30-Lui

Comment pourrais-je décrire ce qui vient de se passer ?

Assis sur le rebord de mon lit, la tête entre les mains, je me fustige de l'intérieur.

Pourquoi j'ai agi de cette façon ? Je n'ai fait que de la rendre mal à l'aise et de la braquer...

J'ai passé trois jours avec cette Claire, elle ne me lâchait pas d'une semelle et faisait tarder les séances d'entraînement. Quand je rentrais, Riva dormait, quand je partais le matin, je fuyais comme si j'évitais une quelconque discussion. J'ai eu l'impression de la tromper tout ce temps, mais j'avais hâte que d'une seule chose, la rejoindre.

Après ces journées stressantes, j'étais plus qu'heureux de me dire que cette étape était terminée. Je me suis imaginé moult scénarios quand je verrais Riva, mais aucun ne me paraissait viable.

J'ai été littéralement pris de court quand je l'ai vu aux abords du couloir. C'était infaisable de me jeter dans ses bras, alors je me suis retenu, même si cela a été assez compliqué. Je n'arrivais pas à lui répondre, j'avais peur de défaillir et c'est ce qu'il s'est passé.

Une caresse, seulement un effleurement et tout s'est brisé. Un instant, j'ai pensé qu'elle en avait aussi envie, qu'elle voulait plus qu'une simple collaboration professionnelle. Hélas, je me suis fourvoyé. Elle m'a repoussé et je me suis sentie blessé dans mon orgueil.

Comment j'ai pu être aussi faible ? Pourquoi cette Riva me rend aussi idiot ? Habituellement, je n'en ai que faire des femmes. Elles m'insupportent avec leurs caprices, leurs chichis et j'en passe !

Mais Riva, est différente. Cette fille est simple, elle voit toujours le bon côté des choses et surtout, je me sens proche d'elle, de la femme qu'elle est au quotidien.

C'est comme si j'étais elle et elle était moi. C'est étrange. Elle ne baisse pas les yeux face à ma médiocrité, elle sait me recadrer, m'encourager, me pousser dans mes retranchements. Jamais personne ne m'avait autant déstabilisé avant. Si j'ajoute à cela son talent hypnotique qu'est la danse, ce serait pour moi la femme idéale.

Le hic, c'est qu'elle ne veut sûrement pas d'un type comme moi et moi, je ne serais jamais à la hauteur.

- Bordel, Dohän, es-tu en train de t'imaginer en couple avec elle ? Remets-toi les idées en place !

Après l'avoir enlacé, j'ai filé comme un voleur dans ma chambre pour cacher ma honte. Le problème, c'est que je vais forcément devoir sortir de cette pièce un jour ou l'autre.

- Dohän ?

Il ne manquait plus que ça !

- J'ai préparé du thé vert, est-ce que tu veux une tasse ?

Du thé vert ? Elle le fait exprès ma parole !

Respirant un grand coup, je me lève et ouvre lentement la porte. Riva se tient devant moi, un sourire hésitant sur ses lèvres si...

- Dohän ?

Celle-ci arrive à me tirer de mes pensées qui dérivaient petit à petit.

- Je n'en bois pas, dis-je d'un ton un peu trop sec.

- Je ne comprends pas...

- Je ne bois pas de caféine, Riva. Il y a du thé rouge dans le placard au-dessus de l'évier.

Sans voix, elle me jauge comme si j'avais parlé une autre langue. Cette dernière cille plusieurs fois avant de répondre :

- Il n'y a pas de caféine dans le thé...

- Détrompe-toi. Certes, en moins grande quantité que dans le café, mais il y en a.

- Oh ! Je ne le savais pas.

Sa mine déroutée me fait rire. Hilare, je passe devant elle lui ébouriffant les cheveux et rejoins la cuisine.

- J'étais loin de me douter que le thé rouge existait, tu m'apprends quelque chose !

- Ça se voit que tu es une adepte du café, sinon tu serais au courant depuis belle lurette, la taquiné-je alors qu'elle fait mine de bouder.

Cette bouille, je m'en mords les lèvres.

- À quoi tu penses ? Me demande-t-elle brusquement.

- Hein ? Oh ! À rien...

- Tu étais ailleurs.

Son insistance va finir par avoir raison de moi, si ça continue, je ne vais pas pouvoir résister très longtemps et je risque alors de me faire très mal.

- Je repensais au travail.

- Menteur ! Je te connais à force, rétorque-t-elle avec un sourire espiègle

- Voyez-vous ça ?

- Dohän ? En ce qui concerne ce qui s'est passé...

- Laisse tomber, Riva. S'il te plaît.

Ce sujet est un terrain glissant, je ne préfère pas y mettre les pieds. J'espère qu'elle l'a compris.

- Tu semblais déboussolée, comme si ton corps était ici et ton esprit ailleurs.

- Ce n'est pas ça.

- Alors explique-moi ?

Sa voix n'est pas amère, ni même renfrognée, au contraire, elle est curieuse et douce.

- Je n'y tiens pas, Riva.

- Pourquoi ça ?

Posant ma cuillère qui ne cessait de remuer le miel dans mon thé, je souffle et ose enfin la regarder et lui répondre.

- Tu veux vraiment le savoir ?

- Oui ! Je m'inquiète pour toi.

- Tu te fais du souci pour moi ? Ricané-je, ahuri.

- Où est le mal à ça ?

- Justement. Tu te fais trop du mouron pour moi. Tu ne devrais pas.

- Mais pourquoi ?

- Parce que ça ne sert à rien !

- Je n'y peux rien, moi. Je me sentais pas bien pour toi. Tu avais l'air d'aller vraiment mal.

- Arrête, soupiré-je, à bout d'explications.

- Alors explique-moi ?

- Sans façon.

- Pourquoi tu es si absent ?

Bon sang ce qu'elle est têtue !

- Parce que si ça ne tenait qu'à moi, je me jetterai sur toi pour t'embrasser, pour te caresser de toute part et ne faire plus qu'un avec toi, Riva !

Un silence gênant s'installe entre nous. J'aurais dû m'en douter, je n'ai pas réussi à tenir ma satanée langue.

Ceci ne me ressemble pas. Je me sens tellement con !

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