Chapitre 8

Jihoon et Soonyoung avaient retrouvé un quotidien presque normal. Ils restaient sur leurs gardes, plus prudents qu'ils ne l'ont jamais été, mais ils arrivaient à être à peu près heureux.

Jihoon préparait un album solo - dont la plupart des chansons étaient écrites pour Soonyoung- et ce dernier le soutenait autant qu'il pouvait. L'homme qu'il aimait faisait ce qu'il aimait, à nouveau, et ça les rendait tous les deux heureux. Ils se voyaient peu, mais c'était assez habituel. Ils étaient encore dans SEVENTEEN quand ils s'étaient mis ensemble, et il y avait eu des périodes où ils ne s'étaient pas vus pendant des semaines. Cela restait difficile pour Soonyoung, mais ce n'était pas inhabituel.

Quand Jihoon lui manquait trop, il se perdait dans son travail au studio de danse privé qu'il avait ouvert deux ans auparavant. Il y restait la plupart du temps jusqu'à ce que Jihoon cesse d'être un ermite et vienne le chercher lui-même.

Il se faisait parfois rappeler à l'ordre, Jihoon ne voulant pas qu'il se surmène. Mais il avait besoin de se distraire. Et puis Jihoon n'était pas le mieux placé pour lui faire ce genre de remarque. Il était déjà arrivé, plus d'une fois, qu'il fasse des nuits blanches pour travailler sur ses albums.

Soonyoung avait toujours cette même répartie quand Jihoon le sermonnait parce qu'il dansait trop pour le bien-être de son corps. Et Jihoon gardait cette même inquiétude le concernant. 

Le fait qu'ils étaient sous pression et qu'ils avaient peur d'être les prochaines victimes du tueur n'arrangeait rien.

Minghao continuait de s'associer aux enquêteurs pour trouver le véritable coupable. Soonyoung redoutait que ce soit Wonwoo mais il savait que les premiers éléments pointaient les suppositions vers lui, il ne pouvait pas le nier. Si c'était bien lui le meurtrier, il ne chercherait pas à le protéger malgré l'attachement qu'il ressentait pour lui. C'était une trahison envers tout ce qu'il restait du groupe.

Après les funérailles de Chan, Jeonghan lui avait, à sa demande, confié la lettre, le laissant essayer d'y trouver des indices. Dans cette lettre, il parlait principalement de son attachement pour le groupe, qu'il considérait comme une famille, mais il avait également dit se sentir menacé, savoir qu'il y avait une ombre au tableau en apparence parfait de sa vie.

En creusant un peu plus, il avait découvert que Chan avait une relation avec un homme, qu'il avait cachée à tout le monde. Il n'avait même pas précisé de qui il s'agissait et cette information semblait introuvable. Il avait probablement eu peur d'être insulté après l'avoir rendue publique, la Corée du Sud étant un pays loin d'être réputé pour son ouverture d'esprit. Il ne savait pour le moment rien de plus, mais il était bien décidé à creuser de ce côté-là. Cet homme était un potentiel témoin, voire un potentiel coupable.

Et si ça pouvait confirmer l'innocence de Jihoon aux yeux de tous, voire même celle de Wonwoo, ça arrangeait encore plus Minghao qui ne voulait pas avoir à nouveau à défendre ses amis face à la police, c'était difficile pour lui, même s'il ne laissait rien paraître.

Il restait professionnel et cherchait à mettre tout le monde en sécurité, et si possible, à l'abri de soupçons injustifiés, mais quand les éléments étaient là, il ne pouvait rien nier. Il espérait juste qu'il ne finirait pas déçu par un des membres qui les aurait trahis.

Les éléments, pour certains, ne jouaient pas en la faveur de Wonwoo. Mais Minghao refusait de le croire coupable tant qu'il n'y avait pas de preuves accablantes. Il croyait en la présomption d'innocence. Pour lui, c'était essentiel qu'un accusé puisse se défendre sans qu'on le préjuge coupable, ça faisait partie du principe de justice lui-même.

Cela faisait sens, après tout. A quoi bon permettre à un accusé de se défendre si le verdict était déjà décidé avant même le début du procès?

