52-Lui
Devant le regard écarquillé de Riva, je me rends compte de ce que je viens d'avancer, alors je tente de me rattraper aussitôt.
- Désolé ! Oubli ce que je t'ai dit, je n'ai pas réfléchi avant de parler, ça ne me ressemble...
- J'accepte, tranche-t-elle d'un ton net.
- Pardon ? Qu'est-ce que tu as...
- J'ai dit que j'acceptais. Dormons ensemble. C'est notre ultime nuit ici, avant notre départ demain. Je veux... Profiter de nos derniers moments
Ce retournement de situation me laisse sans voix. Je ne m'y attendais pas, au mieux un refus, mais pas une réponse pareille.
- Riva, je ne veux pas te for...
- Arrête. J'en ai tout aussi envie que toi, admette celle-ci en me prenant la main, je ne veux pas dormir seule cette nuit, ni même celles qui suivront.
Au milieu d'une foule de touristes, nos regards ne se lâchent plus. Quel est ce sentiment étrange qui empoigne mes tripes ? Je dois absolument me reprendre, je ne dois pas me laisser défaillir aussi aisément, là, dehors parmi tous ces gens.
Je tiens encore à mon intimité et surtout à celle de Riva. Malheureusement, je pense qu'elle n'a pas encore connaissance du poids de ma popularité dans ma vie privée.
Malgré moi, je rejette avec douceur sa main et dévie les yeux afin de vérifier les alentours.
- Et si on rentrait ? Proposé-je, à la fois pressé de me retrouver rien qu'avec elle, mais aussi dans le but de fuir d'éventuels curieux.
Ma partenaire acquiesce, les yeux brillants d'un désir nouveau et un sourire extatique aux lèvres.
Comme lors de notre venue, nous ne mettons pas plus de dix minutes pour rentrer chez nous, à Nordby.
Chez nous... Si seulement c'était officiel.
- Je vais prendre une douche, m'indique-t-elle à peine rentré.
Tandis qu'elle s'est absenté, je suis comme un nigaud debout à l'entrée, les clés encore dans la main et les yeux rivés droit devant moi.
J'arrive au bout d'une bonne minute à me tirer de ma torpeur et me prépare une boisson chaude en mettant la bouilloire d'eau à chauffer, mes pensées se trouvant à mille lieux de la réalité.
Quand Riva me rejoint dans la cuisine, vêtue d'un peignoir beige, mes yeux ne peuvent cesse de l'admirer.
Sans y poser mes yeux, je lève ce que je pense être la bouilloire et verse l'eau dans ma tasse sans lâcher Riva du regard. Je touille quelques secondes attendant que le sachet infuse.
- Tu t'es fait un thé ?
J'opine de la tête, obnubilé par cette dernière. Néanmoins, mon esprit errant a raison de moi. Non seulement, je me brûle la langue parce que le liquide est beaucoup trop chaud, mais en plus, ce n'est pas du thé que j'essaye d'avaler malgré la brûlure qui me tenaille la bouche, mais du café.
Bon sang ! De la saleté de caféine ! J'ai confondu la bouilloire avec la cafetière !
- Mais qu'est-ce que...
L'air surpris de Riva ne m'échappe pas, mais ce n'est plus ma priorité première. La seule chose à laquelle je pense alors que je suis en train de m'étouffer, c'est d'essayer de recracher ce poison. Ma gorge est en feu, tout comme mon visage que je sens rougir, les larmes aux yeux tenaillé par cette toux interminable.
- Dohän ! Respire ! S'exclame-t-elle hilare.
C'est facile à dire ! Ça ne lui est jamais arrivé de s'étouffer en buvant ? Les détails ne sont pas très séduisants, je dois l'avouer, je suis loin d'être à mon avantage !
Quelques tapes dans le dos plus tard, une serviette de toilette tendue sous mon nez par Riva, je m'essuie le visage trempé par les larmes et la transpiration de ma mésaventure.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- J'ai cru que c'était du thé, bafouillé-je, en me raclant la gorge encore en vrac, je n'ai pas fait attention.
- À quoi tu pensais ? Ce n'est pas ton genre de te tromper pourtant.
Son ton cynique me fait intérieurement sourire. Même dans des situations pareilles, elle a l'audace de me charrier.
- Moque-toi ! En attendant, j'ai failli rendre l'âme.
- Pauvre chou. Je n'aurais même pas connu la joie de vivre à tes côtés.
Derrière son air désinvolte, ses yeux, agrippés aux miens sont on ne peut plus sérieux.
La déshabillant des pieds à la tête, son sourire ne disparaît pas pour autant.
- Je suis fatiguée, soupire celle-ci en s'étirant et en baillant, mais je ne suis pas contre un thé. Un vrai thé !
- Très drôle ! Je file à la douche.
C'est abrupt, mais clair. Chaque fois que je me retrouve près d'elle me met dans un état désolant. Il faut que je m'éclipse cinq minutes loin d'elle.
La nuit va être compliquée à surmonter...
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