Chapitre 8
Pour @OcanePhilippe3 t'es beaucoup trop mignonne pour ce monde ! 💕 J'espère que le chapitre te plaira, merci encore du soutien que tu m'apportes !
« C'est là que cette peur arrive. Pas celle de la nuit, mais comme une peur de la nuit dans la clarté. Le silence de la nuit en plein soleil. (...) Le silence au centre du ciel et le silence de la nuit. »
-Navire Night, Marguerite Duras
Je suis assis par terre, le dos contre le mur froid de la chambre de Louis. Il est en tailleur sur son lit, le nez plongé dans un roman policier.
C'est le week-end et on s'ennuie un peu. Au début, on sortait dehors, dans le grand parc mais il y avait trop de monde. Et Louis comme moi, on a pas vraiment envie de s'afficher. Ce n'est pas vraiment par honte de se tenir la main devant tout le monde mais juste... Pas le courage de faire face à des regards déplacés ou... Bref. Je pense qu'on a pas vraiment besoin de ça. Alors on reste tous les deux et on fait des trucs comme manger des chips (enfin surtout Louis), regarder des films, parler, s'embrasser et se toucher par dessus nos vêtements, fouiller dans les armoires du vieux de l'appartement abandonné. Et lire.
Louis aime lire.
Moi aussi, beaucoup. Mais depuis quelques temps, ça m'angoisse, d'être absorbé tout entier par une ribambelle de mots. Je ne peux même pas ouvrir les bouquins que j'ai acheté au vieux du bord de la rivière, l'autre jour.
Mais par contre, j'aime bien le regarder lire. Il fronce toujours un peu les sourcils, et son visage devient plus doux, comme s'il oubliait pendant un instant -celui d'un chapitre- le poids de toute la douleur sur ses épaules. Et puis il a toujours ce tic adorable de se mordiller la lèvre inférieure. Ca me rend... Un peu niais. Dans ces mots moments là. Je me dis. Que je pourrais peut-être lui dire que je l'aime. Ou quelque chose comme ça. Pour qu'il sache.
-Louis ?
Il tourne sa page, et gromelle un « hmmm ? » sans me regarder. Ca ne me décourage pas. Je m'ennuie vraiment.
-Tu aimes quoi chez moi ?
Il lève un sourcil et je ne sais pas si c'est à cause de son livre ou de ma question, car il ne répond pas tout de suite. Je joue avec mes doigts. Il corne sa page et ferme le bouquin, se tournant vers moi.
-C'est une vraie question ?
-Oui.
Je le regarde dans les yeux. On ne parle pas vraiment de ça d'habitude... De ce qui flotte entre nous deux, et qui fait qu'on se prend la main le soir sur le toit, qu'on s'embrasse, et qu'on s'enroule nus dans ses draps presque toutes les fois où l'on dort ensemble. Je ne lui ai jamais dit que je me doutais qu'il était amoureux de moi, ni que je le suis aussi. Parfois. Beaucoup. Pourtant, il n'a pas l'air si embarassé, et il se lève pour venir s'asseoir près de moi. Il me prend la main, et caresse mes doigts, doucement, tout doucement. Ca m'apaise, ce geste.
-Physiquement ou mentalement ?
-Les deux.
On s'est mis à chuchoter. Les mots deviennent trop lourds, ils flottent autour de nous et nous enrobent.
-J'aime... Le fait que tu comprennes. Que tu ne me poses jamais de questions. Que tu saches quand ne rien dire et quand me réconforter ou m'engueuler.
Je souris un peu. Il se concentre vraiment, détaillant mon visage pendant qu'il parle.
-J'aime savoir que je peux te faire confiance. J'aime toutes tes faiblesses, toutes les choses dont tu as peur et dont tu ne me parles pas. J'aime savoir qu'il y a une tempête gigantesque dans ton organisme, et qu'elle peut devenir tropicale quand je pose mes mains sur toi.
Il approche sa bouche de mon oreille et chuchote :
-J'aime quand tes joues deviennent un peu roses parce que je te fais de l'effet.
J'ai envie de gémir. D'envie ou de... bonheur. C'est assez étrange. Je me sens comme un chat, et j'aimerais que Louis me caresse le menton pour pouvoir ronronner. Je ferme les yeux, et je murmure :
-Et physiquement ?
Il m'embrasse le coin de la bouche.
-Ton dos.
-Mon dos ?
