Chapitre 7

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PDV Elijah

Machinalement, j'avais jeté mon dévolu sur une chambre que j'avais bien connue du temps de ma dernière visite. Celle-ci n'avait pas tant changé depuis, le mobilier était le même, ancien mais impeccable. Heureusement, l'immense portrait à mon effigie avait été retiré. Disons que la scène représentée n'était pas flatteuse sur le plan moral.
Cette journée m'avait éreinté. L'entrée au Royaume avait ravivé beaucoup de souvenirs que je voulais oublier à tout prix. Et revoir Maxence n'avait rien arrangé à cela. J'avais senti la curiosité et l'inquiétude des filles à propos de mon passé, mais je n'étais en aucun cas disposé à leur révéler mes anciens traits de personnalité. Si elles apprenaient ce que j'avais fait ici, avec Maxence, je pouvais être sûr et certain qu'elles me laisseraient, s'occuperaient de la mission seules, et qu'elles partiraient le plus loin possible de cette maison et de moi. Et ce n'était absolument pas le moment de nous séparer. Surtout avec la couverture qu'elles avaient dû endosser pour arriver jusque là. J'étais prêt à parier que la moitié des habitants croisés aujourd'hui nous avaient démasqués. Et c'était bien pour cela que mes trois protégées avaient besoin de moi.
En parlant d'elles, je pouvais entendre leurs voix de la chambre adjacente. En me concentrant à peine, il m'était d'une simplicité enfantine de distinguer leurs paroles. Je tendis l'oreille. Puis je retins mon souffle. J'avais vu juste. Elles étaient en train de comploter dans mon dos, au cas où. On venait à peine d'arriver et leur confiance en moi avait déjà bien diminué à ce que je voyais. Il fallait vraiment que je prenne mes précautions par la suite. Et même si je refusais de l'admettre, ce qui était inutile mais je voulais conserver un minimum de ma fierté, je ne voulais pas perdre la confiance de Charlotte. J'avais déjà l'impression de m'être rapproché d'elle ces derniers temps, et je ne voulais pas qu'elle recule en ma présence. Mais pour y parvenir il fallait que désormais Maxence se taise. Parce que le connaissant, il allait faire pire que mieux et allait m'enfoncer plus qu'autre chose.
Demain, la première phase de notre mission commencerait ; trouver le moyen de contacter, ou mieux, de s'entretenir avec les Sentinelles. Nous avions intérêt à nous montrer diplomates si nous voulions avoir une mince chance de parvenir à nos fins. Les Sentinelles étaient compliquées et si nous faisions le moindre faux pas, nous étions foutus. Au vu du tempérament que les filles pouvaient avoir, ça allait être délicat.
Le sommeil vint finalement me cueillir au beau milieu de mon tourbillon de pensées, et je m'endormis sur une belle vision qui n'appartenait qu'à moi, moi seul, et certainement pas à Salvatore.
Ce furent des sanglots qui me tirèrent du lit, à quelques heures de l'aube. J'ouvris entièrement les yeux, les sens aux aguets. J'identifiai rapidement la source des pleurs, qui s'avérait être la chambre où logeait Charlotte. Je me levai et sortis de ma chambre pour me poster devant la sienne. Je frappai à la porte et attendis une réponse qui ne tarda pas à venir. À travers la porte, je pus distinguer son "Entrez !" étouffé par un hoquet. J'actionnai la poignée et entrai dans la pièce plongée dans l'obscurité. Je trouvai Charlotte sur le tapis hors de prix, adossée au lit, recroquevillée sur elle-même, le visage contre ses genoux. Elle leva des yeux humides vers moi et tenta de me sourire.

Charlotte : J'imagine que c'est inutile d'essayer de te convaincre que j'ai la pêche ?

Moi : En effet, ce n'est même pas la peine d'essayer.

Je m'assis à ses côtés.

Moi : Qu'est ce qu'il y a ?

Charlotte : C'est rien... C'est juste tout ça... Toute cette histoire... Ce Royaume inqualifiable, le danger omniprésent, l'incertitude de tout... Et puis Stefan me manque horriblement, tu n'imagines même pas. Excuse-moi, je sais que tu m'as déjà demandé de ne pas me plaindre à son sujet. Oublie ce que j'ai dit. Je referme les vannes et j'affronte la réalité sans broncher, si tels sont tes ordres. Maître.

