Chapitre 1 : Yukihana, fleur de neige
L'astre lunaire jetait ses rayons opalins sur la surface paisible du lac. Tout était calme et silencieux.
La nuit était depuis longtemps tombée sur le village paisible de Konoha. Un souffle de vent léger parcourait les rues désertes et le froid se faisait plus mordant. Non loin de la porte principale, après le quartier des Uchiwa et la rivière Nara, se tenait un petit quartier sans prétention.
Le Clan Nowaki vivait là.
Ils n'étaient pas très nombreux à vrai dire même très peu. Seulement une demi-douzaine d'adultes pour deux enfants. Akane et Bunta étaient mariés et représentaient à eux seuls la branche principale de la famille. Dako, frère cadet de Bunta, époux de Fumi était le père d'un garçon de 15 ans révolus qui s'appelait Taku. Quant à la branche tertiaire, elle était composée de Ushio, jumeau d'Akane. Yoko, mère de Bunta et Dako, était l'ancienne du clan.
Leur quartier non plus n'était pas bien grand. Quatre rues pavées et cinq maisons, parmi lesquelles la demeure principale.
Dans le soir tranquille, un homme se tenait devant la demeure principale, accoudée à la rambarde abritée par un large avant toit.
Ses longs cheveux bruns et ses yeux noirs s'accordaient avec son teint halé comme celui des marins. Il était beau et plutôt grand.
Bunta Nowaki, soucieux, était allé prendre l'air devant la maison tandis qu'Akane discutait avec son jumeau dans la salle à manger.
La nuit était pourtant bien avancée mais le repas avait duré plus que prévu. Les époux venaient de demander à Ushio d'être le parrain de l'enfant à naître.
Akane, précautionneuse à cause de son ventre énorme, riait doucement avec son frère. Bunta entendait leurs rires lui parvenir. Il était heureux, là n'était pas la question mais il était un peu anxieux à l'idée d'avoir un enfant. Et pourtant, lui comme son épouse étaient des ninjas de ce village. Il avait bravé des épreuves toutes dangereuses et plus mortelles les unes que les autres..
La troisième grande guerre ninja était terminée depuis un peu plus de deux ans et depuis, les missions s'avéraient un peu moins meurtrières..
Cependant, en dépit de tout cela, Bunta avait un peu peur.
Akane arrivait au terme de sa grossesse, elle pouvait accoucher à tout moment.
Avec un léger soupir, il regarda la lune briller au dessus de sa tête et ricana soudain. Comme ça, il pouvait survivre à la guerre mais pas à la naissance de son premier enfant ? C'était ridicule ! Tout se passerait bien. Et Akane serait la meilleure des mères.
Alors qu'il songeait cela, un bruit mat lui parvint en même temps qu'une plainte douloureuse.
— Bunta !! Appela Ushio. Je crois que c'est le moment !
En panique, le futur père se précipita vers la salle à manger pour y trouver Akane, pliée en deux de souffrance, se tenant le ventre.
— Ushio ! Va chercher un médecin, vite ! Je reste avec elle.
Le jumeau d'Akane sortit de la demeure avec rapidité, allant quérir un médecin.
— Ma chérie.., appela Bunta en prenant délicatement son épouse dans ses bras.
Il replaça une de ses mèches cuivrées derrière son oreille et lui murmura que tout allait bien se passer.
Akane plongea son regard vert dans celui, noir de son mari et murmura :
— J'ai.. mal..
Bunta, désemparé, ne pouvait que la rassurer avec des paroles sincères et des caresses.
Quand le médecin ninja arriva enfin, Akane, pâle à l'extrême, serrait les dents pour ne pas se plaindre.
Après l'avoir allongée sur un lit, le médecin, accompagné d'une infirmière, commença à s'affairer. Le travail commença dans la souffrance indescriptible de la femme.
Les heures passaient, insoutenables et Bunta voyait bien que les forces d'Akane faiblissaient.
Bunta serait fort la main d'Akane, dans l'espoir de lui transmettre de la force, si seulement cela était possible ainsi. Mais les heures passaient, impitoyables, et de plus en plus angoissantes.
