Chapitre 13
Je me réveille dans un lit. Je ne sais pas quelle heure il est. Il fait sombre. Je me tourne légèrement sur le côté, et mon nez frôle le bras de Louis. Mon mouvement le fait sursauter, et il lâche son portable. Assis par dessus la couette, il était en train de jouer à Candy Crush. Il se décale légèrement. Dans l'obscurité, je vois son regard s'attarder sur mon visage, ses sourcils légèrement froncés comme lorsqu'il est inquiet.
Il me sourit à moitié. Mais je sais que ce n'est pas un vrai sourire.
Il y a un océan de gêne et de colère entre nous, et tout est de ma faute.
Pourtant, Louis fait semblant. Il se penche vers la commode et me tend une bouteille d'eau.
— Ça va mieux ? Tu m'as fait peur... J'ai cru que j'allais devoir appeler le Samu.
Je bois un peu. J'ai l'impression que cela faisait des jours que ma gorge était déshydratée. Louis continue, la voix lente :
— Je t'ai préparé à manger si tu veux. Du riz à la vapeur et des légumes.
Je repose la bouteille de mon côté du lit. Il n'attend pas ma réponse. De toute façon, je sais qu'il ne me laisse pas le choix. Je le regarde aller vers la cuisine. Le temps qu'il revienne, j'attrape mon portable posé sur la table de nuit, l'écran à moitié défoncé, et je regarde l'heure. 21h. J'ai dormi aussi longtemps que ça ?
Louis pousse la porte, un bol de riz dans les mains. Il s'assoit en tailleur sur le lit, près de moi, et me le tends. L'odeur des légumes me donne immédiatement faim. Je ne sais plus depuis combien de temps mon ventre est vide, mais je sais qu'il n'en peut plus.
Alors je mange. Lentement, en mâchant chaque grain de riz bien plus que nécessaire. Louis m'observe, silencieux. Je crois qu'il est satisfait malgré tout. Quand je suis à la moitié de mon bol, il sourit légèrement et murmure :
— Je cuisine bien ?
Ça me fait marrer. On se regarde, et l'espace d'un instant j'ai l'impression que tout est oublié, qu'il ne sait rien, qu'il ne m'en veux pas. Mais ses yeux cessent vite de briller. Il se passe la main derrière la nuque, la frotte un peu et soupire :
— Finis ton bol Haz. Ensuite, je crois qu'il faut qu'on parle.
Je hoche la tête et j'obéis, même si ses mots m'ont noué l'estomac. Il faut qu'on parle. Dans les films, ça sonne toujours comme la fin de quelque chose.
Il me laisse tranquille et s'allonge sur le lit, reprenant son jeu. Quand j'ai fini de manger, je me lève et vais jusqu'à la cuisine pour laver mon bol. Il n'y a aucune trace de Gabriel dans l'appartement, mais honnêtement je m'en fous. Ça me rassure même qu'il ne soit pas là. Je n'ai pas vraiment envie qu'il nous entende nous engueuler, avec Louis.
Je retourne dans la chambre. Louis m'attend, l'air sérieux. Quand je m'assois sur le lit, il tend sa main pour toucher mon genou. Il caresse doucement la rondeur de ma peau et puis soupire à nouveau avant de rompre le contact. Ses yeux sont sombres lorsqu'il me regarde.
— Pourquoi t'as fait ça ?
La question me déconcerte. Et la douceur de sa voix, aussi. Je m'attendais à... Je ne sais pas. Une pique acidulée. De la colère. Pas à son regard si triste qui me lacère le coeur.
— Quoi ?, je demande bêtement.
Il pince les lèvres, détourne légèrement les yeux.
— Tu sais très bien. Je t'ai vu.
— Qu'est-ce que tu as vu ?
Il ne s'énerve pas. Son calme me fait peur.
— Je t'ai vu embrasser cette fille. Et puis monter avec elle dans les chambres. Pourquoi tu as fait ça ?
