Les premières lueurs de l'aube filtrèrent à travers les rideaux de l'appartement d'Aspen, projetant une lumière pâle et décolorée sur les murs pastel. Cette lumière douce contrastait avec l'intensité du combat nocturne. Aspen se réveilla, les muscles encore endoloris par l'affrontement, et ses pensées revinrent immédiatement à Jena.

Il peinait à comprendre ses sentiments après leur rencontre. D'ordinaire, la vue d'une vampire aurait suffi à éveiller une vague de haine et de colère, mais avec Jena, quelque chose était différent. Il se leva, enfila ses vêtements de chasse, et se dirigea vers la cuisine. Le rituel matinal lui offrait une routine apaisante, un moyen de rassembler ses pensées avant que le monde ne se réveille.

L'intérieur de son appartement, décoré avec simplicité et fonctionnalité, était un havre de tranquillité. Une petite bibliothèque contenait des volumes épais sur la chasse aux vampires, la mythologie et les artefacts, chacun annoté des notes manuscrites d'Aspen.

Son café prêt, Aspen se dirigea vers la table où il avait laissé une photo décolorée de sa sœur, décédée lors d'une attaque de vampires quand il était jeune. Cette perte avait marqué sa vie, ses parents devenant plus durs avec lui après ce drame, mais ils étaient encore en vie. Sa quête de vengeance était devenue une partie intégrante de son identité.

Son téléphone vibra sur la table, interrompant ses pensées. Aspen décrocha avec un sourire en entendant la voix familière de Mark, son collègue et meilleur ami.

« Aspen, mon vieux ! T'es déjà sur pied ? J'espère que tu n'as pas passé la nuit à traquer des vampires comme un somnambule en quête de café. » lança Mark avec une touche d'ironie.

Aspen leva les yeux au ciel tout en répondant. « Ah, tu sais, je me suis réveillé avec la grâce d'un hérisson sur une route. La nuit a été... mouvementée. T'as entendu parler d'une activité suspecte dans le quartier Est ? »

Mark éclata de rire. « Oui, en effet. On parle de rumeurs de rassemblements de vampires. Peut-être qu'ils préparent une soirée karaoké spéciale "Chansons de l'ombre" ou un concours de danse nocturne. »

« Oh, j'espère qu'ils n'ont pas oublié les costumes. Je suis impatient de voir des vampires en tenue de soirée pour leurs festivités », plaisanta Aspen en attrapant son blouson.

Mark continua sur le ton de la plaisanterie. « Ha ! Peut-être que les vampires sont juste en train de planifier un barbecue. Tu sais, juste pour nous, les chasseurs, histoire de rendre les choses un peu plus... savoureuses. »

Aspen pouffa de rire. « En parlant de savoureux, je me suis réveillé avec une envie folle de croissants. Si tu as une baguette magique qui fait apparaître des croissants, je te paye une tournée. »

« Ah, je vois que tes priorités sont bien en place ! Je vais devoir me contenter de te fournir des croissants imaginaires pour l'instant. Mais je serai là, avec une armée de croissants pour me faire pardonner », répondit Mark en riant.

Aspen fit semblant de réfléchir. « Hmmm, croissants imaginaires... ça pourrait être une nouvelle mode. Mais je préfère de loin les réels. Alors, tu veux éviter la morsure du vampire affamé et nous faire une faveur en apportant des croissants ? »

Mark grogna. « D'accord, d'accord. Je me charge de la mission croissants. Mais reste sur tes gardes et ne te transforme pas en hors-d'œuvre avant mon arrivée. »

Aspen sourit en raccrochant. « Promis, je vais éviter de devenir le plat principal. Je me prépare et je te retrouve là-bas dans une heure. Et n'oublie pas les croissants ! »

Mark répondit avec un dernier éclat de rire. « À tout à l'heure, croissant-addict. »

Aspen raccrocha, un sourire amusé aux lèvres. Le ton léger et la complicité de leur conversation faisaient partie intégrante de leur partenariat, même au milieu des dangers et des défis.

De son côté, Jena se trouvait au manoir des Ravenwood, une demeure imposante empreinte d'une grandeur froide. Les vastes pièces, décorées de meubles anciens et d'œuvres d'art, reflétaient la majesté et l'ancienneté de sa lignée. Dans le bureau privé de son frère Darius, la lumière tamisée des lampes créait une atmosphère sévère. Des cartes et des documents étaient éparpillés sur un bureau en chêne massif.

Darius, assis derrière son bureau, levait les yeux des papiers qu'il examinait. Sa froideur était palpable, ses traits marqués par l'âge et la cruauté accumulée au fil des siècles. Lorsqu'il aperçut Jena entrer, ses yeux durcirent, une lueur impitoyable traversant son regard.

« Alors, qu'as-tu à me dire ? » demanda-t-il d'une voix glaciale, sans lever les yeux de ses documents.

Jena s'assit en face de lui, cachant son anxiété sous une façade impassible. « J'ai eu une rencontre avec un chasseur, Aspen. Nous avons eu un combat. Il semblait en savoir beaucoup et avait l'air différent des autres. »

Darius fronça les sourcils, une veine de colère montant dans ses yeux sombres. « Différent comment ? »

Jena hésita un instant, cherchant les mots justes. « Il semblait... plus informé, et son attitude était particulière. Il avait une manière de se battre et une présence qui ne ressemblait pas à celle des autres chasseurs que j'ai rencontrés. »

Le visage de Darius se durcit davantage. « Un chasseur qui te fait croire qu'il est spécial ? Jena, tu ne peux pas te permettre d'être émue par de telles créatures ! Ils sont nos ennemis et doivent être éliminés sans pitié. »

Jena se redressa légèrement, son regard se durcissant sous la pression de son frère. « Je ne suis pas émue, Darius. J'ai pris les mesures nécessaires. Le chasseur ne pose plus de problème. »

Darius la fixa avec une intensité glaciale, ses yeux brûlant d'une lueur rougeâtre. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« J'ai tué le chasseur », répondit Jena, sa voix ferme malgré la tension palpable. « Je me suis assurais qu'il ne serai plus une menace. »

Darius relâcha un soupir de soulagement, mais son regard resta aussi perçant que la lame d'une épée. « Très bien. Assure-toi de rester concentrée. La prochaine fois que tu rencontres un adversaire 'particulier', je préfère que tu termines le travail sans hésitation. Nos ennemis ne méritent aucune pitié. Nous ne pouvons nous permettre d'être affaiblis par des distractions. »

La tension dans la pièce resta palpable, Jena acquiesça d'un geste rigide. « Je comprends. Je ferai ce qu'il faut pour protéger notre famille et notre territoire. »

Alors qu'elle quittait le bureau, Jena ressentit la lourdeur de la responsabilité qui pesait sur ses épaules. Elle savait que chaque décision qu'elle prendrait pourrait avoir des répercussions profondes, non seulement pour elle-même, mais aussi pour l'équilibre fragile entre les mondes des vampires et des chasseurs. Cependant, jamais elle ne tuerai sans raison. Ce soir, elle avait menti à son chef pour la première fois et sa pourrait lui valoir la mort. Les Ravenwood n'étaient pas connu pour faire dans la dentelle.