L'accouchement ne se passait pas comme prévu. Blême, le médecin informa alors le ninja qu'ils ne pourraient sauver que la mère ou l'enfant.
À l'annonce de cette nouvelle, Bunta avait fermé les yeux, espérant que tout ceci n'était qu'un cauchemar. Son épouse ne pouvait pas mourir des suites de son accouchement !
Le tourbillon qui naissait en lui le laissait sidéré, tremblant et manquant de chanceler.
Souriante, malgré la douleur, la femme serra la main de Bunta.
— Bunta.. Je ne veux pas que notre enfant meure.. S'il te plaît.. Laisse moi partir si je peux lui donner la vie.
L'homme serrait les dents pour réprimer les larmes qui montaient à ses paupières. Quelle pensée égoïste venait de lui traverser l'esprit ? Il avait envie de lui dire qu'elle lui était plus précieuse que tout à ces yeux, qu'elle ne devait pas mourir, qu'ils auraient sûrement un autre enfant. Mais au moment où songeait cela, il réalisa l'horreur que ses paroles représentaient. Comment pouvait-il dire ça à celle qui avait porté neuf mois durant leur enfant ?
Mais lui, la gorge serrée, se contenta de la regarder. Le front si délicat d'Akane était luisant de sueur et ses yeux verts l'exhortait à faire ce qu'elle lui demandait.
— Akane.. Murmura t-il difficilement. Je..
— Bunta ! Le coupa t-elle. S'il te plaît. Je tiens à cet enfant. Je veux qu'il vive !
L'homme s'agenouilla à côté d'elle tenant sa main.
Mille questions et noires idées traversaient son esprit. Il avait peur. Terriblement peur de la perdre. Comment aurait-il pu imaginer quelques heures auparavant que les choses se passeraient ainsi ?! Comment pourrait-il accepter la perte de celle qu'il aimait ?!
Encore une fois, il croisa le regard vert si intense de son épouse.
— Bunta.. Le supplia t-elle. Je t'en prie.
Le coeur de Bunta se brisa tout à fait alors que les mots tranchants traversaient ses lèvres. Les larmes se pressèrent à ses yeux et, la gorge nouée, il murmura :
— D'accord.
Il acceptait, espérant néanmoins du fond du cœur qu'ils parviendraient à la sauver elle aussi.
Le temps passa, plus angoissant que jamais. Le flot de sang que perdait Akane grandissait, et l'espoir que Bunta s'efforçait de garder s'amenuisait. Parviendraient-ils à les sauver tous les deux ?
Après plusieurs heures de souffrance, la délivrance approcha, avec le lever du jour. Une fillette hurla, respirant pour la première fois.
Bunta avait tressailli à l'entente de ce cri. L'enfant.. L'enfant était en vie ! Akane !
Son regard tomba sur son épouse.
Mais Akane était excessivement faible à cause de la perte de sang considérable et le médecin n'y put rien faire.
Si bien que Bunta finit par réaliser qu'elle ne survivrait définitivement pas à quelques instants supplémentaires.
Les larmes aux yeux, il prit sa fille dans les bras, la donnant à son épouse avec toute la tendresse dont il était capable.
— Comment veux tu l'appeler ? Lui demanda t-il avec émotion.
À ce moment précis, Ushio entra, et déclara d'une voix rauque :
— Il neige !
Akane esquissa un sourire en murmurant :
— Appelons-la.. Yukihana, fleur.. de neige.
Bunta se força à sourire et Akane ajouta :
— Promets moi de bien veiller sur elle.
Elle leva son bras tremblant pour poser sa main sur la joue de son époux qui ferma une seconde les yeux.
La fillette nouvelle-née gigotait dans les bras de sa mère mourante tandis que Bunta posait sa main sur celle de son épouse.
Une enclume toute entière semblait serrer sa gorge et il articula avec beaucoup de mal :
— Je te le jure.
La femme aux longs cheveux cuivrés sourit doucement, l'air soulagée.
Ses paupières se faisaient lourdes et sa main glissait le long de la joue de Bunta.
