Chapitre 1
Leïla avait toujours rêvé de voyager à travers le monde, mais jamais elle n'aurait imaginé que son premier grand projet l'amènerait au cœur d'un royaume secret, aussi lointain qu'exotique.
L'invitation du Sultan Zayn Al-Rashid, envoyée sous la forme d'un rouleau de soie brodé, était arrivée de manière inattendue, et elle n'avait pas pu refuser.
Restaurer la bibliothèque ancestrale de Darya, un trésor caché sous des siècles de poussière et d'histoires oubliées... Cela aurait été un honneur pour n'importe quel érudit.
Mais pour elle, cela signifiait plus : un défi personnel, un moyen de fuir une vie trop ordinaire et de se plonger dans l'inconnu.
Arrivée à la frontière du royaume, un frisson d'excitation et de nervosité la parcourut.
Le paysage désertique semblait infini, ses dunes ondulantes s'étendant à perte de vue sous un ciel d'azur sans nuage.
Le long chemin menant au palais, bordé de palmiers et de pierres anciennes, laissait entrevoir les premières murailles du palais royal.
Plus elle se rapprochait, plus l'immensité du lieu lui donnait le vertige.
C'était comme si elle s'apprêtait à pénétrer dans un autre monde, un monde où chaque pierre semblait renfermer une histoire millénaire.
Lorsqu'elle franchit enfin les portes monumentales du palais, l'air s'alourdit d'une chaleur presque irréelle, mais c'était la magnificence du lieu qui l'éblouissait le plus.
L'architecture était un mélange saisissant de traditions orientales et d'influences modernes, une ode à la grandeur passée du royaume tout en restant ancrée dans l'ère actuelle.
Un serviteur en habits d'or l'accompagna silencieusement jusqu'à la bibliothèque.
À l'intérieur, l'odeur du vieux papier et du bois ancien se mêlait à un parfum floral envoûtant.
Des étagères démesurées s'étendaient sur des murs de marbre, emplies de manuscrits rares et de livres précieux.
C'était un sanctuaire du savoir, un endroit où le temps semblait suspendu.
C'est alors qu'il apparut.
Sultan Zayn Al-Rashid.
Son regard, aussi perçant que l'acier, se posa sur elle, et Leïla sentit un frisson courir le long de son échine.
Il ne portait pas de couronne, mais sa posture droite, son regard autoritaire et son charisme naturel suffisaient à le désigner comme le souverain incontesté de ce lieu.
Il était grand, sa silhouette imposante se détachant contre les rayons dorés du soleil couchant qui filtraient à travers les fenêtres.
Ses traits étaient durs, sculptés par les années de commandement, mais ses yeux... Ses yeux, d'un bleu profond, semblaient cacher des secrets qu'elle n'aurait pas pu percer, même si elle en avait eu toute une vie.
— Bienvenue dans mon royaume, Mademoiselle Leïla, dit-il d'une voix grave et mystérieuse.
Je suis honoré que vous acceptiez de raviver l'âme de cet endroit.
Leïla prit une profonde inspiration, rassemblant son courage.
— C'est un honneur pour moi, Sultan Zayn.
Votre bibliothèque est un véritable trésor.
Je suis impatiente de commencer.
Il inclina légèrement la tête, mais il ne sourit pas.
— Je n'ai aucun doute sur vos compétences, mais je vous préviens, Leïla...
Le savoir est un fardeau ici.
Il peut vous changer, vous façonner, vous lier à des choses que vous ne pouvez pas comprendre.
Ses mots résonnèrent en elle, une étrange alerte qui fit naître une sensation qu'elle ne pouvait définir.
Elle ne s'attendait pas à ce genre de discours, mais elle se contenta de hocher la tête.
Après tout, elle était là pour une seule raison : redonner vie à ce sanctuaire du savoir.
Mais l'attitude du Sultan, un mélange d'hospitalité et de défi, n'était pas ce à quoi elle s'attendait.
— Je ferai de mon mieux pour honorer votre confiance, Majesté, répondit-elle, ses yeux accrochés à lui, cherchant une trace de ce qu'il pensait réellement.
Il la scruta un instant, puis tourna les talons, l'invitant à le suivre dans l'ombre du palais.
Elle n'avait encore aucune idée que cet endroit et cet homme allaient bouleverser sa vie, bien au-delà des murs de cette bibliothèque.
Leïla suivit le Sultan à travers des couloirs sombres et silencieux, l'écho de leurs pas résonnant sur les murs de pierre.
L'atmosphère, à la fois solennelle et intrigante, l'enveloppait.
Le palais semblait être une forteresse où le temps s'était figé, un lieu où les secrets se cachaient dans chaque recoin, derrière chaque porte, sous chaque arc.
