Chapitre 12

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PDV Kathleen

Nous étions tous les quatre en route vers les portes du Royaume. La mine grave, et le pas mal assuré pour certains, nous avancions à travers la fourmilière qu'était la rue principale du Secteur. La porte n'était pas si loin que ça, mais la foule entravait notre chemin, allongeant considérablement notre temps de marche.
Personne ne disait rien. À vrai dire, personne n'avait ouvert la bouche depuis deux jours. Je crois que nous avions tous hâte de rentrer à la maison, mais je ne comprenais pas vraiment pourquoi Charlotte n'avait pas profité du temps qu'il lui restait avec Elijah. On ne le verrait très certainement plus après ça, alors bon...
J'avais personnellement passé plus de temps que d'ordinaire avec lui, même si ce n'était que pour être dans la même pièce et laisser l'autre vaquer à ses occupations. Bonnie avait fait de même. Mais Charlotte semblait refuser tout contact avec l'un d'entre nous, et encore plus avec lui. Je savais qu'elle le regretterait.
En croisant le regard d'un enfant esclave fuyant les coups de bâton de son maître, je me dis qu'il était temps de partir. Je détestais cette posture impuissante dans laquelle j'étais. Je ressentais comme une sorte de culpabilité du survivant ; j'étais libre, je n'appartenais pas à ce monde, mais j'étais témoin du sort des autres, qui me réclamaient de l'aide, qui n'avaient aucune chance... Et moi, j'étais sur le chemin du retour vers ma dimension, sans un regard en arrière.
Nous arrivâmes finalement au point de rendez-vous, toujours aussi silencieux.
Ça en devenait presque oppressant.
Les Sentinelles n'avaient pas l'air d'être là. Étrange.

... : Vous êtes en retard, fit une voix dure dans notre dos.

Nous fîmes tous volte face et tombâmes nez à nez avec la Sentinelle que nous avions vue lors de la fameuse soirée. Ses sœurs d'armes étaient également présentes, en effectif réduit par rapport à la dernière fois.

Elijah : Nous ne sommes pas en retard, vous n'aviez pas précisé d'horaire.

... : Une fois l'échange fait, et pas avant, vous pourrez partir, déclara-t-elle.

Elijah : Très bien. Notre choix est fait. Je serai à votre service à condition que vous libériez Klaus Mikaelson et sa lignée du maléfice que vous leur avez jeté, et à condition que ces trois jeunes femmes reviennent chez elles saines et sauves.

... : Nous connaissons les termes de notre accord, merci. Avancez-vous.

L'Originel atteignit la hauteur des Sentinelles et la cheffe de celles-ci lui saisit le poignet. Elle le menotta.
Nous retenions toutes les trois notre souffle. Nous n'avions aucune idée de ce qu'il allait en advenir de lui, mais rien de bon. Ça, c'était sûr.

... : Vous pouvez partir, dit la Sentinelle. Le portail vous attend.

Bonnie : Quoi, c'est tout ?

Moi : Où sont nos amis ?

... : Ils sont en train de se réveiller dans leur corps, chez eux, sur Terre.

J'adressai un dernier regard au Mikaelson avant d'aller vers Bonnie.
Nous commençâmes à marcher pour atteindre le portail, Charlotte particulièrement en retrait.

Moi : C'est bizarre... J'ai l'impression que... C'était trop facile.

Bonnie : Ouais, pareil. Mais regarde ; on rentre chez nous ! On quitte cette dimension de l'enfer !

Le portail interdimensionnel par lequel nous étions arrivés quelques semaines plus tôt se dressait de nouveau devant nous, prêt à nous aspirer dans l'autre sens. Nous allions retrouver Mystic Falls et notre train-train quotidien.
J'allais retrouver Damon.
Je me tournai vers mon amie sorcière.

Moi : À toi l'honneur, dis-je en désignant le portail. Passe la première.

Bonnie : Je ne me le ferai pas dire deux fois ! Bye-bye le Royaume des Ombres !

Elle franchit la barrière magique. Je posai mes yeux sur Charlotte, à quelques mètres de moi.

Moi : Eh bah, avance, de quoi tu as peur ?

Charlotte : Rien, je... réfléchissais. Vas-y.

Je m'apprêtais à franchir le portail, lorsque, soudainement, elle disparut une fraction de seconde pour réapparaître avec Elijah.
Bordel qu'est ce qu'elle avait fait...?
Je passai le portail rapidement, eux derrière moi. Nous atterrîmes devant la pension, et après avoir repris mon équilibre, j'aperçus Bonnie les fixer, tout comme moi.

Bonnie : T'es complètement folle ?!

Moi : T'as conscience que les Sentinelles vont nous trucider ?! Comment on est censés les empêcher de venir, maintenant ? T'es complètement irréfléchie, ma parole !

Charlotte : Taisez-vous et aidez-moi à condamner le portail ! hurla-t-elle, les larmes aux yeux. Donnez-moi vos mains, dépêchez-vous !

J'attrapai sa main et celle de Bonnie en soufflant. Elle récita je ne savais quel sort - que je n'écoutais pas, puisque j'étais davantage en train de réfléchir à comment je pouvais survivre avec des Sentinelles à nos trousses. Ces êtres étaient des entités immortelles et surpuissantes, il était impossible de leur échapper. Nous allions tous mourir à cause de son stupide béguin pour un Originel !
Damon sortit en trombe du manoir et blêmit devant la scène qui s'offrait à lui.

