Chapitre 2
Leïla se réveilla au matin, le visage chaud contre l'oreiller en soie, mais une étrange sensation de malaise la tira de son sommeil.
Le rêve qu'elle avait fait s'était évaporé dès l'instant où elle avait ouvert les yeux, mais il avait laissé derrière lui une empreinte indélébile, une image floue, un sentiment de danger imminent.
Elle se redressa lentement, ses yeux s'habituant à la lumière douce qui baignait la pièce.
La chambre, bien que somptueuse, semblait presque trop grande pour elle, chaque meuble et chaque décor témoignant de la richesse et de la grandeur du Sultan, mais aussi d'une certaine solitude.
Un écho d'abandon flottait dans l'air, comme si le temps lui-même s'était arrêté ici, figé dans une attente silencieuse.
Un serviteur entra sans bruit, portant un plateau d'argent sur lequel reposaient des fruits frais et une théière.
Il s'inclina respectueusement avant de poser le tout sur la table près du lit, sans un mot.
La simplicité de ce geste, si familier et pourtant si différent de tout ce qu'elle avait connu, la toucha.
Ces gens semblaient si distants, comme si leur rôle était de simplement exister autour du Sultan, mais sans jamais vraiment interagir.
— Je vous apporte votre petit déjeuner, Madame, dit le serviteur d'une voix mesurée avant de se retirer aussi discrètement qu'il était entré.
Leïla se leva, ajustant sa robe en soie bleu nuit.
Son regard se posa sur la porte mystérieuse qu'elle avait aperçue la veille, la porte qui semblait l'appeler.
Cette invitation à explorer l'inconnu était encore plus forte ce matin.
Ses pensées tournaient autour de ce qu'elle avait vu en bas, dans les couloirs cachés du palais.
Si Zayn avait raison, et si certains secrets étaient mieux gardés, pourquoi alors semblait-il y avoir une telle pression sur elle pour découvrir ce qui se cachait derrière cette porte ? Pourquoi lui, l'homme le plus puissant du royaume, semblait-il aussi inquiet ?
Elle s'assit à la table, mais la nourriture lui parut insipide, comme si le goût en avait été aspiré par une partie de son esprit qui était toujours en train de chercher des réponses. Elle se leva à nouveau et s'approcha de la fenêtre, contemplant les jardins. La vision de la mer dorée au loin lui apporta un peu de sérénité, mais il y avait encore cette sensation étrange dans l'air, comme un fil invisible la reliant au secret que le Sultan semblait vouloir lui cacher.
Une heure plus tard, Leïla se rendit dans le salon principal où elle devait rencontrer Zayn pour la première fois depuis leur conversation de la veille. Il était déjà là, debout près de la grande fenêtre, ses bras croisés derrière son dos, son regard perdu dans l'horizon. Il paraissait calme, mais quelque chose dans son attitude trahissait une agitation intérieure qu'il avait du mal à dissimuler.
—Majesté, commença Leïla, prenant une profonde inspiration avant de s'avancer, vous avez dit que certains secrets ne doivent pas être découverts. Mais pourquoi avoir mis cette porte, ce passage caché, à ma disposition si vous ne voulez pas que je m'en approche ?
Zayn se tourna lentement vers elle, son regard perçant se posant sur elle avec une intensité qui la fit presque frissonner.
— Parce que vous êtes différente,dit-il d'une voix grave, mais calme. Vous êtes venue ici non seulement pour travailler, mais pour comprendre. Vous avez le don de voir ce que d'autres ne voient pas. Et c'est pour cela que vous êtes la personne qu'il me faut pour ce que je vous demande. Mais cela ne signifie pas que vous devez tout savoir. Il y a des vérités qui, une fois découvertes, ne peuvent être oubliées.
Leïla le fixa, déconcertée. Il y avait quelque chose d'inquiétant dans ses mots, un avertissement implicite. Mais la curiosité, ce désir insatiable de découvrir la vérité, était bien plus fort que la peur qui tentait de se frayer un chemin dans son esprit.
— Je ne vous demande pas de tout me révéler, Majesté. Je demande seulement une chance. Une chance de comprendre ce qui se cache réellement dans ce palais. Pourquoi ai-je été amenée ici si ce n'est pour cela ? Ses mots étaient fermes, presque un défi.
Zayn la regarda longuement, comme s'il évaluait chaque parole qu'elle venait de prononcer. Un silence lourd s'installa entre eux, mais au lieu de se sentir mal à l'aise, Leïla sentit une étrange complicité naître dans ce moment suspendu. Il savait qu'elle était déterminée. Et peut-être qu'il respectait cela, même s'il ne voulait pas l'admettre.
—Très bien,dit-il enfin, ses yeux brillant d'une lueur qu'elle ne parvint pas à déchiffrer. Si vous êtes prête à faire face à ce qui vous attend derrière cette porte, alors il n'y a rien de plus à dire. Mais sachez ceci : ce qui vous attend là-bas pourrait changer à jamais votre vie. Et si vous choisissez de continuer, vous ne pourrez pas revenir en arrière.
Leïla, bien que perturbée par ses paroles, hocha lentement la tête. Elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix. Sa curiosité la poussait trop loin, trop profondément dans les méandres du mystère. Elle était prête.
— Montrez-moi, murmura-t-elle, d'une voix ferme mais emplie d'une tension palpable.
Zayn la fixa un instant, puis se détourna sans dire un mot, s'approchant de la porte secrète. Il l'ouvrit d'un geste assuré, invitant Leïla à le suivre dans l'obscurité qui les attendait au-delà.
