Chapitre 4
Pour mutila ... tes commentaires sont tous si beaux que j'ai envie de les rassembler dans un petit carnet pour ne jamais les oublier. Merci d'être toujours si enthousiaste par rapport à ce que je fais ! Ce chapitre est pour toi. 💕
« Je sais que tout ce mal vient de moi,
Mais le moi vient de l'intérieur
Sous l'air limpide, il y a la joie
Mais sous la peau, il y a la peur. »
-Houellebecq, Poésies
Mon père boit quand il rentre du travail. Toujours. Il s'affale dans le canapé mou, une bière à la main et il regarde une émission débile ou des présentateurs débiles disent des choses débiles.
Moi je regarde son ventre rond se soulever au rythme de sa respiration et je me souviens du temps où j'étais petit, et où il me faisait faire l'avion en riant.
Je ne suis pas nostalgique. J'aimerais juste comprendre ce qui a bien pu se passer entre cette époque et maintenant, pour que je devienne si mince et lui si gros. C'est comme ça que je mesure le temps qui passe : les os presque apparents de mes côtes et son ventre qui enfle.
Ce soir je ne m'attarde pas dans le salon. Je passe devant lui et je vais jusqu'à la cuisine pour prendre une canette de jus d'orange sans sucre, celle avec les petits bonhommes mignons sur le packaging. Ma mère n'est pas rentrée, elle est femme de ménage et elle a souvent des horaires impossibles qui l'obligent à vivre la nuit et dormir le jour.
Lorsque je sors de la cuisine, c'est la publicité et mon père se retourne vers moi, me regardant étrangement.
-Tu vas où ?
Je déchire l'emballage de la paille fournie avec ma canette et je hausse les épaules.
-Prendre l'air.
-A cette heure-là ?
-Il ne fait pas nuit.
-Tu ne manges pas avec moi ?
C'est... Etrange. Parce qu'on ne mange jamais ensemble. Au mieux je grignote quelque chose dans la cuisine pendant qu'il se fait des tartines à avaler devant son film du soir. Au pire, je ne mange rien et je suis dans ma chambre. Que je sois-là ou non, ça ne change pas grand chose pour lui au final. De toute façon, il ne m'adresse presque jamais la parole.
Devant mon manque de réaction, il soupire et gromelle quelque chose que je ne comprends pas puis il monte le son de la télé.
Je ne m'attarde pas et je claque la porte derrière moi. Dans le couloir, je reste un moment immobile, repensant à l'expression étrange qu'avait mon père. Peut-être qu'il voulait me parler de queqlue chose d'important ? Mais moi je n'ai pas envie de lui parler. Je veux juste être dans l'appartement, m'allonger sur le vieux tapis et attendre que la nuit tombe sur la ville pour aller me coucher.
Je monte lentement l'escalier, tout en buvant ma canette de jus d'orange. Là-haut, Louis est assis sur le palier. Je ne suis pas surpris de le voir. Il me sourit et se relève, attendant que je finisse de monter les marches.
-Hey.
-Salut.
Il se frotte nerveusement la nuque. Lui aussi a quelque chose à me dire ? Comme il ne se décide pas à parler, je tente :
-Tu ne rentres pas ?
-Non.
Il se mordille la lèvre, et puis il me fait un sourire timide. C'est la première fois qu'il me sourit comme ça. Je crois que ça me déstabilise.
-En fait... Tu es déjà allé sur le toit ?
-Le toit ?
Je fronce un peu les sourcils. Je ne sais pas s'il parle du toit de l'immeuble mais on ne peut pas y accéder normalement. Il faut un passe pour monter là-haut. Mais il hoche la tête et :
-Oui. Le toit de l'immeuble. J'adore y aller.
-Je pensais que l'entrée était bloquée.
Il sourit à moitié et me tend la main. Je n'hésite pas une seconde, liant mes doigts aux siens. Je mets un peu trop souvent mon destin entre les mains de Louis ces temps-ci.
Il nous fait monter un escalier. On arrive au tout dernier palier, et l'escalier s'arrête. Là il y a la porte du toit, celle qui est bloquée. Mais Louis a l'air de s'en foutre, parce qu'il sort une clé minuscule de sa poche et la glisse dans la serrure et juste... entre. Je le suis, un peu abasourdi, le ventre noué par l'excitation de monter là-haut. Sur le toit. Louis se retourne à moitié vers moi. Il a l'air fier de lui, et comme je pose pas de questions il s'explique tout seul :
-Je les ai volé une fois. J'avoue.
-Depuis longtemps ?
-Je ne sais plus... Trois ou quatre ans.