Moi : Damon ! m'écriai-je.

Saisie par l'émotion, je ne pus rien ajouter. J'eus envie de me jeter dans ses bras, mais pour le moment le sort avait besoin de mon énergie.

Moi : Damon, ramène-toi, on a besoin de plus monde !

Damon : Qu'est-ce qui se passe ?!

Bonnie : Il faut fermer le portail pour ne pas se faire bousiller par les Sentinelles !

Il arriva et le portail commença enfin à se refermer, mais trop lentement.
Des cris parvinrent à nos oreilles... Provenant du portail.
Elles arrivaient !

... : ... le payerez très cher !

Moi : Purée, Charlotte, grouille !!

Charlotte : On n'a pas assez d'énergie !!

La panique nous avait tous gagné. Voilà, ça y était, on allait tous crever, alors qu'on venait de rentrer...
J'eus soudain un éclair de génie, ou peut-être n'était-ce qu'une tentative désespérée d'arriver à faire quelque chose.

Moi : Charlotte, appelle les Ancêtres !!

Charlotte : T'es malade, ils vont vouloir quelque chose en contrepartie !

Moi : Tu préfères être redevable mais vivante, ou ne devoir rien à personne puisque tu nous auras tous tués ?

Elle se concentra davantage, et au moment où les voix se rapprochèrent, le portail se ferma d'un seul coup, dans un halo de lumière blanchâtre.

Moi : C'est fini ? On est sûrs qu'elles ne pourront jamais nous atteindre ?

Bonnie : Elles régissent l'Univers, elles vont sûrement trouver un autre moyen. Mais pour l'instant, on a la paix. Ça va, Charlotte ? T'as l'air...

L'hérétique chancela, et se serait ouvert le crâne en tombant si Elijah ne l'avait pas rattrapée de justesse.

Moi : Elle s'en remettra.

Je croisai le regard de Damon. Je m'empressai de le prendre dans mes bras et m'accrochai à sa nuque comme si ma vie en dépendait. Il passa ses bras autour de ma taille et me serra contre lui.

Damon : Tu m'as manqué, princesse.

Moi : Tu peux pas imaginer ce que c'est que de vivre sans toi, sans savoir si tu es vivant ou pas. Je ne veux plus jamais revivre ça. Plus jamais. À partir de maintenant, je te colle comme ton ombre.

Damon : Je ne demande pas mieux, souffla-t-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.

Je posai une main sur sa mâchoire et me collai le plus possible à lui avant de me faire interrompre.

Bonnie : Les tourtereaux, il y a des chambres pour ça.

Damon : Bonnie-Bonnie, toujours présente pour casser l'ambiance, railla-t-il.

Moi : Où est Stefan, au fait ? Il aurait dû débouler voir Charlotte dès que son esprit a réintégré son corps.

Damon : Il doit prendre son temps pour se réveiller, ou peut-être qu'il est parti se nourrir pour être présentable.

Charlotte : On n'a qu'à rentrer pour l'attendre.

Elijah : Évite de faire de gros efforts, tu es encore affaiblie.

Charlotte : Ça va aller, merci.

Nous commençâmes à marcher en direction du manoir, et je n'aurais jamais imaginé que cet endroit m'aurait autant manqué. Ça faisait tellement de bien de rentrer ! Une fois la porte franchie, j'allai m'affaler sur l'un des sofas de l'immense séjour.

Moi : Ce canapé est merveilleux, je ne l'avais jamais jugé à sa juste valeur avant !

Damon : Tu verras, le lit est encore mieux, sourit-il.

Tandis qu'il s'assit à mes côtés, Charlotte monta à l'étage à une vitesse vertigineuse, abandonnant Elijah qui avait insisté pour l'aider à maintenir son équilibre.

Moi : Alors, dis-je à l'aîné des Salvatore, que veux-tu faire pour fêter cette victoire ?

Damon : Rien qui ne me sépare de toi. On pourrait peut-être...

Il fut interrompu par un cri d'une tristesse foudroyante. Les murs en tremblèrent presque.
Je me levai aussi rapidement que je m'étais assise et montai le plus vite possible, tout comme les autres personnes présentes. Nous arrivâmes devant la chambre de Stefan, et la porte était grande ouverte. Charlotte était agenouillée à côté du lit, la tête enfouie dans les draps, à côté de Stefan.
Stefan, qui était toujours aussi inerte que lorsque nous étions partis pour le Royaume des Ombres.

Charlotte : Stefan... Réveille-toi..., sanglota-t-elle.

Elle ne semblait pas nous avoir remarqués. Bonnie prit les devants et s'approcha d'elle. Elle posa sa main sur son épaule, la faisant sursauter.

Bonnie : C'est juste moi. Ça va aller.

C'était un pur mensonge. Ça n'allait pas aller. Il aurait dû se réveiller comme son frère.

Charlotte : Pourquoi il ne se réveille pas ?! demanda-t-elle, désemparée. Pourquoi son cœur ne se remet pas à battre ?!

Nous demeurâmes tous silencieux. Nous avions tous deviné. Stefan était mort. Les Sentinelles avaient peut-être trouvé un moyen de se venger, ou bien peut-être qu'il n'avait pas survécu à sa captivité. En tout cas, les faits étaient là. Il ne se réveillerait pas.
Mais dans ce cas... S'il était mort... Pourquoi Charlotte ne l'était-elle pas aussi ? En tant qu'âmes-sœurs, l'un ne pouvait vivre sans l'autre... À moins que cette histoire ne soit bidon.
Je lançai un regard au Salvatore à mes côtés, qui n'avait pas bougé d'un millimètre depuis tout à l'heure. Je posai ma main sur son bras et vis une larme couler le long de sa joue.
Je ne savais pas qui j'étais censée aller réconforter en premier. Ma meilleure amie, ou lui ? Son frère était mort.