J'entrouvre les paupières. Il me fait un petit sourire en coin, et hoche la tête.
-Oui. Il est... Terriblement beau. J'ai tout le temps envie d'y poser mes mains. Les poser à plat, et puis le caresser, le caresser partout. Sentir les os ronds de tes épaules, et puis ceux pointus de ta colonne vertébrale. Embrasser tes grains de beauté, même les plus minuscules. Et puis... Toucher ta nuque. Passer ma main sur tes cheveux plus courts à cet endroit. T'écouter respirer, en posant mon visage sur ta peau. Juste ça.
Je tremble un peu.
Je ne savais pas, avant d'entendre Louis me dire tout ça, que les mots pouvaient donner envie de faire l'amour.
Il lâche ma main et se tourne pour être face à moi. Je le prends dans mes bras, il s'assoit sur mes jambes. Son bassin contre le mien.
J'enfouie mon visage dans son cou.
Je me sens comme un gamin mais mon cœur bat brusquement beaucoup trop vite.
Louis doit le sentir parce qu'il ne dit plus rien et se contente de passer lentement sa main dans mes cheveux. A chaque fois que ses doigts frôlent ma nuque, j'ai envie de gémir.
-Louis ?
Il tire un peu sur une de mes mèches et puis il murmure :
-Oui ?
-Tu veux bien faire... Tout ce que tu as dit. A propos de mon dos. Tu peux le toucher comme tu as dit ?
-Tu veux ?
-S'il te plaît.
On se relève tous les deux, un peu chancelants. Louis m'enlace par la taille. On s'embrasse, mes mains sur ses joues anguleuses, les corps un peu maladroits. On ne fait jamais ça avec autant de tendresse d'habitude. On ne le fait même pas dans sa chambre normalement, ni en plein jour. L'amour avec Louis c'est dans l'appartement abandonné, au cœur de la nuit, quand nos cerveaux sont ralentis par l'acidité de l'alcool et que nos lèvres ont un goût d'herbe.
Mais là, c'est beaucoup plus fort.
Je me sens flotter.
Les mains de Louis passent sous mon t-shirt et il caresse doucement mes hanches avec ses pouces. Je veux qu'il me déshabille. Je veux être nu sous son regard, et que ses doigts me caressent partout, avec cette tendresse qu'il n'a jamais eu auparavant.
Je veux comprendre pourquoi mon cœur n'a jamais battu aussi fort, et pourquoi c'est lui qui le fait s'envoler.
Il m'enlève mon t-shirt et puis me pousse sur le lit. Je m'allonge sur le ventre et il s'assoit sur mes cuisses. J'ai toujours mon jean, et il n'y touche pas. Mais ses mains passent sur mon dos, longuement. Je ferme les yeux. J'ai le nez dans la couverture et des mèches de cheveux dans les yeux et j'ai envie de pleurer. Je ne sais même pas réellement pourquoi. J'ai juste le corps très lourd, et l'impression que ses doigts qui passent sur mon dos font couler toutes les larmes de mon corps.
Sa bouche effleure mes épaules. Je me raidis un peu, lorsqu'il souffle sur ma nuque. Pas parce que ça me gêne, mais parce qu'il m'excite. Il m'excite d'une façon incroyablement douce et langoureuse. Mon corps se perle de frissons. Je ne suis pas la tempête tropicale qu'il décrivait tout à l'heure, mais la rosée du matin en train de mourir à cause du soleil.
Il soulève légèrement mes cheveux avec ses doigts et puis sa langue lèche le creux de ma nuque. Je sens son souffle contre ma peau humide, et ses mains qui semblent danser le long de ma colonne vertébrale.