— Je l'ai embrassé parce que j'étais en colère contre toi. Et je voulais que tu sois jaloux.
Il ne commente pas.
— D'accord. Et le reste ?
— Le reste ?
— Oui. Tu as couché avec elle j'imagine.
Je suis incapable de répondre. Je ne sais pas comment il va réagir. Je ne sais pas... Si être honnête est la bonne solution. Mais il insiste. Et je comprends qu'il a besoin de savoir.
— Tu as couché avec elle Harry ?
— ... Oui.
— D'accord.
On se regarde en silence. J'ai à nouveau envie de pleurer, mais d'une façon différente. Je me sens juste... Humilié. Honteux. Parce que son regard est triste, son regard m'en veut, son regard n'est plus comme avant. Je cherche sa main sur la couette, mais il la retire avant que je ne puisse le toucher. Et enfin, je perçois un peu de colère dans sa voix.
— C'était bien, de faire ça ?
— Coucher avec une fille ?
— Oui.
— Je... Ça va. C'était... Différent.
— Pourquoi elle ?
— Elle était gentille.
— Tu comptes la revoir ?
— Non.
Il hoche lentement la tête. Et puis, comme s'il en avait fini avec cette discussion, comme s'il avait appris tout ce qu'il voulait savoir, il me tourne le dos et s'allonge sur le côté. Je reste un moment silencieux, hésitant. Je finis par tendre la main vers lui, et j'effleure son dos à travers son t-shirt. Il ne me repousse pas, mais je sens ses muscles se tendre alors je retire mes doigts. J'ai mal au coeur. Ma voix se brise lorsque je murmure :
— Tu m'en veux ?
Il lâche un petit rire, un rictus plein de douleur.
— Non, pas du tout.
Je ne sais pas s'il y a du sarcasme dans sa voix. Je n'arrive pas à comprendre. Alors, doucement, je demande à nouveau :
— Tu veux que je te laisse un peu tranquille ?
— Non. Je n'en peux plus d'être seul à attendre que tu reviennes.
J'hésite à peine. Je m'allonge contre lui, le nez près de son dos. Je sens sa chaleur rassurante, son odeur si familière. J'ai envie qu'il me prenne dans ses bras et qu'il frotte sa joue contre mon cou, mais quelque chose me dit que je le répugne un peu.
— Ça veut dire que tu veux encore de moi ?
— Je n'ai jamais cessé de vouloir de toi.
Je renifle. Les larmes sont en train de couler sur mon visage, silencieuses. Je suis incapable de les arrêter, mais honnêtement je m'en fous. Je passe mon temps à pleurer de toute façon, je commence à être habitué.
— Mais je t'ai trompé.
— C'est comme ça que tu le vois ?
Je n'aime pas ne pas voir son visage quand il parle. J'ai l'impression qu'il pleure, lui aussi. Et soudain je réalise que s'il m'a tourné le dos, c'est peut-être pour se cacher. Ça me brise le coeur, de réaliser qu'il ne me fait sans doute plus assez confiance pour me montrer sa peine.
— Oui. Je crois.
— Pourtant on ne sort pas ensemble.
— On ne l'a jamais dit.
— Tu veux qu'on sorte ensemble ?
Je ne réponds pas. J'agrippe le tissu de son t-shirt entre mes doigts. En-dessous il y a sa peau nue. Sa voix s'étrangle quand il répète la question :
— Haz ? Tu veux être mon copain ?
— ... Oui.
Il se retourne. On se fixe dans l'obscurité. Lui aussi pleure tellement que les larmes perlent sa bouche. Il attrape ma main droite, enlace nos doigts ensemble. Ses yeux sont des océans en tempête, j'ai mal au coeur de les regarder trembler.
— Alors maintenant ne me fais plus jamais ça.