Je le laisse m'entraîner jusqu'au bout des marches qui montent vers le ciel.
Le toit est en béton blanc. Je ne m'attendais pas à mieux. Mais la vue par contre... Est magnifique. Je pensais qu'elle serait obstruée par les autres tours qui parsèment la ville, mais notre quartier doit être sur une colline car j'ai l'impression que nous dominons tout.
Le soleil rouge du soir éclabousse les toits gris des maisons, et les rues où j'aperçois les corps minuscules des habitants qui se pressent pour rentrer chez eux.
Je m'avance un peu, hypnotisé par le spectacle qui s'offre à moi. Pour la première fois de ma vie je crois que je me sens libre. Quand j'étais petit je m'imaginais en roi du monde et c'était exactement comme ça : j'aurai siégé du haut d'un fauteuil énorme de satin rouge pour regarder la terre à mes pieds. Je me retourne pour regarder Louis mais il est resté assez loin du bord, assis sur le tuyau d'une cheminée. Il sourit, les yeux vagues, les cheveux lentement balayé par le vent. Il a l'air iréel avec sa peau comme une aquarelle gorgée d'eau.
-Tu ne viens pas ?
-J'ai le vertige.
Je hoche la tête, sans réellement le croire. Je suppose qu'il ne veut juste plus s'approcher du bord de quoi que ce soit depuis que... Bref. Moi je m'appuie à la rambarde et je me penche un peu. Ce n'est pas si haut que ça. En bas il y a des arbustes et de la pelouse. Et puis c'est le parking. Deux mecs assis sur leurs mobylettes sont en train de discuter. Je relève la tête pour regarder l'horizon. D'ici, la ville semble tentaculaire alors que je l'imaginais minuscule. Elle mange toute les forêts qui se trouvent sur les bords. Je n'en perçois pas vraiment la fin, juste les grandes lignes des routes qui montent vers le sud.
Je me retourne à nouveau vers Louis, un grand sourire sur le visage.
-C'est merveilleux !
Il hoche lentement la tête. J'aimerais qu'il vienne quand même. Après tout, il y a une rambarde même si elle est ouverte, et il ne risque pas de tomber. Mais je ne veux pas le forcer. Il se relève et fais quelques pas vers moi avant de s'arrêter, les mains dans les poches de son éternel sweat.
-Je pensais que tu trouverais ça monstrueusement cliché.
-Comment ça ?
-Je t'emmène sur un toit. Comme dans les films à l'eau de rose.
Je tends la main et il fait quelques pas, jusqu'à l'attraper. Mais il ne s'avance pas plus et c'est moi qui m'assois avec lui, à quelques mètres du bord.
-Dans les films à l'eau de rose, ils viennent sur le toit la nuit pour regarder les étoiles. Pas en pleine journée.
-J'y viens aussi la nuit. Je comptais te proposer de rester.
Ses yeux brillent d'une étrange façon, à la fois lumineuse et pleine de tristesse. Je ne sais pas trop s'il rigole ou s'il a peur que je le rejette, alors je murmure simplement :
-Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon.
On reste assis l'un contre l'autre, sans parler. On regarde l'horizon et les nuages qui filent. Ensuite, Louis se laisse tomber en arrière et on s'allonge, à fixer le ciel qui s'assombrit au-dessus de nous et qui semble nous envelopper. On parle de tout et de rien. Je raconte ma journée, Louis aussi. On se dit des trucs au milieu des morceaux de silence, et on ne finit pas nos phrases. Et quand le soleil se couche, noyé derrière les toits de la ville, on se redresse un peu pour le regarder.
Le visage de Louis dans l'obscurité qui monte semble plus triste encore. Je prends sa main. Lentement.
-Qu'est-ce qui n'allait pas ?
-Quand ?
-Quand tu as voulu mourir.
Il respire longuement. Sa mâchoire est un peu crispée. Je ne sais pas si c'est parce que la question le dérange ou parce qu'il a du mal à me donner une réponse. Les deux, peut-être. Je devrais sûrement lui dire que ce n'est pas grave, qu'on a pas besoin d'en parler et que je m'en fous de savoir mais en fait, si, j'en ai besoin. Pour voir si c'est comme moi.
-La vie n'allait pas bien.
