Chapitre 11

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PDV Bonnie

Moi : Bon sang, Bonnie Bennett, dors !

Il était aux environs de quatre heures du matin, et impossible de fermer l'œil. Pourtant, les rideaux étaient clos, empêchant la lumière aveuglante de l'astre rouge d'entrer dans la pièce. Non, ce qui me gardait éveillée était les derniers événements que nous avions vécus. Nous allions être obligés de nous séparer d'Elijah pour sauver tout le monde. Ça ne laisserait personne indemne, et Klaus voudrait notre mort dès que nous serions de retour pour avoir fait sacrifier son frère. Certes, c'était Elijah qui en avait décidé ainsi, mais l'hybride originel ne voudrait rien entendre. Il nous tiendrait pour responsables, quand bien même nous ne pouvions rien contre un Originel - borné, qui plus est. Et, même si on oubliait l'hybride, la décision du vampire allait à coup sûr énormément heurter Charlotte. Elle avait beau répéter qu'elle était un monstre et qu'elle s'en voulait, qu'elle n'aurait pas dû laisser Elijah l'embrasser, personne n'était dupe. Elle était en train de tomber amoureuse de lui, si ça n'était pas déjà le cas. Cette histoire ne lui apporterait pas que du bien si elle continuait sur cette lancée. Au contraire. Ça allait être l'enfer au manoir, et ça finirait sûrement très mal.

Abandonnant l'idée de trouver le sommeil, je me levai et descendis une volée de marches pour atteindre une salle de bain pour me rafraîchir. J'avais chaud tout à coup. Sûrement une réaction dûe au stress. Je croisai une domestique, mais ne fis pas attention à elle et entrai dans la salle de bain. Je posai deux mains sur le rebord du lavabo et pris une profonde inspiration.

Moi : Respire, Bonnie, respire.

J'évitai mon regard dans la glace et ouvris le robinet. Je me passai de l'eau sur le visage.

Une fois. Deux fois. Trois, quatre, dix fois.

Je le refermai et me laissai glisser contre le mur en tentant de me calmer. La domestique bougea les lèvres, mais je n'entendais plus rien. Plus rien, excepté mon pauvre cœur qui s'affolait.

La domestique sortit. J'inspirai bruyamment. Puis j'expirai le plus calmement possible.

Je recommençai le processus.

Encore.

Voilà, j'y étais presque.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas été confrontée à une crise de ce genre-là. C'était, je pense, grâce à la présence d'Enzo.

Je continuai d'essayer de me calmer jusqu'à y arriver totalement.

C'était lui la clef. Enzo.

J'allais beaucoup mieux maintenant que je savais que je le reverrais très bientôt.

Je me relevai et retournai dans la chambre que j'occupais, tout en essayant d'être discrète pour ne réveiller personne. Même si je doutais que mes amis soient plus chanceux que moi niveau sommeil...

Je m'allongeai sur le lit en soufflant. J'avais hâte de rentrer. J'avais besoin de retrouver Mystic Falls, et tout le monde. Ils me manquaient.

Deux ou trois heures passèrent, pendant lesquelles je ne fis rien hormis penser.

On frappa soudain à ma porte.

J'allai ouvrir et fis face à la domestique que j'avais croisée tout à l'heure dans la salle de bain. Elle tenait un plateau déjeuner entre les mains. Kathleen était sur ses talons.

Moi : Bonjour, dis-je d'une voix soudainement ensommeillée. Merci, ajoutai-je en désignant le plateau.

Domestique : Pas de quoi. Je me suis dit que vous aimeriez manger plus tôt, vous aviez l'air... Mal en point.

Moi : Ça va mieux, ne vous en faites pas pour ça, la remerciai-je en prenant le plateau.

Elle s'en alla et la brune rentra dans la pièce avant que je referme la porte.

Kathleen : Comment tu te sens ?

Moi : Je viens de dire que ça allait mieux.

Kathleen : Raconte.