Moi : Damon... Si tu...

Damon : Je vais prendre l'air, décréta-t-il avant de disparaître.

Ça, dans le langage Damon, cela signifiait qu'il devait être seul pour casser des trucs. Je ne devais en aucun cas l'importuner dans cette étape.
Je pris une profonde inspiration avant de m'approcher de ma meilleure amie, en larmes, et la pris dans mes bras.

Moi : Tu devrais sortir de la pièce, lui dis-je d'un ton prévenant.

Elle s'agrippa à la main à l'évidence glaciale de Stefan et secoua la tête.

Charlotte : Hors de question que je le laisse, il pourrait se réveiller n'importe quand ! Il va se réveiller, il doit le faire, il doit... Il n'est pas mort ! Sinon, je le serais aussi !

Bonnie : Charlotte, il ne se...

Charlotte : Non ! Ne le dis pas ! hurla-t-elle.

J'essayai de la relever avec tout le tact du monde, en vain. Elle me repoussait à chaque tentative.

Charlotte : Arrête, Kathleen, je dois rester... Je dois... Rester...

Les sanglots reprirent de plus belle.
Elijah, qui n'avait pas pipé un mot ni esquissé un mouvement, semblait hésiter à intervenir. Je lui fis signe de venir m'aider, et il soupira discrètement avant de s'avancer.

Elijah : Tu ne peux pas rester là, lui dit-il d'une voix étonnement douce.

Charlotte : Il... il va se réveiller.

Bonnie : Il ne va pas se réveiller. C'est fini, Charlotte.

Charlotte se mit alors à pleurer toutes les larmes de son corps, balbutiant des supplications incompréhensibles. La scène était à fendre le cœur. Il n'y avait rien à faire. Stefan n'était plus bon qu'à être enterré.

Elijah : Charlotte, je t'assure que tu devrais sortir. Viens...

Il lui tendit la main, et les pleurs s'arrêtèrent. Le regard de l'hérétique était soudainement devenu vide.

Moi : C'est pas vrai...

Elle n'avait quand même pas...
Elle se releva en essuyant ses joues de manières nonchalante.
Oh, bordel, elle l'avait fait.

Bonnie : Charlotte...?

Charlotte : Oui ?

Un silence pesant s'installa. Puis la blonde disparut en un claquement de doigts, abandonnant le corps de son mari.
Un cyclone était sur le point de ravager le pays. On était dans la merde.

Moi : On est censés faire quoi maintenant ? Parce qu'entre elle qui va être en période de psychopathe sanguinaire, et Stefan qui est mort, il faut trouver rapidement.

Bonnie : Voyons déjà si Stefan est le seul à ne pas s'être réveillé, et prévenons Bekah et Kol qu'on est revenus. Notre plus gros problème maintenant, c'est Charlotte, mais je pense qu'il faut aussi surveiller Damon de près.

Elijah : Je vais au manoir m'assurer que Klaus et Caroline vont bien. Tenez-moi au courant, déclara-t-il avant de s'en aller.

Nous nous retrouvâmes seules, avec la dépouille de notre ami à côté.

Bonnie : On sort de là, je ne supporte pas de le voir comme ça.

J'acquiesçai et nous allâmes au rez-de-chaussée.

Moi : Je ne vois pas ce qu'il y a à faire pour Damon, son frère est mort, s' il vrille je ne serais d'aucune utilité, Bonnie. Et pour Charlotte, je me demande s' il ne faudrait pas la... laisser quelques temps sans son humanité. Qu'elle puisse un minimum profiter avant d'être au fond du gouffre.

Bonnie : On va chercher un moyen de faire revenir Stefan, dit-elle à voix basse. Il faut qu'il revienne. Il pourra rendre son humanité à Charlotte, et à Damon aussi si jamais il y renonce. Je ne sais pas toi, mais je trouve plus simple de ressusciter quelqu'un que de gérer deux tueurs en série.

Moi : On pourrait vraiment le faire revenir ? Je veux dire, oui, Charlotte et toi l'avez déjà fait, mais là c'est différent. C'est de la faute des Sentinelles, ce sera forcément plus difficile de retrouver Stefan... Voire impossible.

Bonnie : Je sais pas... Il faudrait une énergie monstre pour y parvenir, et c'est pas avec le groupe qu'on est que ça va suffire.

Moi : Comment on pourrait y arriver ? Est-ce que les Ancêtres t'écouteraient et nous aideraient ?

Bonnie : D'ordinaire, c'est plutôt à travers Charlotte qu'ils communiquent, et je ne vois pas pourquoi ils nous aideraient s'ils n'ont rien en retour. Non, on doit faire une croix sur cette option.

Je soupirai. À peine rentrés que de nouveaux problèmes surgissaient.

Moi : C'est pas une vie, me dis-je à moi-même.

Bonnie : Tu sais quoi ? Là, on devrait aller retrouver nos amis fraîchement sauvés, et ensuite aller dormir. On a mérité une pause. Ce n'est pas en vingt-quatre heures que notre monde peut s'écrouler, quand même !

