Chapitre 4

Les cloches du palais retentirent à l'aube, annonçant une nouvelle journée dans le royaume de Zayn. Le soleil s'élevait timidement, projetant des ombres longues et profondes à travers les arches majestueuses des corridors. Leïla était assise sur une banquette recouverte de soie, les mains jointes, son esprit encore tourmenté par les révélations de la veille.

L'idée de se retrouver au centre d'un destin aussi grand dépassait son imagination. Pourtant, les mots de Zayn résonnaient encore en elle, comme une promesse à la fois effrayante et irrésistible. Elle n'était plus seulement une étrangère perdue dans ce royaume, elle en était devenue une pièce maîtresse.

Zayn entra dans la pièce, vêtu de ses habits officiels. Sa tunique d'un bleu profond brodée d'or reflétait l'autorité qu'il portait naturellement, mais aujourd'hui, il y avait dans son regard une ombre d'inquiétude qu'il ne parvenait pas à masquer.

—Leïla, dit-il d'une voix calme mais ferme. Il est temps que je vous introduise officiellement à la cour.

Elle releva la tête, les sourcils froncés.

—À la cour ? Mais... je ne suis pas prête. Ces gens ne me verront que comme une intruse. Une étrangère.

—Et c'est exactement pour cela que vous devez les affronter, répliqua Zayn, s'approchant d'elle.

Ils vous testeront, vous jugeront, mais si vous montrez de la force, ils n'auront d'autre choix que de vous accepter. Chaque regard méprisant que vous croiserez ne sera qu'un obstacle parmi tant d'autres. Mais vous êtes plus forte que vous ne le pensez.

Leïla inspira profondément. Elle savait qu'il avait raison. Si elle voulait prouver qu'elle méritait sa place ici, elle devait affronter les nobles du royaume, ces figures austères qui voyaient toute nouveauté comme une menace.

Quelques heures plus tard, le grand hall du palais était rempli de murmures. Des dizaines de conseillers, de nobles et d'ambassadeurs étaient rassemblés, leurs vêtements riches et éclatants rivalisant de luxe et d'élégance. Tous avaient les yeux fixés sur la grande porte ornée d'or, attendant l'entrée de leur Sultan.

Lorsque Zayn fit son apparition, le silence s'imposa aussitôt. Il avançait d'un pas assuré, Leïla à ses côtés. Les regards se tournèrent vers elle, curieux et critiques. Chaque murmure, chaque chuchotement qu'elle percevait semblait peser sur ses épaules.

—Mes chers conseillers, nobles et représentants du royaume,commença Zayn d'une voix qui résonna dans tout le hall, je vous présente Leïla.

Il s'arrêta, jetant un regard protecteur à la jeune femme.

—Elle n'est pas ici en tant qu'invitée.

Elle est ici en tant qu'élément clé de notre avenir. Le destin l'a amenée parmi nous, et sa place est à mes côtés.

Un murmure d'agitation traversa l'assemblée. Un homme au visage sévère, vêtu d'une tunique rouge ornée de bijoux, s'avança. C'était le Grand Vizir Hamid, un homme connu pour son franc-parler et son influence au sein de la cour.

—Majesté,dit-il en s'inclinant légèrement. Avec tout le respect que je vous dois, cette femme... d'où vient-elle ? Quel est son rôle exact dans ce que vous appelez notre avenir ?

Leïla sentit son cœur s'accélérer. Zayn, cependant, resta impassible.

—Leïla est liée à une prophétie ancienne, une prophétie qui garantit la paix et la prospérité de ce royaume. Son rôle, Grand Vizir, est plus important que nous tous ici réunis.

Hamid fronça les sourcils, mais avant qu'il ne puisse répliquer, une voix féminine s'éleva derrière lui.

—Et comment pouvons-nous être certains de cela, Majesté ? Après tout, les prophéties sont souvent sujettes à interprétation.

Leïla tourna la tête pour voir une femme magnifique avancer. Ses cheveux noirs étaient relevés en un chignon parfait, et ses yeux perçants étaient pleins de défi. Elle portait une robe rouge vif, qui semblait symboliser à la fois la passion et le danger.

—Lady Yasmina, murmura Zayn, une tension visible dans son regard.

Leïla comprit immédiatement que cette femme n'était pas n'importe qui. Elle avait une présence imposante, presque égale à celle de Zayn.

—Vous semblez bien sûr de cette étrangère,continua Yasmina, ses lèvres s'étirant en un sourire qui n'avait rien de chaleureux.

Mais ce que vous demandez à la cour, c'est de mettre sa foi en une inconnue, sans preuve tangible.

—Les preuves viendront en temps voulu, répliqua Zayn, son ton glacial.