Moi : Pourquoi tu ne me crois pas ?

Kathleen : Parce que tu n'es pas crédible et que je te connais, dit-elle en s'asseyant sur le matelas, et m'invitant à faire de même.

Je soupirai.

Moi : J'ai fait un semblant de crise d'angoisse dans la salle de bain de l'étage du dessous. Mais c'est passé, ne t'en fais pas.

Kathleen : Tu en es sûre ?

Moi : Oui. Ça n'arrive pas souvent. Ça ira mieux quand on sera rentrés.

Kathleen : Je suis désolée. On a une vie de dingue. Tu mérites plus de calme et de tranquillité.

Moi : T'y es pour rien, pourquoi tu t'excuses ?

Kathleen : Comme ça, dit-elle en haussant les épaules.

Elle vint s'asseoir à côté de moi, tandis que la gentille servante partit, nous laissant discuter et déjeuner en toute tranquillité.

Moi : Ça va nous apporter énormément de problèmes le sacrifice d'Elijah.

Kathleen : C'est son choix, et, crois-moi, on ferait mieux de le respecter.

Moi : C'est pas lui qui aura à subir les foudres du grand méchant Klaus, une fois qu'il sera libéré ! me plaignai-je avant de mordre dans un pain au chocolat. Sans compter que Charlotte sera invivable !

Kathleen : Elle aura Stefan, ça va aller.

Moi : Tu te rends compte de ce qui se passe ? C'est trop tard pour dire que je ne ferai pas ma commère, mais elle va devoir choisir ! Parce que tu l'as vu comme moi, elle a Elijah dans la peau, et ce malgré son amour intact pour Stefan !

Kathleen : Si Elijah est sacrifié, le problème est réglé. Elle n'aura qu'à faire son deuil et voilà.

Moi : Je ne suis pas certaine que ce soit aussi simple pour elle. Enfin bon... Ce ne sont pas nos affaires, ça ne nous regarde pas. Un croissant ?

Elle accepta et nous essayâmes de discuter d'autre chose pour nous changer les idées.

Kathleen : Tu as une idée de ce qu'on pourrait faire pour s'occuper, d'ici après-demain ?

Moi : Kathleen, on est en Enfer, que veux-tu qu'on fasse ? Du tourisme ? Où qu'on aille, on verra des esclaves se faire maltraiter, des brutes de démons s'en prendre aux plus faibles...

Kathleen : Ça va, j'ai compris, on peut oublier les activités de plein air.

Moi : Je crois que je vais continuer de déprimer jusqu'à ce qu'on parte.

Kathleen : Super. Je vais me tourner vers le dessin alors, si tu ne veux rien faire.

Moi : Je vais peut-être m'entraîner. On ne sait jamais, j'aurai peut-être besoin de mes pouvoirs d'ici à ce qu'on revoit les Sentinelles.

Elle acquiesça et se leva pour s'avancer vers la porte.

Kathleen : Je te laisse à ton entraînement alors.

Une fois mon amie partie, je me dirigeai vers la fenêtre pour fermer les rideaux de velours.

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PDV Charlotte

Je me levai ce matin après ne pas avoir réussi à fermer l'œil de la nuit. Il devait être aux alentours de midi; la luminosité du soleil rougeâtre ayant moins de mal à traverser les épais rideaux de la chambre. À vrai dire, je me fichais complètement de l'heure qu'il pouvait être, du temps qu'il faisait, et de si j'allais mourir aujourd'hui ou non. Je me sentais épuisée, un état d'esprit qui se traduisait physiquement par des traits tirés et un air maussade sur le visage. J'étais en colère, aussi. En colère parce qu'ils n'avaient pas cherché autre chose qu'un sacrifice, et en colère parce que je ne pouvais rien y faire.

