40-Lui

Bizarrement, cela m'a fait un bien fou de me confier à Riva. Je n'aurais jamais cru que de parler de soi à quelqu'un puisse être autant libérateur. Depuis des années, je garde tout ce que je ressens rien que pour moi, je ne dévoile jamais rien même à mes parents. Peut-être à Wade à la rigueur, mais là encore, je reste assez vague dans mes propos.

Nous prenons enfin notre petit-déjeuner et je décide de traîner Riva sur la côte, près d'ici. Je veux lui montrer une merveille de la nature qui m'a toujours épaté, surtout lorsque j'étais petit.

– Pourquoi tu veux aller à la plage ? Ce ne sera pas facile de danser là-bas avec le sable.

– Au contraire, ça va t'apprendre à renforcer et à maîtriser ton équilibre. Le sable sera déstabilisant, c'est vrai, mais après cet exercice, tu pourras danser sur n'importe quel sol.

– Alors c'est donc ça. Tu comptes me faire souffrir aujourd'hui.

– Si pour toi le sable est synonyme de souffrance, dans ce cas oui, ricané-je face à sa mine boudeuse.

– Dohän ? Pourquoi on ne s'entraînerait pas dans le jardin ? Il est énorme.

– Sans façon.

– Pourquoi ? Réitère-t-elle têtue comme une mule.

– Je n'aime pas danser sous les yeux de mes parents, soupiré-je, mal à l'aise de lui révéler une autre faiblesse.

– Mais ce sont eux qui t'ont aidé quand tu étais plus jeune, n'est-ce pas ?

– Ça ne change pas que je me sens ridicule devant eux.

Quand nous arrivons au bord de la mer, à quelques mètres de là, Riva est loin de se douter que nous allons marcher un petit moment avant de rejoindre Grenen.

– Qu'est-ce que tu fais ? On ne s'arrête pas là ?

– Non, tu comptes danser avec un corps froid Riva ? Alors marchons, je tiens à profiter de l'échauffement pour te montrer quelque chose.

D'abord ronchonne, cette dernière finit par prendre goût à notre ballade côtière, les pieds dans l'eau.

– Aller, Dohän ! Détends-toi un peu, enlève tes chaussures et trempe-toi les pieds, ça fait du bien.

Cette fille est chiante, mais j'aime ça, elle me sort de ma zone de confort et de mon train-train quotidien. Sa folie déteint un peu sur moi et je me laisse convaincre par son enthousiasme communicateur.

– Où m'emmènes-tu comme ça en réalité ?

– Sur la pointe de Grenen.

– Qu'est-ce qu'il y a de si particulier ?

– C'est un endroit fascinant et très particulier. On avance jusqu'à la pointe de sable avec de chaque côté la mer du Nord Skagerrak et la mer baltique Kattegat qui finissent par s'entrechoquer. Quand la mer est calme, il n'y a pas vraiment d'effet, donc j'espère que le vent sera présent et que la mer sera déchaînée. Tu verras, Riva, la sensation est vraiment étrange quand on voit ces mers arriver des deux côtés du banc de sable, on se sent au bout du monde.

– J'ai hâte de voir ça alors.

Au bout de plusieurs kilomètres de marche, nous arrivons enfin à Skagen. Au bord de l'eau, dans les derniers centimètres de la pointe, Riva s'émerveille face à ces mers qui se rencontrent avec brutalité grâce aux bourrasques.

Ses cheveux auburn dansent librement dans le vent, caressant son visage avec douceur. Son regard fixe l'horizon infini, empreint d'une sérénité profonde. Les vagues viennent lui lécher ses pieds, tandis qu'elle respire l'air marin avec une grâce naturelle. L'admirant avec une attention toute particulière, je ne peux pas me retirer de cette magnifique contemplation.

– Ce spectacle est magnifique, souffle-t-elle, subjuguée par la magie de la nature.

À ses côtés, peu m'importe la beauté des vagues et tout ce qui s'ensuit, je connais ce paysage par cœur. Ce qui me captive à l'instant présent, c'est Riva.

– En effet, confirmé-je les yeux posés sur son visage, c'est éblouissant.

La tentation est grande, celle de poser mes doigts sur sa peau et de l'effleurer. Passer ces derniers dans ses cheveux, les écarter de son visage afin d'enfouir mon visage dans le creux de son cou. L'embrasser comme si ma vie en dépendait, comme un bijou précieux qu'il faut chérir et protéger. Riva est plus qu'irrésistible, elle me transforme malgré moi.

– Dis-moi, Dohän ?

– Mmh ?

– Ça te dirait d'aller se baigner ? J'en ai une folle envie.

– Tu vas attraper froid, ce ne serait pas raisonnable.

– Demain alors. Je veux profiter de cette plage avant de quitter le Danemark.

Je suis certain d'une chose aujourd'hui, j'ai déniché la perle rare. Mon instinct ne m'a pas trompé, Riva est la danseuse qu'il me fallait.

– Hey ! Lance celle-ci en me donnant un coup brutal à l'épaule. Réveille-toi, on a une danse à apprendre maintenant ! Elle ne va pas se faire toute seule, je te signale.

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