J'eus envie de lui répondre qu'avec notre chance, si, c'était très probable, mais je m'en abstins.

Moi : Oui, ok. Et pourquoi j'ai l'impression que la mort de Stefan ne te fait rien ?

Bonnie : On n'était pas vraiment proches. Et toi ?

Moi : Je suis habituée à ce que les gens autour de moi meurent. Donc bon. Tu penses qu'on doit trouver Damon avant, ou on le laisse ?

Bonnie : Essaye de lui parler avant qu'on parte voir Caroline, ce serait bien qu'il sache qu'il n'est pas seul.

J'hochai la tête et montai à sa chambre. Lorsque j'entrai, je trouvai celle-ci en piteux état, et lui était assis sur le bout du lit, le visage entre les mains.

Moi : Damon...

Damon : Il est... Parti. J'aurais jamais pensé que ce serait lui qui mourrait le premier.

Il fut incapable de prononcer un mot de plus. En levant la tête, son regard croisa le mien, et j'y lus le désespoir d'un enfant abandonné. Mon cœur se fendit. Je m'assis à ses côtés. Sans un mot, je le pris dans mes bras et le serrai contre moi. Une de mes mains était posée au niveau de sa nuque, où j'exerçai quelques caresses.

Moi : Je suis là. Je ne te lâche pas, ok ? 

Damon : Je vous ai vaguement entendues, Bonnie et toi. Vous parliez... D'humanité. Vous avez peur que j'y renonce, pas vrai ?

Moi : Charlotte l'a déjà fait. Et, honnêtement, si tu le fais aussi, ça ne m'étonnerait pas. Mais je ferai tout pour te ramener, parce que tu sais comme moi que ça ne te réussit pas de ne rien ressentir. Stefan aussi, le savait.

Damon : J'en ai vraiment envie. Et je ne sais vraiment pas ce qui me retient.

Moi : Tu sais qu'on arrivera à te ramener, et tu ne veux pas te retrouver à affronter la douleur une deuxième fois.

Un silence s'abattit sur nous. Le Salvatore évitait à tout prix mon regard.

Damon : Je n'ai pas besoin de faire mon deuil, puisque de toute manière, je vais trouver le moyen de le faire revenir, dit-il soudain d'un ton catégorique.

Moi : Damon. Ok, on en a parlé avec Bonnie, mais c'est pratiquement impossible. La quantité d'énergie qu'il faut est vraiment énorme d'après elle, et tu ne dois pas te persuader qu'il reviendra. Parce que ce ne sera peut-être pas le cas.

Damon : Et si je fais mon deuil et qu'il revient ?!

Moi : Tu ne pourras que te réjouir.

Damon : Je ne peux pas faire ça. Si les rôles étaient inversés, il remuerait ciel et terre pour me ramener.

Moi : T'as pas l'air de comprendre. Stefan est mort. Il est mort, ok ? Parfois, on ne peut pas ramener les morts grâce à une quelconque magie. Parfois, il faut souffrir et l'accepter.

Damon : C'est Stefan, Kathleen ! J'ai l'impression que c'est toi qui ne comprends pas. Je n'ai jamais vécu sans lui. Même quand on se détestait, que je voulais sa tête, ou qu'on était loin, au moins, je savais qu'il était vivant. Et j'avais beau raconter ce que je voulais, j'aurais détesté qu'il meure. Donc je refuse la réalité, d'accord ? On a toujours trouvé un moyen, on en trouvera un !

Moi : On perd tous des gens ! C'est comme ça ! Tu viens de revenir et tu veux déjà risquer ta vie ?! Très bien. Mais ne compte pas sur moi sur ce coup. Parce que j'ai clairement pas envie d'être là quand tu mourras.

Damon : Je pensais que tu pouvais me comprendre. Je me suis peut-être trompé, au final.

Moi : Je comprends que tu souffres parce que c'est ton frère. Mais comprendre que tu veux faire l'impossible et que tu vas très certainement crever ? Certainement pas.

Damon : Tu viens de sortir de l'Enfer pour me revoir. Et tu refuses que je fasse quelque chose pour Stefan ?!

Moi : T'étais pas mort ! Et il n'y avait pas que ta vie en jeu. Si je refuse que tu le fasses c'est parce que je ne supporterais pas que toi aussi tu finisses par mourir, ok ?!

Damon : Tu préférais que je sois vivant en sachant que je n'ai rien fait pour mon frère ? Tu veux vraiment me faire endurer ça ?

Moi : Oui ! Oui, je préfère ça ! Quitte à ce que tu me détestes pour penser comme ça, je préfère te savoir en vie.

Damon : Tu sais que j'ai horreur des ultimatums.

Je ne répondis pas et quittai la chambre. Il ne voulait rien entendre et ne comprenait rien. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi borné ?! Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre que j'avais besoin de lui en vie ?!
Je retrouvai Bonnie au salon et remarquai directement qu'elle avait tout entendu au vu de sa mine désolée.

Moi : Ne dis rien, s'il te plaît. Il n'y a rien à dire. On va voir Caroline, maintenant ?

Bonnie : Enzo nous rejoint devant dans cinq minutes. J'ai besoin de le voir avant, sourit-elle légèrement.

La voir réjouie à l'idée de retrouver Enzo me donna un peu de baume au cœur, et je me dis qu'il y avait au moins une personne heureuse dans mon entourage.