Je me mets à gémir, très doucement. Ses mains et sa langue redessinent la rondeur de mes os et mes côtes trop saillantes avec une lenteur infinie. Il s'arrête quelque fois, et je sens sa bouche respirer contre ma peau, et puis embrasser une de mes courbes. Il frotte son nez dans le creux de ma colonne vertébrale, et ses mains se renversent, glissent son ventre nu. Il est partout autour de moi. Je me cambre un peu, et ses doigts effleurent mon nombril et puis remontent jusqu'à mon sternum. Je n'entends plus que le son de ma respiration étouffée par le draps. J'ai envie de gémir plus fort, de lui dire que je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi doux et profond de ma vie, que jamais personne n'a touché ma peau comme il est en train de le faire mais je n'arrive pas à parler. Je le sens se reculer et quelques secondes plus tard, son ventre est nu contre mon dos. Je me retourne pour lui faire face. Il sourit un peu, et en voyant son visage brouillé je me rends compte que je pleure. On s'embrasse. Sa langue a le goût de la crêpe au chocolat qu'il a mangé en rentrant. On se frotte l'un contre l'autre, n'importe comment. Ca n'a pas d'importance. Je sens son sexe à travers le tissu de son jean, et mon ventre se tord de désir. Sa bouche s'égare le long de mon cou et suce ma peau là où elle est la plus fine. J'halète sans pouvoir prononcer autre chose que son prénom. Nos bassins se collent un peu plus et je pose mes mains sur ses fesses pour accentuer la pression. Il rejette légèrement la tête en arrière et je sens ses cuisses se contracter contre les miennes. Et puis il gémit. Juste comme ça, la bouche contre mon oreille, il gémit.
En me disant :
-Je t'aime tellement...
Mes yeux se voilent et je viens à mon tour, mon corps pris dans un courant électrique gigantesque.
Ensuite, plus rien d'autre que le silence de nos respirations, et ses doigts glissant sur mon ventre avec lenteur, jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Plus rien d'autre que la boule qui se forme dans ma gorge, et mon cœur battant toujours aussi fort.
De colère.
De peur.
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J'ignore Louis pendant trois jours. Je ne réponds plus à ses appels ni à ses sms, et je ne sors pas de chez moi, prenant soin d'aller au travail et de rentrer lorsque je suis certain qu'il est occupé.
C'est... Je me fatigue moi-même. Mais je ne veux pas le voir. Et je n'ai pas non plus envie de lui expliquer pourquoi.
Je veux oublier qu'il m'a dit qu'il m'aimait. C'est un peu stupide, parce que dans ma tête je sais que je l'aime aussi. Je sais que je suis terriblement amoureux de lui. Mais il a prononcé ces mots et... Il a tout gâché. Ce qu'il y avait entre nous et qu'on ne nommait pas à voix haute et moi j'aimais ce flou. C'était si difficile que ça, de continuer à être amoureux l'un de l'autre et de ne pas le dire ? Il touchait mon dos, c'était parfait, il y avait la brûlure de son ventre contre le mien et j'étais heureux et il a fallu qu'il murmure dans mon oreille ce « je t'aime » insipide, que tout le monde prononce à tout le monde comme si c'était une putain de phrase banale qui ne voudrait rien dire de spécial et... Et puis merde, je voulais le dire en premier. Voilà. Je suis en colère.
-Harry ?
Ma mère me regarde d'un air un peu agacé, une cuillère de purée juste sous mon nez.
-Tu en veux ou pas ?
C'est dimanche. Alors mes parents et moi, on mange ensemble dans la cuisine, en essayant de se trouver des sujets de discussion. Fatiguant.
Je secoue la tête et ma mère soupire.
-Harry... Tu n'as pas faim ?
Je n'ose même pas les regarder. J'ai dix-neuf ans bordel. Si je ne veux pas bouffer, je ne bouffe pas. Pourquoi il faut toujours avoir à se justifier ? Et puis mon père me fixe avec cet air blasé qui me rend monstrueusement honteux d'être moi, encore plus quand il repose bruyamment son verre et qu'il grogne :
-Ce gosse a vraiment un problème.
Ma mère se retourne vers lui, les joues un peu rouges.
-Ne dis pas ça ! Il a un petit appétit, c'est tout.
-C'est pas comme ça qu'il va grossir...
-Tu préfèrerais qu'il soit obèse ?
Vive la grossophobie. Je me lève, bousculant ma chaise au passage, et je quitte la pièce en claquant la porte. Et puis je n'ose plus bouger. Ils se disputent maintenant, à coups de mots assassins. Mon père qui gueule que je suis maigre comme un clou et que ce n'est pas comme ça que je vais devenir un homme et ma mère qui rétorque qu'au moins je n'ai pas un bide comme le sien.
Il y a un bruit de verre qui se casse et la conversation dévie sur une dispute de couple ordinaire et je me barre. Tant pis si Louis est dans l'appartement, je n'ai plus envie de rester dans celui-ci.
Je fais claquer la porte d'entrée en espérant que le bruit stoppe mes parents dans leur élan et je grimpe les escaliers quatre à quatre. C'est vrai que depuis que je ne veux plus parler à Louis, je n'ai rien avalé. J'ai l'estomac coupé.