Plus elle s'enfonçait dans le palais, plus elle ressentait cette étrange tension, comme si chaque geste, chaque parole, avait une signification cachée.
Ils arrivèrent dans une vaste salle, éclairée par des lanternes en verre soufflé et des fenêtres donnant sur les jardins luxuriants du palais.
Le Sultan s'arrêta au centre de la pièce et se tourna vers elle, son regard toujours aussi impénétrable.
— Voici l'endroit où vous commencerez, dit-il en faisant un geste circulaire de la main, désignant les étagères remplies de rouleaux de soie, de livres anciens et de manuscrits enluminés.
Mais sachez ceci, Leïla.
Ce n'est pas qu'une simple bibliothèque.
C'est un lieu chargé de mystères et de dangers.
Le savoir qui y est enfermé peut être plus puissant que n'importe quelle arme.
Un frisson de curiosité parcourut l'échine de Leïla.
Ce n'était pas ce qu'elle attendait.
L'invitation avait été claire : restaurer et préserver.
Mais ces mots... ils portaient une menace implicite.
Le regard du Sultan semblait insister sur l'ampleur de ce qu'il disait, comme s'il cherchait à la mettre en garde.
Elle prit une profonde inspiration, cherchant à dissimuler le tremblement qui naissait en elle.
— Je comprends, Majesté.
Mais je suis préparée à tout.
Elle sourit légèrement, tentant de rassurer son propre esprit.
Le défi qui se dressait devant elle était énorme, mais c'était exactement ce qu'elle avait recherché.
Zayn la fixa un instant, une lueur de quelque chose qu'elle ne pouvait définir brillant dans ses yeux.
Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de la regarder, ses lèvres légèrement pincées comme s'il évaluait ses capacités, ses intentions, sa détermination.
— Très bien, dit-il enfin.
Mais sachez que ce travail ne se résume pas à des gestes techniques, Leïla.
Chaque décision que vous prendrez ici aura des conséquences.
Vous toucherez à des choses que beaucoup ont cherché à cacher.
Des vérités qui pourraient bouleverser l'équilibre de mon royaume.
Les paroles du Sultan semblaient aussi lourdes que l'air pesant de la pièce.
Leïla ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi un homme aussi puissant que lui semblait si préoccupé par cette bibliothèque.
Que cachait-elle réellement ? Et pourquoi avait-il semblé hésiter avant de lui confier cette tâche ?
Avant qu'elle ne puisse répondre, un serviteur entra dans la salle, interrompant l'échange.
Il s'inclina respectueusement devant le Sultan et lui murmura quelque chose à l'oreille.
Le visage de Zayn se ferma immédiatement, un nuage d'ombre passant sur ses traits.
— Je suis désolé, Leïla, mais des affaires urgentes m'appellent.
Je dois vous laisser pour un moment.
Sa voix, d'habitude calme et posée, portait maintenant une tension palpable.
— Vous serez escortée jusqu'à votre chambre. Nous commencerons dès demain matin.
Reposez-vous bien.
Avant même qu'elle n'ait eu le temps de répondre, il se détourna, son pas lourd et résolu résonnant contre le marbre froid.
Leïla resta là, seule, dans cette salle immense et silencieuse, les échos de ses paroles résonnant dans son esprit.
Elle se sentait partagée entre la fascination et l'appréhension.
Quelque chose d'invisible flottait dans l'air, quelque chose qui la liant déjà à ce palais, à ce Sultan énigmatique.
Elle avait toujours cherché des mystères à résoudre, mais se rendre compte qu'elle était elle-même au cœur de ce mystère... c'était une toute autre histoire.
Alors qu'elle quittait la pièce sous la surveillance discrète des serviteurs, elle se promit de ne pas laisser ses craintes l'envahir.
Elle devait se concentrer sur sa mission.
Mais au fond d'elle, une question persistait : ce royaume, ce Sultan... qu'avait-elle réellement accepté en venant ici ?
Leïla se retrouva dans un long couloir aux murs tapissés de tapisseries anciennes, l'éclat des lanternes projetant des ombres dansantes sur les pierres froides.
Les serviteurs qui l'accompagnaient ne prononcèrent pas un mot, leur présence aussi silencieuse que le palais lui-même.
Elle suivit sans un mot, son esprit en ébullition.
Le Sultan, Zayn, l'avait mise en garde.
Mais contre quoi, exactement ? Pourquoi cet endroit, cette bibliothèque, semblait-il si important pour lui, au point de susciter autant de mystère et de prudence ?
Alors qu'ils atteignaient sa chambre, l'un des serviteurs ouvrit la porte et s'inclina avant de s'éclipser.
Leïla entra dans la pièce.
Les murs étaient décorés de soie brodée d'or, et de grandes fenêtres laissaient filtrer la lumière pâle de la lune, baignant la pièce d'une lueur presque irréelle.
