Chapitre 15
Aspen s'appuya contre le comptoir de la cuisine, ses yeux fatigués fixés sur la fenêtre par laquelle la lumière du matin inondait la pièce. La maison était trop silencieuse, trop vide, et chaque seconde semblait s'étirer en une éternité insupportable. Cela faisait plus d'une semaine qu'il n'avait pas eu de nouvelles de Jena, et chaque jour sans signe d'elle alourdissait encore le poids d'une inquiétude grandissante. Il tentait de se distraire, de s'engager dans ses routines habituelles, mais ses pensées revenaient toujours à Jena, à son absence, et à la douleur étrange et persistante qu'il ressentait dans sa poitrine.
Il soupira, serrant une tasse de café froid entre ses mains. Les souvenirs de leur dernière rencontre lui revenaient en mémoire, les moments où elle avait lutté contre sa soif, le regard qu'elle lui avait lancé, mêlé de détermination et de peur. Aspen ne comprenait pas pourquoi l'absence de Jena faisait naître en lui cette douleur sourde, presque physique, comme si quelque chose tirait sur son âme.
Une sonnerie retentit soudainement, brisant le silence pesant de l'appartement. Aspen se redressa, une pointe d'espoir émergeant de sa torpeur. Il se précipita vers la porte d'entrée, son cœur battant plus fort. Lorsqu'il ouvrit la porte, il trouva un livreur tenant une enveloppe. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu'il la prit, remerciant rapidement le livreur avant de fermer la porte.
Il ouvrit l'enveloppe avec une nervosité palpable et en sortit une lettre soigneusement pliée. En voyant l'écriture soignée de Jena, son cœur se serra. Il s'assit à la table de la cuisine, dépliant lentement la lettre, ses yeux parcourant avidement les lignes.
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**Cher Aspen,**
Je sais que cela fait un moment que tu n'as pas eu de nouvelles, et je suis désolée pour ce silence prolongé. Les choses ont été très compliquées ces derniers temps, et je voulais t'écrire pour t'expliquer un peu plus ce qui se passe.
Je suis revenue au manoir pour reprendre le contrôle après les difficultés que j'ai rencontrées. Mon frère a pris des mesures pour m'aider à gérer ma soif, et bien que j'aie fait des progrès, la situation est encore instable. Il m'a donné un soutien nécessaire, mais je suis encore en train de m'ajuster à cette nouvelle réalité.
Je tiens à te rassurer sur le fait que je vais bien et que je travaille dur pour retrouver un équilibre. Je n'ai pas oublié notre mission, et je reste déterminée à la mener à bien. Je veux que tu saches que tes pensées et ton soutien ont été d'un grand réconfort pour moi durant cette période.
Je ne peux pas encore te donner une date précise pour notre prochaine rencontre, mais je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela soit le plus tôt possible. En attendant, sache que tu es dans mes pensées, et j'apprécie profondément ta patience et ta compréhension.
Avec tout mon respect et mon affection,
Jena
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Aspen relut la lettre plusieurs fois, essayant de s'imprégner de chaque mot. Une partie de lui se sentait soulagée, sachant que Jena faisait des progrès. Mais une autre partie restait inquiète, profondément perturbée par l'idée de Jena sous l'influence de Darius. Il savait combien son frère pouvait être manipulateur et dangereux.
Il reposa la lettre sur la table, sentant une vague de frustration monter en lui. Il ne pouvait pas rester là, à attendre sans rien faire. Mais que pouvait-il faire? Il se leva brusquement, se dirigeant vers le salon. Son regard se posa sur son téléphone. Il le prit et chercha dans ses contacts jusqu'à tomber sur un nom : Malouf.
Malouf était un ancien chasseur de vampires, maintenant à la retraite, qui avait tué plus de vampires qu'il ne pouvait en compter. Aspen avait toujours trouvé une certaine sagesse dans ses conseils, même s'ils étaient souvent enveloppés de mystère et de sobriété. Il n'était pas du genre à paniquer, ce qui contrastait fortement avec la tempête d'émotions qui faisait rage dans le cœur d'Aspen.
Après une seconde d'hésitation, Aspen appuya sur le bouton d'appel. Le téléphone sonna plusieurs fois avant qu'une voix grave et usée par le temps ne réponde.