L'appartement est plongé dans le noir et je m'installe dans le canapé avec une couverture grise qui gratte autour de moi. J'écoute le silence en fixant les ombres dans le rideau bleu. Avant, je venais toujours seul ici et j'aimais entendre le bruit de ma propre respiration, mais maintenant, je suis tellement habitué à ce que Louis soit avec moi que j'ai du mal à rester assis, comme poussé par l'instinct d'aller vérifier dans toutes les pièces pour être certain qu'il ne soit pas là.
Peut-être que si je suis venu ici, c'était davantage pour le voir que pour ne plus être chez moi.
Je me lève et vais à la fenêtre. Le soir tombe sur la rue. Il y a un petit groupe de jeunes en bas, assis par terre à se passer des cigarettes. Ca me rend triste. Je ne sais pas pourquoi. Mais ils rigolent et moi... Voilà quoi.
Alors je retourne m'asseoir sur le canapé, sans savoir quoi faire. Je me remets à penser à Louis. Quelque fois, je me demande à quoi je pensais avant lui parce que j'ai l'impression qu'il prend mon cerveau entier. Je ne me souviens plus d'avant... Pourtant on ne se connait pas depuis si longtemps. Pourquoi j'ai l'impression de tenir à lui à ce point, à en crever, à n'en plus bouffer du tout ? Pourquoi c'est lui et pourquoi, bordel, pourquoi est-ce qu'il m'a dit je t'aime ?
Moi ces mots je me les disais silencieusement dans ma tête. Ils étaient secrets. Ils étaient là, tapis dans l'obscurité. Je voulais les lui dire, à un moment, dans très longtemps. Lorsqu'on auraient été très malheureux tous les deux, et qu'on s'en seraient sortis. A un moment comme ça. Au moment du bonheur, même s'il n'existe pas et que je ne lui aurais sans doute jamais dit, du coup.
Et Louis n'a pas su attendre. Il est toujours comme ça... Trop pressé. Et puis, qu'est-ce qu'il voulait vraiment dire son « je t'aime » ? Peut-être rien du tout. C'était sans doute des mots en l'air, parce que dans les films les gens se disent ça quand ils couchent ensemble et qu'ils atteignent l'orgasme. Rien de plus.
De toute façon, dire « je t'aime » c'est nul. Fade. Sans intérêt.
Je veux des mots bien plus forts.
Des mots renversants.
Des mots qui fassent mal et qui soient inoubliables, au point que j'ai envie de me les tatouer sur le corps.
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Je me suis endormi. La couverture est tombée par terre, et c'est ce qui me réveille, le froid partout. Et ensuite, je comprends, la lumière dans la cuisine.
Je me redresse, frottant ma joue. J'ai la marque de l'oreiller en relief. Et Louis me fixe depuis l'autre côté de la pièce, adossé au réfrigérateur, une bol dans la main. Il me sourit, et même de loin je vois qu'il m'en veut terriblement, pourtant il me connaît suffisamment pour ne pas attaquer directement. Alors il dit :
-Tu en veux ? C'est des ramens.
J'accepte parce que j'ai vraiment faim et que si je dis non il va se mettre en colère. Je le sens. C'est là, sous les sourires et ses gestes qui ne veulent pas me brusquer.
Il me remplit un bol de ramen et me le pose sur la table de la cuisine. Je m'assois dessus, les jambes croisés, et il reste à me sourire en silence. Alors je mange. En le regardant aussi. Et on a l'air con mais tant pis. Je ne veux pas parler le premier et il ne veut pas non plus alors s i l e n c e.
Jusqu'à ce qu'il pose son bol vide derrière lui, qu'il croise les bras et qu'il soupire. Longuement.
-Tu m'évitais ?
-Oui.
Je ne sais pas si ma réponse le blesse mais il n'en fait rien paraître. Visage froid et mots coupants. Et ça me fait du bien, qu'il me parle avec toute cette colère dans la voix. Je voulais lui faire du mal en disparaissant et je lis dans ses yeux que ça a marché. Il m'en veut terriblement.
-Pourquoi ?
-Parce que je ne voulais pas te voir.
-Je me suis inquiété.
-Ah.
Il soupire, énervé. Et à vrai dire, j'ai la sensation que je commence à aller trop loin, mais c'est affreux ce que j'aime le pousser à bout. Le voir passer nerveusement sa main dans ses cheveux, et puis me fusiller du regard. Alors je rajoute, en le regardant droit dans les yeux :
-Tant mieux. J'espère que tu as pensé que j'étais mort. Parce que c'est ce que je voulais.
