45-Elle
Jusqu'ici, c'était impensable pour moi d'entendre des paroles aussi belles à mon encontre. Il n'y a que dans les bouquins qu'un homme déclare sa flamme de but en blanc.
Ses yeux transpirent la sincérité, je n'aurais jamais cru qu'il puisse être aussi sérieux, mais visiblement, je me suis fait un sang d'encre pour rien. Dohän ne voulait pas s'amuser avec moi, il souhaitait juste une relation sérieuse sans réussir à me le faire comprendre aussi clairement qu'aujourd'hui.
Il était maladroit et peu confiant, tandis que je fuyais par crainte d'être de nouveau blessée.
À chaque fois qu'un garçon me plaisait, j'étais invisible pour lui. Alors pourquoi tout d'un coup, l'homme qui m'attire un peu plus chaque jour, n'aurait d'yeux que pour moi ? Ceci est trop beau pour être vrai. Pourquoi Dohän serait l'exception à la règle ?
Voilà ce qui se passait dans ma tête. Des tas de questions me bloquant la route, des embûches que j'ai réussi à mettre de côté pour enfin me dévoiler à lui.
– Dohän ? Reste la personne que tu es, c'est la seule chose que je souhaite.
– Alors comme ça, tu m'aimes tel que je suis ? C'est réel ou tu essayes de me flatter une fois de plus ?
– J'ai appris à t'apprécier, je l'avoue, confirmé-je le sourire aux lèvres, tu es unique, et ça me plaît. Le plus important, c'est que je sais qui est le vrai Dohän.
– Qu'est-ce que tu en sais, Riva ?
– J'en ai un bon aperçu dans tes chansons. Chacune de tes phrases décrit à elles seules quel genre d'homme tu es. Je n'ai pas fait qu'écouter, j'ai décortiqué chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe...
– Tes études littéraires t'ont monté à la tête ?
Je n'ai jamais parlé de mon parcours scolaire, sauf erreur de ma part !
– Comment tu sais que...
– Je me souviens de chaque détail de ton CV, Riva. De tes expériences professionnelles, de tes centres d'intérêt, de tes diplômes, et surtout de ta photo en haut à droite.
– Ce n'est pas équitable alors.
– Pourquoi donc ?
– Je te l'ai déjà dit, je n'ai pas connaissance de ton parcours jusqu'à aujourd'hui.
– Tu n'as donc rien trouvé sur Wikipédia ?
– Très drôle ! Il y a plein de zones d'ombre dans ta biographie.
– Très bien. Dans ce cas, je te ferais imprimer une copie de mon propre CV.
– Le dialogue est la meilleure solution, Dohän, tu le sais ça ?
Dérouté, il riote en fuyant mon regard. Au plus profond de lui, Dohän est une personne avec une âme brisé et sensible qui tente de se convaincre qu'il est tout le contraire.
– Il serait difficile pour moi de me concentrer sur notre sujet de discussion.
– Refrène tes ardeurs, je veux qu'on prenne notre temps, lui rappelé-je néanmoins amusé.
Prise de court, ses mains se sont posées sur mes joues.
Alors qu'il se rapproche, je sens mon cœur s'accélérer, mêlant une douce anticipation à une pointe de nervosité. Mon esprit s'emballe : est-ce le bon moment pour ça ? Mon regard croise le sien, cherchant des indices sur ses intentions et espérant qu'il ressente la même attirance. Je me demande si je suis prête pour ce pas, si ses lèvres seront douces, si je serais heureuse de l'avoir embrassé. Mes pensées tourbillonnent : l'attente du baiser tant espéré, l'excitation de la proximité, la peur de l'inconnu. Je savoure chaque seconde de ce moment suspendu, me laissant envahir par l'émotion intense de l'instant présent, prête à accueillir ce geste intime qui pourrait marquer un tournant dans notre relation au-delà des mots.
Mais il n'en est rien. Au lieu de ça, Dohän se contente de déposer un léger bisou sur mon front avant de m'enlacer comme si sa vie en dépendait.
Son geste me confirme bel et bien qu'il est quelqu'un de bien et respectueux. Il ne va pas à l'encontre de mes demandes, il ne me force pas. Il reste correct tout en étant plus chaleureux encore.
– Et si on allait à la plage ? Chuchote celui-ci dans mon cou.
– D'accord, mais s'il te plaît, Dohän. Lorsqu'on se mettra au travail, j'exige que tu me traites comme une danseuse lambda. Je ne veux pas de traitement de faveur. Promets-le-moi.
S'écartant quelque peu de mon corps, ses yeux verts attrapent les miens, une lueur espiègle illuminant son regard.
– Une chose est sûre : le boulot restera le boulot. Alors ne compte pas sur moi pour t'alléger la tâche de travail. Bien au contraire, je vais prendre un malin plaisir à m'acharner sur toi, ma précieuse Riva.
– Parfait. Je n'en attendais pas moins de toi.
– Disons que je pense déjà à la réconciliation.
Ça a le mérite d'être franc...
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