Je fermai les yeux, essayant de cesser de penser quelques secondes. J'aimerais tellement avoir un peu de calme. C'était horrible, mon cerveau n'arrêtait pas de me faire réfléchir ! Je repensais à tout, à Mystic Falls, à mes amis, à Stefan... Aux choix que j'aurais pu faire si j'avais réfléchi autrement.

Soudain, sans prévenir, je décidai que je devenais trop morose et me levai pour aller saluer les filles. J'étais peut-être en désaccord avec leur décision, mais je n'allais pas bouder pour autant.

Je sortis de la chambre et allai vers celle de Bonnie en premier. Sa porte était grande ouverte, aussi j'entrai sans frapper.

Moi : Bonj... Bah dit donc, t'es motivée, aujourd'hui !

Bonnie : Salut. J'ai du temps à tuer, et ça m'empêche de ruminer.

Mon amie sorcière s'était attelée à la noble tâche d'exercer sa magie. Et elle n'y allait pas de main morte ; les objets de la pièce subissaient un bien funeste sort. Soit ils se retrouvaient projetés contre un mur, finissant en miettes, soit incendiés, ou encore transformés en quelque chose d'autre. Inutile de préciser que la chambre était sans dessus dessous.

Moi : Pourquoi tu t'énerves sur ce pauvre coussin, il ne t'a rien fait !

Bonnie : Tout ce qui se trouve dans ce palais appartenait à Maxence, une ordure sur pattes. J'extériorise ma haine envers ce type.

Moi : Tu penses vraiment que c'est le bon moyen de t'entraîner ?

Bonnie : J'en sais rien rien, mais ça défoule. Tu te joins à moi ?

Moi : Si tu veux. On ne peut pas dire qu'il y ait autre chose à faire, de toute façon.

Bonnie : Tu sais, ce qu'Elijah a décidé est de loin la plus supportable des solutions, et...

Moi : Tu me montres un nouveau sort ? la coupai-je précipitamment pour ne pas avoir à penser au sacrifice de l'Originel.

Bonnie : Éviter le sujet ne t'aidera pas.

Moi : Peut-être, mais au moins je ne vais pas me mettre à déprimer alors qu'il ne s'est encore rien produit.

Après une pause, j'ajoutai ;

Moi : Est-ce qu'on peut se téléporter grâce à la magie ?

Bonnie : Il faut beaucoup de puissance, mais oui. Pourquoi ?

Moi : Pour rien. Je t'ai demandé de m'apprendre un nouveau sort.

En réalité, une idée venait de germer dans mon esprit, mais je comptais bien la garder pour moi.

Bonnie : Comme tu voudras.

Elle commença à m'expliquer le fonctionnement du sort, et je l'écoutai attentivement.

Pour l'exécuter, il fallait faire le vide dans son esprit - ce qui était déjà très difficile quand on était un moulin à pensées comme moi - et puiser dans ses pouvoirs, mais aussi dans ceux d'une source à proximité, et visualiser une autre source à proximité de l'endroit où on souhaitait se matérialiser. Par source, Bonnie entendait un être surnaturel, ou un objet magique ou astral. Une fois ces deux étapes réalisées, il fallait s'attendre à sentir le sol se dérober sous ses pieds, alors qu'en réalité, notre corps se dématérialisait, tout simplement.

Bonnie : Mais si tu veux emmener d'autres personnes avec toi, il vaut mieux être plusieurs pour jeter le sort. Le plus gros risque serait de ne pas se rematérialiser correctement, voire pas du tout.

Moi : T'as déjà réussi, toi ?

Bonnie : Je n'ai jamais essayé à proprement parler. J'ai peur de ne pas y arriver, et crois-moi, tu n'as pas envie de te retrouver avec une jambe à un endroit, et la deuxième à des kilomètres plus loin.

Moi : Donc tu me laisseras essayer, oui ou non ?