Il avance de quelques pas. Je crois qu'il va me frapper. Je ne sais pas. Il y a tellement de colère en lui à cet instant que... Mais la seule chose qu'il fait, c'est me fixer avec ses yeux débordants de larmes de rage et de douleur et de quitter la pièce. Comme ça. En me laissant en plan, avec mon bol entre les jambes et ma baguette où s'enroule des ramens en suspension.
Je me sens sacrément con.
Je descends de la table pour lui courir après mais il n'est déjà plus dans l'appartement. Je n'hésite pas une seconde, je sais qu'il est allé sur le toit. Je ne prends même pas la peine de fermer la porte et je monte à mon tour. J'appelle :
-Louis ?
Dehors, il fait nuit noir, mais je devine facilement la forme de son corps assis près du tuyau d'une cheminée. Il est en train de s'allumer une cigarette, et ses doigts tremblent. Je crois qu'il pleure et bordel, je m'en veux. J'ai envie de... J'sais pas, me foutre une baffe. Pourquoi faut-il que je sois si con, pourquoi faut-il que j'ai toujours ce besoin ignoble de faire souffrir les gens qui m'ont fait du mal ? Et puis Louis n'a rien fait du tout en réalité. Il m'a juste dit qu'il m'aimait. Et même si je ne voulais pas qu'il le fasse... Je n'avais pas le droit de le blesser comme ça.
Je m'approche lentement et je finis par m'agenouiller à quelques pas de lui. Il me tourne résolument le dos. Je tends la main pour le toucher, mais il est encore trop loin. Alors je reste comme ça, mon bras en suspens et des mots qui font mal dans la gorge.
C'est lui qui parle.
Comme s'il voulait me cracher dessus.
-T'es vraiment un connard Harry. Je te déteste. Je te déteste bordel.
J'encaisse. Je n'ose pas lui dire que je suis d'accord avec lui. Que je voudrais que là, tout de suite, il se retourne et me frappe parce que putain, je me hais. Mais la seule chose que je trouve à murmurer c'est :
-Je suis tellement désolé.
Et je me mets à chialer. Louis se retourne immédiatement. Il me regarde avec l'air de me dire « c'est vraiment le moment ? » mais il s'approche quand même et me prends les mains pour les mettre dans la poche de son sweat. Il fait ça quand je ne vais pas bien. C'est bizarre, parce que je ne lui ai jamais dit que ce geste là m'avait plu, la première fois. Et ça me fait pleurer encore plus, parce qu'il est adorable et moi je suis un gros con. Je lui dis ça en hoquetant et il secoue la tête sans rien dire. Ses yeux m'en veulent toujours mais il me serre contre lui.
-Je comprends pas Haz... Pourquoi tu me fuyais ?
-P-Parce que t-tu...
Je n'arrive pas à terminer. Il se recule un peu, prend mon visage entre ses mains, les sourcils froncés.
-Je ? Je t'ai fait quelque chose de mal ?
Je secoue la tête en reniflant. Je dois avoir l'air d'un gamin de cinq ans avec mon nez tout rouge et mes cheveux ébouriffés mais Louis n'a pas l'air de faire attention. Il est plutôt inquiet maintenant. Et soudain dans ses yeux je vois une lueur différente. De la culpabilité.
-Oh c'est... L'autre jour ?
Il chuchote, les joues un peu rouges.
-Chez moi ? Quand... Enfin, tu ne voulais pas ? Ca ne t'a pas plu ?
J'écarquille les yeux. Si. Ca m'a plu. Comment peut-il penser ça ? Bien sûr que ça m'a plu. Quand il me touche, j'ai l'impression qu'il rallume mon corps entier, qu'il le rend vivant et beau.
-Louis...
Je le repousse le temps de me calmer. Il attend, l'air un peu perdu. Je me sens encore plus ignoble de lui avoir fait ça. Je ne veux pas qu'il s'imagine des choses pareilles. Il est... Il est tellement parfait. Beaucoup trop pour moi. Voilà, c'est ça le problème. Louis est un soleil et je suis un trou noir sans fond.
-Harry, tu peux m'expliquer ?
Non. Je ne sais pas comment dire... Comment dire ce qu'il se passe dans ma tête. Même lui ne comprendrait pas. Alors je respire profondément, et je mens, un peu.