Le lit était immense, orné de drapés en velours pourpres, et une grande bibliothèque occupait un coin de la pièce, remplie de livres, de rouleaux et de manuscrits.
Le cadre était somptueux, mais l'atmosphère lourde, presque oppressante, lui donna l'impression d'être observée, épiée, même dans cet espace intime.
Elle se dirigea instinctivement vers la fenêtre, attirée par la vue du jardin royal.
De là, les dunes de sable semblaient se fondre dans l'horizon, une mer dorée qui s'étendait sans fin sous le ciel étoilé.
C'était beau, indéniablement.
Mais cette beauté, tout comme le royaume lui-même, semblait presque irréelle, comme une façade soigneusement préservée.
Elle tourna la tête lorsque la porte se ferma doucement derrière elle, mais ce n'était pas le bruit qui attira son attention.
C'était la présence, l'étrange sensation qu'elle n'était pas seule.
Elle tourna lentement sur elle-même et aperçut, dans un miroir ancien en argent, son reflet... mais avec un détail étrange.
À travers l'image déformée, elle cru voir une silhouette, floue et indistincte, se glissant à l'ombre de l'entrée.
Son cœur s'accéléra.
Était-ce son imagination ? Ou quelqu'un l'observait-il réellement ?
Elle s'avança vers la porte, mais la silhouette avait disparu.
Soupirant, elle se força à se détendre, essayant de rationaliser ce qu'elle venait de voir.
Il faisait probablement trop sombre pour distinguer les détails.
Ou peut-être était-ce simplement l'excitation de la journée, son esprit déjà trop tendu par l'ambiance du palais.
Elle se détourna de la porte et se dirigea vers la bibliothèque dans un geste presque automatique, comme attirée par l'appel des livres.
Ses doigts effleurèrent les reliures dorées des volumes, et un frisson la parcourut.
Chaque livre semblait contenir un secret.
Un murmure du passé.
Peut-être, un fragment du mystère que Zayn Al-Rashid lui avait laissé entrevoir.
Un bruit la fit se figer.
Ce n'était pas un bruit de l'extérieur, mais quelque chose d'autre.
Quelque chose qui venait de l'intérieur de la pièce.
Leïla tourna brusquement la tête et aperçut une petite porte à peine visible dans l'ombre, derrière un rideau de soie.
Son cœur s'emballa à nouveau.
Elle n'avait pas remarqué cette porte en entrant. Que faisait-elle ici ?
Un instinct irrépressible la poussa à s'en approcher.
Elle prit une profonde inspiration, repoussa le rideau et ouvrit lentement la porte.
Derrière, un escalier en colimaçon menait vers une lumière tamisée, presque surnaturelle, provenant de ce qui semblait être une cave ou un sous-sol.
Elle s'élança sans réfléchir, guidée par la curiosité qui brûlait en elle.
En descendant, elle sentit la température baisser, une froideur soudaine et humide qui contrastait avec l'air lourd et chaud du reste du palais.
Le silence était oppressant, seulement brisé par le bruit de ses pas.
En bas, la lumière venait de petites lampes placées tout autour, révélant des murs en pierre grise, nus, sans décorations, sans fioritures.
Un lieu sans âme.
Elle s'arrêta devant une grande porte en bois, sculptée de symboles mystérieux, inconnus.
Ils étaient trop élaborés pour être simplement décoratifs.
Ils ressemblaient à des sceaux, des symboles d'anciens rituels.
Une peur étrange l'envahit alors.
Ce qu'elle avait découvert jusque-là n'était rien comparé à ce qu'elle pressentait derrière cette porte.
Elle n'avait pas le temps de faire marche arrière.
Un bruit de pas se fit entendre derrière elle.
Une silhouette se dessina dans la lumière tamisée. Zayn.
— Je vous avais dit que ce savoir n'était pas sans danger, dit-il d'une voix calme, mais qui portait une menace dissimulée.
Leïla se tourna vers lui, son cœur battant la chamade.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle d'une voix tremblante, incapable de cacher la peur qui l'envahissait.
Zayn la fixa un instant, puis s'avança.
— C'est le cœur du royaume, Leïla.
Là où tous les secrets du passé reposent, attendant d'être réveillés.
Mais soyez prudente...
Certains secrets sont mieux laissés enfouis.
Elle se tourna vers la porte avec détermination, mais son regard se perdit dans l'ombre de la pièce.
Elle savait qu'elle venait de franchir une limite invisible, une ligne qu'elle ne pourrait pas franchir sans conséquences.
Mais dans le fond d'elle, une seule certitude grandissait : elle ne pourrait jamais repartir tant qu'elle n'aurait pas découvert ce qui se cachait ici.
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