Bonnie : Charlotte, on est littéralement en Enfer, et des entités immortelles superpuissantes nous surveillent. Tu penses vraiment qu'on peut faire tout ce qu'on veut jusqu'à après-demain ? Si on faisait ne serait-ce qu'un geste ressemblant à une tentative d'évasion, les Sentinelles croiraient qu'on essaie de regagner notre dimension tous les quatre, sains et saufs. La réponse est donc non. C'est bien pour ça que je ne te donne pas la formule magique, d'ailleurs. Tu ne peux rien faire sans la formule. Tu crois que je n'ai pas remarqué ton regard quand tu as parlé de téléportation ? Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, mais un conseil; ne fais rien, au cas où ce serait imprudent ou foireux.

Moi : Moi au moins, j'essaie de faire quelque chose.

Bonnie : J'ai l'impression que tu ne te rends pas compte de qui sont nos adversaires, ni de l'endroit où on se trouve.

Moi : Si, je m'en rends compte, mais je n'ai pas envie de rester là à ne rien faire.

Bonnie : Elles peuvent nous faire subir littéralement tout ce qu'elles veulent. C'est un miracle qu'elles ne nous aient pas réduits en miettes hier soir. Et je ne serais pas étonnée d'apprendre que certains de nos amis soient morts par leur faute.

Moi : Ok, donc on doit rester à ne rien faire ? C'est ça ta solution miracle ?

Bonnie : On n'a pas le choix. C'est ça, ou tout le monde y reste.

Alors je me murai dans le silence. Je réfléchis au semblant de plan qui m'était venu à l'esprit en demandant si la téléportation était possible. Puisqu'elle ne voulait pas agir, très bien, c'était son choix. Pas le mien.

La sorcière continua de s'entraîner en silence pendant que le plan se perfectionnait au fil des minutes dans ma tête.

Bonnie : Tout va bien ? finit-elle par demander, après une vingtaine de minutes passées à royalement s'ignorer l'une l'autre.

Moi : Super, répondis-je en me levant, prête à quitter la pièce.

Bonnie : C'est encore à propos du sacrifice ? Souffla-t-elle.

Moi : Je t'ai dit que tout allait bien. On va récupérer nos amis. Vous aviez raison; une vie n'en vaut pas cent. Un mal pour un bien.

Elle m'adressa un regard interloqué.

Bonnie : Je ne pensais pas que tu changerais d'avis... Mais c'est pas une mauvaise chose, dit-elle dans un sourire mi-inquiet mi-content.

Si seulement elle savait que je n'avais absolument pas changé d'avis. Juste, elle ne le saurait pas pour l'instant.

Moi : Je vais voir si les autres sont disposés à me parler. Continue de t'entraîner, on ne sait jamais.

Bonnie : Bye !

Je refermai la porte et allai m'enfermer dans ma chambre. Je tirai les rideaux, afin de m'assurer de pas être vue de l'extérieur. Je ne savais pas où se trouvaient Kathleen et Elijah, mais je ne voulais pas qu'ils tombent sur moi maintenant. Je scellai ma serrure d'un sort pour la même raison. Puis je pus enfin rassembler mes idées.

Je réfléchis à comment on pourrait procéder afin que ça ne loupe pas. Mais le problème était qu'aucun d'eux ne serait d'accord. Il faudrait que je gère ça seule.

Mon plan ne comportait pas beaucoup d'étapes. Je comptais bien accompagner les autres lors de l'échange pour sauver la lignée de Klaus. L'échange aurait bien lieu, on rentrerait sans Elijah, et nos amis seraient sauvés. Mais avant de franchir le portail pour revenir dans notre dimension, je me téléporterais pour récupérer Elijah et le ramènerais à la maison. Ça, c'était la version "si tout se passe comme prévu". Seulement, pour que cela fonctionne, je devais m'exercer.

Je commençai à réfléchir à toutes les formules que j'ai pu apprendre au cours de ces dernières années, à n'importe quel truc qui pourrait me mener sur la bonne voie. J'aimais Bonnie, bien que nous étions en désaccord à ce moment-là, mais en cet instant je la maudissais pour ne pas m'avoir indiqué la formule. J'aurais vraiment l'air bête si je me foirais bien proprement en essayant de me téléporter.