Je hoche lentement la tête. Je ne sais même pas ce que je promets. J'ai juste mal partout, mal d'amour. J'ai juste envie qu'il me sourit à nouveau, qu'il pose sa bouche sur la mienne, qu'il me déshabille et qu'il répande sur moi ses baisers froids comme des lames de rasoirs. Pourtant quand j'esquisse un geste vers ses lèvres il se recule légèrement, et il secoue la tête.
— Pas encore.
On se sert l'un contre l'autre, tout habillés dans le lit de Gabriel. J'ai le coeur qui bat fort dans ma poitrine, je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé, est-ce qu'on est réconciliés ou est-ce qu'il m'en veut toujours, est-ce qu'il ne voudra plus jamais m'embrasser ou est-ce que c'est juste là, maintenant, que ça ne lui dit rien. Est-ce que j'ai perdu à tout jamais le droit de caresser ses cuisses, de poser ma bouche sur son sexe, de lécher les creux de son ventre ? Je ne demande pas. Les larmes de Louis roulent dans mon cou, et je respecte son silence, je ne dis rien lorsqu'il m'écrase à force de me serrer de plus en plus fort, je ne dis rien lorsqu'il se met à sangloter comme un gamin. Je fais le vide dans ma tête, parce que j'ai peur de ressentir tout le mal que je lui ai fait, je fais le vide et je m'éloigne de ça, de nous, je suis bien au-dessus de la scène, je le regarde pleurer contre moi de haut. Je me contente de caresser lentement ses doigts emmêlés aux miens.
Quand Louis se calme, vers le milieu de la nuit, je me retourne pour lui faire face. Son visage est gonflé, ses cils collés par l'humidité. Je passe lentement mon pouce sur sa bouche. Il ne sourit pas. Je murmure,
— Est-ce que c'est vraiment ce qu'un copain ferait, te faire pleurer ?
Il ferme un moment les paupières, et puis il souffle, même si c'est douloureux :
— Même si tu ne faisais que me rendre triste sans arrêt, je voudrais quand même que tu sois mon copain.
Et ça me ravage le coeur.
Bien plus que toutes ses larmes.
C'est une vraie douleur, qui se met à prendre toute la place, qui me terrifie.
Parce que je réalise à quel point notre relation est malsaine, à quel point Louis l'accepte.
Et à quel point je suis incapable de le laisser tomber,
Alors même que je suis celui qui lui fait du mal.
*
*
*
Je me réveille seul dans le lit le lendemain matin. Le ciel est d'un bleu pâle, et le soleil semble étrangement orangé au milieu des nuages. Je n'ai aucune envie de m'extraire du refuge de la couette, et pourtant, l'angoisse que Louis soit parti sans moi malgré tout ce que nous nous sommes dit me pousse à me lever. Il y a ses affaires dans un coin de la chambre, mais pas les miennes. Forcément, mon sac est près du canapé, là où je devais dormir. Je me demande si Gabriel y a dormi à ma place.
Je prends un short de foot et un gros sweat noir appartenant à Louis, puis je sors dans le couloir. Quelqu'un est manifestement dans la douche. Dans la cuisine, la radio grésille au milieu d'une odeur de pain grillé qui me donne faim.
Gabriel est assis à table, son portable entre les mains. Il me salue vaguement, et je reste comme un con, planté dans un coin de la pièce sans savoir vraiment quoi faire, comme à chaque fois que je suis dans un endroit étranger avec quelqu'un que je ne connais pas. L'impression de ne vraiment pas être à sa place et de déranger. Il y a un bol sale dans l'évier, et je présume que c'est celui de Louis qui prend sa douche.
— Tu peux te servir tu sais.
Je hoche lentement la tête. Je n'aime pas trop le ton qu'il prend. Comme s'il savait des choses sur moi que je n'ai pas du tout envie qu'il sache. Je déteste vraiment ce mec.