Moi : Arrête ça.

Charlotte : Arrêter quoi ?

Moi : Tu te braques. Ne fais pas ça...

Son visage se durcit.

Charlotte : Ah, oui, je dois suivre ta volonté même si je suis triste et complètement paumée.

Moi : Ne me tiens pas pour responsable, tu savais à quoi t'en tenir avant même d'être arrivée au Royaume.

Charlotte : Peut-être, mais j'étais loin du compte ! Comment peux-tu être aussi calme et indifférent à tout ce cirque ?! On dirait que tu es devenu un autre à la seconde où tu nous as passé les bracelets aux poignets ! Tu prends ton rôle très au sérieux, ça m'effraie... Les filles disent que tu pourrais faire ce que tu veux de nous.

Moi : Tu sais bien que je ne vous ferai jamais de mal. Et si j'ai l'air de prendre ça à cœur, c'est parce qu'il le faut pour réussir... On n'a pas le droit à l'erreur, tu le conçois ça au moins ? Allez, cesse de pleurer s'il te plaît... Je vous ai promis de vous protéger quoi qu'il en coûte. Tu n'as pas à avoir peur de moi. Et je ne t'interdis pas de ressentir ce que tu ressens...

Charlotte : Tu peux me croire, elles vont te lâcher si ça continue comme ça. Et comment veux- tu que je reste calme alors que nous sommes actuellement chez un mec cinglé et qui dit beaucoup trop de choses à ton sujet ?

Ses larmes coulaient toujours, mais cette fois-ci c'était de colère.

Charlotte : Je me fiche de ce que tu as pu être auparavant. Mais vu la manière dont ton ami dépeint ton portrait, j'estime être en droit de me poser des questions et de m'inquiéter. Vas-tu redevenir un tyran ? Ou un homme à femmes comme Maxence ? Les deux, peut-être ? Je ne sais plus quoi penser Elijah, je pensais te connaître un minimum et maintenant tout part en fumée. Quoique tu aies fait et ce que cet endroit te rappelle, souviens-toi de qui tu étais avant de franchir le portail, de celui que tu étais lors de notre rencontre. Souviens-toi que tu es patient et à l'écoute. Juste et loyal. Digne de confiance. Un homme de parole éloquent et perspicace. Tu n'es pas comme les habitants de ce monde encore plus pourri que le nôtre.

Alors là elle m'avait bluffé. J'étais sans voix. Moi qui pensais avoir perdu son estime... Comment pouvait-elle me voir de cette façon ? Avec mon lourd passé qu'elle connaissait à peine mais dont elle avait conscience ? Ses mots me firent l'effet d'un allègement soudain. Tout n'était pas perdu tant qu'elle me considérait encore. Peut-être devais-je lui avouer tous mes péchés...? Non, c'était une mauvaise idée. Et inutile, avec ça. Elle avait seulement besoin de réconfort.

Moi : La plupart des choses qui se passe dans ce Royaume, c'est de la comédie. Il faut faire attention devant les autres, mais tu pourras toujours venir me voir quand on sera tranquilles pour parler si tu en as envie.

Je pris le risque de l'attirer tendrement à moi. J'essuyai du pouce ses joues humides, et elle posa sur moi son regard innocent.

Moi : Et s'il te plaît, ne te méprends pas. L'autre jour je me suis énervé quand tu as évoqué Stefan, mais tu l'as dit toi-même, j'étais à cran. Cela ne veut pas dire que je t'interdis d'exprimer tes sentiments... Surtout pas. Je ne veux pas que tu aies l'impression que je te manipule, tu es une femme libre. J'imagine combien ce doit être dur pour toi d'être loin... De Stefan.

Après avoir dit ces mots, j'étais à deux doigts d'aller me rincer la bouche à l'eau de javel.
Charlotte posa sa tête sur mon épaule et ferma les yeux.

Charlotte : Merci Elijah. Je savais que les filles exagéraient et que tu étais là pour nous... Enfin, surtout pour ton frère, mais pour nous aussi.