Moi : Super ! Si tu veux, je peux même te laisser avec lui, je peux aller voir Caroline seule, répondis-je avec un ton enjoué.

Bonnie : Si ça ne te dérange pas... on te rejoindra sûrement tout à l'heure.

J'acquiesçai et nous sortîmes du manoir. Sans surprise, son copain était déjà là et elle lui sauta dans les bras tandis que je les saluai vaguement avant de prendre la route vers la demeure des Mikaelson. Je grillai deux feux avant d'atteindre la maison, mais je n'y accordai aucune importance.
J'entrai même sans frapper. J'étais bien trop tendue et impatiente. J'espérais sincèrement que Stefan eût été le seul à ne pas se réveiller...
J'arrivai dans le salon et une tête blonde que je reconnaîtrais entre mille me fonça dans les bras.

Caroline : Kathleen !! Oh, Dieu merci, tu n'as rien ! Dès qu'Elijah est rentré, il nous a raconté ce que vous avez enduré pour nous sauver, et comme je ne te voyais pas, je me faisais un sang d'encre !!

Moi : J'avais tellement peur que tu ne te sois pas réveillée ! Comment tu vas ?

Caroline : Engourdie de ne pas avoir vraiment pu bouger ces derniers temps, mais sinon je suis en pleine forme ! Et toi ? Raconte moi tout, je veux les détails, pour avoir une idée de ce que vous avez traversé.

Moi : Je croyais qu'Elijah...

Caroline : C'était les grandes lignes, donc hyper concis, et je préfère les longues histoires.

Moi : D'accord, mais après c'est ton tour. Je veux savoir ce que ces Sentinelles de Satan vous ont fait subir.

Caroline : Ok, on monte ?

Moi : Je vais d'abord saluer Klaus. Il est où ?

Caroline : Dans la cuisine, avec Elijah. Je crois qu'ils parlent avec Rebekah au téléphone.

Nous y allâmes, et, en effet, les deux originels étaient scotchés au portable, discutant avec leur sœur.
Je parvins à entendre le gros de la conversation, et il était visiblement question du retour de Rebekah et de Kol à Mystic Falls pour se retrouver en famille.
Une fois Klaus salué, Caroline et moi montâmes à l'étage et je commençai mon récit. Mon amie se révolta à la description du mode de vie dans le Royaume des Ombres.

Caroline : Ils n'ont aucune empathie ou un truc dans le genre là-bas ?

Moi : Pas vraiment, non. C'est tous des malades mentaux.

Caroline : Et... Vous y êtes restés longtemps ?

Moi : Je sais pas. Un mois, peut-être plus. Trop longtemps, en tout cas. Bonnie n'était plus la même personne parfois, elle a vécu encore pire les fois précédentes...

Caroline : Elle est où, au fait ? C'est étonnant qu'elle ne soit pas venue avec toi.

Moi : Elle est avec Enzo. Tu sais, c'est grâce à lui qu'elle a tenu cette fois-ci. Elle avait besoin de le voir, et je pense que c'est pareil pour lui.

Caroline :  Heureusement que maintenant elle l'a lui. Ça doit faire du bien.

Moi : Ouais... D'ailleurs, Caroline, j'ai un truc à t'annoncer...

Son expression changea du tout au tout. L'inquiétude se lisait dans ses yeux.

Moi : Stefan... Ne s'est pas réveillé.

Son visage se décomposa instantanément et l'angoisse s'empara d'elle.

Caroline : C-comment ça ? Il...

Moi : Il est mort.

Caroline : Il est...

Sa voix s'éteignit avant qu'elle reprenne :

Caroline : Non. Il ne peut pas... Mais on a ramené Klaus à la vie, on peut...! Kathleen, c'est Stefan, pourquoi tu me regardes comme ça ?

Moi : Charlotte a éteint son humanité et est partie.

Caroline se mit à pleurer, d'abord doucement puis les larmes vinrent à flots.
Ma gorge se noua. Je la pris dans mes bras pour tenter de la calmer un peu, mais rien n'y fit. Elle était bouleversée par la nouvelle, presqu'autant que Charlotte.

Caroline : Qu'est-ce qu'on va faire, Kathleen ?

Moi : On verra bien. On avisera.

Caroline : Et Damon ? Est-ce qu'il a aussi...?

Moi : Non. Pas encore. Écoute, avec Bonnie, on espère trouver quelque chose pour ramener Stefan, mais on ne s'attend pas à une réussite. Il est mort à cause des Sentinelles, les êtres les plus puissants de l'Univers. Ça va pas être facile. Mais on essaiera. Quant à Charlotte... Eh bien on peut peut-être la laisser comme ça quelques temps.

Caroline : Pourquoi ?

Moi : Parce qu'elle a besoin de souffler.

Caroline : Elle n'a pas le droit de faire taire ses émotions, Stefan mérite mieux que ça ! Et sans elle, on pourra difficilement le ramener, c'est sûr !!

Moi : Certes, ce n'est pas la meilleure solution. Et si, elle en a le droit. On trouvera le moyen de la faire revenir, mais pas maintenant.

Caroline : Qu'est-ce qu'on va faire, alors ? répéta-t-elle.

Moi : Pour l'instant, on se repose tous. Et, comme je l'ai déjà dit, ensuite on avisera. D'accord ?

Caroline : Tu veux rentrer et te reposer ou sortir te changer les idées ?

Moi : Tu rigoles ? Sortons ! J'ai passé un mois à déprimer sous un soleil écarlate, je veux profiter de notre beau ciel bleu !

