Chapitre 10

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PDV Charlotte

Le monde s'effondrait tout autour de moi. Le sol tanguait sous mes pieds, des galaxies explosaient dans ma tête, je n'avais plus aucune notion de rien. Quel jour étions nous ? Et où étais-je ? La seule chose qui ne partait pas en poussière était cette sensation que l'on m'embrassait... Des lèvres chaudes et aimantes se pressaient contre les miennes, avec ardeur et douceur - un tel contraste ne pouvait être que surnaturel. C'était agréable, salvateur et réconfortant, soulageant. C'était comme si on levait un voile derrière lequel se trouvait une vérité, la vérité. J'étais apaisée. Bien.

Je sentis des mains autour de mon visage, et reconnus soudain le toucher d'Elijah.

J'ouvris les yeux.

Je m'arrachai à ce baiser et me défis de l'emprise du vampire. Je ne pouvais pas faire ça. Je ne devais pas faire ça ! Je n'en avais pas le droit ! Le simple fait de pouvoir oublier Stefan, la raison de ma présence ici, dans ce monde de cauchemars, m'effraya. Comment avais-je pu...? Comment ? Il était mon âme-sœur, ma moitié, sans lui je n'étais rien. Je ne pouvais pas en aimer un autre, quand bien même il s'agissait du bel Elijah Mikaelson, si doux avec moi, si sincère, réfléchi et élég-

Oh mon Dieu, Charlotte, stop ! Je n'étais pas dans mon assiette, j'avais le tournis, j'avais mal dans la poitrine. L'air me manquait. Prenant conscience que je dévisageais Elijah avec une expression indéfinissable, je tournai les talons et fuis aussi loin que possible pour me cacher. Je n'entendais pas les murmures des invités qui jasaient sur cette esclave qui refusait que son maître l'embrassât.

Peu de temps après, je fus rejointe par Bonnie dans un coin de la salle. Sans un mot, elle me prit dans ses bras tandis que la scène repassait en boucle dans ma tête.

Moi : J'ai... J'ai... Je l'ai...

Bonnie : Techniquement, c'est lui qui a commencé, dit-elle, espérant me calmer un peu.

Je ne répondis pas, me contentant seulement de pleurer toutes les larmes de mon corps. Ce que je fis ensuite n'avait pas vraiment de sens. J'essayai de réciter je ne savais quelle incantation à travers mes sanglots, dans l'espoir de me garder dans le droit chemin.

Bonnie : Arrête ça tout de suite ! Tu veux vraiment effacer le fait que tu as Elijah dans la peau ? C'est impossible, et la magie et les sentiments ne font pas bon ménage. Alors arrête ton cirque deux minutes et écoute-moi. Tu es mariée à Stefan, et tu l'aimes. Une fois qu'on l'aura sauvé, lui et les autres, tu lui expliqueras tout et cette histoire sera close. D'accord ? Vous vous en sortirez comme des adultes responsables et raisonnables.

Moi : Il ne voudra jamais de moi après ce que j'ai fait ! Bonnie, je... J'ai...

Bonnie : Je sais. Et si tu lui expliques correctement, il te pardonnera peut-être. Sèche moi ces larmes, on retourne avec Kathleen et on fait ce qu'on a à faire.

Je passai une main sur mes paupières, ruinant mon maquillage, et étouffai une plainte. J'allais avoir le hoquet pendant quelques temps, mais qu'importait ce détail ? J'avais tout foutu en l'air, je n'étais qu'un... Qu'un monstre... Jamais plus je ne pourrais regarder ni Stefan ni Elijah dans les yeux.

Bonnie m'attrapa le poignet et m'entraîna à proximité du buffet.

Bonnie : À l'heure qu'il est, la totalité des invités ont ingéré du poison. Ce n'est plus que l'affaire de quelques minutes avant que les premiers ne se tordent de douleur. Dans moins d'une heure, ils seront tous morts, et si tout se passe bien, les Sentinelles arriveront. Tu vois, on y est presque !

Moi : Ils vont me détester.

Bonnie : Mais non.

Moi : T'es sûre qu'ils vont tous mourir ?

Bonnie : Certaine. Et dans d'atroces souffrances. Je ne vais pas les regretter, encore moins Maxence...

Elle sourit avec un air de déesse vengeresse sur le visage. Cette dimension la rendait plus dure, du moins c'était l'impression que j'avais.

Moi : Quels sont les... Symptômes ?