Moi : Pas de quoi. Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi, n'importe quand et n'importe où.

Charlotte : Même en plein milieu de la nuit ou pendant un rendez-vous galant ? demanda-t-elle en réprimant un rire. Ça m'étonnerait que je sois à la tête de ta liste de priorités...

Si seulement elle savait. Évidemment qu'elle était sur ma liste de priorités, mais ça, je ne pouvais lui dire.

Moi : Tu devrais te reposer. Demain commencent les choses sérieuses ; découvrir comment débusquer les Sentinelles. Tu auras besoin de toute ta force mentale pour tenir le coup, on risque de passer du temps à l'extérieur...

Charlotte : Je ne veux pas dormir. Si je dors, je ferai un cauchemar, pour sûr.

Moi : Tu vas être épuisée. Il faudra bien que tu dormes à un moment donné.

Charlotte : Je préfère te parler.

Dieu, elle n'avait aucune conscience de ce que ses mots produisaient sur moi ! Cela ne signifiait peut-être rien de capital pour elle, mais moi j'entendais : "Je suis prête à sacrifier mon bien être pour passer du temps avec toi.".
Un sourire étira mes lèvres.

Moi : De quoi veux tu parler ?

Charlotte : Peu m'importe, du moment que ce n'est pas triste et que ça n'est pas lié à notre situation actuelle.

Moi : Tu comptes rester à Mystic Falls ?

Charlotte : Une fois toute cette catastrophe terminée ? À vrai dire, avec Stefan on avait songé à acheter ensemble une maison après le mariage, mais c'est resté un projet non entamé. J'aimerais bien habiter dans une maison dont j'aurais fait moi-même les plans, mais je n'ai pas pu entrer en fac d'architecture avec ma transformation... Et toi ? Quand ce sera réglé, en admettant qu'on s'en sorte vivants, tu feras quoi ?

Moi : Aucune idée. Je verrai à ce moment-là, mais je vais sûrement partir quelques temps.

... Pour te fuir toi et ton bonheur, pensai-je pour moi-même.
Notre conversation dériva sur nos passés respectifs, et nous nous amusâmes à nous remémorer toutes sortes d'anecdotes. Ça pouvait sembler ordinaire aux yeux de mon interlocutrice, mais pour moi c'était un cadeau du ciel. Un cadeau qui nous fit du bien à tous les deux. Elle avait besoin de normalité après tout ce qu'elle avait traversé, et notre tête-à-tête lui apportait un moment de sérénité avant de repartir dans la tempête.
Finalement, le sommeil eut raison d'elle, et elle sombra dans les bras de Morphée. Enfin, plutôt dans les miens, ce qui n'était pas pour me déplaire... Je l'installai correctement dans mes bras et laissai mes pensées divaguer. Sans m'en rendre compte, mes doigts s'étaient mêlés aux cheveux d'or de Charlotte pendant ma rêverie. Je repensais à mon arrivée en Amérique, lorsque j'étais encore humain. Je repensais à ma transformation, au serment que j'avais fait auprès de Nicklaus et Rebekah après l'enterrement de ma mère. Des souvenirs de mes rencontres au fil des années se succédèrent. Ma dernière aventure remontait à Katerina, désormais en paix. Et désormais j'étais là, à contempler la seule femme que je ne pouvais pas avoir, et que je désirais corps et âme. C'était si injuste. Salvatore était peut-être mort à l'heure qu'il était, et Charlotte était tout à moi, endormie dans mes bras. Elle rêvait paisiblement... Elle rêvait de sa première sortie en boîte de nuit. Comment je le savais ? La question m'effraya moins que la réponse. En un instant je compris : ma proximité avec l'hérétique avait déclenché ses pouvoirs, et malgré elle Charlotte m'entraînait dans son rêve. Je sentis peu à peu mon esprit échapper à mon contrôle, se mêlant à celui de la jolie blonde... J'eus à peine le temps de ciller que j'étais devenu dépendant du subconscient de Charlotte. Je me retrouvais avec elle, dans son rêve. Seigneur, faites-moi sortir de là...
Nous étions au bord d'un ravissant lac brillant de mille feux. Sans n'avoir aucun contrôle sur la situation, la jolie blonde se retrouva blottie dans mes bras, le visage niché dans mon cou. Et ce n'était même pas de ma faute, je n'avais rien contrôlé...

