Chapitre 2

La soirée s'était écoulée avec la douceur habituelle qui régnait dans l'appartement de Jeonghan et Seungkwan. 

Ils s'étaient installés dans le sofa bien confortable de la pièce à vivre, l'un en train de lire un livre, l'autre en train d'en écrire un. Jeonghan lui lançait des regards qu'il voulait discrets de temps à autre, admirant son travail. Certes, c'était des histoires pour enfant, mais ça demandait quand même du travail, que Seungkwan effectuait en plus des cours qui étaient déjà éprouvants pour lui.

Il aurait voulu pouvoir faire la même chose, mais s'il était doué pour mentir ou pour montrer une façade, il l'était bien moins pour raconter des histoires. Et s'il venait à le faire, il raconterait probablement des histoires très sombres.

Et puis honnêtement, il avait mieux à faire. Il avait déjà du mal à trouver du temps à passer avec ses proches, il n'allait pas rajouter une activité supplémentaire à sa liste de tâches quotidienne. Peut-être qu'un jour il se lancerait, quand il serait un retraité aux jours paisibles. 

Mais pour l'heure, il se concentrait pleinement sur sa carrière. Il voulait prouver à ses détracteurs qu'ils avaient tort et que même avec son passé d'idol, il était un psychiatre compétent et qui méritait autant qu'eux sa place dans le métier. 

Seungkwan savait allier les deux, lui ne s'en sentait pas capable. Donc ça passait à la trappe, et il se contentait de lire, quand il avait une minute. S'évader dans un autre univers lui plaisait, ça lui faisait du bien, par moment, de tout oublier l'espace d'un instant. Ne plus ressentir aucune pression, se contenter de vivre et découvrir un monde qui lui était jusque-là étranger. C'était là que se trouvait tout l'intérêt de la lecture, non? S'évader. Echapper à la réalité.

Il avait lu jusqu'à une heure tardive de la nuit, ce soir-là, sans une pensée pour la journée chargée qui l'attendait le lendemain. Seungkwan était même allé se coucher avant lui. Ce qui était peu usuel, étant donné que Seungkwan était habituellement un couche-tard, mais les cours qui l'attendaient le lendemain matin, à huit heures expliquaient sûrement ce choix d'aller dormir. 

Lui-même ne savait pas comment il tiendrait le coup le lendemain. Depuis que SEVENTEEN avait disband, il n'avait plus connu les nuits blanches. Il avait des horaires de bureau. Mais alors qu'il allait se coucher, essayant de basculer vers le pays des rêves, ce mauvais pressentiment qui l'avait poussé à appeler Chan un peu plus tôt était revenu. Cette fois, il ne pouvait pas appeler Chan pour se rassurer et entendre sa voix. Il devait se contenter d'essayer de rester rationnel, de se dire qu'il avait vu la plupart de ses amis récemment et qu'il n'avait aucune raison de s'inquiéter pour eux. Que tout allait bien et que son esprit fatigué par sa semaine de travail lui jouait des tours. 

Il finit tant bien que mal par trouver le sommeil, mais il fut agité et ne lui apporta que peu de repos. 

A son réveil, le mauvais pressentiment qui l'avait tourmenté une grande partie de la nuit était revenu, avec plus de force encore que la veille. Et il eut rapidement la confirmation que quelque chose de grave était arrivé quand il avait vu Seungkwan à la porte, les larmes aux yeux, parlant à deux agents de police. Il s'était apprêté pour le travail, mais quelque chose lui disait qu'il ne s'y rendrait pas, aujourd'hui.

Il s'empressa de le rejoindre, voulant en savoir plus, bien qu'il redoutait la réponse de la police.

Ces derniers avaient le visage attristé, et s'excusèrent plusieurs fois en annonçant la terrible nouvelle: le corps de Lee Chan avait été retrouvé tôt ce matin-là par l'un des danseurs de son crew, dans une mare de son propre sang, égorgé vif.

L'annonce de cette nouvelle fit l'effet d'une douche froide à Jeonghan. Il sentit son corps entier s'engourdir, une sensation de froid s'immiscer en lui. Il resta silencieux un long moment avant d'enfin réussir à parler.

- Non... non c'est impossible! Je lui ai parlé hier en fin d'après-midi et tout allait bien! Comment ça a pu arriver?! Qui a pu lui faire ça!?