Il continuait ses recherches, dans l'espoir de pouvoir retrouver le vrai coupable, au moins d'y contribuer, et de protéger ses membres. Il avait beau être tard, Minghao continuait de travailler. Le meurtrier ne prendrait pas de vacances et continuerait de frapper, alors lui non plus n'avait pas l'intention de prendre une pause pour le moment.

Il pensait avant tout à ses amis. A les protéger coûte que coûte.

Mais alors qu'il allait enfin quitter son cabinet pour aller s'offrir quelques heures de sommeil, l'espoir de pouvoir protéger tout le monde s'était effondré. Il avait reçu un appel qui lui avait glacé le sang.

Il s'était rendu rapidement sur les lieux, et s'était trouvé choqué de constater la situation malgré son expérience en matière d'affaires criminelles. Il avait vu beaucoup de choses dans sa carrière; meurtres, viols, agressions et autres crimes, mais là, la situation était complètement différente.

On parlait d'un de ses amis, dont le sourire et l'énergie inépuisable avait égayé les jours les plus difficiles qu'il avait traversé.

Il demanda quand même l'identité de la victime aux agents de police qui effectuaient les premières constatations, bien qu'au fond, il connaissait déjà leur réponse, à entendre les cris déchirants de Jihoon. Entendre ça brisait le cœur de Minghao. Jihoon était d'ordinaire stoïque et calme en toutes circonstances. S'il était dans cet état, ça ne pouvait dire qu'une chose.

Et le policier à qui il s'était adressé confirma ses craintes.

- La victime se nomme Kwon Soonyoung, Maître Xu. Vous le connaissiez?

Minghao se trouva incapable de répondre l'espace de quelques secondes, puis il hocha la tête, retenant ses larmes. Il ne releva même pas son nom de naissance utilisé par l'agent de police.

- Oui.. C'était un ami.. Je.. Je vais aller voir Jihoon. Personne de son entourage n'est réveillé à cette heure-ci et je ne veux pas qu'il soit seul, surtout pas.

- Vous craignez.. Qu'il tente de mettre fin à ses jours?

La question, posée de manière franche et directe, troubla Minghao, mais il répondit avec tout autant de franchise.

- Honnêtement, oui. Il vient de perdre la personne qu'il aimait le plus au monde. Quand ce genre de choses arrive, on ne sait jamais comment les gens peuvent réagir face à une telle souffrance. Je ne connais pas votre passé et ne préjugerai donc pas de votre compréhension, mais personne ne peut savoir ce que ça fait de vivre un drame pareil tant qu'il n'y a pas été confronté.

- Bien sûr, ça fait sens. J'espère que ça n'en viendra pas là, même si ce serait compréhensible. J'ai traversé ce genre de moments aussi, mais chacun le vit d'une façon qui lui est propre. J'espère qu'il sera bien entouré.

- Je m'assurerai qu'il soit bien entouré, ne vous en faites pas. Concentrez-vous sur l'enquête. On a déjà deux meurtres sur les bras, ce serait bien d'attraper le malade qui fait ça avant qu'il ne fasse une troisième victime. Il pourrait viser n'importe qui, et j'aimerais éviter que mes amis ou moi-même finissions prématurément six pieds sous terre. J'ai que trente-six ans, quand même.

Le policier lui adressa un sourire triste, le laissant ensuite rejoindre Jihoon qui semblait anéanti. Il ne criait plus, au contraire. Un silence de mort - au sens propre du terme- régnait. Le genre de silence qui faisait frémir Minghao sous la tension et l'anxiété qu'il générait. Il ne savait pas comment gérer la situation. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire.

Il n'existait pas de mots pour réconforter quelqu'un qui venait de perdre l'amour de sa vie. Minghao était tenté de l'enlacer, mais Jihoon n'avait jamais été très friand de contact physique et il supposait que son état de choc et de peine face à la mort de son bien-aimé ne changerait pas cela.

La nuit risquait d'être longue, et le lendemain serait encore pire que ce qu'il avait imaginé.

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