32.Elle
Devant l'aéroport JFK, je me pose mille et une question. Où est-ce que Dohän compte m'emmener ? Je pensais que nous allions au moins rester dans l'État, mais quand on s'engouffre à l'intérieur et qu'il trouve la file d'attente, je prends conscience que notre voyage va être très très long.
– Qu'est-ce qui te prend ? Tu as fait une mauvaise chute pendant ton entraînement avec Claire ou quoi ?
– Arrête de me parler d'elle, rétorque-t-il d'un air maussade, j'en ai par-dessus la casquette que tu remettes sans cesse cette fille sur le tapis.
– Bon, explique-moi pourquoi tu te rends aussi loin ?
– J'ai besoin de souffler, de voir autre chose que New-York et cette fichue salle de danse.
– Et tu as décidé de m'embarquer avec toi sans me demander mon avis.
– Exact. Comme tu me l'as fait remarquer, nous avons une danse qui nous attend.
– Peu importe ce que je dis, tu es décidé, n'est-ce pas ?
Les pupilles de Dohän se posent enfin sur moi, un léger sourire fend ce visage que je tente d'ignorer depuis ses révélations, quand il me répond d'un air jovial :
– Je suis téméraire, Riva. Tout ce que je veux, je l'obtiens.
Qui voilà ? Le cynisme du Dohän que je recherchais depuis plusieurs jours. Ça fait du bien de le revoir.
– Il y aura une escale à Copenhague d'environ une heure et demie, ensuite, on repartira pour Aalborg.
– Alors si j'ai bien compris, tu m'emmènes chez toi ?
Son visage s'est illuminé depuis que nous avons enregistré notre vol. Nous avons passé tous les portiques et nous voilà enfin dans la zone la plus commerciale.
– C'est ça. Nous avons plus de dix heures de vol, j'espère que tu ne seras pas trop jetlaguée.
– Très drôle ! Tu nous rajoutes de la difficulté en plus pour le duel, tu sais ?
– Je ne crois pas. Au contraire, je suis sûr que ce voyage va nous faire le plus grand bien.
Je le sens différent. Comme si un poids énorme l'avait quitté. Qu'est-ce qui peut bien le contrarier en ce moment ? Claire ? Le casting ? Delly ? Ou tout simplement ma présence chez lui. Il n'ose probablement pas me dire qu'il en a marre de moi.
Mais non ! Bon sang, réfléchis Riva ! Avec ce qu'il t'a dit tout à l'heure, c'est quitte ou double. Sois je le frustre, sois je le rend fou. Je n'en sais trop rien. Quant à moi, je me sens mal à l'aise depuis qu'il m'a fait comprendre qu'il souhaitait plus qu'une relation professionnelle. Je n'ai jamais réellement eu de longue expérience. Non pas que je n'en avais pas envie, mais juste parce que ma carrière passait en premier et qu'une relation sérieuse me fait fuir. Et ce n'est pas avec les hommes que j'ai rencontrés qui m'ont facilité la tâche. J'avais plus l'impression de devoir être à leur service quand ils claquaient des doigts que d'être leur petite copine.
Alors face aux révélations de Dohän, j'ai pris peur. Il m'est plus facile de lui faire croire que je le déteste plutôt que du contraire. Car en réalité, il m'attire inexorablement.
– Riva ?
– Hein ? Oh ! Désolée, je pensais à autre chose.
– À moi, j'espère, réplique-t-il avec espièglerie.
– Ah ah ah ! Très drôle.
S'il savait que je m'imagine tout un tas de scénario avec lui...
– Est-ce que tu as besoin de quelque chose ?
– Non merci ! Tu en fais déjà beaucoup trop, Dohän.
– Ce n'est pas comme si je le faisais sous la contrainte, commence celui-ci avant de rapprocher dangereusement son visage du mien un sourire diablotin aux lèvres, à moins que je ne me fasse manipuler sans le savoir.
– Tu es d'une humeur joueuse on dirait.
Je tente de le repousser, mes mains posées contre son torse, mais il ne bouge pas d'un cil. C'était plus facile tout à l'heure...
– Tu n'imagines pas à quel point, Riva.
Son chuchotement si près de mon oreille me fait frissonner. Mon cœur commence à s'emballer, mais il faut vraiment qu'il se calme ! Ce n'est pas le moment de défaillir. Il n'empêche que mes lèvres aimeraient goûter les siennes, et elles commence à s'impatienter.
– Duty Free ?
– Q-quoi ?
– J'ai envie de chocolat, tu viens avec moi ?
– Sans-façon ! Vas-y tout seul comme un grand.
Ce dernier se marre et s'éloigne tandis que je reprends une respiration normale. J'ai de plus en plus de mal à contenir mon attirance, il va vraiment falloir que je trouve une idée pour y remédier.
De là où je me tiens, je le vois déambuler dans les rayons, concentré dans ses recherches.
– Qu'il est beau...
– Pardon ?
– Hein ? m'écrié-je surprise par sa voix. Tu es déjà là ?
– Je ne m'attarde pas, certaines personnes m'ont reconnu, je n'ai pas envie de traîner dans le coin.
– Et tes chocolats ?
– Tans pis, tu les remplaceras.
Pardon ? Ça veut dire quoi ça ?
– Alors ? Reprend Dohän en me lorgnant sans gêne. Tu disais quoi à l'instant ?
– Rien du tout !
– Je t'ai pourtant entendu marmonner.
– J'admirais les lieux. Les plafonds sont hauts.
– Ce n'est pas ce que tu as dit, j'en suis certain.
Son air intrigué et ses sourcils froncés me font fondre...
– Magnifique...
Je compte faire combien de bourdes comme ça ?
– Je ne te suis plus, Riva.
– Oh ! Je m'extasiais devant cette belle architecture que sont les aéroports.
Mon partenaire me regarde comme si je venais de sortir d'un asile. Peu convaincu, il finit par hausser les épaules et attrape mon sac à dos.
– Qu'est-ce que tu fais ?
– Je porte ton sac. Un homme un tant soit peu bien éduqué, ne laisse pas une femme porter quelque chose, ne serait-ce qu'un ridicule poids.
Ahuri par sa courtoisie sortie de nulle part, je cours après lui, celui-ci s'étant déjà pas mal éloigné de moi.
Mon sac est pris en otage !
Tout comme moi...
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