Lui, immobile, ne pouvait que sentir la vie s'échapper d'elle.
Quand le bras retomba sur le lit, elle lui adressa un dernier sourire et il vit dans les yeux verts la lumière disparaître.
Alors.. Akane rendit son dernier soupir.
— Je t'aime.., murmura Bunta alors qu'elle ne pouvait déjà plus l'entendre.
Il passa ses bras autour du corps d'Akane, la suppliant mentalement de revenir.
Il posa son front sur celui d'Akane, ne retenant plus ses larmes qui coulaient abondamment.
— Akane.. Oh.. Je t'en supplie.. Ne me laisse pas.
Sa voix se brisa tout à fait, et la fillette nouveau née se mit soudain à pleurer, comme si elle prenait conscience qu'à peine elle arrivait, sa famille se déchirait.
Le jumeau d'Akane regarda un instant ce tableau, hébété, comme ayant du mal à réaliser ce qu'il venait de se produire. Quand l'idée fit sa route dans son esprit, il tomba à genoux et pleura tandis que le médecin, très mal à l'aise, finit par sortir pour leur laisser un peu d'intimité.
***
Yukihana avait grandi. Elle était le portrait craché de sa mère. Brune aux yeux verts, de nombreuses taches de rousseur parsemaient ses joues. Son enfance, bien que dépourvue de la présence d'une mère, avait été plutôt insouciante.
Elle avait un père formidable et Taku, son cousin, l'entraînait beaucoup à toutes sortes de techniques. Elle le considérait comme son grand frère de cœur.
Son père l'aimait tendrement et l'encourageait dans ses études. Depuis un an seulement, elle était entrée à l'académie des ninjas et était déjà assez douée.
Même si son père aurait préféré qu'elle ne suive pas son exemple, la fillette ne jurait que par le métier de son père, fière qu'il soit un ninja de Konoha.
À l'âge de sept ans, elle avait déjà une bonne maîtrise du chakra. Elle était entrée à l'académie des ninjas à l'âge de cinq ans et était déjà une des plus douée de sa classe. À sept ans, elle avait rencontré l'espace d'un trimestre Itachi Uchiwa, qui, en génie qu'il était, ne resta pas longtemps à l'académie.
Mais elle même était prodigieusement douée pour son âge, c'est donc tout naturellement qu'elle fut diplômée de l'académie des ninjas à sept ans et demie. Ce jour là, quand le professeur lui remit son bandeau frontal, il lui sourit.
— Bravo Yukihana. Tu es dès à présent une kunoichi de Konoha.
Yuki avait largement souri, ne résistant pas à l'envie d'étreindre son professeur de l'académie, qui lui manquerait.
La fillette, heureuse et bandeau à la main, avait quitté promptement l'académie pour aller annoncer la bonne nouvelle à son père qui venait de rentrer de mission.
— Papa !! Avait-elle crié en entrant dans le quartier de son clan.
Son père était en pleine discussion, l'air grave, parlant avec Ushio. Dans son enthousiasme, elle n'entendit pas la fin de la conversation.
— Nous ne pouvons rien faire, à part rester vigilants.. Peut-être faudrait-il que nous..
Sa fille l'avait interrompu dans sa phrase et il s'était tourné vers elle, l'air un peu ennuyé, avant de remarquer son bandeau dans sa main.
Alors, un immense sourire illumina le visage du père, et tous ses soucis semblèrent disparaître d'un coup.
— Oh ma chérie !
Yukihana eut un rire en brandissant son bandeau :
— Je suis une ninja !!
Bunta attrapa sa fille et la fit un instant tournoyer.
Il souriait largement et lui dit :
— Allez ! Pour fêter ça, nous allons tous aller manger à l'extérieur du clan ! Est-ce que ça te plairait ?
— Oui !!
Le père reposa sa fille et fit un signe de tête à son beau frère.
— Je te laisse y aller, avec les autres, j'ai quelque chose à faire, je vous rejoins vite.
