53-Elle

Rien que de penser au fait que je vais partager le même lit que Dohän me rend fébrile, mais m'excite à la fois. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas dormi avec un homme, encore moins en n'étant pas en couple.

Je me sens encore moins à l'aise, car c'est dans sa chambre que je le retrouve, nerveuse, n'osant pas m'approcher de cet immense matelas.

Une fois sortie de la salle de bain, j'ai partager un deuxième thé avec lui. Remis de sa maladresse, il m'a remercié et a apprécié la boisson dans un silence loin d'être pesant. En réalité, nous ne nous sommes pas lâchés du regard.

C'est dingue, mais ce genre d'instant échangé sans paroles ne me déplaît pas avec Dohän. Au contraire, c'est comme si on se comprenait sans se parler.

Alors tout naturellement, nous avons posé de concert nos tasses dans le lavabo et avons parcouru les quelques mètres qui nous séparent de la chambre.

Jusqu'à maintenant, j'avais hâte, néanmoins le moment venu, je commence à hésiter.

Dohän est quant à lui assis au bord du lit, face à moi. Nos iris accrochés l'un à l'autre, il me tend sa main que j'accepte à la seconde, m'écartant de l'encadrement de la porte.

Là, devant lui, mes yeux baissés vers les siens, et les siens levés vers moi, il me sourit avec timidité tandis que ses mains sont posées de chaque côté de mes hanches.

– Dis-moi, Riva, tu es toujours d'accord ?

– Je ne reviens jamais sur mes choix, Dohän, rétorqué-je plus confiante que lui.

Certes, je suis contente de rester auprès de lui durant la nuit, mais mon cœur lui, s'emballe, affolé par le contexte. À aucun moment de ma vie de couple, j'ai ressenti un tel sentiment de désir, une telle envie d'être proche d'un garçon. Je m'imagine déjà collé contre son corps, l'enlacer et sentir son odeur envahir mes narines. Ne plus jamais le lâcher et pester d'avance contre le jour qui nous réveillera, nous séparera et fera envoler la magie de cette nuit.

Je remarque bien que Dohän se questionne, qu'il lutte entre sa raison et son désir d'être avec moi. Quand bien même je lui mettais un frein, à présent, je souhaite profiter de chaque seconde passé à ses côtés. Qui sait ce qui pourrait advenir si Claire devenait sa danseuse et donc prenait ma place. J'en suis déjà triste de jalousie.

– Riva ? Tu vas bien ?

– Pardon ? Bafouillé-je, cillant plusieurs fois des yeux. Oui ! Je vais très bien. Mieux que ça même.

– C'est-à-dire ? S'enquiert-il, le regard plissé.

– Je suis contente d'être avec toi. De partager ta passion, ton quotidien, de découvrir ta vie, ta famille, ta personnalité, mais surtout de ressentir des choses que je n'ai jamais connues et qui m'effrayaient jusque-là.

Les mains posées sur ses joues, je ne peux m'empêcher de caresser du bout de mes doigts la peau claire de son visage glabre, tout en l'observant le regard enamouré plus que jamais.

– Riva...

Ce simple murmure me fait louper un battement de cœur. Comment arrive-t-il à faire cela ? Ces paroles semblent si naturelles et pourtant, la sensation est agréable, quasi irrésistible.

– Dohän ?

Oui, j'ai envie de me jeter à ses lèvres, de les dévorer, d'enfin les sentir contre les miennes, mais malgré tout, je n'y arrive pas. Peut-être arriverais-je si c'était lui qui faisait le premier pas...

– On va finir par ne pas pouvoir se lever demain matin, si on continue à se fixer comme on le fait.

Pourquoi faut-il qu'il parle déjà du lendemain ?

– Dohän, soupiré-je las, et si on vivait l'instant présent ? Je t'avoue ne pas avoir envie de prendre l'avion demain.

– Moi de même, admet-il en baissant la tête.

Bon sang ! Pourquoi n'ai-je pas assez d'audace pour l'embrasser de mon propre chef ? Ça me frustre !

– Dohän ?

– Mmh ?

Relevant la tête, il pose de nouveau ses yeux verts sur moi.

Comment puis-je avoir une telle chance d'être aussi proche de lui ?

Me questionnant intérieurement, ce dernier m'enlace, posant sa tête contre mon ventre. Ce geste semble sceller ce lien inexplicable entre nous, mais aussi faire envoler le peu de doute qu'il me restait. À mon tour, j'enfouis mes doigts dans ses cheveux, lui faisant relever la tête vers moi.

Comment ai-je fait pour ne pas craquer plus tôt ?

– Embrasse-moi.

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