Leïla prit une profonde inspiration avant de suivre Zayn à travers la porte secrète. Le corridor était étroit, les murs de pierre froide se refermant autour d'elle, comme si le palais lui-même cherchait à les englober dans son silence. La lumière tamisée des lanternes qui longeaient le chemin projetait des ombres longues et inquiétantes. Chaque pas qu'elle faisait semblait résonner dans l'obscurité, comme un avertissement sourd.
Zayn marchait devant elle, sa silhouette haute et imposante se découpant dans la faible lumière. Il avançait sans hésitation, comme s'il connaissait parfaitement chaque recoin de ce dédale. Leïla se sentit plus que jamais intruse, comme si elle pénétrait dans un monde qui ne lui appartenait pas.
Ils arrivèrent bientôt à un autre palier. Une lourde porte en bois massif se dressait devant eux, ornée de gravures fines, presque invisibles dans la pénombre. Zayn s'arrêta devant la porte, sa main effleurant le bois avec une délicatesse étrange, presque respectueuse. Il tourna lentement la poignée et l'ouvrit dans un grincement qui résonna dans le silence épais.
Derrière la porte, une pièce immense s'étendait devant elle. L'air était lourd, chargé de poussière et d'une odeur métallique qui la fit frissonner. Des étagères, remplies de manuscrits et de parchemins, s'étiraient tout autour de la pièce. Au centre, une table en marbre, surmontée d'un chandelier éteint, semblait être le seul meuble qui avait été déplacé récemment. Le sol était couvert de tapis sombres, et au fond, une grande fresque murale représentait une scène de guerre, des soldats armés de lances et de boucliers se battant contre une créature mythologique.
Leïla s'avança timidement dans la pièce, ses yeux s'habituant à la faible lumière. Elle n'avait jamais vu un tel endroit. C'était comme une bibliothèque secrète, un lieu où les connaissances interdites étaient conservées à l'abri des regards. Un frisson parcourut son dos.
— Ce lieu... C'est ici que vous gardez vos secrets, n'est-ce pas ? demanda-t-elle, sa voix tremblant légèrement.
Zayn s'approcha d'elle, son regard pénétrant se posant sur la fresque.
— Ce n'est pas seulement un lieu de savoir, Leïla. C'est un lieu de pouvoir. Chaque manuscrit, chaque parchemin que vous voyez ici détient une clé, un fragment de l'histoire de mon peuple, de mon royaume. Et certains de ces fragments sont dangereux. Ils ne doivent jamais être révélés.
Leïla se tourna vers lui, les yeux emplis de curiosité et de doute.
— Pourquoi me montrer cela, alors ? Pourquoi m'amener ici si vous ne voulez pas que je découvre la vérité ?
Zayn la regarda longuement avant de répondre, son expression se durcissant.
— Parce que vous avez vu quelque chose hier soir, quelque chose que vous ne pouvez pas ignorer. Et maintenant, il est trop tard pour revenir en arrière.
Leïla sentit une boule se former dans son estomac.
— Qu'avez-vous voulu dire, hier ?
Zayn soupira, comme s'il avait pris une décision difficile. Il se tourna vers un vieux coffre en bois qui trônait dans un coin de la pièce.
— Les secrets qui se cachent ici remontent à des siècles. Ils touchent à des forces que même un Sultan comme moi ne peut contrôler. Mais il est trop tard, vous êtes déjà impliquée.
Il s'approcha du coffre et l'ouvrit avec un bruit sec. À l'intérieur, il y avait un rouleau de parchemin ancien, fermé par un sceau de cire rouge. Il le prit délicatement, comme s'il s'agissait d'un objet fragile et précieux. Leïla se sentit soudainement nerveuse, un pressentiment désagréable se formant dans son esprit.
—Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, sa voix à peine plus qu'un souffle.
Zayn se tourna vers elle, le regard grave.
— Ce parchemin contient la vérité sur ma famille, sur mon royaume, et sur une prophétie ancienne. Une prophétie qui, si elle est révélée, pourrait mettre en danger non seulement mon trône, mais aussi tout ce que nous connaissons.
Leïla sentit son cœur se serrer.
— Et pourquoi me le montrer ? Pourquoi moi ?
Zayn hésita un instant, puis déposa le rouleau sur la table en marbre. Il se tourna lentement vers elle, ses yeux sombres emplis d'une intensité nouvelle.
— Parce que vous êtes liée à cette prophétie, Leïla. D'une manière que vous ne comprenez pas encore, vous avez un rôle à jouer. Vous êtes la clé qui pourrait déverrouiller ce secret... ou le détruire.
Elle recula d'un pas, son esprit tourbillonnant.
— Moi ? Je ne suis qu'une simple femme. Comment pourrais-je être la clé de quelque chose d'aussi grand ?
Zayn s'avança vers elle, ses pas résonnant lourdement dans la pièce.
— Ce que vous ne comprenez pas encore, c'est que vous avez été choisie. Il y a des forces qui dépassent notre compréhension, des liens invisibles qui unissent les destins. Et vous, Leïla, vous êtes au centre de tout cela.
Leïla sentit une montée d'angoisse.
—Je ne veux pas être impliquée dans cela. Je ne cherche que la vérité, pas... pas ce pouvoir.
Zayn la regarda, son expression se durcissant.
—Il est trop tard pour faire marche arrière. Le destin vous a choisie. Et maintenant, il faut en accepter les conséquences.
Elle le fixa, les yeux emplis de confusion et de peur. Leïla ne savait pas ce qu'elle allait faire ni comment elle pourrait se sortir de ce qui semblait être un piège implacable. Mais une chose était certaine : sa vie venait de changer à jamais.
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