J'envoyai un message à Bonnie au cas où elle voudrait nous rejoindre :
«Va dire au revoir à ton cher et tendre, on part fêter notre retour !».
Un grand sourire étira mes lèvres et je sortis de la pièce avec la vampire.

Caroline : On va en ville ! cria-t-elle du haut des escaliers à l'intention de Klaus et d'Elijah.

Klaus fit mine d'être vexé d'être ainsi abandonné, mais embrassa la jeune femme avant qu'elle ne franchisse le seuil du manoir.

Klaus : Revenez avant demain, quand même. Vous ne voudriez pas manquer d'accueillir Rebekah et Kol.

Caroline : Ils arrivent quand ?

Klaus : Dans la soirée. Rejoignez-nous au Mystic Grill quand je t'envoie un message.

Caroline : Ça marche !

Et nous partîmes sous le magnifique soleil de notre magnifique dimension.

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Pdv Elijah

Caroline et Kathleen avaient quitté le manoir depuis maintenant deux heures.
J'étais assis dans le séjour, à regarder Niklaus faire les cent pas autour de la table basse. Il me décrivait l'enfer qu'il avait vécu dans cette prison infernale, les souffrances psychiques qui étaient devenues physiques tellement sa torture avait été impitoyable. Les Sentinelles l'avaient forcé à se remémorer chacun de ses méfaits depuis l'aube de son existence et l'avaient malmené jusqu'à ce qu'il associe une douleur sans nom à l'envie de tuer. Ce bourrage de crâne était évidemment inutile lorsqu'il s'agissait de Klaus, mais à ma plus grande surprise, je perçus dans son discours une pointe de culpabilité à l'évocation de ses péchés. Les Sentinelles avaient-elles réussi à obtenir sa rédemption...?

Klaus : Toutes ces images qu'elles invoquaient dans mon esprit, toute cette haine qu'elles faisaient ressurgir... Ça ne faisait que renforcer mon désir de vengeance. Je trouverai le moyen de leur faire payer ce qu'elles m'ont infligé. Tôt ou tard. Je serai patient, s'il le faut.

Mon infime lueur d'espoir s'éteignit. Il était toujours lui-même.

Moi : Il ne serait pas prudent de se mesurer à elles, surtout qu'à l'heure qu'il est, elles doivent chercher un moyen d'atteindre notre dimension pour nous tuer. Un conseil, mon frère ; pour une fois, laisse tomber la vengeance.

Klaus : Laisser tomber ?! Tu rigoles, j'espère ! Elles s'en sont pris à Caroline ! A moi ! J'attendrai le temps qu'il faudra pour pouvoir les réduire à néant  !

Moi : Elles sont immortelles, invulnérables, et peuvent littéralement faire ce qu'elles veulent. Tu ne fais pas le poids, si nous sommes en vie aujourd'hui c'est un miracle - un simple coup de chance. Si Charlotte n'avait pas risqué sa vie pour aller me chercher, je serais aux ordres de ces monstres. Niklaus, rends-toi compte de ça ; moi, un Originel, réduit au rang d'esclave !

Klaus : Raison de plus pour leur faire mordre la poussière ! On n'a qu'à demander à Rebekah et à Kol de ramener une sorcière du Vieux Carré avec eux, on pourra ensuite...

Moi : On ne fera rien, Niklaus ! Tu m'entends ? Du moins pas avant très, très longtemps. S'il te plaît.

Je vis son visage se fermer, signe qu'il pesait le pour et le contre, puis il acquiesça avant de me promettre qu'il ne ferait rien d'imprudent. Ce n'était pas exactement ce que j'avais demandé, mais je saurais m'en contenter.
Il s'assit en face de moi.

Klaus : Alors, à ton tour. Dis-moi ce que tu as traversé en mon absence. Comment s'est déroulé ce nouveau séjour au Royaume des Ombres ?

Moi : Il n'y a rien à dire. Ça n'a absolument pas changé, on était chez Maxence.

Klaus : Tu vas uniquement me dire ça ? J'attends plus de développement, mon frère.

Je soupirai.

Moi : Que veux-tu que je te raconte ?

Klaus : Les passages intéressants.

Moi : Qu'est-ce qui pourrait bien t'intéresser ? Tu aimerais que je te conte la poésie des marchands d'esclaves ? Ou bien peut-être que tu veux que je te décrive la beauté des femmes battues et violentées sous le nez de tous pour le plaisir des plus riches ?

Klaus : Pitié, mon frère, tu sais parfaitement que tout cela me répugne autant que cela te scandalise. Je parlais de Charlotte !

Moi : Là encore, il n'y a rien à dire, mentis-je.

Klaus : T'es vraiment pas crédible. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu lui as fait une déclaration ? Non, mieux, tu l'as embrassée ?

Je détournai le regard, puis me levai pour à mon tour faire les cent pas.
Mon frère me regardait d'un œil amusé.

Moi : Je ne vois pas pourquoi cela t'intéresse, répondis-je avec moins d'assurance que voulu.

Klaus : Ah, donc il s'est bien passé quelque chose !

Moi : J'ai fait les deux. Je lui ai avoué et je l'ai embrassée, déclarai-je en passant une main sur mon visage en soufflant.

Niklaus afficha un sourire triomphant.

Klaus : Hallelujah, alertez les médias, Elijah a avoué ! Je te félicite, mon frère. Mais, à en juger par ta tête, elle l'a mal pris, c'est ça ?