C'est vague. Et ça ne suffit pas. Il y a des tas de gens dont la vie part en vrille, et qui s'accroche quand même. Des gens qui perdent des proches et qui sont fous de douleur pendant des mois. Des gens qui sont handicapés, qui subissent des tas de discriminations et pour qui la vie est un fardeau abominable. Des gens qui sont rejetés et qui ont l'impression de n'exister aux yeux de personne, et qui pourtant trouvent suffisamment de force pour ouvrir les yeux chaque matin. Des centaines et des centaines de personnes qui ont mal au cœur pour des raisons différentes, et qui cependant n'envisagent pas réellement de mourir, parce qu'ils gardent toujours un semblant d'espoir. Alors pourquoi Louis et moi, nous ne sommes pas comme eux ? Pourquoi est-ce que nous, nous avons glissé ? Pourquoi est-ce que j'ai avalé ces médicaments ? Quel sentiment abominablement destructeur a écrasé mon cœur au point que je me laisse sombrer dans l'eau trouble de la baignoire ? Et Louis, qu'avait-il dans la tête lorsqu'il a lâché la rambarde et qu'il s'est jeté dans le vide ? Est-ce qu'il a eu peur ? S'il devait recommencer, ce serait de la même façon ? Ou n'en sera t-il plus jamais capable ? Et moi, pourrais-je recommencer ? Je crois que oui. Je crois qu'après m'être laissé envahir par le vide une fois, je ne serais pas assez fort pour le repousser s'il revenait me hanter. Et je ne pense pas que l'on puisse expliquer tout cela par la simple phrase de Louis. Ce n'est pas la vie qui va mal, c'est lui. Il faut accepter que certaines personnes sont plus fragiles que d'autres, et que pour elles, passer de l'autre côté n'est pas si difficile, et que cela peut arriver à n'importe quel moment. Je suis comme ça. J'ai tout ce mal-être en moi qui ressurgit régulièrement, par vagues plus ou moins violentes. Et je crois que Louis aussi, quoi qu'il en dise.
Je prends sa main, et je le fixe en silence. Il respire difficilement, sans s'en apercevoir. J'ai l'impression qu'il se retient de pleurer alors je n'ajoute rien. Je me demande s'il me racontera un jour, et si j'aurais le courage de l'écouter.
Parler de ma propre mort ne me dérange pas tellement, mais entendre celle des autres me fait trop mal au cœur.
La nuit tombe lentement. Il y a des milliards d'étoiles dans le ciel, même si les lumières de la ville atténuent leur éclat et les font ressembler à des petites ampoules écologiques qui n'éclairent rien du tout. Je lève la main vers le ciel. J'aimerais pouvoir le toucher. Je ne sais pas pourquoi, mais je l'imagine comme un satin très doux, coulant sur la peau.
-Tu vas me dire leurs noms ?
-Quoi ?
Je tourne à nouveau la tête vers Louis, qui s'est redressé et s'allume une cigarette avec un petit sourire en coin.
-Tu me sembles bien parti pour me nommer les constellations.
-Je ne les connais pas. Et toi ?
-Non plus.
Il expire lentement sa fumée par le nez, et puis il ajoute :
-Je crois que je déteste les étoiles.
Je lève les yeux vers le ciel. Détester les étoiles ? A quoi ça sert ? Tout le monde les aime. Elles sont jolies. Elles brillent. Elles éclairent les nuits les plus noires. Il n'y a bien que Louis pour dire une chose pareille, même si j'imagine que ce n'est pas seulement par pure esprit de contradiction.
-Pourquoi ?
-Parce qu'elles mentent.
-Comment ça ?
-Elles sont là... Elles semblent danser. Elles sont blanches et lumineuses. On a l'impression qu'elles veillent sur nous. Mais en vérité elles sont mortes.
Je ferme un instant les yeux. Je ne savais pas ça, que les étoiles étaient mortes. C'est triste. Ca me rend triste. J'imagine le ciel entier noir, dénué de leur présence. C'est impossible. J'ouvre à nouveau les paupières et je fixe Louis.
-Elles ne mentent pas. Elles disent « Ne mourrez pas, car il y a toujours une vie lumineuse caché en vous. » C'est pour ça qu'elles continuent de briller.
Louis se met à rire. Il jette sa cigarette par dessus la rambarde du toit et puis il hausse les épaules.
-Ne le prends pas personnellement. Je m'en fous de toute façon, des étoiles. Je n'ai pas envie d'aller au ciel.
Et puis il se relève et me laisse là, tout seul sur le toit au milieu des étoiles qui rient.
Je le déteste.
.
.
.
Salut Louis.
Je laisse ce mot sous ta porte parce que je voulais que tu saches que c'est faux : les étoiles dans le ciel ne sont pas mortes. La grande majorité en tout cas. On contemple leur passé, mais ça ne veut pas dire que dans leur présent elles ont explosées. Elles peuvent vivre des milliards d'années, nous mourrons avant elles. Elles brillent plus que nous, réellement.