Ushio attrapa la main de Yukihana et ils sortirent du clan avec Taku et les autres du clan, qui félicitaient la petite diplômée à un si jeune âge.
Quand Bunta les rejoignit, il quitta son air sombre en entrant dans le restaurant. Il regarda sa fille avec bonheur.
Jamais soirée ne parut plus joyeuse à la petite fille. Sa famille était là, réunie, et elle était diplômée !
Vers la fin de la soirée, Minato, quatrième hokage, passa en coup de vent dans le restaurant, d'un signe de la main, il indiqua sa présence à Bunta qui acquiesça avant de le suivre dehors.
— Papa.. Où tu vas ?
— J'ai quelque chose à faire, je reviens tout de suite.
En effet, il ne s'éclipsa guère plus de dix minutes avant de revenir et de terminer son bol de ramen.
Peu à peu, les membres de la famille de Yukihana rejoignait le quartier du clan.
Ne resta bientôt plus que le père et sa fille.
— Yuki, on va aller annoncer cette bonne nouvelle à Maman ?
La petite fille avait acquiescé avec un air sérieux, suivant son père jusqu'au cimetière où se trouvait la tombe d'Akane.
Joyeuse, Yukihana annonça à sa mère sa réussite, amenant presque les larmes aux yeux de son père.
Celui-ci, après un moment, tendit la main vers elle.
— Viens. Nous rentrons.
Le père et la fille marchèrent dans les rues silencieuses, main dans la main, heureux de profiter de cet instant.. privilégié.
Un mois et demi passa, plutôt calme et paisible. Néanmoins, Bunta n'était pas tranquille. Il voyait régulièrement l'hokage et passait autant de temps qu'il le pouvait avec sa fille.
Yukihana, qui, malgré son jeune âge, était clairvoyante, ne tarda pas à se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Et la suite des évènements lui montra à quel point elle avait eu raison.
Ce matin là, assise dans la salle, avec les autres nouveaux diplômés de l'académie des ninjas, en général âgés d'environ onze ou douze ans, elle attendait de découvrir qui serait son nouveau professeur.
Leur ancien professeur était entré dans la salle souriant :
— Bonjour les enfants ! Félicitations pour votre diplôme ! J'espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous êtes prêts à commencer votre nouvelle vie en temps que Genin de Konoha.
Il avait annoncé les groupes d'élèves.
Yukihana faisait partie de l'équipe n°13, avec deux garçons, sous la supervision de Zakagae Hyuga.
Cherchant dans la salle, elle essaya de trouver du regard les deux concernés.
Kaneki Nogue était brun, à la peau mate et aux yeux noirs. C'était un peu le boute en train de la classe. Quand il n'était pas occupé à faire des farces, il était un compagnon très agréable. Yuki l'avait déjà vu se battre et elle savait qu'il avait une très bonne maîtrise du taijutsu, qui faisait presque pâlir le véritable expert en taijutsu de la classe, le garçon à la coupe au bol, Gai Maito.
Adano Fukui était l'extrême opposé de Kaneki. Il était blond comme les blés, avec un visage doux, illuminé par des yeux d'un bleu pur. Sa peau pâle lui donnait un peu un air de fantôme. Il était plutôt timide, ne parlait pas beaucoup mais était d'une grande intelligence, en plus de d'avoir les meilleurs résultats en lancers de kunai de toute la classe. Il ne ratait jamais une cible.
Quand leur sensei entra, quelques minutes plus tard, la fillette l'avait scruté. Il avait de longs cheveux bruns, des pupilles violettes qui montrait sa maîtrise du Byakugan, et un air gentil.
C'est ainsi que sa vie de ninja commença.
***
— J'y vais 'Pa, à ce soir !
Bunta avait passé sa tête par la porte de la cuisine, à temps pour voir Yuki s'emparer de son panier repas et filer vers les terrains d'entraînement, son bandeau solidement attaché à son front.
Il sourit. Un an. Cela faisait un an qu'elle avait été intégrée dans cette équipe. Bunta avait eut le loisir de rencontrer ses nouveaux amis, Kaneki et Adano et les avait trouvé fort sympathiques.