Bonnie : Ça commencera par une perte de l'équilibre, puis de violentes migraines - aussi douloureuses que des aiguilles logées dans la cervelle. Ensuite, il y aura les saignements d'yeux, les crachats de sang et de pus et le flétrissement de la peau. Puis le cœur va lentement cesser de battre, laissant ces pauvres gens agoniser de longues minutes avant de mourir étouffer dans leurs liquides corporels. Poétique, n'est-ce pas ?

Moi : Je ne te savais pas si machiavélique.

Bonnie : Vu qui ils sont, je ne vois pas pourquoi j'éprouverais une quelconque pitié envers eux. Ils ne le méritent pas.

Moi : Je ne vois vraiment pas comment tu arrives à faire ça. Ne rien ressentir.

Bonnie : Tu n'as pas idée du tiers des choses que j'ai endurées en venant ici pour la première fois, ni la seconde...

Moi : La seconde ?! Je croyais que tu n'étais venue qu'une fois avant celle-ci !

Bonnie : La deuxième fois, je ne suis pas "venue", j'ai été emmenée de force. Mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant, je veux juste... Savourer ma revanche. Tiens, voilà Kathleen. Kathleen ! Ça va bientôt commencer !

Kathleen : On a un problème. Un très très gros.

Bonnie : Comment ça ? Accouche !

Kathleen me jeta un regard appuyé qui voulait tout dire. Je m'en mordis l'intérieur des joues.

Moi : Oh non... Elijah, soufflai-je.

Kathleen : Il a bu un verre du poison.

Bonnie : Quoi ?! Mais comment ça a pu arrivé ?!

Kathleen : À ton avis, Bonnie ?

Oh. Non... Ça n'était tout de même pas à cause de moi s'il avait fait ça ?!

Ma gorge se noua.

Moi : Il y a un remède ?? Demandai-je avec peu d'espoir.

Mon amie sorcière me regarda avec un air grave et désolé. Elle ne savait pas quoi faire. Je compris qu'il n'y avait pas d'antidote, du moins qu'il n'y en avait pas de prêt à l'emploi, et mon visage se décomposa.

Moi : Mais... C'est un Originel, il ne va pas mourir comme tous les autres, si ?

Bonnie : Aucune idée. Mais je ne connais aucun remède.

Moi : Bonnie, dis-je en plantant mes yeux dans les siens. Bonnie, on doit faire quelque chose. On a déjà ramené Klaus à la vie, j'ai déjà ressuscité Elijah. Il faut absolument annuler les effets du poison sur lui.

Kathleen : En tout cas les invités sont de plus en plus mal. Et si vos pouvoirs ne sont pas assez puissants, on peut dire adieu à Elijah.

Elle disait vrai. Les gens autour de nous se mettaient à suffoquer les uns après les autres, prenaient appui sur les colossaux piliers de marbre de la salle de bal pour ne pas s'effondrer, se demandant ce qui leur arrivait. La panique saisit alors l'assemblée et les esclaves commencèrent à courir dans tous les sens, soit pour tenter d'échapper à leur misérable vie, soit pour secourir leurs supérieurs hiérarchiques. En l'espace de quelques minutes, le chaos s'était mis à régner, ruinant les festivités.

Je regardai partout, dans toutes les directions, pour voir où se trouvait Elijah. Il était absolument hors de question qu'il meure !

Je l'aperçus dans un coin de la salle, l'air en pleine forme. Le poison mettait peut-être plus de temps sur un Originel... Ou alors - et je l'espérais - cela n'avait pas d'effet sur lui. J'accourus vers lui, suivie de près par Kathleen et Bonnie. Sans prendre la peine de le consulter du regard, je vérifiai qu'il ne présentait aucun des symptômes cités par la sorcière quelques instants plus tôt.

Elijah : Ça va, je ne suis pas en train de mourir, soupira-t-il.

Sans crier gare, j'explosai :

Moi : Non mais franchement, à quoi tu pensais en buvant le vin ?! Le vin qu'on avait empoisonné exprès pour tuer tout le monde ! Exprès pour alerter les Sentinelles ! Tu te rends compte de ce que tu as fait, au moins ?! Non seulement tu risques de tout compromettre, mais en plus tu n'as pas le droit de...

Elijah : Pas le droit de quoi ?

Bonnie : C'est le moment où on est censées s'éloigner, souffla-t-elle à notre amie.