Je fais chauffer mon thé et me découpe un petit bout du pain sur lequel j'étale une fine couche de confiture. En me voyant déposer mon petit-déjeuner sur la table, Gabriel hausse un sourcil et laisse échapper un petit rire.
— Tu vas pas t'étouffer avec ça au moins.
Je ne réponds pas. Mon silence a l'air de l'agacer parce qu'il se lève pour faire sa vaisselle, puis se retourne à nouveau vers moi en crachant :
— Je ne sais vraiment pas pourquoi Louis traîne avec toi... Tu ressembles à un échappé de l'asile en plus.
Je serre les dents. Sérieux mec ? C'est quoi ce cliché de merde en plus ? J'enroule mes doigts autour de ma tasse. C'est brûlant mais je préfère me concentrer sur la douleur plutôt que sur Gabriel qui continue d'un ton sarcastique :
— T'as pas entraîné Louis dans des trucs louches au moins ? C'est un gars bien, je le connais depuis longtemps... Je te jure que si j'apprends que tu te drogues ou quelque chose comme ça... Et puis c'est quoi ce délire là... T'es vraiment suicidaire ?
Je relève les yeux vers lui. J'ai envie de pleurer et de hurler et de casser quelque chose et de griffer son visage. Mais je me retiens. Parce que si je faisais ça Louis me détesterait encore plus qu'il me déteste maintenant. Alors je réponds le plus calmement possible :
— Oui. Mais pas drogué.
Ma voix est tellement froide que je ne la reconnaît pas. Pourtant, Gabriel n'a pas l'air impressionné. Juste satisfait que je lui réponde enfin. Alors il enchaîne, les yeux brillants d'une haine que je ne comprends absolument pas :
— Ah ouais ? Et pourquoi ? Tes parents sont divorcés et t'as mal vécu la séparation ? Ta petite-amie t'a largué le jour de votre anniversaire de rencontre ? Ton poisson-rouge est mort ?
Je me lève. Je marche lentement jusqu'au lavabo, pour nettoyer ma tasse vide. Gabriel est si proche que je sens son souffle sur mon épaule. Je pose ma tasse dans l'évier, et je me tourne vers lui. Ses yeux si noirs me lacèrent l'estomac. C'est le sien que j'ai envie de déchirer.
— Pourquoi est-ce que ma vie t'intéresse tant que ça ? Tu penses vraiment que vouloir mourir est une chose amusante ? Tu penses vraiment que j'ai envie d'en parler au premier con qui passe ? Tu veux vraiment savoir pourquoi, un jour, j'ai eu tellement envie de disparaître que j'ai avalé une boîte entière de médicaments avant de me foutre dans une baignoire ? Tu penses vraiment pouvoir supporter entendre mes raisons ? Je ne crois pas.
Ses yeux vacillent légèrement mais il crache une dernière fois :
— Pauvre chou... Et à Louis aussi, tu lui as fait ce petit discours larmoyant pour qu'il s'occupe de toi comme s'il était ta mère ?
Mes mains fourmillent. J'ai tellement envie de lui lancer mon poing dans le visage mais une voix m'arrête net.
— Il n'a pas eu besoin, parce que je sais exactement ce que ça fait que d'avoir envie de crever et de passer à l'acte. Et si je ne te l'ai pas dit à l'époque, c'est parce que je savais très bien que tu réagirais comme une grosse merde Gab. Visiblement, tu n'as pas eu l'occasion d'évoluer.
Louis est nonchalamment accoudé à la porte de la cuisine, les bras croisés sur sa poitrine. Je le regarde et je me prends dans le ventre la façon dont il est naturellement beau et charismatique et lumineux malgré ses yeux cernés de noir. J'ai envie de m'avancer et de lui dire : je suis tellement amoureux de toi, mais ce n'est pas le moment. Gabriel se détourne de moi, ayant perdu tout de sa superbe :
— Attends, t'es sérieux là ?
— Oui.