Ils enchaînaient les missions simples, et depuis quelques mois, il avait même fait trois missions de rang C avec leur sensei.
— Salut les gars ! Dit-elle avec clarté en rejoignant Kaneki et Adano sur le terrain d'entraînement n°2.
— Salut Yuki, ça va ?! Lui demanda Kaneki en lui tapant, comme toujours, vigoureusement la main pour lui manifester son enthousiasme de la voir.
La fillette de huit ans et demi avait sourit à son ami avant de dire :
— Oui, très bien !!
Adano avait salué d'un geste de la main discret Yukihana qui lui demanda :
— Comment vas ta petite soeur ?
La mère d'Adano venait d'accoucher d'une petite fille, Ayame, qui était adorable.
Yuki s'assit au sol entre Kaneki et Adano, leur disant :
— Est-ce que vous savez ce qu'on fait aujourd'hui ?
Adano sembla réfléchir et répondit :
— Probablement un entraînement au taijutsu. Il me semble que Zakagae-sensei voulait qu'on en fasse un.
Le professeur ainsi nommé arriva à ce moment et Kaneki leva les yeux vers Adano pour le féliciter quand Zakagae déclara :
— Salut les enfants, aujourd'hui c'est Taijutsu.
Puis, à la fin de l'après midi, quand l'entraînement s'acheva, le professeur les retint un moment.
— Bon, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. Laquelle voulez-vous en premier ?
Kaneki s'empressa de s'exclamer :
— La bonne d'abord !!!
Zakagae sourit et regarda tour à tour ses élèves, une lueur de fierté dans le regard.
— Je vous ai tous les trois conseillé pour l'examen chunin qui se déroulera dans trois mois.
Un tonnerre de cris accueillit la nouvelle. Enfin.. Un tonnerre. Kaneki, debout, sautillait sur place, Yuki, secouait Adano comme un prunier, lui répétant : "Non mais tu te rends compte !"
Le Hyuga laissa échapper un sourire amusé. Ses élèves étaient enthousiastes. Même Adano souriait largement.
— Et quelle est la mauvaise nouvelle, Zakagae-Sensei ? Demanda prudemment le plus calme de l'équipe.
Le Jonin haussa les épaule et les regarda amusé avant de dire :
— L'entraînement sera plus intensif que jamais. Nous nous entraînerons dix heures de plus par semaine.
Le brun de l'équipe s'écroula au sol en râlant :
— Oh non, ça Sensei, c'est pas juste.. On va mourir à ce train là !
Yuki regardait son professeur avec une joie non contenue.
— Moi ça me va, j'adore les entraînements !
Adano avait souri. Il valait mieux être entraîné pour aller à l'examen chunin.
Ce soir là, en rentrant de son entraînement, elle hâta le pas. Il était déjà tard et elle avait hâte d'annoncer la bonne nouvelle à sa famille et pressait le pas.
Elle longea le quartier Uchiwa traversa la rivière Nara en marchant sur l'eau et se précipita dans la grande avenue. Elle passa les piliers de pierre de son clan sur lesquels un dragon était sculpté dans la pierre.
La nuit était tombée depuis environ une heure mais elle était restée un moment avec son professeur et Adano et Kaneki, pour être félicités par le Hokage en personne qui faisait le tour des équipes.
— Papa !! Appela t-elle, en courant dans la rue principale de son quartier.
Ses cheveux cuivrés comme ceux de sa mère, balayait l'air derrière elle et ses grands yeux verts rayonnaient de bonheur. Elle avait le teint légèrement hâlé et débordait de joie de vivre.
— Papa ? Tu es là ? Dit-elle en entrant dans la demeure principale de son clan.
Elle se dirigea vers la salle à manger, déclarant d'une voix forte :
— Devine quelle bonne nouvelle j'ai à t'annoncer !!
Mais personne ne lui répondit. C'était étrange ma foi. D'habitude, son père s'empressait de venir la voir pour la serrer dans ses bras. Peut-être était-il parti en mission ?