Moi : Allez, Charlotte, réfléchis, réfléchis... Fais fonctionner ton cerveau...

Quelques mois après ma transformation en vampire, Klaus me pourchassait pour se venger de la raclée que je lui avais mise. Il l'avait bien cherché; il avait essayé de nous tuer, Stefan et moi ! Mon âme-sœur avait voulu m'envoyer le plus loin possible pour me protéger... Autrement dit, j'avais atterri en Russie, à l'autre bout de la planète. Comment avais-je réussi à atteindre ce pays en moins de dix minutes ? Bonnie m'avait montré comment ouvrir un portail. Il me suffisait de me souvenir de la formule qu'elle m'avait apprise...

Arg, mais c'était il y a plusieurs années, et je ne l'avais entendue qu'une fois de sa bouche ! Comment pouvais-je m'en souvenir ? Il faudrait réussir à entrer dans ma tête, mais est-ce que je pouvais faire ça seule ? Je n'en avais aucune idée...

Moi : Momento, Charlotte, momento !

Je creusai un peu plus dans ma mémoire, essayant tour à tour de me souvenir de Bonnie m'expliquant le sort puis de moi ouvrant le portail. Je parvins à reconstituer approximativement les deux scènes, je voyais bien la magie opérer, mais impossible de mettre le doigt sur la formule magique. Je me remémorais parfaitement les gestes, le baiser d'adieu que j'avais échangé avec Stefan avant de sauter dans le vide...

Stefan ! Peut-être qu'il se souvenait de la formule, lui !

Moi : Charlotte, tu mériterais la médaille d'or de la stupidité ! Son esprit a quitté son corps et est retenu prisonnier des Sentinelles, tu l'avais oublié ? C'est pour ça que tu es là !

J'avais vraiment touché le fond, je parlais toute seule. Mais je n'étais peut-être pas si stupide que ça... Peut-être que je pouvais entrer en contact avec l'esprit de Stefan...

Non pas que je n'avais pas encore essayé, bien au contraire. Depuis le début de cette histoire, j'essayais d'établir un quelconque contact, d'obtenir un infime signe qu'il était vivant. Sans résultat. Mais aujourd'hui, il fallait que je réussisse.

J'essayai de calmer mon esprit afin de faciliter une potentielle mise en contact. J'essayai encore et encore pendant des minutes interminables, et lorsque j'étais sur le point d'y arriver, je le savais, je le sentais, je me fis interrompre par la porte de ma chambre qui s'ouvrit.

Moi : C'est pas vrai ça, je l'avais verrouillée par un sort !

Je fis volte face et tombai nez à nez avec une Bonnie mécontente et un Elijah qui faisait la tronche. Eh bien comme ça, on serait trois à être mal lunés.

Moi : Quoi ? demandai-je sèchement. Qu'est-ce que vous venez faire ici ?

Bonnie : Dis-nous ce que tu as l'intention de faire.

Moi : Tu m'as dit de passer le temps, et c'est ce que je fais. Et je préfère le faire seule.

Bonnie : Ne me prends pas pour une gourde, tu m'as demandé comment exécuter un sort de téléportation et tu t'enfermes seule dans une pièce. Tu essaies de retrouver les autres pour les libérer sans qu'on ait à faire l'échange, c'est ça ?

Moi : Absolument pas, répondis-je avec sincérité.

Je ne pouvais pas mentir; mon plan était tout autre.

J'étais tout de même tendue. Pas tant à cause de Bonnie qui me criait dessus, mais plutôt à cause du regard qu'Elijah m'adressait. Il n'avait encore rien dit, et je m'attendais à un tsunami dans cinq, quatre, trois...

Elijah : Tu es complètement insensée. Le choix est déjà fait, alors il n'y a rien d'autre à dire. Je me livre à elles, tout le monde reste en vie, point.