Mais sachez que ma décision est prise. Leïla fait partie de ce royaume maintenant, et toute tentative de la discréditer sera considérée comme un acte de défiance envers moi.

Leïla sentit le poids de l'attention revenir sur elle. Elle savait que ce n'était que le début d'une lutte bien plus grande, mais en regardant Zayn, debout à ses côtés, elle trouva une étincelle de courage.

Elle fit un pas en avant, croisant le regard de Yasmina.

—Je comprends vos doutes, Lady Yasmina. Mais tout comme vous, je suis ici pour protéger ce royaume et assurer son avenir. Peut-être qu'avec le temps, je gagnerai votre confiance.

Un silence tomba sur la salle. Yasmina la fixa un moment, surprise par son audace, avant de sourire, cette fois avec une lueur d'amusement.

—Nous verrons bien, n'est-ce pas ?

Zayn posa une main légère sur le bras de Leïla, comme pour lui signifier qu'elle avait bien agi. Mais tandis que les discussions reprenaient dans la salle, Leïla sentit que le véritable combat ne faisait que commencer.

La nuit tombait sur le palais, enveloppant les jardins royaux d'une obscurité ponctuée par les lanternes vacillantes.

Leïla, épuisée par les événements de la journée, se tenait dans sa chambre, le regard perdu à travers les grandes fenêtres ouvertes. La brise tiède caressait son visage, mais n'apaisait pas le tourbillon de pensées qui l'envahissait.

Elle avait affronté les regards de la cour, défié les murmures de défiance, et senti le poids des attentes de Zayn. Mais au fond d'elle, un doute persistant demeurait : était-elle réellement à la hauteur de ce rôle ?

Un léger coup résonna à la porte, la tirant de ses réflexions. Avant qu'elle ne puisse répondre, Zayn entra, sa silhouette imposante se découpant contre la lumière tamisée du couloir.

—Vous auriez pu attendre que je vous invite à entrer, lança Leïla, un mélange de fatigue et de sarcasme dans la voix.

Un sourire amusé apparut sur les lèvres du Sultan.

— Et risquer que vous me refusiez l'entrée ? Je ne pouvais pas prendre ce risque.

Elle roula des yeux mais ne put s'empêcher de sourire légèrement. Zayn s'approcha, croisant les bras, son regard scrutant chaque détail de son expression.

—Vous vous en êtes bien sortie aujourd'hui, dit-il doucement. Mieux que je ne l'espérais, même face à Yasmina.

Le nom de la noble fit se tendre les épaules de Leïla.

—Cette femme... elle est dangereuse, n'est-ce pas ?

Zayn hocha lentement la tête.

—Yasmina est plus qu'une simple noble. Sa famille a toujours exercé une influence considérable au sein de la cour, et elle ne recule devant rien pour protéger ses intérêts. Elle a ses raisons de douter de vous, mais ne la sous-estimez jamais. Elle peut être aussi rusée qu'impitoyable.

Leïla inspira profondément, sentant le poids de cette révélation s'ajouter à ses inquiétudes.

—Et vous ? Pourquoi lui permettez-vous de parler ainsi ? Vous êtes le Sultan. Vous pourriez facilement la réduire au silence.

Zayn esquissa un sourire amer.

—Être Sultan, c'est jongler avec des alliances fragiles. Yasmina a des soutiens parmi les nobles, des soutiens dont j'ai besoin pour maintenir l'équilibre du royaume. Mais ne vous méprenez pas : si elle dépasse les limites, je n'hésiterai pas à agir.

Leïla hocha la tête, tentant de comprendre la complexité des jeux de pouvoir qui se jouaient autour d'elle. Mais une question plus personnelle brûlait ses lèvres.

—Et moi ? Pourquoi prenez-vous ce risque avec moi ? Pourquoi m'introduire à la cour, malgré les risques ?

Zayn la fixa, son regard sombre et intense.

—Parce que je crois en vous. Je ne sais pas encore pourquoi, mais il y a quelque chose en vous, Leïla, quelque chose qui dépasse les mots. Et... parce que j'ai besoin de vous.

Ces derniers mots la troublèrent. Était-ce simplement une question de politique ? Ou Zayn commençait-il à ressentir quelque chose pour elle ? Elle détourna les yeux, mal à l'aise sous l'intensité de son regard.

—Je ne sais pas si je suis la personne que vous imaginez, murmura-t-elle.

—Alors prouvez-moi que j'ai raison, répliqua-t-il doucement, avant de se détourner pour quitter la pièce.

Lorsque la porte se referma derrière lui, Leïla se retrouva seule avec ses pensées. Elle posa une main sur sa poitrine, tentant de calmer les battements rapides de son cœur.

