13-Lui

La colère a pris le dessus. Jamais je ne m'étais laissé trahir par mes émotions. Je n'arrive pas à croire que Delly m'est fait miroiter pour finalement me la faire à l'envers.

Ce casting prend un tout autre tournant pour moi, il va falloir que je trouve vite une solution pour me remettre de cette nouvelle.

Errant dans la rue, ne sachant pas vraiment dans quelle direction je marche, je réfléchis. Un peu trop même.

Le boulevard où je me trouve est inondé, les gens autour courent sans ou avec leurs parapluies. Les voitures slaloment entre elles à une vitesse démesurée à tel point qu'elles arrosent les passant en roulant sur d'énormes flaques.

Moi, je subis la pluie, planté en plein milieu d'un trottoir à observer d'un œil distrait tout ce grabuge.

C'est la première fois depuis presque dix ans que je me sens perdu, dans le flou le plus total. La première fois que je n'arrive pas à gérer ce que je fais, à contrôler mes envies.

L'eau dégoulinante le long de mon visage m'aurait gêné en temps normal. Je déteste quand il fait ce temps, c'est déprimant, ça désordonne mes cheveux et met mes vêtements dans tous leurs états.

Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est pas le plus gros de mes problèmes.

J'ai divagué toute l'après-midi, je suis gelé à cause de mes habits trempés. Je ne sais pas où je me trouve, alors je cherche ma position sur mon GPS, mais mon téléphone me lâche, faute de batterie.

- Journée de merde... râlé-je, perdant le peu de patience qu'il me restait.

Quand un taxi passe non loin de moi, je lui fais signe et m'y engouffre une fois qu'il s'arrête à ma hauteur.

- Où est-ce que vous souhaitez que je vous dépose ?

Un éclair me foudroie le cerveau. Je retrouve un semblant de vie et donne l'adresse au chauffeur.

Je ne peux pas laisser passer une chance pareille, ce serait trop idiot de ma part.

Tremblant de froid, je paye ce dernier une fois arrivé à destination et m'extirpe de la voiture.

Au pied de l'immeuble, je le toise, un début d'hésitation prenant le dessus sur le courage et le culot qui me tenaillait jusque-là.

Je n'ai jamais rebroussé chemin face à un obstacle, et ce dit obstacle se nomme Delly. C'est impossible de faire l'impasse sur cette journée et sur celle d'hier.

Je profite qu'un couple quitte le bâtiment pour pénétrer dans le hall. Ici non plus il n'y a pas d'ascenseur, c'est typique des vieux blocs comme celui-là.

Je grimpe les trois étages pas le moins du monde essoufflé et me plante devant cette fameuse porte.

Face à elle, je me pose des questions. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Comment je dois me comporter ? Elle va sans doute me demander ce que je fais chez elle. Est-ce que j'ai la réponse ? Je n'en suis pas si sûre.

Des voisins sortent de chez eux et me lorgnent sans vergogne, se demandant sans doute ce que je fais, debout au milieu de ce couloir.

Ça m'importe peu. J'ai appris à ne plus faire attention à ce que pensent les gens de moi.

Une sensation étrange s'empare de mon corps, à quelques centimètres de frapper à cette porte, mon cœur s'accélère.

Il faut que tout ce bordel dans ma tête cesse enfin !

Je frappe plusieurs fois, mais je n'ose pas répondre lorsque celle-ci demande qui se trouve là. Faisant fi de mes interrogations, je décide d'aller au-delà de mes nouvelles appréhensions et frappe une troisième fois.

Lorsqu'elle ouvre enfin, je tombe pile sur ses yeux noisette. La détaillant de la tête aux pieds, je souris intérieurement en repensant à la fille que je tenais dans mes bras lors de notre tango. Une fille en tenue moulante et diablement sexy a contrario de sa tenue de ce soir, un pyjama polaire extra-large.

- Monsieur Dohän ?

- Monsieur ? répété-je en grimaçant.

- Euh... Pourquoi êtes-vous ici ? Il y a un problème ? J'ai oublié quelque chose à la salle de danse ?

Elle est si naïve...

- Nous pouvons parler ?

Ma demande la surprend, Riva écarquille des yeux et me fixe en attendant sans doute des explications.

- À quel propos ?

- Vous comptez me laisser sur le palier ?

- Oh ! s'écrit-elle en s'écartant, m'invitant à entrer dans son domicile.

L'intérieur est plutôt pas mal, quoique banal. Alors que j'admire sa décoration, elle disparaît de mon champ de vision.

C'est bien ma veine, elle semble encore plus fébrile chez elle que lorsqu'elle danse. Est-elle partie paniquer dans une autre pièce avant reprendre contenance et de m'affronter ?

Peu m'importe, je prends mes aises et m'installe sur le canapé, remarquant qu'un film est en pause.

Ça doit bien faire cinq minutes que j'attends, quand elle montre enfin le bout de son nez, me tendant une serviette.

- Vous avez peur que je délave votre canapé ? lui lancé-je en haussant les sourcils.

Pourquoi je la vouvoie d'un coup ?

- Du tout ! s'affole cette dernière. Mais j'ai pensé que ça vous aiderait, vous êtes trempé et vous avez l'air d'être frigorifié.

Elle n'était donc pas partie se cacher ?

- Merci, bafouillé-je, en attrapant la serviette, penaud.

Je n'imagine pas dans quel état je suis si elle me propose son aide.

- Et donc ? Pourquoi vous...?

Elle hésite à me poser des questions et je peux comprendre. Riva semble mal à l'aise face à moi, à ma prestance, à...

Il faut que je me calme ! J'avais un objectif, mais je ne m'en souviens plus. Pourquoi suis-je venu chez elle déjà ?

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