Yuki songea qu'il pouvait aussi être en train de se reposer à l'étage, ses derniers jours, il avait l'air soucieux et fatigué.
La fillette s'apprêtait à quitter la salle à manger mais elle s'interrompit en voyant un liquide carmin répandu sur le sol.
Un frisson intense la parcourut et elle écarquilla les yeux tandis que son rythme cardiaque s'accélérait.
Quelque chose clochait.
Levant les yeux, elle croisa le regard d'un individu vêtu d'un long manteau noir. Son visage, dont la partie inférieure était cachée par un masque, se tourna vers elle. Son père, étendu au sol ne bougeait plus.
C'était.. de lui que venait le sang.. Car c'était bien du sang qui maculait les tatamis blancs de la salle à manger.
Un goût âpre, amer, se répandit dans sa bouche. La première fois que l'on voit autant de sang, l'on ne s'attend pas à ce que ce soit celui d'une personne que l'on aime..
Yukihana resta figée l'espace d'un instant et elle et le meurtrier, -car c'était évident que c'était ce qu'il était-, se fixèrent. La petite fille face à cette silhouette imposante et menaçante.
Entre la tristesse, la colère et la peur, se fut un mélange de colère et de peur qui prédomina. Yukihana resta sur ses gardes, portant la main à la sacoche qui contenait deux kunai et quelques shurikens.
L'homme mystérieux fit un pas vers elle et elle saisit un de ses kunai, le tendant en face d'elle pour se protéger.
— Ne vous approchez pas ! Déclara t-elle avec toute la force dont elle était capable pour cacher le tremblement de sa voix.
— Si tu ne résistes pas, aucun mal ne te sera fait. Déclara la voix rauque de l'assassin.
Elle ne lui faisait pas confiance et ne répondit qu'au bout de vingt secondes.
— Qui êtes-vous ? Fut la seule réponse qu'elle eut pour lui.
L'assassin sembla hésiter avant de dire avec un sourire qui n'inspirait rien de bon :
— Le réparateur des torts. Et tu vas me suivre. Exigea t-il.
Elle, malgré les tremblements qui secouaient son corps, rétorqua vaillamment :
— Non, répondit-elle avec force.
La colère montait en elle, mêlée à une peur toujours plus grande.
L'homme fit un pas de plus et elle appela, en désespoir de cause, d'une voix étranglée :
— Taku ! Ushio ! Fumi !
Un long silence résonna à ses oreilles avant qu'elle n'entende un petit rire étouffé. Le rire s'amplifia, devenant plus fort à chaque seconde. Finalement, il riait à gorge déployée, d'un rire qui lui fit froid dans le dos.
— Ils ne viendront pas. Ils sont morts. Finit par dire l'assassin.
Yukihana se sentit chuter intérieurement. Comment cela pouvait-il être possible ?
— Pour.. quoi ?? Balbutia t-elle.
Encore une fois l'assassin prit son temps avant de répondre :
— Parce que c'est toi la détentrice actuelle du pouvoir de ton clan et que je veux que tu sois à mon service.
Elle ne lui faisait pas confiance. Il avait tué sa famille ! Qui était-il ?? Partir ? Quitter le village qu'elle a toujours connu. Ne plus voir ses amis.. Partir, même maintenant qu'elle n'avait plus de famille, cela n'avait aucun sens. Elle était une ninja de Konoha ! Elle ne servirait pas un inconnu, qui plus est, elle ne trahirait pas son village.
— Jamais !!
La fillette se sentait trembler de colère et une force qu'elle ne se connaissait pas passa dans son corps.
La fureur. Était-ce cela ? Le sang pulsait à ses oreilles et sa vision tournait au rouge. La haine.. La vengeance. Voilà ce qu'elle voulait. Si jeune et déjà haïssant de toute ses forces celui qui avait tué sa famille.
Une forte chaleur l'envahit, une force incommensurable sembla parcourir son corps, ses bras, ses jambes. Chaque muscle de son anatomie sembla tressaillir à cet assaut d'énergie. Une forte lumière s'échappa d'elle et elle dut s'évanouir car elle n'eut plus conscience de rien après cela.