- On ne sait pas encore qui est responsable de tout ça. Mais vous pouvez peut-être nous aider, alors faites de votre mieux pour répondre à nos questions, d'accord? 

L'agent de police qui avait répondu était une femme d'âge mûr, qui aurait peut-être même l'âge d'être sa mère, et inconsciemment, quelque chose dans sa voix apaisa un tant soit peu Jeonghan.

- On se parle ici ou au poste? Sachez que vous n'êtes pas accusés du meurtre de M. Lee, ni l'un ni l'autre. On a juste des questions qui pourraient peut-être nous mettre sur une piste. Même si vous venez avec nous au poste de police, vous êtes libres de mettre fin à l'entretien à tout moment et de rentrer chez vous.

Jeonghan secoua la tête, il ne voulait pas quitter son appartement. Seungkwan ne semblait cependant pas de cet avis et le traîna presque avec lui vers la voiture de police garée devant chez eux. Pour lui, il était hors de question que leur appartement, leur safe place, autrefois symbole de douceur et réservoir de tous leurs rêves et toutes leurs confessions, ne devienne un lieu taché d'un tel traumatisme. 

Le trajet vers le poste de police se fit dans le silence le plus total, et à leur arrivée là-bas, ils furent tout de suite approchés par ce qu'il restait de leur famille. La plupart des membres du groupe étaient là. Junhui était là. Celui qui avait été la force tranquille du groupe, un soutien silencieux qui avait été précieux pour Seungkwan quand il avait décidé de reprendre ses études malgré son incertitude quant à ses capacités de réussir, était là et les enveloppa dans une étreinte rassurante et pleine de cette chaleur familière qui fit renaître l'espoir en Jeonghan.

Ils traversaient un moment difficile, mais ils allaient le traverser, tous ensemble. 

L'interrogatoire promettait d'être dur à encaisser, mais la pensée de pouvoir être tous ensemble- c'était hors protocole, mais les agents de police chargés de l'enquête l'avaient autorisé exceptionnellement au vu de leur proximité- et de pouvoir décider d'interrompre l'entrevue si ça devenait trop difficile était rassurante. 

La femme qui avait tenté tant bien que mal de rassurer Jeonghan après avoir annoncé la mort de Chan prit la parole en premier, tentant de se montrer rassurante. Elle ne voulait pas qu'ils s'imaginent de suite être accusés du meurtre de leur ami, de leur petit frère. Aucun d'entre eux ne se trouvait sur la liste des suspects potentiels. 

En tout cas, aucune des personnes présentes ici. Il en manquait deux, et l'une d'elle attira particulièrement l'attention de Jeonghan et du reste des personnes présentes. Jeon Wonwoo était aux abonnés absents. Pourtant, il avait été prévenu par Jihoon de ce qu'il venait de se passer, et aux dernières nouvelles, il vivait à Séoul, il n'avait donc aucune raison de ne pas être présent. D'autant plus que ça ne lui ressemblait pas de ne pas venir soutenir les anciens membres de son groupe dans les temps difficiles.

L'autre membre manquant était dans le premier avion qui atterrissait à Séoul. Il s'agissait de Joshua Hong, ancien vocaliste de SEVENTEEN devenu homme politique, actuel sénateur de l'Etat de Californie. Il s'était tant bien que mal libéré de ses responsabilités pour pouvoir être présent et soutenir le reste de la famille. 

Il ne serait néanmoins pas très utile à l'enquête. Il vivait aux Etats-Unis depuis que le groupe s'était séparé et n'avait que peu de contact avec les membres.

L'absence de Wonwoo était un point à éclaircir, tout le monde était d'accord là-dessus, que ce soit les membres eux-mêmes ou les enquêteurs. 

Et Jeonghan avait bien l'intention d'y mettre son grain de sel. Après tout, peut-être que Wonwoo savait quelque chose qui pouvait faire avancer l'enquête? Il voulait à tout prix retrouver le meurtrier de Chan. 

Personne n'avait le droit de faire subir ça à un jeune homme comme Chan, qui avait des rêves plein la tête et toute sa vie devant lui pour les réaliser avant le drame. 

Jeonghan se promettait de ne pas laisser ce crime impuni. Et en levant le regard vers ce qu'il restait de sa famille, il vit la même promesse se refléter. 

Ils seraient unis, plus que jamais. 

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