49-Elle
Une tension étrange plane dans l'air, mêlant gêne et désir. Je le sens rien qu'en posant mes yeux sur Dohän.
Affairée à me préparer un café en espérant qu'il puisse secouer mes méninges, Dohän reste silencieux dans son coin, me scrutant les bras croisés, comme si nous nous étions disputés.
– Tu devrais ralentir la caféine, rétorque-t-il d'un coup les sourcils froncés et une moue désapprobatrice aux lèvres.
– Ça m'aide à garder ma ligne de conduite, lancé-je sans réellement réfléchir à mes paroles.
– Ah oui ? Laquelle ?
– Notre danse bien sûr.
Je tente de me rattraper, trahis par mes pensées. La cohabitation avec lui devient de plus en plus compliquée dans cette petite maison. J'ai hâte de quitter cet endroit pour reprendre mes esprits !
– Parfait ! C'est le genre de réponse que j'attends venant de ma partenaire.
Son ton est froid et tranchant. Est-ce de l'ironie ?
– J'y pense ! reprend celui-ci en se levant. J'ai un petit quelque chose pour toi.
Après s'être absenté pas moins de deux minutes, il revient à la cuisine et me tend un paquet blanc avec de fines lanières bleu.
– Le paquet n'a rien à voir avec ce qui se trouve à l'intérieur, précise Dohän face à mon air circonspect, mais je t'en prie, ouvre-le !
Au fond de moi, j'ai envie de sourire quand je le vois aussi excité, tel un enfant sur le point d'ouvrir ses cadeaux de Noël.
Je ne sais pas à quoi m'attendre avec lui, alors hésitante, je sors ce bout de tissu qui paraît si doux entre mes doigts.
– Qu'est-ce que...
Intriguée, je tourne son présent dans tous les sens, en essayant de deviner ce que cela peut bien être.
– Attends, intervient alors Dohän en frôlant mes mains lorsqu'il s'en empare.
Ce dernier s'y prend bien mieux que moi, il défait correctement le tissu et me le présente face à moi, tenant chaque côté du col sur le bout de ses deux index.
– Tu en dis quoi ?
– Elle, elle est magnifique ! M'extasié-je les yeux écarquillés devant une aussi belle création.
– Cette robe est pour toi. Tu devrais aller l'essayer.
Pourquoi m'a-t-il offert une robe aussi éblouissante ? Et surtout, comment a-t-il su capter mes goûts en matière d'habillement ?
– Normalement, elle est à ta taille, j'ai fait quelque ajustement comme les manches, elles étaient beaucoup trop courtes et je crois savoir que tu n'aimes pas ça.
J'acquiesce, les mots s'égarant chaque fois que je suis sur le point de parler. Que devrais-je lui dire ?
– Comment tu as su ?
– De quoi parles-tu ?
– Je n'ai jamais porté de robe en ta présence, et je ne t'ai jamais dit ce que j'appréciais au niveau vestimentaire.
Un sourire crédule se fend sur son visage, je sais qu'il veut bien faire les choses, je ne lui en veut pas pour ça, bien au contraire. Je suis seulement curieuse.
– Je t'ai étudié, Riva. Cela ne s'est pas avéré facile, mais visiblement, j'ai fait mouche.
En effet, la robe qu'il tend encore est un style que j'affectionne tout particulièrement. C'est une robe trapèze noire à revers uni de style année cinquante. Un véritable coup de cœur !
– Je trouve tes explications bien trop vagues, mais je ne tiens pas à débattre là-dessus.
– Disons que j'en avais assez de te contempler en tenu de sport. Mes yeux saignaient chaque fois que je te voyais en legging et brassière. Alors ? Tu attends quoi pour aller la mettre ?
Son ton hâtif se répercute sur moi et sans attendre, j'accélère le pas jusque dans ma chambre, les yeux brillants d'émerveillement.
J'étais loin de me douter qu'il puisse m'offrir un tel cadeau un jour. Il faut voir la vérité en face, cela ne fait même pas un mois qu'on se connaît lui et moi.
Soudainement intimidée, je reviens à ses côtés, ses prunelles me déshabillant de la tête aux pieds. Un sourire carnassier apparaît alors sur ce visage angélique qui fait beaucoup moins que son âge réel.
– Tu es resplendissante.
Sa main tendue vers moi, je l'attrape sans attendre une seule seconde. Il me fait tourner sur moi-même et je finis ma pirouette contre son corps, un de ses bras enserrant ma taille, son autre main accaparant la mienne.
Ce serait le moment idéal, voire magique pour l'embrasser, là, maintenant. Nos iris se soudent l'un à l'autre, scellant cette tension étrange qui planait dans l'air.
– On dirait bien que j'ai le compas dans l'œil, tu ne trouves pas ?
– Tant qu'il ne te rend pas aveugle, répliqué-je, avec cette sempiternelle envie de le charrier.
– Ce serait plutôt toi qui m'ôterais la vue, Riva.
– Ah oui ?
Notre discussion vogue entre la taquinerie et le flirte. Je n'ai jamais ressenti une telle envie de jouer à ce jeu avec un homme.
– Je confirme. Serais-tu la définition même de l'éblouissement, Riva ?
– Es-tu en train d'avouer que...
– Oui, me coupe celui-ci en fixant mes lèvres avec un désir sans nom.
Sommes-nous hantés par une malédiction ? Ce qui est certain, c'est qu'une fois de plus nous sommes interrompus par son téléphone. Or, Dohän ne se détache pas pour autant de moi. Il y jette un œil avant de me révéler qu'une voiture nous attend dehors afin de nous rendre au restaurant.
Décidément, pourquoi a-t-il préparé tout cela ?
Parfois, de bonnes nouvelles en cache des mauvaises. Je ne veux pas y penser et profiter du moment, hélas, je ne cesse de me dire qu'il y aura un "mais" dans cette histoire.
Car tout ne peut pas être aussi rose...
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