L'espace d'un instant avant qu'elle ne perde connaissance, un hurlement résonna dans la pièce mais elle était persuadée n'était pas le sien. Quelqu'un était-il venu l'aider ?
Quand elle rouvrit enfin les yeux, plusieurs heures plus tard, le cadavre de l'assassin, presque déchiqueté, était étendu à côté de celui de la victime. La vision de ce corps en morceau la dégoûta tant qu'elle faillit vomir. Néanmoins, elle l'ignora et se dirigea à pas lents vers son père.
Elle avait réussi, elle ne savait pas trop comment, à s'empêcher de pleurer devant le danger qui l'avait menacé auparavant, mais à présent, elle ne pouvait que verser toute sa peine sur le corps de son père.
Sans ses yeux ouverts sans vie qui fixait avec horreur le plafond, et l'immense plaie qui barrait son torse, Yukihana aurait pu penser qu'il dormait.
Avec désespoir, elle secoua les épaules de son père.
— Papa. Papa ! Je t'en prie.. Ne me laisse pas..
Les larmes jaillirent de ses yeux, en torrents tandis qu'elle serrait contre lui la dépouille sans vie de son père, maculant de ce fait ses habits, ses mains et son visage de sang poisseux et presque froid.
— PAPAA !
Combien de temps passa ? Elle ne le sut jamais. Sa peine semblait ne jamais pouvoir se tarir et elle pleurait sans pouvoir faire autre chose que gémir et supplier son père de revenir. Cruelle réalité que de comprendre l'horreur de la mort si jeune..
Au bout d'une éternité, où elle était restée prostrée à pleurer, une main se posa sur son épaule. Venait-on la chercher, l'amener ? Elle ne laisserait personne la séparer de son père encore une fois.
Elle se retourna, larmes aux yeux et kunai à la main, visant le cou de l'individu qui recula brusquement. L'intrus avait sur le visage, un masque de chat bariolé, un tatouage rouge en forme de spirales entrelacées sur le bras gauche.
Lui fixa le regard vert embué de larmes mais pourtant si intense.
— Hey.. Dit-il. Tu n'as pas à avoir peur, murmura t-il en montrant ses mains, pour l'apaiser.
Yukihana avait mal à la tête à force de pleurer et n'y voyait plus grand chose tant ses yeux était gonflés.
— Qui.. es tu ? Renifla t-elle sans grande élégance.
Le garçon sous le masque laissa échapper un léger soupir.
— Katsuo. De l'ANBU. Mais tout va bien maintenant. On va prendre soin de toi. Nous sommes des ninjas au service de l'Hokage.
Le garçon paraissait jeune, à peine onze ans. Il avait des cheveux argentés en pagaille et sa peau était pâle.
Le jeune garçon regardait avec compassion cette fillette qui venait de perdre son père comme lui auparavant. Il lui tendit la main et la releva. Finalement en confiance face à cet enfant qui avait presque son âge, elle se laissa faire. S'adressant à un autre d'entre eux, visiblement plus âgé, il dit :
— Yamato, appela t-il, occupez-vous de lui trouver un lieu pour vivre.
Pour un enfant, il avait une autorité surprenante. Et s'il était un complice de cet assassin ?
Yukihana recula, se mettant devant le cadavre froid de son père.
La main de la petite fille quitta la sienne et le garçon au masque la regarda attentivement se poster devant son père.
— Je veux rester ici.
Un autre ninja avec un masque, Yamato, regarda alors le jeune ninja et ce dernier reprit :
— Non. Tu ne le peux. Nous te trouverons un appartement en ville. C'est dangereux pour toi de rester ici.
— Je ne sais même pas qui vous êtes !
Le brun attrapa vivement le poignet de la petite pour la tirer vers l'extérieur. Mais elle se débattit farouchement, finissant par le mordre pour qu'il la lâche.
Il s'irrita et l'attrapa en enserrant ses bras autour de sa taille. Gesticulant, elle sentant la panique s'emparer d'elle. Il était bien plus fort qu'elle et il lui coupait la respiration.
