12-Elle
De plein fouet, je me prends une énorme claque au visage.
Alors ça y est, c'est fini ? Je dois quitter cet endroit comme ça, sans me retourner et reprendre ma vie comme si je n'avais jamais participé à cette audition ?
Hier, après avoir été sélectionnée, je me suis dit que c'était une victoire de gagner, une petite certes, mais cela me donnait tellement d'espoir pour la suite.
C'est la dure loi de la vie. Je ne dois pas me remettre en question, je n'ai pas été gardé car je ne plaisais pas tout simplement, pas parce que je n'avais pas de talent.
Du moins, je tente de m'en convaincre...
Dépitée, je récupère mon sac de sport en même temps que l'autre fille éliminée. Je suis déçue, c'est le cas de l'admettre, alors autant relativiser.
En me retournant, un courant d'air me fait vaciller en arrière. Je vois tout le monde diriger leurs regards dans la même direction que moi.
D'un pas décidé et furieux, Dohän quitte la pièce en claquant la porte derrière lui. Des murmures prennent possession de la salle alors que Delly n'a d'yeux que pour ses papiers posés sur sa table.
Je jette un dernier coup d'œil à cette salle dans laquelle j'ai engendré tant d'espoir, quand mes yeux croisent ceux de Claire, la numéro treize.
Celle-ci a son regard sournois rivé sur moi, son sourire jubilatoire me donnant la nausée.
Pourquoi ce sont toujours des filles de cet acabit qui obtiennent tout le temps tout ce qu'elles désirent ?
La vie est parfois injuste, mais c'est comme ça.
Déambulant dans la rue sous une pluie battante, j'ai toujours mes pensées tournées sur cette compétition écourtée. J'ai un goût de trop peu, mais je peux me féliciter d'une chose : j'ai appris à prendre plus confiance en moi.
Toutefois, le plus important et non pas des moindres : j'ai dansé avec la star de la danse contemporaine, Dohän Van Rein. Et ça, je ne risque pas de l'oublier de sitôt. Ce n'est pas tous les jours qu'une personne aussi insignifiante que moi danse avec une personne si réputée. Cette unique et dernière danse fait à présent parti de ma vie et de mon expérience, alors j'en suis fière.
Arrivé dans mon petit studio, je file sans perdre de temps sous la douche, frigorifiée par mes vêtements trempés.
L'eau chaude me fait un bien fou, elle me réchauffe et c'est comme si elle aspirait tout ce poids que j'ai accumulé depuis le début du casting. Je me sens bien. Je me sens plus sereine que jamais, bien que toujours déçue.
J'enfile mon pyjama le plus chaud tandis que je me lance dans une préparation culinaire plutôt simple, mais qui à le don de me remonter le moral. Les pommes de terre cuites et fondantes, je les ajoute à une poêlée de légumes accompagnés d'un soupçon d'ail et m'installe devant ma télé.
Il va vraiment falloir que je trouve un boulot à présent, j'aimerais ne pas y penser dans l'immédiat car je veux profiter pleinement de ma soirée et ne pas me ronger l'esprit.
Il est vingt heures passé, j'ai bien mangé, j'ai fait ma vaisselle, mais je suis harassée ! Ce matin, je me suis levée aux aurores, alors demain, je compte profiter d'une bonne grasse matinée !
À moitié somnolente sur mon canapé, je suis dérangée en plein visionnage d'un film par quelqu'un qui frappe à ma porte.
Cela me semble étrange, car je n'ai ni amis, ni famille ici. De plus, qui peut bien venir à une heure pareille, à bientôt neuf heures ?
Peut-être que cette personne s'est trompée de porte, alors je reste assise et remets le son de ma télé. Mais alors que j'essaye de me replonger dans le film, on toque à nouveau. Une fois, d'accord, mais deux ?
Intriguée, je fronce des yeux et finis par me lever à contrecœur.
N'ayant pas d'œil de bœuf, je demande l'identité de la personne, mais aucune réponse me parvient. Je vais enfin pouvoir être tranquille.
Or, quand je me détourne de cette fichu porte, ça frappe une troisième fois.
J'en ai assez ! J'ouvre la porte prête à assassiner verbalement la personne qui s'amuse à me faire perdre mon temps, quand mes yeux se plantent dans des pupilles vertes, expressives et perçantes, son physique distinctif est reconnaissable entre tous.
Sans mot dire, je l'observe et il en fait de même, me jaugeant de la tête aux pieds.
Trempé par le déluge de l'extérieur, ses cheveux bruns coiffé en arrière et sa frange tombant parfois sur son front, son visage anguleux et ses traits bien définis, sa silhouette élancée portant une tenue élégante et moderne qui met en valeur son style unique, me font face.
Comment se fait-il qu'il soit dans mon immeuble, et sur mon pallier, bien loin de sa salle de danse ?
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