41-Elle

Le Mambo que Dohän tente de m'apprendre semble simple en apparence lorsqu'il me fait rapidement une démonstration. Cela dit, pour la reproduire, c'est autre chose. Ce n'est pas qu'un Mambo, c'est un savant mélange de Salsa, de cha-cha-cha et de Mambo. De quoi paniquer.

– Tu es obligée d'effectuer ces mouvements, Riva. N'oublie pas que tu as exactement la même danse que Claire, si jamais tu te loupes, chaque détail sera examinés. Je veux que tu sois à la hauteur quitte à te faire travailler jour et nuit, tu m'entends ?

– Ça fait quatre heures qu'on y est, Dohän, soupiré-je, j'ai besoin d'une pause.

– Tu en auras une grande lorsque tu échoueras face à Claire.

Son ton sec et amer me décontenance, mais il n'a pas tort. Si jamais je me laisse aller, le contrat final peut me passer sous le nez. Dohän est bien plus motivé que moi, visiblement.

– Je te jure, Riva, si jamais tu foires cette confrontation avec numéro treize, je t'en voudrais longtemps.

– Arrête de dire des bêtises, Claire est douée, si jamais tu es voué à danser avec elle, elle ne discréditera pas ta réputation.

– Non, mais je ne tiendrais pas une demi-journée avec ce genre de femme. Si je deviens fou, il vaut mieux que je stoppe ma carrière sur le champ.

– Réfléchis un peu, tu es trop difficile et tu mets la barre trop haute.

– L'exigence est synonyme de réussite. Si je la brade, ça veut dire que je ne vaux pas grand-chose. Je n'ai pas grimpé les échelons pour me retrouver au bas de l'échelle à cause d'une crise de nerfs venant de Delly.

– Quoiqu'il en soit, je suis exténuée.

– Devine ce que ma maman a l'habitude de dire quand j'ose me plaindre de cette manière ?

– Je t'écoute ?

– Que tu auras le temps de te reposer quand tu seras entre quatre planches en bois. Alors reprends-toi et fais-moi cette acrobatie arrière. Ce n'est si compliqué quand on y met du sien, bon sang !

Visiblement, Dohän a repris du poil de la bête entre temps, je retrouve le danseur du début de la compétition. Avant, il m'ennuyait, maintenant, j'aime ses deux facettes. Entre le sensible et l'arrogant, mon cœur balance.

– Tu comptes les moutons où on reprend l'entraînement ? Balance ce dernier, avec un ton léger.

Malheureusement pour lui, ma fatigue prend le dessus et mon sérieux n'est plus au rendez-vous. En essayant de m'apprendre cette fameuse roulade arrière pour finir debout sur les deux pieds tout en maîtrisant mon équilibre une fois arrivée sur mes deux pieds, Dohän doit faire face à mes fous-rires incontrôlables.

– Riva, s'il te plaît, soupire ce dernier en cachant maladroitement son amusement.

L'heure qui suit est plus légère à supporter. Dohän est au bout du rouleau à cause de moi, mais je m'en fiche. Je devrais prendre ce prochain duel avec Claire au sérieux, néanmoins, je veux aussi y prendre du plaisir. Quand c'est trop sérieux, j'ai beaucoup plus de mal à me concentrer et à apprendre. D'une part, Dohän ne me facilite pas les choses, car j'ai de plus en plus de mal à me focaliser sur mon apprentissage, je suis plus admirative de la personne que par la danse. Le voir bouger, repousser sa mèche en arrière, l'écouter parler et finir ses phrases avec ce petit gloussement diablement sexy me déboussole. Chaque jour, mon cœur bat un peu plus pour lui, chaque jour ses défauts deviennent des qualités insoupçonnées, mais surtout, chaque jour, je découvre une personne à l'antipode de celle que je m'imaginais à cause des on-dit.

– Regarde ton pied gauche, tu es censé le positionner derrière celui de droite pour créer une ligne parfaite, sans oublier de maintenir ta cambrure et de garder tes bras...

Encore une fois, je pouffe de rire lorsqu'il pose ses mains sur mes épaules, c'est plus de la gène qu'autre chose, mais Dohän pense que je prends tout à la rigolade. S'il savait !

– Sérieusement Riva ! Je tiens à réussir cette danse !

– Et moi donc ?

– Eh bien, on ne dirait pas ! Dis-le-moi si tu ne souhaites plus continuer et si tu ne tiens pas à commencer ta carrière à mes côtés. Si c'est le cas, je laisse tout tomber dès maintenant.

– Tout tomber, tu as dit ?

Je sais qu'il lâche ces mots pour me faire réagir, mais moi, je souhaite retourner la situation à mon avantage. M'approchant de son visage, un sourire narquois aux lèvres, je le fixe sans malaise tandis que je lis dans ses yeux la surprise qui le tenaille.

– Riva...

La tentation est si grande...

– Oui ? Chuchoté-je, obnubilée par ses lèvres.

Nos regards s'accrochent derechef pour ne plus se fuir. Mes battements de cœur s'accélèrent, alors que nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre. Ce serait le moment parfait, mais c'est trop facile et trop tôt.

Avec hantise de me laisser flancher par mon attirance grandissante, je fais en sorte de repousser cette attraction qui m'envahit chaque fois que je suis à ses côtés. Alors dans un mouvement de jambe habile, je le prends de court et tente de le faire tomber sur le sable afin de faire redescendre cette pression intenable.

Toutefois, ma tentative est un échec, car ce n'est pas uniquement Dohän qui se retrouve plaqué au sol, mais moi aussi, agrippée par sa main m'entraînant dans sa chute avec un cri digne d'un film d'horreur.

Hilares, nous restons allongés comme nous sommes tombé. Lui contre le sable chaud et moi contre son corps. Cela peut sembler anodin, mais ce simple rapprochement me confirme que je ne suis plus aussi insensible à lui qu'auparavant.

Je veux sans cesse le toucher, le sentir contre moi comme son souffle se percutant sur la peau nu de mon cou.

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