31.Lui
Les mots m'ont échappés sans que je ne puisse me rattraper. En temps normal, je me ficherais bien de la réaction de la personne, mais avec Riva, je n'ai qu'une envie, me cacher derrière mon îlot central.
Comment j'ai pu balancer aussi aisément des propos qui me paraissent osés, surtout vis à vis d'une femme que je ne connais que depuis quelques jours ?
Dans tous les cas, j'évite tout échange visuel et verbal avec celle-ci depuis ce moment. Nous dînons dans un silence sépulcral et gênant, chacun vogue à ses occupations, pendant que je fais la vaisselle, Riva fait je ne sais quoi.
Malgré le fait que je l'ignore, je serais curieux de savoir à quoi elle peut bien penser. Notamment concernant l'incident un peu plus tôt.
Après les tâches ménagères que j'ai effectuées comme lorsque je vivais seul, je m'extirpe de la maison pour aller m'en griller une.
J'essaye vraiment d'arrêter de fumer, mais dans des situations comme celles-ci, j'en ressens le besoin. Même si ma vie est plus que saine, la nicotine est la seule addiction qu'il me reste et je n'en suis pas très fière.
Ce soir, le ciel est clair, il n'y a aucun nuage à l'horizon et la Lune est quasiment pleine. Il y a quelques étoiles ici et là, et dans l'air flotte l'odeur des beaux jours.
J'ai envie de me changer les idées, partir loin, faire des choses nouvelles le temps de quelques jours. J'ai besoin de me revigorer l'esprit, de voir d'autres paysages et j'ai la solution à mon dilemme.
Ni une ni deux, je fais le nécessaire et retourne à l'intérieur de ma maison. Riva n'est pas dans le salon ni même dans sa chambre, alors je monte à l'étage et la trouve une nouvelle fois à fouiller dans mes CD dans le placard sous la chaîne hi-fi.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Oh ! S'exclame-t-elle en sursautant, une main posée contre son cœur. Bordel ! Tu m'as fichu une de ses frousses !
Celle-ci reprend vite ses esprits et ramasse les disques qu'elle a fait tomber.
- Je voulais m'entraîner, même toute seule, je compte gagner ce duel contre Claire.
J'avais oublié ce détail...
- Oublie.
- Pardon ?
Riva me jauge enfin, mais son regard à l'air distant et froid. Je peux comprendre pourquoi, mais cela me blesse tout de même.
- Rassemble quelques vêtements, je t'emmène dans un endroit pour nous entraîner.
- Qu'est-ce que mes vêtements ont à voir avec ça ?
- S'il te plaît, ne pose pas de question.
- Mais Dohän, il est bientôt dix heures du soir ! Où tu comptes aller comme ça ?
- J'ai... On a un rendez-vous de dernière minute, mais pas dans le coin. On ne rentrera sûrement pas demain, alors prends des affaires pour te changer.
Riva continue à me fixer, mais finit par acquiescer. De mon côté, je pars préparer mon sac, déjà soulagé de quitter cette ville et prévient Wade de venir nous chercher.
- Tu es prête ? Crié-je devant la porte d'entrée,
- Oui ! Deux minutes.
Je lève les yeux au ciel, mais pensant attendre encore un long moment, cette dernière pointe enfin le bout de son nez.
- Allons-y, Wade nous attend déjà.
- Je n'y comprends rien ! Tu me prends de court, Dohän.
- C'est le but, ricané-je, amusé par sa tête affolée.
Dans la voiture, nous n'échangeons aucun mot, bien que Wade tente de lancer une conversation. Admirant chacun de notre côté, le paysage défilant sous nos yeux, la route semble longue jusqu'à notre destination.
- Je me méprends peut-être, mais j'ai comme l'impression que l'ambiance ne va pas fort entre vous deux.
- Tu te trompes.
- Ce n'est pas faux, répond-on en cœur.
Étonné de cette réponse, je la scrute et elle en fait de même.
- Tout va bien pourtant, non ?
- Tu rigoles ?
Comme si j'avais l'air de me marrer ! J'étais sérieux dans la cuisine, même si mes propos n'étaient pas censés être lâchés de cette façon et aussi rapidement.
- Je ne vois pas.
- Notre relation professionnelle tourne mal depuis quelques jours, ne dis pas le contraire.
- Professionnelle ? J'ai passé mes journées avec cette psychopathe !
- Tu ne m'as même pas prêté ne serait-ce qu'une once d'attention !
- Nous ne nous croisions jamais, Riva !
- À d'autres ! Tu m'évitais plutôt.
- Pourquoi je ferais ça ?
- Je ne sais pas moi, tu avais probablement quelque chose à te reprocher, non ?
- D'où tu sors ça ?
- De mon instinct. Il ne me trompe jamais lui.
- Eh bien tu devrais lui faire un contrôle technique à ton instinct, parce qu'il déraille complètement.
- Euh... Commence Wade pendant notre joute verbal.
- Il déraille ? Je lui fais plus confiance qu'une personne que je connais à peine.
- Justement ! Tu ne me connais pas, alors pourquoi tu me juges aussi vite ?
- Parce que tu es Dohän, voyons !
- Pour qui tu me prends en réalité ?
- Je n'en sais rien, justement. Je n'arrive pas à te comprendre.
- S'il vous plaît ? S'écrit Wade interrompant notre discussion enflammée.
- Quoi ? Balançons-nous de conserve.
Nos deux têtes se tournent vers lui le jaugeant tel un cheveu au milieu de notre assiette.
- Nous sommes arrivés.
- Oh, merci, Wade.
Celui-ci hausse des épaules et tandis que je descends de la voiture et récupère mon sac dans le coffre, je remarque Riva fixer ce qui se trouve droit devant nous.
- C'est encore un traquenard, c'est ça ? bougonne celle-ci, tout en me suivant et en traînant des pieds.
Décidément, elle a bien plus de caractère que je ne le pensais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top