Charlotte : Je sais que tu voulais rester auprès de ta famille, une des rares fois où vous êtes presque tous réunis, mais moi je voulais t'avoir pour moi toute seule...

Moi : Tu es mille fois pardonnée.

Je ne comprenais pas, je n'avais aucune emprise sur mes actes, c'était comme si je jouais une pièce et que les répliques m'étaient soufflées. Le rêve de Charlotte me prenait pour un pantin. Cependant, je n'avais pas à me plaindre...

Charlotte : T'es le meilleur. Je t'aime Elijah, souffla-t-elle à mon oreille.

Mon cœur manqua un battement en entendant ces mots. Qu'est ce que j'avais pu en rêver. Il fallait que je me rentre dans la tête que ce n'était pas réel. C'était tellement dur de résister ! Je l'avais là, et elle disait m'aimer... Comment ne pas succomber ? Comment garder la raison après des mois passés à fantasmer ?

Moi : Moi aussi je t'aime, Charlotte. Plus que tout.

Ce fut alors les yeux brillants d'émotion que ma dulcinée se hissa sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres sur les miennes, et m'offrir le plus doux baiser de ma vie. Et avec mille ans d'existence, ce n'était pas peu dire. Je répondis à son baiser sans hésiter et posai une main sur sa joue. Si seulement cela pouvait durer pour l'éternité. Si seulement cela pouvait se passer réellement...
À partir de ce moment, je devins incapable de savoir qui avait le contrôle du rêve, car ce qui suivit concordait à la perfection avec mes souhaits. Charlotte m'embrassait encore, tantôt avec tendresse, tantôt de façon plus passionnée, et j'en faisais autant. On devait avoir l'air de deux corps perdus se rattachant l'un à l'autre dans un océan déchaîné. Elle était ma bouée, j'étais la sienne. Puis, absorbés par notre baiser fiévreux, nous perdîmes l'équilibre. Je craignais que le rêve prenne fin, mais pour mon plus grand plaisir il n'en fut rien. Je l'entourai de mes bras et la tins contre moi, ne voulant pas qu'elle s'en aille même l'espace d'une seconde. Cette proximité, je l'avais souhaitée depuis des mois et maintenant que je l'avais, je n'allais sûrement pas m'éloigner.

Charlotte : Dis-moi, tu as l'air particulièrement câlin ce soir mon amour, on dirait que tu ne m'as pas vue depuis une semaine. Non pas que je m'en plaigne, mais tu ne m'as jamais embrassée comme ça...

Là c'était certain, ce n'était pas moi qui tirait les ficelles du songe.

Moi : Je suis juste bien. Et je n'ai vraiment pas envie de te lâcher.

Charlotte : Ça ne me dérange pas, je pourrais rester comme ça pendant des heures si on le pouvait.

Mon sourire ne se fit que plus grand. Stefan n'existait plus pour elle, dans cette réalité parallèle, quant à moi j'étais comblé. Que demander de plus ? Que ce soit réel et à l'épreuve du temps, certes. Mais pour l'instant je savais apprécier sans me soucier du reste. Je pouvais enfin lui dévoiler mes sentiments si longtemps refoulés. À son réveil, elle se demandera peut-être pourquoi avait-elle rêvé de moi et non pas de Salvatore, mais peu m'importait.
Je l'embrassai de nouveau, explorant à l'aveugle chaque parcelle de ses lèvres douces au léger goût fruité. Son parfum m'enivrait, sa voix me bouleversait. Elle n'avait encore jamais prononcé mon nom avec tant d'amour, cela me rendait fou...