— Yamato ! Cela suffit ! Tu lui fait mal ! Intervint le garçon aux cheveux d'argent.
À ce moment précis, Yukihana aperçut une silhouette familière. L'hokage, entra dans la maison suivit de quelques ninjas également masqués.
— Yamato, lâche la.
Yukihana put reposer ses pieds au sol et regarda avec suspicion le blond qui la regardait. Si c'était un piège ? Un clone ennemi ayant pris l'apparence de Minato ?
Elle recula jusqu'au fond de la pièce et il s'approcha doucement.
— N'aie pas peur, Yukihana. ce n'est que moi. Et eux font partie de l'Anbu, les services secrets du village.
La petite fille n'en pouvait plus. Elle était à bout de forces, fatiguée et encore secouée par la mort de sa famille.
S'accroupissant, l'hokage blond tendit la main vers elle et elle finit par l'attraper avec appréhension.
Quand cela fut fait, le quatrième du nom l'attira à lui et la serra dans une étreinte réconfortante.
Yukihana sentit les larmes affluer à nouveau et se remit à pleurer sans pouvoir s'en empêcher. Lui, un peu maladroit mais infiniment doux, passa doucement sa main dans son dos pour la calmer.
— Yukihana.. ça va aller.. Nous sommes là pour toi.
Elle acquiesça silencieusement et il demanda :
— Tu es blessée ?
Elle secoua la tête pour nier.
Il s'écarta légèrement pour la regarder et remit une de ses mèches derrière son oreille.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à venir me voir..
Les larmes affluèrent à ses yeux, encore une fois.
— Ça va aller.. tu n'es pas seule.
La petite fille ne retint pas quelque larmes et se serra contre l'hokage à la présence si rassurante.
Le quatrième Hokage désigna du doigt le bandeau de ninja que la fillette avait toujours sur le front.
— Seules les pierres ne pleurent jamais.. tu es très courageuse Yukihana..
La petite fille tenta vainement de sécher ses larmes, remercia le Hokage et ce dernier embrassa doucement son front.
Yamato s'inclina rapidement et dit alors :
— Il vous attend à l'intérieur pour le rapport.
— Bien.
Minato tourna les talons, rejoignant l'extérieur de la maison ou un adulte de l'Anbu lui fit son rapport.
— A priori, l'assassin est mort un moment après.. Bunta Nowaki.. Soit une tierce personne est intervenue.. soit..
— Soit ?
— Soit Yukihana l'a tué inconsciemment.
L'hokage plongea dans une réflexion intense. Lui savait. Bunta l'avait mis au courant de ce qu'il risquait d'arriver. Et il soupira.
— Peu importe, répondit l'hokage. Sécurisez le village, nettoyez les lieux. Célébrons l'enterrement dans les jours qui viennent. Je vous laisse vous charger de trouver un endroit où loger Yukihana.
Le chef de l'Anbu acquiesça et fit signe au garçon aux cheveux argentés de s'approcher.
Yukihana, l'air sonnée, était assise sur la première marche de la demeure quand le garçon en question l'aborda.
— Viens.
— Où allons-nous? Finit-elle par demander, après s'être levée.
Il ne répondit rien pour le moment et elle le suivit dans les méandres des rues endormies.
Il s'approchaient du centre du village, à côté d'un grand parc boisé.
Ils entrèrent dans un bâtiment depuis lequel on voyait le bâtiment central du village et le ninja se tourna vers elle.
— On m'a charger de te mener ici.
Elle le regarda avec incompréhension.
— Tu vas habiter ici à présent. Peut-être demain ou après demain tu pourras aller chercher quelques affaires chez toi. Bonne soirée.
Sans plus de discours, le ninja partit, la laissant seule avec ses questions sans réponses.
L'appartement était assez grand et après avoir fermé la porte, elle marcha dans les différentes pièces avant de trouver la chambre.
Elle marcha jusqu'à ce qui lui semblait être son nouveau lit et se laissa tomber dessus. Elle n'avait plus de larmes et même si son cœur était déchiré, elle se laissa sombrer dans la fatigue.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top