Moi : Toi, tu es insensé ! Je refuse, tu entends, je refuse de te laisser faire ça ! Tu vas rentrer sur Terre, à Mystic Falls, avec nous ! Il est absolument hors de question que je te laisse aux mains des Sentinelles ! On a besoin de toi; ta famille, tes amis ont besoin de toi, Elijah !

Elijah : Tu n'as pas à prendre cette décision pour moi !

Moi : Et toi, t'as pas à m'abandonner comme ça !

Elijah : Oh, je t'en prie ! On sait tous que Stefan te consolera et que vous vivrez le parfait amour, alors ne sors pas la carte de "l'abandon".

Je ne savais pas quoi dire. Il n'y avait rien à dire. Je n'avais aucune idée de pourquoi j'avais sorti une telle chose. C'était venu tout seul. C'était bien ce qui m'effrayait, d'ailleurs.

Honteuse, mais aussi furieuse, je détournai le regard pour fuir la foudre silencieuse de l'Originel. Il était encore plus impressionnant lorsqu'il se taisait. Je me sentais mal. Vis-à-vis de tout le monde, de mes choix, de mes émotions. Je ne savais pas quoi faire de moi. Je devrais peut-être aller creuser ma tombe et aller me jeter dedans, ou laisser tomber...

"Je t'interdis de baisser les bras, mon amour."

Stefan ! Je ne rêvais pas, c'était bien sa voix dans ma tête ! J'avais donc réussi !

Moi : Laissez-moi seule. S'il vous plaît.

Bonnie : Tu ne le sauveras pas. Parce que si tu tentes quoi que ce soit, tu nous condamnes tous, souffla-t-elle avant de sortir.

L'Originel s'apprêtait à dire quelque chose mais se résigna et sortit également en fermant la porte. Je verrouillai de nouveau la porte à l'aide de la magie, avec plus de boucliers cette fois-ci, puis m'assis au milieu de la pièce pour ne pas risquer de perdre l'équilibre.

J'inspirai profondément.

Moi : Stefan ? Soufflai-je dans un ton plus aigu que voulu.

"Je suis là, mon amour."

Ses mots résonnèrent dans ma tête, mon corps, mon cœur.

Il était vivant !

Moi : Oh, Stefan, tu me manques ! Comment tu vas ? Je veux dire... Pour un prisonnier, comment tu vas ? demandai-je dans un demi-rire étranglé par l'émotion.

"Je suis toujours en vie c'est déjà ça. Tu me manques aussi."

Moi : C'est la misère ici. Avec Kathleen, Bonnie et Elijah, on est au Royaume des Ombres pour essayer de te sauver, et de sauver les autres membres de la lignée de Klaus. Il y a des esclaves partout, les habitants sont des monstres... Mais on ne vaut pas mieux qu'eux, finalement. Je ne vaut pas mieux qu'eux. Hier, on a massacré des dizaines, peut-être des centaines de démons. Les Sentinelles exigent des trucs impensables en échange de votre liberté... Où est-ce que tu es, Stefan ? Est-ce que tu vois les autres ?

"C'est difficile à dire... Il fait tout noir. Hier - si tant est que c'était hier, je ne m'en souviens pas trop - il faisait tout blanc. Ça dépend de... Je ne sais pas. Je sais que je suis enfermé entre quatre murs, j'ai senti les parois. J'ai essayé de sortir, de creuser, de frapper, de crier... On ne peut pas sortir d'ici. Je suis affaibli, je n'arrive même pas à aligner les mots dans mes propres pensées. Les hallucinations ont commencé il y a... Je sais plus. J'entends des cris. Peut-être que je n'hallucine pas. Charlotte... Je ne demande jamais rien pour moi, mais il faut une première à tout. Sors-moi d'ici. Je t'en supplie, mon amour, je sens... Je sens la fin. Je suis fatigué."