« Allô? »
« Malouf, c'est Aspen, » dit-il avec une tentative de légèreté dans la voix. « J'espère que tu n'es pas trop occupé à raconter des histoires de guerre à tes plantes d'intérieur. J'ai besoin de ton aide. »
Il y eut un petit silence avant que Malouf ne réponde, et Aspen put presque imaginer le sourire fatigué de l'homme à l'autre bout du fil. « Tu as toujours eu un sens de l'humour bizarre, gamin. Que se passe-t-il? »
Aspen prit une profonde inspiration, essayant de garder son ton léger. « Oh, rien de trop grave. Juste une princesse vampire en détresse, un frère manipulateur, et une angoisse qui pourrait remplir un camion. Je voulais voir si tu pouvais me fournir des infos sur le manoir de Darius, histoire de savoir à quel point je dois paniquer. »
Malouf soupira, et Aspen pouvait entendre la sagesse et l'expérience peser dans sa voix. « Aspen, tu sais bien que Darius est un homme dangereux. S'immiscer dans ses affaires pourrait avoir des conséquences... permanentes. »
Aspen laissa échapper un rire nerveux. « Ouais, je me suis dit que ça mettrait un peu de piquant à ma journée. Tu sais, je m'ennuie un peu, ici. »
Malouf ne répondit pas immédiatement. Lorsqu'il parla à nouveau, sa voix était empreinte de calme et de gravité. « Écoute-moi, gamin. Je comprends ton inquiétude. Je sais ce que c'est que de vouloir protéger quelqu'un à tout prix. Mais tu dois garder la tête froide. Darius n'est pas un vampire ordinaire. Il est rusé, calculateur. Si tu te précipites sans réfléchir, tu risques de tout gâcher, pour elle et pour toi. »
Aspen serra les dents, ressentant la douleur lancinante dans sa poitrine, celle qu'il ne comprenait toujours pas mais qui s'intensifiait avec chaque minute passée loin de Jena. « Je sais, je sais, tu as raison, vieux sage. Mais je ne peux pas rester là à ne rien faire. Ce lien que je ressens avec elle... C'est comme si chaque jour sans elle me brûlait un peu plus. »
Un silence pesa de nouveau avant que Malouf ne réponde, sa voix plus douce cette fois. « Ce que tu ressens, c'est plus qu'une simple inquiétude. Les liens entre les êtres, surtout avec des vampires, peuvent être très profonds. Ils peuvent affecter ton corps et ton esprit. Mais précipiter les choses ne fera qu'empirer la situation. Tu dois être patient, Aspen. La patience est une vertu que peu possèdent, mais elle est essentielle quand on s'aventure dans des territoires aussi dangereux. »
Aspen ferma les yeux, tentant de chasser la douleur qui continuait de tirailler sa poitrine. « D'accord, Malouf, » dit-il finalement. « Je vais essayer de ne pas foncer tête baissée. Mais je vais quand même avoir besoin de tes infos, vieux. Je dois savoir ce qui se passe là-bas. »
« Je comprends, » répondit Malouf avec une résignation douce. « Donne-moi quelques jours. Je vais voir ce que je peux trouver sans attirer trop d'attention. Mais promets-moi de ne pas faire quelque chose de stupide pendant ce temps. Tu n'es pas seul dans cette bataille. Et parfois, le meilleur moyen d'aider ceux qu'on aime, c'est de leur faire confiance et d'attendre le bon moment pour agir. »
Aspen acquiesça, bien que Malouf ne puisse pas le voir. « Merci, Malouf. Je sais que tu as raison, mais ce n'est pas facile. »
« Ça ne l'est jamais, » répondit doucement Malouf. « Tiens bon, Aspen. Tu es plus fort que tu ne le crois. »
Ils échangèrent quelques derniers mots avant de raccrocher. Aspen resta un moment immobile, le téléphone encore dans sa main. Un plan commençait à se former dans son esprit, mais il savait qu'il devait écouter le conseil de Malouf. Se précipiter ne ferait qu'aggraver la situation.
Il se rassit à la table, fixant la lettre de Jena. Il savait que l'attente serait longue et difficile, mais il était prêt à endurer cette épreuve pour elle. Chaque jour sans elle était une douleur nouvelle, mais il avait foi que bientôt, ils seraient réunis.
Pour l'instant, il devait garder la tête froide, trouver la force de patienter et être prêt quand le moment viendrait. Parce qu'une chose était certaine : peu importe ce qu'il en coûterait, Aspen n'abandonnerait jamais Jena.
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