Soudain, le baiser fut coupé et je me retrouvai hors du rêve, de retour à la réalité.
Non, non, non ! Ça ne pouvait pas être fini ! Pas maintenant ! Ça avait été si court...
Je n'aurais pas dû me laisser emporter. Maintenant que je savais ce que cela faisait d'être aimé par elle, j'en voudrais toujours plus. Mon envie de la prendre sans arrêt dans mes bras s'accentuerait, comme ma douleur... Quelle plaie !
Cependant, une pensée vint m'illuminer. C'était le subconscient de Charlotte qui avait contrôlé ce rêve. Alors... Peut-être... Non, c'était impossible, elle n'aimait que Stefan, son âme sœur. Mais je ne pouvais m'empêcher d'espérer que ce songe signifiait qu'elle ressentait plus que de l'amitié pour moi.
Elle remua légèrement dans mes bras et instinctivement j'arrêtai tout mouvement. Ses paupières s'ouvrirent lentement et son regard se posa sur moi.

Charlotte : Elijah ?...

Elle se releva précipitamment pour mettre le plus de distance entre nous.

Charlotte : Depuis combien de temps...?

Moi : Tu as dormi un peu plus d'une heure. C'est loin d'être suffisant, tu dois encore te reposer...

Charlotte : Elijah, jure moi de me dire la vérité.

Moi : La vérité sur quoi ?

Charlotte : Est-ce que tu m'as influencée de quelque manière que ce soit ?

Moi : Non bien sûr que non. Je ne vois même pas de quoi tu parles.

Charlotte : Oh non... Oh non, oh non, oh non !

Elle se prit la tête entre les mains et commença à faire les cent pas. Aussitôt j'accourus auprès d'elle, essayant de la stopper et de la calmer.

Moi : Eh ! Charlotte, tout va bien. Dis-moi ce qui se passe.

Charlotte : J'ai rêvé de... Non, je ne peux pas te le dire !

Moi : Quoi que ce soit, calme toi. Tu n'as pas de raison de t'affoler comme ça pour un rêve. Ça ne doit pas être si grave.

Charlotte : Oh que si, c'est... Oh mon dieu, j'ai l'impression d'avoir commis un acte de haute trahison... En fait, c'est exactement ce que j'ai fait ! Et comment ça a pu arriver ? Comment ?? Je suis un monstre, oh là là...

Elle avait oublié ma présence et se parlait à elle-même. Elle n'osait même pas formuler explicitement la nature de son rêve, elle était toute retournée... Et elle se sentait extrêmement coupable.
J'avais vraiment envie de m'éclipser en cet instant précis. Et c'était d'ailleurs ce que je ne tarderais pas à faire.

Charlotte : Stefan ne me pardonnera jamais, ça non ! Oh mais quelle imbécile, pourquoi ce rêve ?!

Elle posa de nouveau les yeux sur moi, et m'adressa un regard que je souhaitais qu'elle ne m'adressât plus jamais. Elle voyait ma présence comme répulsive, comme si passer trop de temps à mes côtés lui filerait Dieu savait quelle maladie. Je compris alors que c'en était fini de notre amitié. Abattu, j'acquiesçai sans un mot et tourna les talons. Je rejoins rapidement ma chambre, le cœur réduit en miettes. Pour la première fois depuis des lustres, j'eus envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Elle me détestait. Elle me détestait parce qu'elle m'appréciait, et que cela contrarierait son mari. Elle n'était aucunement obligée de lui raconter ce rêve, mais je savais qu'elle le ferait. Elle n'avait pas de secret pour lui.
Ah, Salvatore... J'avais laissé filé l'occasion de lui arracher le cœur trop souvent. Ce que je regrettais...
Si je pouvais revenir en arrière et le faire disparaître de la surface de la terre, je le ferais sans hésiter. À présent, j'étais intimement convaincu que Charlotte m'aimait aussi, mais qu'elle refusait d'y croire tant sa loyauté envers Stefan était grande. Mais si elle éprouvait quelque chose à mon égard, alors mon combat n'était peut-être pas voué à l'échec.
Quoique, après réflexion, vu le regard qu'elle m'avait adressé avant que je ne quitte sa chambre, cela m'étonnerait qu'elle accepte de me reparler un jour. Je me sentais comme un volcan prêt à entrer en éruption, j'aurais aimé hurler, casser quelque chose, tuer quelqu'un peut-être... Mais il ne fallait pas que je me fasse remarquer. Ça ne m'attirerait que des problèmes, et ce n'était pas le moment. On en avait déjà assez comme ça.
Résigné, abattu et fou de rage, je m'efforçai de dormir, espérant sombrer dans un songe sans rêve.

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