28-Lui

La journée s'est achevée d'une façon inattendue. Bien que j'ai tenté de l'éviter, un froid s'est immiscé entre moi et Riva depuis ma rencontre avec Claire.

Je ne suis plus du genre à essayer de m'expliquer, j'ai perdu cette habitude à force de toujours trop de justifier auprès des gens qui ne se souciaient guère de moi.

Mais avec elle, je sais pertinemment que c'est différent, seulement, je n'y arrive pas. Elle va croire que c'est de la fierté mal placée, en réalité, je ne sais plus comment faire. J'aurais l'impression de me rabaisser à un niveau que je ne veux plus atteindre.

Pourquoi cette fille me rend aussi bancal ?

Depuis que je l'ai fait entrer de mon propre chef dans ma vie, sa passion, sa timidité, autant que son caractère, me fait vaciller.

Allongé dans mon canapé, je scrute le plafond à la recherche du Dohän avant Riva. Il faut à tout prix que je le retrouve, parce que je ne peux pas me laisser de nouveau dominer par une fille telle que Claire. Je ne l'aurais jamais admis quelques jours auparavant.

– Arrête de cogiter, Dohän, râlé-je sentant une migraine pointer le bout de son nez.

Bien décidé à me changer les idées, je monte dans la salle de danse prêt à m'épuiser jusqu'au dernier souffle, mais c'est sans compter la ténacité de Riva et sa volonté à toujours vouloir s'entraîner plus qu'il n'en faut.

Celle-ci m'aperçoit arriver dans le miroir et esquisse un sourire qui m'attendre sur le tas.

Je vais finir par croire qu'elle m'a envoûté à ce rythme !

Elle me tend sa main alors qu'elle continue à se déhancher au son de la musique.

Nous entamons une danse sans prêter attention à nos gestes. Une fois de plus, la seule chose qui a de l'importance, c'est elle, son contact, son regard, sa peau. Au fil de nos mouvements, cet échange me semble être le meilleur remède qu'un cachet d'aspirine.

Quand je la vois, ici face à moi, je ressens un mélange d'admiration, d'affection, de désir et de bien-être. Cependant, il y a autre chose que me déstabilise beaucoup plus, il y a une connexion avec elle. Je m'en rends compte chaque jour qui passe, sa présence dans ma vie depuis ces derniers jours me fait un bien fou.

Enlacés l'un à l'autre, elle murmure sur un ton amusé :

– Tu vas encore m'en vouloir d'avoir utilisé une de tes chansons pour danser ?

– Je n'ai pas envie de m'énerver après toi. Je n'en ai pas la force.

– Je le fais parce que ça m'inspire. Tes textes me parlent tellement...

C'est bien la seule chose positive que cet album est fait.

– Tu dois t'y remettre, ajoute cette dernière en me fixant, tu perds une occasion d'avoir une belle carrière de chanteur compositeur.

– Tu devrais plutôt t'occuper de toi, parce que pour l'instant, c'est toi qui n'as pas de bagage, Riva.

– Je m'y attelle. Mais je tiens à ce que
tu sortes de ton sommeil profond.

– Pourtant, je suis bien éveillé, crois-moi, ricané-je amusé.

– Tu survis. C'est différent. Tu essayes de garder la tête hors de l'eau.

C'est risible d'avoir toujours le dernier mot. Comment fait-elle pour toucher là où ça fait mal ?

– Tu penses te fiche de l'avis des gens, mais tu as tout plaqué à cause d'eux. Aujourd'hui encore, tu leur donnes raison en abandonnant totalement ta passion. Il faut avoir deux poids deux mesures, Dohän. Si tu prétends être supérieur aux autres, alors prouve-leur avec ta musique.

– Riva, soupiré-je en souriant, tu sembles plus motivée que moi.

– Tu l'es aussi, je n'en doute pas. Il faut juste avoir un déclic. Mais s'il te plaît, n'oublie pas et ne crache pas sur ce qui est au fond de toi. Ta carrière de danseur, tu l'as réussi grâce à ta carrière de chanteur. Penses-y.

Y penser ? Cela fait belle lurette que j'ai laissé derrière moi tout espoir d'être chanteur. De connaître la joie de faire des tournées, d'avoir des fans, de retranscrire mes ressentis du papier au chant. Au lieu de ça, je me suis contenté de fermer ma bouche, d'accepter les critiques et de faire ce qui me semblait juste. J'ai donné raison aux gens et j'ai choisi la danse. Tout cela dans un seul but : ne pas être lésé et blessé.

À présent seule au beau milieu de cette immense pièce, je me demande pourquoi je ne me suis pas cogné la tête plus tôt.

Riva est ma bouée de sauvetage. En réalité, ce n'est pas elle qui a besoin de moi, mais moi qui ai besoin d'elle.

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