Kathleen : Continuez votre dispute plus tard, s'il vous plaît. On doit d'abord s'assurer que tu vas rester en vie, et qu'eux vont mourir.

Elijah : Je me sens bien, insista-t-il malgré nos regards appuyés.

Bonnie : On verra bien si tu tiens encore debout dans deux minutes.

Certains mouraient déjà et les corps tombaient de plus en plus rapidement. Bientôt, il ne resterait plus que nous.

Nous fixâmes l'Originel, à l'affût du moindre signe de faiblesse, de la moindre défaillance de son état de santé. Rien ne se passa pendant une durée qui me parut être l'éternité.

Soudain, il fut pris par une violente quinte de toux. Du sang brillait sur sa paume lorsqu'il cessa de se couvrir la bouche. Un des symptômes décrits par Bonnie. La panique m'envahit aussitôt.

Moi : Il faut qu'on trouve un moyen de stopper ça !

Bonnie : Charlotte, mets-toi en réseau avec moi. On va tenter d'annuler les effets du poison... Je ne sais pas trop comment, mais on va trouver !

Je fermai les yeux et tentai de me concentrer au maximum pour être en connexion avec Bonnie. Je sentis ses pouvoirs chercher les miens, et je poussai ma magie à s'allier avec celle de mon amie. Il se produisit comme un déclic en nous ; nous venions de fusionner nos forces pour un laps de temps déterminé. Bonnie me souffla des formules à réciter, et je la rejoignis dans ses supplications.

Kathleen : Ça ne fait rien, essayez autre chose !

Nous nous concentrâmes davantage, et, dans un élan de désespoir, une incantation me vint à l'esprit. C'était la même qui m'avait permis de ramener Elijah à la vie après qu'il se fût coupé avec la dague destinée à Klaus. Je transmis les mots à Bonnie, et la magie commença à opérer. Nous continuâmes pendant de longues minutes et, une fois vidées de toute notre énergie, nous nous stoppâmes. Mes yeux ne lâchaient pas l'Originel une seule seconde, cherchant toute trace d'un symptôme non guéri. Son visage avait repris une teinte normale - pour un vampire, du moins - et son équilibre était revenu. Il ne suffoquait plus non plus.

Moi : Comment tu te sens ?

Elijah : Ça va. Merci.

Moi : Parfait. Donc maintenant je peux t'engueuler en toute liberté.

Bonnie : Charlotte, les Sentinelles vont arriver d'un instant à l'autre...

Moi : Je m'en fiche.

Je fis face à Elijah, plantant mon regard dans le sien, qui était aussi froid que le blizzard.

Moi : Qu'est ce qui t'a pris, sérieux ?! Tu sais très bien que tu n'as pas le droit de faire ça ! Tu ne peux pas venir, me déclarer tes sentiments alors que je suis mariée, et m'embrasser, Elijah ! Quant à cette tentative de suicide complètement puérile... Je ne sais même pas quoi en dire, excepté que c'était ridicule, imprudent, égoïste et irresponsable !

Elijah : Je n'aurais jamais osé t'embrasser si je n'étais pas certain que tu ressentais la même chose pour moi. J'aimerais bien que tu arrêtes de te mentir à toi-même.

Moi : Elijah Mikaelson ! Je suis mariée à mon âme sœur ! Je n'aime personne d'autre ! Et n'esquive pas le sujet de ta tentative complètement foireuse ! Tu t'apprêtais à nous abandonner dans ce monde de fous !

Elijah : S'il te plaît, ne change pas de sujet. Tu ne pourras pas te cacher derrière l'excuse de ton mariage toute ta vie. Tu aimes Stefan, je n'en doute pas, mais il se trouve que tu es aussi amoureuse de moi. Accepte-le. Tu te rendras service.

Kathleen : Vous devriez faire ça une autre fois, souffla-t-elle.

Je la fusillai du regard et repris ma dispute avec l'Originel.

Moi : Arrête de croire je ne sais quel mensonge. Je ne t'aimerais jamais plus qu'en ami.

Il me lança un splendide sourire moqueur qui ne manqua pas de me faire piquer un fard. Je baissai les yeux.

Elijah : Tu m'as embrassé en retour. Je ne suis pas certain que tu embrasses tous tes amis de cette façon...

Moi : On fait tous des erreurs.