L'entendre décrire ainsi sa peine, sa souffrance, m'avait fait monter les larmes aux yeux. Je voulais le serrer dans mes bras, lui dire que tout irait bien, que j'avais une solution. Je voulais toucher son visage, effacer d'une caresse ses maux et ses peurs. Le rassurer.

Je ne pouvais pas.

Moi : Stefan... Écoute-moi. On va réussir. On va tous rentrer à la maison, sains et saufs. Je te le promets. On pourra se revoir. Tu m'entends ? On pourra reprendre notre vie là où on l'a laissée. Et on ne se lâchera pas d'une semelle. Mais... Je suis vraiment désolée de te demander un service dans un moment pareil... C'est capital, d'accord ? Est-ce que tu te souviens de la formule magique pour le sort de téléportation ? Celui qui m'a permis d'aller en Russie pour échapper à Klaus.

"À peu près, pourquoi ?"

Moi : Je vais en avoir besoin pour qu'on sorte tous d'ici vivants. C'est une longue histoire.

Il me donna les quelques bribes de la formule qui lui restaient avant de me demander des explications.

Moi : Les Sentinelles ont accepté de tous vous libérer en échange de l'un de nous quatre, soupirai-je. Et je refuse de laisser un ami derrière nous. C'est l'Enfer, cette dimension, et j'ai la ferme intention de ramener tout le monde. Alors on va procéder à l'échange, comme le souhaitent les Sentinelles, pour que vous retrouviez tous votre corps sur Terre. Mais avant que nous, on revienne, je vais me téléporter pour ramener la personne du groupe qui sera sacrifiée pour les Sentinelles. Comme ça, on rentrera tous.

"Qui sera cette personne, mon amour ? Pas toi, j'imagine, sinon tu n'irais pas te téléporter."

Moi : Bien vu. Mais tu connais déjà la réponse... Quelle est la personne la plus intéressante du groupe pour des entités immortelles ? Un Originel, forcément.

"Tu comptes faire tout ça pour sauver un Mikaelson ? Est-ce que vous êtes tous d'accord pour ce plan ?"

Moi : Bien évidemment.

Un ange passa.

Moi : Stefan... Si je ne le fais pas, il sera à jamais prisonnier des Sentinelles.

"Tu sais très bien que je ne m'en plaindrais pas."

Moi : Peut-être, mais ça n'empêche pas qu'il a une famille, soufflai-je. Imagine une seconde leur réaction. Klaus nous pourchasserait, Kol l'aiderait à nous tuer et Rebekah aussi. Et sincèrement, je ne me vois pas leur infliger ça.

"Il est amoureux de toi."

Moi : L'amour n'est pas un péché, Stefan. Et on ne peut rien y faire. Écoute, que tu sois d'accord ou pas, je vais le ramener. Il ne mérite pas de rester ici. Personne ne le mérite. Maintenant... Tu veux bien que je m'entraîne à jeter le sort ? Peut-être que je pourrais atterrir à tes côtés...

"Ne fais pas ça, tu ne pourrais pas revenir !"

Moi : On en sait rien.

"Justement. Donc tu ne tentes pas, ce serait du suicide."

Moi : Imagine que la mission foire et qu'on ne se revoit jamais...

"Ne me parle pas de malheur. Où est passé ton optimisme, mademoiselle tout ira bien ? S'il te plaît, fais-moi cette faveur, n'essaie pas de te matérialiser ici. S'il te plaît."

Moi : Bon, d'accord. Mais t'as intérêt à survivre jusqu'à ce que je te sauve la vie ! Gare à toi si... Si...

Ma voix se brisa.

Moi : Bref, tiens bon, finis-je par balbutier.

"Je tiendrai au maximum. Je t'aime."

Moi : Je t'aime aussi, Stefan.

La communication fut rompue, et j'étais de nouveau seule au monde.

J'avais la formule du sort de téléportation. Tant pis pour l'entraînement, j'étais épuisée.

Je n'avais plus qu'à espérer que ça fonctionne le jour J.

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