Elle savait que sa place dans ce palais était encore précaire, et que Yasmina ne resterait pas passive. Mais pour la première fois depuis son arrivée, une petite étincelle de détermination naquit en elle. Si elle devait affronter ces défis, elle le ferait avec force.

Elle ne s'attendait pas à ce que la menace vienne si vite.

Plus tard dans la nuit, alors que le palais sombrait dans le silence, une ombre furtive glissa à travers les couloirs. Les gardes royaux patrouillaient, mais l'intrus connaissait les passages les moins surveillés.

Dans les appartements de Yasmina, une silhouette encapuchonnée s'inclina devant la noble.

—Alors ? Avez-vous des nouvelles ? demanda-t-elle, sa voix glaciale.

—L'enquête avance, répondit l'intrus. Nous avons découvert des informations sur son passé, mais rien qui puisse immédiatement la discréditer. Cependant, des indices montrent qu'elle cache quelque chose.

Yasmina tapota ses doigts contre le bord de sa chaise, un sourire calculateur se dessinant sur ses lèvres.

—Parfait. Continuez à creuser. Si nous trouvons la moindre faille, je m'assurerai que Leïla n'ait plus jamais sa place ici.

L'intrus hocha la tête avant de disparaître dans l'obscurité.

Yasmina se leva, se dirigeant vers la fenêtre. Elle observa les jardins illuminés par la lune, son expression déterminée.

—Tu crois pouvoir me défier, petite étrangère ?murmura-t-elle pour elle-même.

Tu apprendras bientôt que personne ne se dresse contre moi sans en payer le prix.

Le lendemain matin, l'air dans le palais était chargé de tensions invisibles. Les serviteurs murmuraient entre eux, et les nobles échangeaient des regards complices. Quelque chose se tramait, et Leïla pouvait le sentir.

Alors qu'elle traversait les couloirs pour rejoindre la bibliothèque, elle surprit des conversations à mi-voix. Elle ne comprit pas tous les mots, mais son nom revenait régulièrement, accompagné de ton moqueurs ou méfiants.

Elle serra les poings, refusant de montrer son trouble. Si elle avait appris quelque chose depuis son arrivée, c'était que la faiblesse ne ferait qu'attiser les flammes

Arrivée dans la bibliothèque, elle fut accueillie par un calme rassurant. Les murs tapissés de livres semblaient la protéger du tumulte extérieur. Mais à peine s'était-elle installée qu'une silhouette familière fit son apparition.

Zayn entra, vêtu de vêtements simples, mais son allure imposante restait intacte. Leïla releva les yeux vers lui, un mélange de surprise et de défi dans le regard.

—Encore vous ? dit-elle, un brin sarcastique. Je commence à croire que vous me suivez.

Un sourire amusé effleura les lèvres de Zayn.

—Peut-être que je m'inquiète pour vous.

—Pourquoi ? Pensez-vous que je vais me perdre dans les couloirs ou me faire dévorer par une horde de nobles ?

Zayn s'assit en face d'elle, son regard sérieux adoucissant son ton.

—Vous sous-estimez la cour. Les batailles les plus dangereuses ne se déroulent pas sur les champs de guerre, mais dans des salles remplies de sourires hypocrites et de poignards cachés.

Leïla soutint son regard, sentant qu'il essayait de la prévenir de quelque chose.

—Et que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux pas changer qui je suis ni ce que je représente pour eux.

—Non, répondit Zayn doucement, mais vous pouvez leur montrer que vous êtes plus qu'une étrangère.

Vous pouvez leur prouver que vous êtes digne de votre place ici.

Leïla soupira, baissant les yeux. Elle voulait croire en ses paroles, mais l'ombre de Yasmina planait encore au-dessus d'elle.

—Et si je n'y arrive pas ? murmura-t-elle.

Zayn tendit la main, effleurant légèrement la sienne. Ce geste, bien que discret, envoya une vague de chaleur à travers son corps.

—Je serai là pour vous soutenir, dit-il.

Mais vous devez vous battre, Leïla. Pas pour moi, pas pour eux, mais pour vous-même.

Leïla releva les yeux, croisant son regard. Elle y vit une sincérité qu'elle n'avait pas encore perçue. Peut-être qu'il croyait vraiment en elle, et cette pensée suffit à raviver une étincelle de détermination.

Mais leur moment fut interrompu par un bruit de pas précipités. Un garde entra, visiblement agité.

—Majesté, je suis désolé de vous déranger, mais une réunion urgente a été convoquée dans la salle du conseil. Le Grand Vizir a des informations importantes à partager.

Zayn se redressa, le visage fermé. Il jeta un regard à Leïla, comme pour lui dire de rester prudente, puis quitta la pièce.

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