— Tu, t'as... T'as voulu te suicider ?
— Oui. Je viens de le dire.
— Mais... Pourquoi ?
Louis hausse les épaules. Je sais qu'il ne dira rien. Parce que même à moi, il n'a jamais voulu en parler. Gabriel passe une main dans ses cheveux et murmure :
— J'sais pas quoi dire là. Comment t'as pu me cacher une chose pareille ?
— Peut-être parce que je savais très bien que tu n'allais pas me soutenir ? Que ça te ferait peur ? Que tu trouverais ça ridicule ?
— Mais... Je comprends pas Louis. T'es heureux non ? Dans la vie ? Genre, t'as aucun soucis ? T'es même pas malade.
Louis baisse légèrement les yeux. Je vois ses doigts qui tremblent légèrement, sa lèvre qu'il mord. Et je sais exactement ce qu'il va dire.
— Gabriel... Tu penses vraiment qu'il faut qu'un drame se passe dans une vie pour avoir envie de la détruire ? C'est tellement plus compliqué que ça. Je ne peux pas te l'expliquer. Ce qui me rend triste et mal, c'est en moi. Depuis toujours et peut-être à jamais. C'est sous ma peau.
*
*
*
On part dans l'après-midi. Gabriel ne parle plus vraiment. Il ne s'excuse pas de ce qu'il m'a dit, et ne prends pas Louis dans ses bras pour lui dire au-revoir. Il a le visage fermé. Je me demande à quoi il pense, s'il a honte ou s'il n'attend qu'une chose : oublier Louis. Passer à autre chose. Retourner dans son monde où il faut être fou pour avoir envie de crever.
On prend le bus, Louis et moi. Assis dans le fond, on s'amuse à inventer des vies aux gens qui montent et descendent. J'ai l'impression que ce qu'il s'est passé ce matin nous a rapproché, d'une façon ou d'une autre. On répare petit à petit ce que j'ai brisé. On se retrouve, nous.
Et c'est doux.
Ça me fait un bien fou.
Même si Louis ne me touche toujours pas.
*
*
*
— On va où maintenant ?
Assis sur un parapet, on mange notre panini végétarien en regardant les canards qui s'ébrouent sur le bord du fleuve, à quelques mètres de nous.
— Tu as une idée toi, demande doucement Louis.
Sa jambe droite retombe lentement le long du muret, l'autre est repliée contre sa poitrine. Il appuie son visage contre son genou. Geste si familier, que je l'ai vu si souvent faire. Je hausse les épaules et mes yeux se perdent vers l'horizon. Le ciel ocre depuis des jours. L'air orageux qui plane, mais ne s'abat jamais.
— Je sais pas. Ailleurs. Là où les gens comprendront sans poser de questions.
— Ça n'existe pas, ça.
Il sourit. Ses yeux sont apaisés. Je ne les ai jamais vu comme ça. Comme s'il... savait. Alors, évidemment, la réponse à sa première question me paraît évidente. Je tends la main vers sa hanche, là où j'ai si souvent caressé le minuscule tatouage qu'il y a d'encré. Je ne le touche pas, je sais qu'il n'en a pas envie, mais il comprend. Ses yeux s'éclairent davantage. Deux pierres bleues et lisses reflétant la lumière.
— « io vivo ».
L'Italie.
Le rêve de Louis, depuis si longtemps.
_ _ _
Voilà, leur petit road-trip commence vraiment à partir du prochain chapitre. Je ne l'ai pas encore écrit et je ne sais pas si j'aurai le temps en novembre car je dois écrire touuuut mon nanowrimo (autrement dit une fiction de 50 000 mots). 😂 Je vais essayer de m'avancer au maximum pour pouvoir vous poster 1 ou 2 chapitres de SLP pendant le mois de novembre mais je préfère ne pas trop m'avancer car ça va être un mois intense pour moi niveau écriture. :)
Love. ♡
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