Je crus un instant qu'il allait me prendre par les épaules et me secouer comme un prunier. Ou qu'il allait me gifler. Il n'en fit rien. Sa voix était dure, elle me faisait mal, mais j'en avais besoin. Je devais l'associer à des choses qui ne me plaisaient pas afin de ne pas reproduire la même bêtise. Je ne devais pas ressentir autre chose que de l'amitié pour lui. J'appartenais à Stefan. À lui, et à lui seul.

Des bruits de pas se firent entendre à quelques mètres de nous et personne n'eut besoin de réfléchir pour savoir qui c'était.

Kathleen : Les Sentinelles ! Qu'est-ce qu'on fait ??

Elijah : Vous commencez par vous calmer.

Une femme mince, grande, aux cheveux d'or et aux yeux lapis-lazuli se présenta à nous. Derrière elle se tenaient une dizaine de femmes lui ressemblant trait pour trait. Son visage affichait un air grave, ce qui lui donnait l'apparence d'un soldat en mission. Remarque, c'était ce qu'elle était. Elle était affublée d'une tenue semblable à celle des espions vus au cinéma, à ceci près qu'elle était argentée et qu'elle semblait faire partie intégrante de son enveloppe charnelle. Un sabre scintillant était accroché à sa ceinture. Elle ne me rassurait pas du tout.

La Sentinelle : Vous avez osé tuer des centaines de personnes appartenant au Royaume des Ombres.

Elijah : Vous détenez prisonniers mon frère ainsi que nos amis, rétorqua-t-il.

La Sentinelle : Ils ne méritent pas de vivre.

Bonnie : Vos sujets ne le méritent pas plus. Ils sont même bien pires.

Elijah : Mesdames, nous demandons une audience avec vous afin de parvenir à un accord.

La Sentinelle : Un accord ? Vous voulez rire ? Vous n'êtes pas en mesure de nous demander quoi que ce soit.

Moi : Vous croyez ? On vient de tuer des centaines de personnes. On peut très bien recommencer. On peut aussi semer la pagaille dans votre système d'esclavage et faire régner l'anarchie. Si on ne parvient pas à un accord rapidement, en ce qui me concerne le chantage ne me pose aucun problème.

La Sentinelle : Petite ingrate comment peux-tu te permettre de nous parler de la sorte ? En un claquement de doigts nous pouvons tous vous tuer si nous le souhaitons.

Elijah : Serait-il possible de négocier sans planer sous les menaces ?

La Sentinelle : Qu'est ce que vous voulez, et qu'allons nous avoir en échange ?

Kathleen : Nous souhaitons que vous libériez Klaus et toute sa lignée, en échange de quoi nous nous en irons sans tuer une personne de plus.

La Sentinelle : Vous pensez vraiment que cela suffira ? Sérieusement ?

Elijah : Qu'est-ce que vous nous proposez ?

La Sentinelle : Offrez-nous quelqu'un de très puissant en échange. Sacrifier une vie pour en sauver d'autres, ça ne devrait pas être si dur que ça.

Bonnie : Qu'est-ce que ça vous apporterait ? Et qu'entendez-vous par "très puissant"?

La Sentinelle : J'entends quelqu'un dont on pourra se servir pour faire le sale travail, évidemment.

Je leur lançai un regard effaré, complètement abasourdie.

Moi : Vous voulez un esclave ? Vous qui êtes censées faire régner l'ordre et la justice ? C'est absolument hors de question ! Et puis, qui serait suffisamment puissant pour faire à lui seul tout le travail de votre armada ? Vous devez être des milliers !

La Sentinelle : Pas d'échange, pas d'accord.

Elijah : Avez-vous une personne en particulier en tête ?

Kathleen se tourna vers l'Originel en même temps que moi pour le dévisager.

Kathleen : Parce que tu serais prêt à faire ce qu'elles demandent ?!

Elijah : Que vous le vouliez ou non, une vie pour sauver tout le monde, ce n'est pas grand-chose.

Bonnie : Ça reste une vie. Une personne va être réduite en esclavage par notre faute si on coopère. Une personne qui a une famille, des amis. Imagine que ce soit Charlotte qu'on offre en échange, tu serais toujours d'accord, peut-être ?

La Sentinelle : Pour rendre ça plus drôle, on veut que ce soit quelqu'un de votre groupe. Et c'est ça ou rien.

Moi : Plus drôle ?! Sincèrement, vous êtes qui, au juste ? Vous êtes censées être des sortes de juges de l'univers, comment pouvez-vous être aussi... Mauvaises ?!

