, m'ont bel et bien prouvé ce qui se passait en moi depuis que je l'ai rencontré : je ne pouvais m'empêcher de penser à lui, à chaque instant de la journée. Dès que je l'apercevais, mon cœur s'emballait, mes pensées se troublaient.

Il a une telle prestance, un magnétisme inné, une assurance qui me fascine, une force tranquille qui m'attire irrésistiblement.

Quand il me parle, même pour des choses futiles, je ressens une chaleur envahir mon corps, comme si ses mots avaient le pouvoir de m'atteindre au plus profond de mon être. Il y a quelque chose dans son regard, une douceur mêlée à une intensité qui me désarme complètement.

Au début, je savais que c'était insensé, mais je ne pouvais m'en empêcher. Mon cœur battait plus vite quand il était là, et je me surprenais à rêver d'un geste, d'un mot qui trahirait une émotion réciproque. Je m'en voulais parfois de ressentir tout cela, de m'attacher à des illusions, mais ces sentiments étaient trop forts, trop présents pour être ignorés. Heureusement, j'y arrivais tant bien que mal, jusqu'à ce fameux jour dans la cuisine, ou Dohän lui-même à balancé ces mots qui, depuis, me hantent.

Chaque jour, je me demandais s'il se doutait de ce que je ressentais, si, au fond, il percevait l'agitation qui bouillonnait en moi lorsque nos regards se croisaient, lorsque nous dansions ensemble, que mes mains tremblaient contre sa peau. Peut-être que je me faisais des idées, que tout cela n'existait que dans mon esprit, mais une part de moi espérait, souhaitait, que quelque chose de plus puisse naître de cette attirance silencieuse.

Or, aujourd'hui, c'est devenu le cas. Maintenant que je sais que nous ressentons la même attirance, l'angoisse m'envahit.

Suis-je prête ? Suis-je à la hauteur d'un tel homme ? Est-ce que je souhaite vraiment mélanger le professionnel à notre vie privée ? Dois-je vraiment de nouveau faire entrer un homme dans ma vie ?

Au fond, je ne veux pas m'interroger sur ce point, car j'ai envie de profiter de chaque seconde passée avec Dohän. C'est la première fois que je tiens à me jeter à corps perdu dans une relation avec un homme.

Alors vais-je me brûler les ailes ? Si cela devait arriver, alors je ne m'en voudrais qu'à moitié, car je sais que pour une fois, j'aurais tout donné.

Tandis que je me suis perdu dans les méandres de mes pensées, un petit gémissement me sort de ma torpeur alors que je remarque Dohän s'étirer, toujours les yeux clos.

Malgré moi, un sourire enamouré s'étire sur mon visage tout en ne le lâchant pas du regard.

Son bras, qu'il étire vers le plafond, s'affale avec légèreté contre mon corps pour m'enlacer par la taille. Même s'il semble encore en plein rêve, je le soupçonne de feindre ce rapprochement. Un léger sourire aux lèvres, il ouvre un œil avant de grimacer pris sur le fait et d'éclater de rire.

– Je me suis fait avoir à mon propre piège, semble-t-il.

– Comme quoi, tu n'es pas aussi rusé que tu le penses.

– Je n'ai jamais prétendu le contraire ! Se défend celui-ci en se relevant sur ses coudes. Bien dormi ?

J'acquiesce tandis qu'il jette un regard furtif à sa montre. Je ne sais pas pourquoi, mais en une fraction de seconde, il se renfrogne en poussant un soupir las.

– Qu'est-ce qu'il y a ?

D'abord silencieux, me lançant un bref coup d'œil, il finit par répondre d'un ton morne :

– Il est onze heures, je ne pensais pas me réveiller aussi tard. Je n'en ai pas l'habitude.

– C'est une bonne chose, non ? Tu as pu récupérer un peu de sommeil avec tout ce qu'il t'est arrivé dernièrement.

– C'est vrai, mais maintenant, il va falloir qu'on se dépêche, l'avion est à seize heures. Nous avons tout un tas de choses à faire jusque-là.

Quand bien même il semble tendu, je le fixe toujours aussi émerveillée. Ancrant enfin ses yeux aux miens, nous nous observons une bonne minute avant que ses épaules ne s'affaissent et qu'il se rallonge.

– Bon sang ! Pourquoi je suis aussi pressé alors que je peux enfin profiter de ce qui se trouve à mes côtés, murmure ce dernier en me faisant face, une mèche déjà enroulée entre deux de ses doigts.

– Dohän...

– Chuuut ! Comme on dit, la nuit porte conseil, et tu sais quoi, Riva ? Je pense avoir assez attendu. Cet avant-goût nocturne m'a torturé l'esprit. Alors je te préviens, je ne compte pas reculer de dix pas en arrivant à New-York, bien au contraire, je compte rapidement les effectuer.

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