Abruti.
H.
.
.
.
L'été moite sur les peaux.
La chaleur comme un deuxième souffle.
Les mains de Louis tenant les miennes.
-Respire.
J'ai pleuré si longtemps que je n'ai plus d'air. Il fait noir, mes yeux brûlent, j'ai chaud et je suis en train d'étouffer. Et Louis tient mes mains. Ca va. Respire. Je respire. Louis respire pour nous deux, encore plus fort.
-C'est l'orage ?
Non, la vie entière.
-Ma sœur a peur aussi. Moi c'est le vent qui m'angoisse. Ne le répète pas.
Moi j'ai seulement peur que tu me lâches. Que tu partes sans moi. Que tu disparaisses de ma vie comme tu y es entré. J'ai peur que ce soit moi qui te dises de partir. Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin de toi à ce point.
-T'aurais du m'appeler avant. On aurait regardé un film ensemble, avec des écouteurs pour cacher le bruit.
Le tonnerre, c'est la musique de mon cœur. Je veux l'entendre jusqu'à ne plus savoir rien écouter d'autre. C'est tout le reste qui m'effraie.
Il me berce. Longtemps. Je ne sais pas quelle heure il est. Je me souviens juste que je suis venu à l'appartement en fin d'après-midi, après le travail. Que j'avais terriblement mal au cœur d'avoir trop mangé le midi et que j'ai eu envie de vomir et que cette envie là m'a fait peur parce que je déteste vomir et que je me suis mis à pleurer sur le canapé et que je n'arrivais plus à respirer avec la boule dans ma gorge et qu'il y avait toute la sueur sur mes tempes qui collaient au tapis. Et puis que Louis est arrivé avec le soir tombant et qu'il m'a tenu les mains et pris contre lui en me parlant et en me disant de respirer.
Je finis par cesser de m'accrocher à sa main comme un désespéré et par arrêter de trembler. L'orage n'est plus qu'un souffle chaud et humide.
-Ca va mieux ?
Il lâche mes mains, petit à petit. Elles sont trempées, ma sueur dans les lignes de ma paume. Celles de Louis aussi. On se regarde dans le noir. Ses yeux sont brillants, un peu inquiétants. Je respire fort mais je n'ai plus envie de pleurer. Pourquoi est-ce que j'ai paniqué à ce point ?
-Ca va ?
Il sourit un peu. Comme toujours, il ne sait plus quoi dire ensuite, après la douleur sans nom. Il tend la main et caresse un peu mes cheveux, remettant mes mèches en place. Je ne sais pas pourquoi, mais je dis, la voix cassée d'avoir pleuré si longtemps :
-Je veux tout couper.
-Tes cheveux ?
-Hm.
-J'aime bien moi.
-J'ai trop chaud.
Il hoche la tête. Ses doigts soulèvent mes cheveux, au dessus de ma nuque. Il se penche un peu. Son parfum m'enrobe, son torse se colle au mien. Il embrasse ma nuque, avec une douceur que je ne lui connaissais pas, une douceur qui me donne envie de sa bouche contre la mienne et de son corps nu sous mes mains. Je vais le faire basculer en arrière, et le dévorer sur le tapis. Mais je suis trop fatigué et mes jambes se remettent à trembler lorsque j'essaye de bouger.
Le volet de la fenêtre bat contre le mur et on tourne la tête en même temps, Louis se recule brusquement, lâchant ma peau brûlante. Le souffle retenu quelque part dans la gorge.
Les nuits comme ça, j'ai l'impression que tout se fige pour devenir beaucoup plus réel. La violence dans la lumière des éclairs.
Et puis la chaleur, et le souffle de nos corps, démesurés dans la petite pièce.
Louis se retourne vers moi. Lui aussi a un regard différent. Je sais qu'il comprend. Quelque chose a traversé nos corps, quelque chose comme une nuit noire et profonde, où luirait seulement, par intermittence, une lune et un soleil blanc.
On s'allonge sur le tapis du salon. Louis sort de l'herbe de son sac. L'odeur est grasse et me donne mal au cœur, mais après ça Louis pose sa tête contre mon ventre alors je me sens très lourd et hors du temps. Il fume lentement, et les yeux grands ouverts, j'observe la fumée qui sort de sa bouche monter jusqu'au plafond.
Parfois, je me demande si le vieux qui habitait là nous observe. S'il nous... protège. C'est un peu con. Je pense qu'il serait plutôt furieux.
-A quoi tu réfléchis ?