-J'ai eu peur.
-Peur ? De quoi ? De moi ?
-Non ! Non, bien sûr que non Louis. De... De moi.
-Comment ça ?
-J'sais pas... On était bien et... J'ai peur de tout faire rater. Ce qu'il y a entre nous.
Je lui jette un regard il me sourit à moitié, amusé.
-Et tu crois qu'en me fuyant, tu ne piétines pas tout ?
-Si. Mais c'est toujours mieux que de te voir partir. Je préfère te repousser par moi-même, c'est moins douloureux.
Là, pour le coup, ce n'est pas un mensonge. Louis ne répond pas, il me regarde avec l'air malheureux de penser que je suis monstrueusement compliqué et qu'on ne va jamais s'en sortir, lui et moi.
-Je ne vais pas partir, Haz. Je suis là.
Il m'attire vers lui et me prends dans ses bras. J'enfouis mon nez dans son cou et je reste là longtemps, à respirer l'odeur de sa peau.
Et puis on finit par retourner dans l'appartement parce que j'ai froid. Louis me réchauffe mon bol de ramens et je le mange sur le canapé, enroulé dans une couette. C'est stupide parce que c'est l'été et qu'il doit faire plus de 20° mais la tristesse me rend gelé. Il vient s'asseoir près de moi, en tailleur. Sa main qui glisse sur ma joue.
-Qu'est-ce qu'il se passe, dans ta tête...
Je crois qu'il comprend parfaitement que je ne lui dis pas tout. Qu'il y a des tas de choses qui resteront enfouies en moi, toujours. Mais je ne sais pas s'il aimerait que je lui raconte. Que moi, j'aime bien aimer de loin. J'aime bien l'amour en surface, l'amour comme un vernis lissé qui finit par se craquer. J'aime bien avoir peur qu'on m'embrasse. J'aime bien ressentir tout en plus fort, j'aime bien qu'un regard alangui me donne envie de faire l'amour. J'aime bien toutes ces choses de l'avant, quand on flirte et que ça fait un peu peur, qu'on se tient au bord du vide sans s'engager totalement. Et puis j'aime bien qu'on me câline, mais parfois plus du tout. Parfois ça fait mal, parfois chaque mot d'amour est un écœurement. Parfois je déteste qu'on m'embrasse ou qu'on me touche. Parfois je voudrais que Louis n'ait jamais existé, pour pouvoir à nouveau le rencontrer, le découvrir, et l'aimer en ayant cette petit peur au ventre. Je voudrais le repousser et lui hurler de me laisser tranquille, que je ne l'aime plus du tout, qu'il m'étouffe et que je veux MOURIR et que je déteste l'amour et que l'on touche mon corps.
Que je préfère être seul.
Et qu'avec lui parfois
j' é t t o u f f e
Louis, c'est le contraire. Il tombe amoureux et il tombe sans retour. Il s'écrase. Ca se lit dans ses yeux bleus qui ont mal de mon silence, ça se lit dans sa façon de caresser doucement mon visage, ça se lit sur sa bouche qui tremble un peu et qui ne sait pas quoi dire, qui a peur de tout faire foirer et de me voir à nouveau lui échapper.
-Je suis désolé, je souffle.
Louis hoche la tête. Il en a marre de mes excuses, sûrement, mais il ne dit rien. Il sourit à moitié. On s'endort l'un sur l'autre sur le canapé, les mains liées dans la poche du sweat de Louis. Je somnole une partie de la nuit. Louis pleure un peu, silencieux. Je ne l'entends pas mais ses larmes me coulent dans le cou et me font frissonner. Je ne lâche pas ses mains.
Et dans le terrible puits sans fond de la nuit, je me promets de l'aimer toujours, même à partir de l'instant où je lui aurais fait trop de mal pour le regarder dans les yeux.
Hey ! Vous allez bien ? (Pourquoi je pose cette question......)
Je suis fascinée par le dos d'Harry sur la pochette de son album alors voilà le pourquoi du comment de la scène du début.
Autrement il ne reste plus que deux chapitres avant la deuxième partie qui est... assez différente. Si vous avez l'impression qu'on ne va nul part, c'est normal mdrr. La première partie est une sorte de base à leur relation, c'est la vie, c'est apprendre à connaître l'autre, à l'apprivoiser. Et la deuxième c'est... le reste. Ihihih.
À mercredi. ╰(*'︶'*)╯♡
#SLPfic
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