Jour pourpre
Chapitre huit:
J'ai fini par m'endormir jusqu'à ce que je me réveille, incapable de replonger à nouveau dans les méandres du sommeil. J'ai fait semblant de dormir, un petit moment et puis, ça m'a ennuyé. Alors, j'ai ouvert un oeil. Et puis, un autre.
Mes doigts ont glissés sous mon coussin et se sont heurtés au carnet de Dana. J'ai tressailli et hésité à l'ouvrir. Mais finalement, je suis restée couchée, les yeux rivés sur le plafond.
Mon esprit s'est accroché à ce carnet. Je ne l'avais pas ouvert et pourtant, c'était tout comme.
Vous savez, les souvenirs, c'est comme la glace au chocolat, une fois que vous avez commencé à y penser, vous ne pouvez plus vous arrêter.
Alors, j'ai revu tout ces trajets de bus faits ensemble, tout ces regards échangés, ces regards amusés, troublés, compatissants ou indéchiffrables, tout ces fous rires spontanés, toutes ces discussions.
J'ai repensé à ce jour-là, ce jour où j'avais compris que je l'aimais.
On était à la bibliothèque. Elle rédigeait sa dissertation de français d'une belle écriture et je résolvais mes équations avec peu d'entrain. Soudain, son téléphone avait vibré. J'avais jeté un coup d'oeil, l'air de rien.
– C'est qui ? avais-je demandé, curieuse.
– Jonas.
– Il est pas mal, Jonas, avais-je commenté en fixant mon stylo.
Elle s'était arrêté d'écrire et m'avait jeté un regard étrange.
– Ouais. C'est un gars cool, avait-elle répliqué, un brin hésitante.
J'avais haussé un sourcil, afin de lui signifier que je voulais en savoir plus.
– Il n'y a rien entre nous, avait-elle ajouté.
–Vraiment ?
– Ouais. Enfin...Je crois qu'il m'aime bien. Mais bon...je ne suis pas intéressée.
–Pourquoi ?
Elle avait haussé les épaules. On s'était replongées dans notre travail.
– Et toi ? avait-elle demandé au bout d'un moment.
– Je ne suis pas intéressée par Jonas, je le connais à peine.
– Non, mais je veux dire, tu es intéressée par qui ?
– Personne en particulier.
–Tu es sûre ? avait-elle souri.
– Ouais. Actuellement, c'est une des rares choses dont je suis sûre.
– Je pense que tu mens, avait-elle affirmée avec un petit sourire.
– Pourquoi ? avais-je répliquée, amusée.
– J'sais pas. Un pressentiment, c'est comme ça.
Et je pense que c'est pas quelque chose que tu me confierais. T'aimes pas trop parler de tes sentiments. Donc...
Son crayon avait tournoyé entre ses doigts. J'avais longuement hoché la tête, pensive. Puis, avec un petit sourire malicieux, j'avais demandé :
– Et toi, Dana, tu me dis la vérité ?
Elle avait pouffé :
–Non.
– Tu as donc un crush sur Jonas ?
– Non, je te dis que non. Mais j'ai un léger crush sur quelqu'un d'autre...
– Qui ?
Je te dis si tu me dis.
– Mais j'ai pas de crush ! ai-je protesté.
Une petite moue s'était dessinée sur son visage.
– Tant pis, alors.
– Dana...avais-je râlé.
Elle avait levé les mains :
– Non, non, non, je ne te dirai pas.
J'avais réfléchi un instant.
– Tu as crush sur William ?
– Non.
– Mehdi ?
– Nop.
– Magnus ?
– Non, non, non a-t-elle . Mais tu vas pas faire le tour des gars de l'école. Tu ne trouveras pas.
– Il est pas à l'école...ai-je réfléchi à voix haute.
Elle m'avait jeté un regard énigmatique. J'avais eu un petit sourire.
– Okay, avais-je menti. Je te dit le nom de mon crush. C'est Giacomo.
– Giacomo ? avait-t-elle répété.
– Ouais.
Elle avait rivé ses yeux dans les miens et avait passé sa main dans ses cheveux de manière à se faire un chignon. J'avais détourné le regard.
– Tu mens, avait-elle finalement décrété.
– Pourquoi ? Il est génial, Giacomo.
– Je dis pas le contraire. Mais tu n'as pas de crush sur lui.
– Pourquoi ?
