Chapitre 10

Minghao avait trouvé des indices déterminants cette nuit-là. Il ne regrettait pas d'être resté éveillé malgré la fatigue. 

Il était resté au poste de police un long moment après que tout le monde soit parti se reposer. Il n'avait pas le temps de se reposer. Il avait cru voir passer une silhouette, mais il était persuadé d'être seul alors il n'y prêta pas plus attention. 

Il alla se servir un café à la machine à café du hall principal, comme il en avait pris l'habitude depuis qu'il venait chaque jour assister les enquêteurs, et par la même occasion empêcher ses amis d'être à nouveau accusés injustement. Cela ne lui ferait pas de mal, bien au contraire. La fatigue commençait à l'engourdir, mais il faisait de son mieux pour tenir le coup.

Il n'y avait pas de temps à perdre. Il avait trouvé des éléments qui innocentaient définitivement Jihoon, mais il fallait trouver d'autres pistes avant que le meurtrier ne frappe à nouveau. 

Il but une grande gorgée de son café. Il était quatre heures du matin, et certains enquêteurs n'allaient pas tarder à revenir au poste pour reprendre l'enquête. Il faudrait qu'il ne paraisse pas trop fatigué, sinon on se contenterait de l'envoyer dormir sans l'écouter autant que nécessaire. 

Des éléments commençaient à disculper Wonwoo, du moins pour l'un des meurtres. Il ne semblait pas être responsable du meurtre de Soonyoung. Il n'aurait même pas pu se procurer l'arme du crime, c'était une arme de service de la police nationale, et il était difficile, pour ne pas dire impossible pour un civil de se la procurer. En revanche, les premières interrogations concernant le meurtre de Lee Chan pointaient les pistes vers lui. 

Il n'avait pas d'alibi pour le soir du meurtre et disait ne pas se souvenir de ce qu'il avait fait ce soir-là. En parlant à Jeonghan, devenu son psychiatre, il avait su qu'il arrivait à Wonwoo de dissocier complètement, de ne plus savoir ce qu'il faisait. Et vu le ressentiment qu'il avait admis ressentir envers la victime, il n'avait pas eu honte de le dire devant les enquêteurs, il valait de tout façon mieux être sincère quitte à paraître suspect, dans un état second, il aurait tout à fait pu assassiner Lee Chan. De toute manière, il était un des suspects depuis le début.

Mais un autre suspect se dessinait peu à peu. Il n'avait peut-être pas commis les meurtres de ses propres mains, mais pouvait être complice. Il s'agissait de Lee Dokyeom.

Minghao ne voulait pas y croire. Pas lui. Pas Dokyeom. Pas alors qu'il avait été au plus proche d'eux depuis les meurtres et qu'il cherchait à tout prix à les réconforter, à être là même si ça devait se faire au prix de son propre bien-être. Il avait passé si longtemps à pleurer dans ses bras, ça ne pouvait pas être un mensonge depuis le début. Il refusait d'y croire sans preuves formelles, et espérait de tout son cœur qu'il se trompait et que Dokyeom n'était pas coupable des meurtres.

Si c'était le cas non seulement il serait coupable de meurtre, mais il aurait également tout détruit de ce qu'il restait de leur famille. Il aurait fait accuser Jihoon, puis Wonwoo, alors qu'ils étaient innocents dans cette affaire. 

Il espérait que cette piste ne le mènerait pas au coupable potentiel dont il espérait ne pas entendre le nom dans ces circonstances.

Minghao se sentit soudainement tout engourdi et faible. Il pensa d'abord qu'il était juste fatigué, mais il comprit rapidement que c'était plus que ça. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait, alors il resta calme, s'allongeant au sol et surélevant ses jambes pour essayer d'éviter le plus gros de ce malaise qui sembla d'abord mineur, mais qui s'aggrava rapidement.

Il garda la tête froide et alerta ses amis et les enquêteurs qui suivaient ce dossier avec lui. Il avait besoin d'assistance, il le savait bien. 

Cela faisait une éternité que ça ne lui était pas arrivé. Et quelque chose lui disait que ce n'était pas étranger à l'enquête qu'il était en train de mener.

Sa vision était floue et il peinait à rester éveillé. Il semblait sur le point de cesser de se battre pour rester éveillé quand une voix familière le poussa à rouvrir les yeux.

Il se sentit rassuré d'entendre sa voix. C'était de lui dont il avait besoin, là maintenant.

- Hao! Hé, reste avec moi. T'endors pas. J'ai prévenu les enquêteurs et appelé les secours sur la route, tiens bon encore un peu.

- Cheol Hyung... 

- Chut.. économise tes forces.. garde les yeux ouverts pour moi d'accord?

Minghao hocha faiblement la tête. Il avait l'esprit embrumé, il se sentait plus désorienté qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie. Il sentait que quelque chose n'était pas normal.

Ce n'était pas juste un petit malaise comme ça lui arrivait parfois quand il travaillait trop. C'était autre chose. Mais il ne le réalisa que quand son corps fut pris de convulsions. Il ne resta pas bien longtemps conscient, mais assez pour comprendre que quelque chose n'allait pas.

Seungcheol l'avait visiblement compris lui aussi. Il garda son calme du mieux qu'il put alors qu'il s'assurait que Minghao ne se blesse pas. Les autres enquêteurs étaient arrivés quelques minutes plus tard.

- Que s'est-il passé ici?!

Seungcheol ne leva même pas la tête vers eux, bien trop occupé à assurer la sécurité, tant bien que mal, de Minghao. Il veillait sur lui du mieux qu'il pouvait malgré ses compétences limitées en matière de médecine.

- Il était à peine conscient à mon arrivée puis il a commencé à convulser. J'ai déjà contacté les secours, ils sont en route. Je soupçonne que quelqu'un l'ait volontairement mis dans cet état, il avait déjà fait des malaises par le passé, mais jamais comme ça. 

- Il a bu ou mangé quelque chose ici?

- La tasse de café qui est sur le bureau, ça doit être la sienne. 

- Il faut la mettre sous scellé et la faire analyser. Il y a quelque chose qui cloche là-dedans. Il sait sans doute quelque chose et quelqu'un a cherché à le faire taire. 

Seungcheol acquiesça. Il était bien d'accord. Ce n'était pas arrivé à Minghao depuis très longtemps, ça ne pouvait pas être juste une coïncidence.

Les secours étaient arrivés assez rapidement sur place, prenant Minghao en charge. Il était entre de bonnes mains désormais, mais l'inquiétude subsistait. 

Le message derrière ce potentiel empoisonnement était clair: le tueur ne s'arrêterait à rien pour ne pas être découvert, pas même à tuer d'autres personnes.

Et désormais, plus personne n'était en sécurité. Bien que ça n'ait jamais réellement été le cas, le réaliser était une toute autre chose.

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