Moi : Je me suis pris un refus magistral.

Mon frère fronça les sourcils.

Klaus : Elle a dit non à un Originel ? Mais quelle outrecuidance ! Bah, elle n'est pas faite pour toi, de toute façon. Elle t'a fait gagner du temps !

Ma gorge se noua, pour une raison inconnue. Les paroles de Niklaus me déplaisaient, mais il était hors de question qu'il le sache.

Moi : Si tu le dis. Je vais me reposer, je suis exténué.

Klaus acquiesça et je montai à l'étage regagner ma chambre. Cette pièce m'avait étrangement manqué durant mon séjour au Royaume des Ombres. C'était parfois bon de retrouver un semblant de routine.
Je me posai sur le matelas dans un souffle. Je n'étais pas prêt de recommencer une aventure comme celle-ci. Ni maintenant, ni jamais. Si seulement on pouvait ne pas avoir de trop gros problèmes pendant quelques temps, ce serait l'idéal.
Je devrais me sentir davantage réjoui d'être de retour - davantage soulagé. Mais mon esprit n'était toujours pas tranquille, comme si... Comme si la lourde atmosphère de l'Enfer nous avait suivis, métaphoriquement parlant.
Les Sentinelles trouveraient sûrement un moyen de rétablir leur "justice", à notre détriment, tout cela parce que Charlotte m'avait arraché à un bien funeste destin... Et, quand ça arriverait, on mourrait très  certainement, tous autant que nous étions. Parce qu'elles n'auraient aucune pitié.
Je réfléchis à un moyen de les tenir éloignées le plus longtemps possible - pour toujours serait la durée parfaite - mais rien à faire : je ne voyais pas de solution miracle. 
Mes pensées dérivèrent malencontreusement vers Charlotte, et le fait qu'elle avait éteint son humanité. Stefan était tout pour elle, il était la seule lueur d'espoir qui l'avait faite tenir durant ce dernier mois. Sa mort la bouleverserait à jamais, il était impossible qu'elle s'en remette un jour... Et je n'étais pas certain qu'elle veuille ressentir cet énorme vide dans sa poitrine. Je craignais le pire, qu'elle demeure sans émotion jusqu'à la fin de ses jours. Je ne pouvais pas la laisser faire ça, la laisser devenir quelqu'un qu'elle n'était pas, la laisser passer à côté d'un monde qui avait tant à offrir... Mais je ne voyais pas ce que je pouvais faire pour l'aider à revenir.
Et puis, comme les autres l'avaient dit, c'était peut-être mieux de la laisser pour le moment. Tout ce dont j'avais besoin pour le moment, c'était de me rassurer à son propos, et de m'assurer qu'elle ne fasse rien qu'elle pourrait regretter si jamais par miracle elle ranimait son humanité. Et le seul et unique moyen était de la trouver.  Je sortis donc du manoir d'un pas décidé, à la recherche de l'hérétique.
J'éliminai déjà la pension Salvatore de la liste des endroits où chercher ; cela m'étonnerait qu'elle soit là où les gens souhaitant faire revenir son humanité la trouveraient facilement. Le problème était que je n'avais aucune idée de l'endroit où elle pouvait être. À son ancienne maison, qu'elle habitait lorsqu'elle était encore humaine ? Non, trop évident. Elle devait sûrement errer de ville en ville pour éviter qu'on la retrouve... Mais peut-être laissait-elle des indices involontairement ? Peut-être s'était-elle nourrie à plusieurs reprises et que je pouvais remonter la piste ? Les larbins de Klaus savaient tout sur tout le monde, ça pouvait m'être utile...
J'allai au Mystic Grill, justement le repère favori de l'un d'eux. Il buvait un verre au bar et se tourna en m'entendant arriver. Il déglutit avant d'essayer de reprendre un minimum d'assurance.

? : Monsieur Mikaelson.

Je m'assis à sa table, face à lui. Il tremblait comme une feuille, ce qui m'indiqua que mon interlocuteur était du rang des peureux.
Je plantai mes yeux dans les siens et ne posai qu'une simple question, la plus claire possible :

Moi : As-tu vu une hérétique blonde, d'environ un mètre soixante, sans humanité ?

? : Non, personne. Je vous préviendrai si je la vois.

Moi : Demande à tes contacts s'ils ne l'auraient pas vue. Je veux savoir où elle est dans les plus brefs délais, autrement dit avant que le soleil se lève. 

Il acquiesça rapidement et je m'en allai aussi vite que j'étais arrivé. Je n'eus à attendre qu'une demi heure pour qu'un autre pion de Niklaus vienne à moi, porteur d'informations précieuses. Sa toile d'espions était vraiment efficace.

? : La fille que vous cherchez a été vue récemment dans la banlieue de Whitmore.