Louis a la tête tourné vers moi. Je ne vois que la lueur dansante de ses yeux.
-Tu crois aux fantômes ?
L'ombre de sa bouche se courbe en un sourire amusé.
-Pourquoi ? Tu vas m'annoncer que tu en es un ?
Ce n'est pas très drôle. J'ai envie de répliquer que ça aurait pu être le cas, mais comme s'il avait saisi mon malaise, il enchaîne immédiatement :
-En tout cas, j'y crois oui. Enfin... Pas forcément aux fantômes mais aux choses qu'on... qu'on ne comprend pas vraiment. A l'indisible. Aux petits miracles. Peut-être un peu au destin, parfois.
Il me fixe et je lis dans ses yeux qui ne sont plus qu'un puit noir sans fond, qu'il parle de moi. De nous deux. De lui qui me sauve la vie, et de nous qui nous la sauvons mutuellement.
Je lis des choses que je n'avais pas envie de comprendre.
Je détourne le regard et je finis par murmurer que je déteste l'odeur de l'herbe, que ça me rend malade et que j'ai les yeux qui pleurent. Il s'excuse et il à l'air de se sentir bien con. Tant pis pour lui.
-La cigarette aussi ?
-Non.
Je reste allongé un moment, la main sur mon ventre. J'essaye de ne pas penser à tout ce que j'ai avalé, parce que ça me rend triste sans que je comprenne vraiment pourquoi. Il y a beaucoup trop de choses de moi que je ne comprends pas, ça va finir par me tuer. Je flotte dans un hasard permanent. Louis semble vouloir comprendre aussi parce que lorsqu'il revient après s'être lavé les mains, il s'assoit en tailleur près de moi et il dit :
-Tu as fait une crise de panique ?
Je hoche la tête. Je suppose que c'était ça.
-Tu en fais souvent ?
-Non.
C'est vrai. D'habitude je suis relativement maître de mes émotions. Je ne pleure pas beaucoup par exemple, mais quand ça arrive c'est... Comme aujourd'hui.
-Qu'est ce qui l'a déclenché ?
Je ne réponds pas et il soupire.
-Harry. Sérieusement ? Je n'ai pas le droit de savoir ce qui ne va pas chez toi ? Alors que-
-J'avais mal au ventre.
Cette fois c'est lui qui ne dis plus rien. Il me fixe. Longtemps. Son regard dévale tout mon corps et il se mordille la lèvre. Puis il soupire, ses épaules se relâchant tout à fait :
-Tu avais mal au ventre alors tu as fait une crise de panique ?
-Oui.
-Je ne te crois pas.
-Et pourquoi pas ?
Je me redresse, furibond. Ma tête se met à tourner mais j'ignore, concentrant mon regard sur Louis qui reste impassible.
-Pourquoi je ne pourrais pas faire une crise de panique pour ça ? Tu crois qu'il y a de vraies raisons pour en faire ? Non. Non non non. Ca ne marche pas comme ça. Il y a des gens qui peuvent en faire parce qu'ils ont peur de traverser la rue, ou parce qu'ils ont fait tomber leur cornet de glace par terre. Ne minimise pas ce qu'il se passe dans ma tête. Je ne m'occupe pas de ce qu'il se passe dans la tienne.
-C'est bon... Je te crois. Je te crois Harry.
Il pose lentement sa main sur mon bras et je me rends compte que je me suis remis à trembler. Il faut vraiment que je me calme. Je crois que c'est tout cette bouffe qui m'a rendu un trop plein d'énergie. Je le repousse et je me lève. Je me sens sale et tout collant de sueur, j'ai envie de prendre une douche et de me mettre au lit avec un film et un thé.
Louis me laisse récupérer mes affaires que j'avais posé sur la table basse. Mais quand je me dirige vers la porte, il se lève à son tour et me rejoint, posant sa main sur la mienne qui serre la poignée. Son visage si près du mien.
-Ne joue pas à ça, H.
-A quoi ?
Nos voix ne sont que des murmures étouffés.
-A tester les limites de ton corps. Tu n'es pas immortel. Et si tu continues, ce n'est pas dans une baignoire que tu vas crever, c'est en te cassant la gueule dans un escalier parce que tes jambes n'arriveront plus à te supporter.
Je me dégage de son emprise et je fais claquer la porte derrière moi, le cœur battant. Je suis en colère, mais quelque part au fond de moi il y a cette voix qui me murmure que j'avais raison, que Louis était celui que j'attendais, celui capable de me bousculer, à me mettre la réalité en face, nue et sans fards.
Douloureuse.
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