– Je vois pas pourquoi il t'intéresserait.
– Je vois pas pourquoi il m'intéressait pas.
– C'est ton dernier argument ? avait-elle objecté, septique.
– Non, avais-je répliqué en réfléchissant...J'aime...Ses cheveux. Et son humour aussi. Il est drôle.
– Bien essayé Héloïse. Mais c'est pas parce que tu aimes les cheveux de quelqu'un que tu es amoureuse de cette personne...Quant à l'humour, franchement...Il n'est pas si drôle.
J'ai trouvé sa blague sur le papier toilette particulièrement euh...Pertinente.
Une grimace amusée s'était dessinée sur son visage :
– Les gens qui font des blagues sur le papier toilettes devraient être éradiqués de cette société.
– N'exagère pas. C'était bien sorti.
– Bof...Bref. Ne cherche pas plus, Héloïse, tu ne réussiras pas à me faire avouer le moindre mot.
Je l'avais regardée, implorante.
– Allez... l'avais-je suppliée.
Elle avait croisé les bras.
– Non.
J'avais soupiré.
– Bon, tu es sûre, pas de crush sur Jonas... ?
– C'est pas mon genre.
– Pas ton genre, avais-je répété avec un petit rire.
Elle m'avait donné un coup de coude. J'avais sursauté.
– Arrête je suis chatouilleuse, avais-je râlé.
– Je t'ai à peine frôlé, s'était-elle étonnée.
– Je suis très chatouilleuse.
– Vraiment ? Je peux te faire du chantage alors.
– On fait pas de chantage avec moi, Dana, avais-je bougonné.
– Pourquoi ? Tu es peut-être dealeuse mais encore parrain de la mafia.
J'avais soupiré. Je détestais parler de mes deals avec elle.
– Pas encore, avais-je grogné.
Elle avait approché sa main de mon genou.
– Arrête de me me mentir, alors, un petit faible pour Giacomo ?
– Oui, avais-je affirmé.
Elle m'avait légèrement chatouillé. Je m'étais mordu la lèvre pour ne pas réagir.
– J'avais oublié que tu savais trop bien rester impassible, avait-elle commenté, pensive.
– Eh oui...
– Mais tu es très chatouilleuse. Donc malgré ton self-contrôle, tu ne peux pas résister à une attaque générale de chatouille.
– Je suis capable de tout, avais-je affirmé d'un air de défi.
Un sourire moqueur était né sur ses lèvres.
Deux secondes plus tard, je glissais de ma chaise, afin d'échapper à ses chatouilles. Je ne pouvais pas m'empêcher de rire aux éclats, si bien qu'elle m'avait rejoint dans mon hilarité.
Elle avait glissé sous la table à mes côtés et se moquait ouvertement de moi en marmonnant que le parrain de la mafia était facile à asseoir ou je ne sais quoi. J'avais continué à rire.
Après quelques minutes, on s'était tues.
Elle m'avait fixé :
– Je t'avais jamais vu rire autant.
– Le pouvoir des chatouilles, avais-je grogné.
– Non, vraiment, je ne t'avais jamais vu...Comme ça.
Je l'avais fixée. Ses lèvres pourpres, son chignon de danseuse en bataille, ses yeux brillants, sa veste verte olive trop grande autours de son corps svelte. Elle était étrangement attirante. Je me souviens que cette pensée m'avait frappé comme un coup de poing.
C'était si soudain, ou peut-être qu'au fond, je le sentais depuis longtemps, sans parvenir à me l'avouer.
– Moi non, plus, avais-je dégluti. Moi non plus, je ne t'avais jamais vu comme ça.
Note de fin de chapitre :
Aaah les souvenirs. Terribles. Idéal pour faire encore plus culpabiliser Héloïse qui d'ici les prochains chapitres va se retrouver bien perdue, croyez moi. J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à laisser un petit commentaire, c'est la raison de vivre de tout auteur voyez moi.
Je tiens d'ailleurs à vous remerciée pour vos commentaires sur le dernier chapitre qui étaient plus nombreux que d'habitude. Même si on dirait pas vu que j'ai mis cent ans à publier ce chapitre (je suis en période d'examens en fait) , ça m'a vraiment motivé !
Un commentaire/ un vote = un sourire de Dana
Au fait, en parlant de Dana, que pensez vous d'elle ?
Bisous
BlueCalifornie
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