La Sentinelle : Dixit celle qui vient à l'instant de tuer des centaines de personnes.

Je m'apprêtais à répliquer mais Elijah me coupa avant que je n'envenime la situation.

Elijah : J'accepte de faire l'échange si vous me donnez votre parole quant à la libération de mon frère et de sa lignée complète.

Moi : Non, Elijah, c'est hors de question...

Elijah : Charlotte, tu n'as pas ton mot à dire. Je serai la monnaie d'échange, un point c'est tout.

La Sentinelle : Ça nous convient. Vous avez deux jours pour nous livrer la personne choisie, aux portes du Royaume des Ombres.

Bonnie : Entendu.

Kathleen : Bonnie, t'es folle, jamais de la vie on ne sacrifiera l'un de nous !

La Sentinelle : Vos amis se réveilleront paisiblement dans leur corps dès l'échange terminé. Souvenez-vous : deux jours. Pas plus, pas moins.

La Sentinelle fit signe à toutes les autres de faire demi-tour, et nous nous retrouvâmes seuls au milieu de la salle de bal transformée en cimetière.

Moi : T'es malade ?! T'acceptes de devenir leur larbin ?!

Bonnie : Charlotte, une vie n'en vaut pas cent. Tu préfères que l'intégralité de nos amis souffre, ou seulement un d'entre eux ?

Je voulus répliquer, mais ne sus quoi répondre. Elle n'avait pas tort. Mais la situation était tout de même inacceptable.

Elijah : Sortons le plus vite possible. Je n'ai pas envie de profiter de mes derniers instants de liberté ici, avec vous.

Kathleen : Merci pour ta démonstration d'amitié, Elijah, ça nous touche beaucoup.

Nous prîmes le chemin du retour vers le manoir de Maxence, en prenant soin de nous faire discrets. Les nouvelles allaient vite ici, et les habitants étaient déjà aux trousses d'un maître et de ses belles esclaves qui avaient assassiné des centaines de démons.

Une fois à l'abri sous le toit doré du vampire qui n'était plus de ce monde, je me rendis compte que je ne savais pas quoi faire. Nous devions sacrifier l'un d'entre nous pour sauver nos amis, mais nous savions tous que notre groupe allait faire face à un désaccord...

Personne ne parlait et l'ambiance était vraiment pesante. Elijah serait-il réellement celui qui serait livré aux Sentinelles ? Ou serait-ce quelqu'un d'autre, et dans ce cas ; qui ?

J'étais prête à m'offrir à l'ennemi si cela pouvait sauver Stefan, mais je savais pertinemment qu'il ferait tout pour me sauver ensuite, et on tournerait en rond. Bonnie était sans doute elle aussi prête à se sacrifier, mais personne n'accepterait ce choix, et encore moins Enzo. Il en était de même pour Kathleen. Restait Elijah, que je refusais de voir en monnaie d'échange, quand bien même j'étais remontée contre lui. Les filles auraient moins de réticence que moi à le laisser se donner, et une fois sauvé Klaus dirait sans doute qu'il l'avait bien cherché. Il irait peut-être lui porter secours, mais pas dans l'immédiat, et perdrait une seconde fois contre les Sentinelles, ce qui nous ramènerait au point de départ. Nous étions coincés, quoique fût notre choix.

Bonnie : Arrête de te torturer l'esprit à ce point. Un de nous partira, et il faut s'y résoudre.

Nous nous réunîmes tous les quatre dans le salon sans grand enthousiasme. Nous arborions tous des têtes d'enterrement. Personne n'avait envie de prendre cette décision. Kathleen, qui avait trouvé une réserve d'alcool capable de sustenter tout un régiment derrière la bibliothèque, se servit un verre.

Elijah : Je serai la monnaie d'échange pour sauver mon frère et sa lignée. C'est la meilleure option.

Moi : Ça n'est en aucun cas la meilleure option si tu ne rentres pas à Mystic Falls avec nous.

Kathleen : Que ce soit lui ou l'une d'entre nous, tu diras ça. Le principal c'est que tous les autres s'en sortent.

Moi : Donc tu t'en fous qu'Elijah reste et obéisse aux caprices de mesdames les Sentinelles au caractère légèrement despotique ?!

Kathleen : Et c'est reparti. J'ai pas dit que je m'en foutais, mais perso, j'ai pas envie d'être la monnaie d'échange, alors s'il veut l'être, c'est son choix.