Qu'est ce qu'elle pouvait bien faire là-bas ? Quoique, ça m'importait peu, il fallait que je m'y rende au plus vite.
J'arrêtai la première voiture que je croisai et hypnotisai sa conductrice pour qu'elle me laisse la lui emprunter. J'aurais pu retourner chez moi prendre la mienne, mais cela aurait été une perte de temps.
Je roulai jusqu'à Whitmore, et ce ne fut qu'une fois arrivé que je me rendis compte de la vitesse à laquelle j'avais conduit. Encore une fois, peu importait.
L'odeur du sang attira mon attention. Génial. En m'approchant de la source d'hémoglobine, je pris conscience qu'une petite dizaine de corps gisait à la vue de tous dans un coin de rue. En examinant les cous, je compris à quel point Charlotte se sentait mal, même sans émotion. Les morsures étaient béantes, et si profondes qu'on pouvait presque voir un morceau de colonne vertébrale. Elle ne s'était en aucun cas appliquée; cette boucherie n'était que le reflet de son désespoir.
Je devais la retrouver avant que la situation n'empire. Elle ne devait surtout pas se faire attraper pour ces meurtres, et arrêter ses tueries.
J'hypnotisai un passant pour qu'il se débarrasse des corps pendant que je remontai la piste jusqu'à un quartier résidentiel non loin du campus de l'université. Il y avait du sang par ci par là, sur les trottoirs, les boîtes aux lettres, les feuilles des haies... Mais je ne voyais toujours pas de longs cheveux blonds.

Moi : Charloootte !! finis-je par m'égosiller.

Charlotte : Génial. Te revoilà. Tu veux participer ? demanda-t-elle en arrivant derrière moi.

Son ton agacé me fit l'effet d'un coup de pieu dans le cœur. Je savais dans quel état j'allais la retrouver, mais je n'étais malgré tout pas préparé à l'entendre me parler avec cette voix-là.

Moi : Charlotte. Je comprends pourquoi tu as fait taire tes émotions... Mais pourquoi t'en prends-tu à des innocents ?

Elle leva les yeux au ciel avant de m'adresser son regard le plus dur.

Charlotte : Ça me paraît évident. Je suis un prédateur, ils sont mes proies. La chaîne alimentaire, ça te parle ?

Moi : Ce n'est pas toi.

Charlotte : Ne fais pas comme si tu me connaissais. Et tu ne vaux pas mieux que moi, avec tous les massacres que tu as commis.

Moi : Ne te compare pas à moi, c'est de toi qu'on parle, de ta bienveillance envers les gens, de ta générosité, de ton sens du pardon et de ta...

Charlotte : Oh, tais-toi. À t'entendre je suis un petit ange tombé du ciel, un vrai joyau de pureté ! Navrée de te décevoir. Je sais que tu m'adores, mais il va falloir que tu tournes la page parce que de toute évidence tu n'aimes pas ce que je suis devenu.

Moi : Tout le monde s'inquiète pour toi à Mystic Falls.

Charlotte : Eh bien, fais comme eux et inquiète toi loin de moi. J'ai pas besoin que tu gâches ma vie encore une fois.

Moi : Charlotte, tu ne vas pas bien, tu as besoin d'aide. Laisse-moi te...

Charlotte : Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "loin de moi" ? Dégage ! Fous-moi la paix !

Moi : Tu ne fais même pas d'effort pour te cacher des humains, tu pourrais te faire capturer et...

Charlotte : Je t'ai dit de FOUTRE LE CAMP !! hurla-t-elle en déclenchant une bourrasque d'énergie qui me projeta à terre.

Je sentis quelques-uns de mes os se briser mais me relevai pour lui faire face à nouveau.

Moi : Ça ne va t'aider en rien de faire tout ça.

Charlotte : J'en ai rien à cirer, je ne t'ai rien demandé hormis de dégager, ce que tu n'es apparemment pas en mesure de comprendre !

Elle m'envoya valser de nouveau, et ma tête se heurta à un pare-choc d'une voiture garée là.

Je ne savais pas si je devais la laisser ou insister. Si j'insistais, je devais riposter pour la faire se calmer et la raisonner au mieux. Cela impliquait aussi de la blesser... Mais si je la laissais tout simplement tomber, là, maintenant, je l'abandonnais à ses pulsions meurtrières, et au vu de son manque de précautions je ne donnerais pas cher de sa peau... Elle avait beau être une puissante hérétique, elle serait bientôt dépassée par les forces de l'ordre si elles arrivaient en masse.

Charlotte : Arrête de vouloir me sauver et abandonne. Je resterai comme je suis aussi longtemps que je le voudrais.

Moi  : Tu vas surtout te faire tuer à agir de la sorte.

Elle lança un nouveau sort qui me comprima la poitrine. Mon cœur s'affola et ma respiration devint saccadée.
Son regard était vide. Cela ne l'atteignait pas de me faire du mal.

Moi : Charlotte, s'il... Te plaît..., suffoquai-je.

Charlotte : Un conseil, Elijah. Quand un affrontement est engagé, il vaut mieux essayer de mettre son adversaire K.O. au lieu de se laisser faire. C'est comme ça qu'on perd.

Moi : J'ai pas envie de me battre contre toi.

Charlotte : Quoi, tu as peur de me faire du mal, c'est ça ? Oh mais t'en fais pas, tu m'en as déjà fait, et je t'en ai fait baver aussi. Tu ne veux vraiment pas riposter et me faire regretter de t'avoir fait souffrir ?

Moi : On sait tous les deux que, là, maintenant, tu ne le regretteras pas.

Charlotte : C'est toi qui le regretteras si tu restes ici à me faire la morale. Si je suis partie, c'est pas pour me faire suivre.

Elle jeta un énième sort, qui me fit me tordre de douleur.
C'était peut-être une mauvaise idée de venir, au final.
Peut-être qu'ils avaient raison...
Je me relevai avec difficulté et m'éloignai. Sans me retourner. Elle ne dit rien, je fis de même.
Et je partis, tout simplement, l'abandonnant à sa détresse contre mon gré.

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