Elijah : Merci Kathleen. Bonnie ? Un avis à donner ?

Bonnie : Je reste neutre, ce n'est pas mon problème.

Moi : C'est pas ton problème ? Allons bon ! C'est toi qui a accepté le marché, je te signale ! Donc, ça t'est égal que l'un de nous reste ici aux ordres des Sentinelles ? Tu te fiches que ce soit Kathleen, Elijah, toi ou moi ?

Elle opina du chef, ce qui me mit hors de moi.

Moi : Mais enfin, Bonnie, comment peux-tu penser ainsi ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'être la seule qui ne se fiche pas du sort de ses amis ? Bon sang, réveillez-vous ! On va trouver un plan pour sauver tout le monde, sans avoir à sacrifier quelqu'un, comme on a toujours fait ! Aller, quoi, mettez-y du vôtre un peu, on ne va pas se laisser faire !

Elijah : En même temps, il n'y a rien à faire. Une vie pour en sauver des centaines, ça vaut le coup, il faut que tu t'y fasses.

Moi : Alors vous baissez les bras ? Soit. Je suis donc la seule sotte à essayer d'épargner une vie de misère à l'un d'entre nous. Je vois que de toute façon je ne vous ferai pas changer d'avis. Décidez ce que vous voulez.

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PDV Kathleen

Charlotte s'assit sur un des nombreux sofas brodés d'or de la pièce en croisant les bras. On aurait tout aussi bien pu lui faire des couettes ; elle avait une attitude d'enfant vexé qui m'était insupportable.

Je regardai Elijah.

Moi : Alors c'est décidé ? Tu te sacrifies ?

Elijah : S'il le faut.

Moi : Tu crois qu'on pourra négocier une date de libération, ou tu seras à leurs ordres pour... L'éternité ?

Elijah : Je ne pense pas qu'elles soient ouvertes à la négociation.

Plus rien ne fut dit pendant de longues minutes. Chacun était dans ses pensées, un air dépité et résigné sur le visage. Je n'étais évidemment pas ravie du sort d'Elijah, mais je préférais que ce fût lui le sacrifié plutôt que l'une de nous. Il ne risquerait plus de semer la zizanie dans le couple de Stefan et Charlotte, ce qui rendrait la vie au manoir Salvatore beaucoup plus supportable.

Bonnie : Dans tous les cas, on cherchera un moyen de te libérer, même si ça doit prendre du temps.

Elijah : Je dois vous demander de convaincre Klaus de ne pas faire de bêtise quand il apprendra mon sort. Je ne voudrais pas qu'il se fasse de nouveau avoir par les Sentinelles.

Moi : On s'en chargera. Caroline nous aidera beaucoup, j'imagine.

Elijah : Pour le coup, je ne sais même pas si Caroline pourra y faire grand chose. Rebekah sera plus efficace, je pense.

Moi : En admettant qu'elle et Kol aient réglé le problème qu'ils avaient à la Nouvelle Orléans. Quel dommage qu'ils n'aient pas pu nous accompagner, ça aurait été tellement plus simple...

Bonnie : Si ça concerne Klaus ou Elijah, Rebekah reviendra à coup sûr.

Elijah acquiesça lentement. Il tenta d'établir un contact visuel avec Charlotte, mais celle-ci ne nous écoutait plus et fixait un pan de mur.

Moi : Je suis exténuée, je vais dormir. La soirée a été longue... On devrait tous aller au lit. On a deux jours de congé, c'est plutôt pas mal ! dis-je dans une vaine tentative de gaieté.

Charlotte : Pour toi, peut-être, souffla-t-elle.

Moi : J'ai pas le courage de me disputer avec toi ce soir. A demain.

Je montai les marches d'un pas traînant, arrivai dans la chambre que j'occupais et m'étalai sur le matelas sans même prendre la peine d'enfiler un pyjama. Tant pis, je dormirais en tenue de soirée. J'avais hâte de rentrer, cet endroit était abominable et Mystic Falls me manquait. Je me demandais ce à quoi nous allions consacrer ces deux jours de sursis, étant donné que notre choix était déjà fait. Peut-être allions-nous mettre en place le plan de sauvetage d'Elijah ? On pourrait aussi essayer de ressouder le groupe. Ce voyage en Enfer nous avait bien divisés, et je détestais cette atmosphère tendue.

Fatiguée de cette vie aux problèmes interminables, je m'assoupis en rêvant de la future libération de Damon.

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